mardi 29 janvier 2008

Mort du sous commandant Carlos






Carlos qui s’en va.
Julien Gracq qui s’en va.
Et moi qui ne me sens pas très bien...



Du coup, je vais rester un peu.

Si si.



Gracq, c'est probablement le plus Stylé de la littérature du XXième, avec LF Céline, même si ça n'a rien à voir.
C'était aussi le pamphlétaire de "la Littérature à l'estomac", lui qui refusa le prix Goncourt pour Le Rivage des Syrtes.

Carlos, c'est probablement le plus Stylé de la chanson des années 1980, avec les Pixies, même si ça n'a rien à voir. C’était aussi "la Chanson au sphincter », lui qui accepta tous les prix pour son Tirelipimpon sur le chiwawa.

Tous les deux, littérature surréaliste élégante,insolite et mystérieuse, alors ado, et gros monsieur paillard dans les Caraïbes, tout joyeux, alors enfant,
m'ont donné envie de parcourir ce vaste monde. Avec Esteban Zia tao les ités d'Or, et tant d'autres.

Du coup je te les balance tous les deux en mix. Qu'ils reposent en paix, ensemble et à jamais, dans cette bodega à tord-boyeaux.



Le Rivage des Syrtes
«Il y a dans notre vie des matins privilégiés où l'avertissement nous parvient, où dès l'éveil résonne pour nous, à travers une flânerie désœuvrée qui se prolonge, une note plus grave, comme on s'attarde, le cœur brouillé, à manier un à un les objets familiers de sa chambre à l'instant d'un grand départ. Quelque chose comme une alerte lointaine se glisse jusqu'à nous dans ce vide clair du matin plus rempli de présages que les songes; c'est peut-être le bruit d'un pas isolé sur le pavé des rues, ou le premier cri d'un oiseau parvenu faiblement à travers le dernier sommeil; mais ce bruit de pas éveille dans l'âme une résonance de cathédrale vide, ce cri passe comme sur les espaces du large, et l'oreille se tend dans le silence sur un vide en nous qui soudain n'a pas plus d'écho que la mer. Notre âme s'est purgée de ses rumeur et du brouhaha de foule qui l'habite; une note fondamentale se réjouit en elle qui en éveille l'exacte capacité. Dans la mesure intime de la vie qui nous est rendue, nous renaissons à notre force et à notre joie, mais parfois cette note est grave et nous surprend comme le pas d'un promeneur qui fait résonner une caverne: c'est qu'une brèche s'est ouverte pendant notre sommeil, qu'une paroi nouvelle s'est effondrée sous la poussée de nos songes, et qu'il nous faudra vivre maintenant pour de longs jours comme dans une chambre familière dont la porte battrait inopinément sur une grotte.»

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