mardi 26 décembre 2006

Croisements exotiques


Miradas Cruzadas - Jorge Conde, España, 2002.

L'exotisme, ce goût etrange et somme toute assez niais pour les choses lointaines. Et chaudes.

En fait, ce syndrome bien naturel finit par passer assez vite.
Telle la dissipation d'une mauvaise 'turista', si on y met un peu du sien, c'est l'affaire de quelques jours.

Surtout ne fais pas le malin. L'exotisme peut t'affecter, toi, moi, Gunter, Patrick de Belgique, comme tous ces amis latinos d'une nuit ou d'une vie (expression consacrée). Tous à la même enseigne.

Illustration, croisée:
Par la grâce du chasseur de sons américain, Don Ray, la musique du Buena vista social club devient un jour furieusement tendance.
"A caballo vamo' pa'l monte" sonne comme une invitation irrésistible au Voyage.
C'est alors toute la jeunesse européenne des années 90s qui s'amourache gaiement et subitement de salsa cubaine (et de "so'n"), de Berlin a Dublin.

C'est bien à cette époque et dans ces sous-caves urbaines, dans ces clubs de mi-gym mi-rien, sordides et fonctionnels, que j'ai vu la plus totale desarticulation rythmique du monde se deployer.

J'ai partout assisté, effaré, au même entrain, à la même effroyable ineptitude de tous ces corps manifestement ravis d'écouter les zinstroussionss dé Ramon, lé "coubain" dé service, toujours prêt à tarifer ces free-party Erasmus de la mal-danse salsa plein pot. Au nom de l'intercoultourel.
Je m'inclus volontiers dans cet effroi. Et j'ai d'ailleurs payé de bonnes grasses (yooooooo). Todo eso es simpatico.

Et c'est à ce moment là que l'exotisme attaque. Fulgurant: et le berlinois, le dublinois ou le bidochon-merdaillon de Patxi de s'imaginer qu''Aguacaaaaate', 'pesca'o' et 'Por el monte', bribes intelligibles qui sortent de la baffle sursaturée, sont les noms sacrés de sublimes batailles Révolutionnaires ou de hauts-faits Guevaresques...Elans dont on a bougrement besoin dans cette décennie desenchantée, molle du gland, desabusée du bulbe...
ALORS QU'EN FAIT, voyez-vous, ô révélation que mes séjours m'ont permis de débusquer, ces chansons cubaines ne sont que des évocations 'premier degré' du quotidien paysan du quidam cubano de Cienfuegos, monté sur bourricot, qui s'en va faire tranquilou son marché (ce qui devrait la rendre plus fun encore la salsa, pourtant).
Du coup, on interprète des signes arrangeants. No mas. Et on voyage à peu de frais.

L'exotisme, ça alimente et ça donne du souffle aux clichés les plus tenaces, como no: le 'latin lover', la 'bonne humeur systematique', les 'trop sympas les latinos', 'ouais, sont chaud-es' (...bon ceci étant, c'est vrai, elles sont chaudes), le paradis perdu du Surinam Voltairien, une paille dans le mojito (et une autre dans le hollito), les 'supers valeurs de solidarité communautaire', la tchatche avec les mains, le métissage et les palmiers...

De l'autre coté, en croisé et sur ces terres d'Amsud, c'est entre autres le Francais romantique, forcément poéte, la Culture et ses raffinements, les Beaux Arts et ses méandres excitantes et sophistiquées, la langue, sexy comme tout...Bref que des conneries, là aussi.

C'est utile l'exotisme. Ca nous fait bien, dans les deux sens. Ca soulage un peu nos humus nevrotiques, j'imagine.

La dernière preuve en date: cette chanson. Il est toujours facile de partager ses goûts musicaux franchutes avec l'autochtone. Pour elle, pour lui, si c'est en français, ça parle forcement d'amour. Une telle voix de parisienne en plus...Forcement une érudite, un peu cochonne. La totale. On ne les tient plus là.
Voila, on y est. L'exotisme, c'est quand a la fin de Mai Lan, là, on te dit: 'wow, ustedes son trop romanticos, lé francesséss'. Et moi, d'en convenir. Parce que putain, elles sont trop b...

Ta peau se décolle. Batards de barbare...
Ecoutez donc Mai Lan - Gentiment je t'immole.


2 commentaires:

Anonyme a dit…

Viens vite nous rejoindre sur http://hispanoforum.niceboard.com

Nous t'attendons avec impatience

a+++

Patxi a dit…

Bonjour Tom,
Tu devrais soigner davantage ta présentation.a fortiori si tu es si impatient.
je suis assez vieux jeu tu sais. Même si je mets des biatches et du hip hop sur ce blogue, je suis un vrai ringard. j'aime l'ortogrâffe correcte par exemple.
je n'aime pas les facilités.
j'aime le contenu.
Tu viens avec un copy paste tout à fait standardisé.
Je suis allé suivre ton invitation malgré tout.
Bienvenu chez moi. ya à manger, et de la chicha à boire même.
et j'ai faim. et soif. je crains d'être affamé chez toi. tel le Puma du désert dans les poèmes de Pablo Neruda. Tu vois?????
abrazo