lundi 30 juillet 2007

Vota SI





NESTOR LE PINGUOIN s’engage. Dis moi oui ou dis moi da, Panama.

C’est le référendum sur l’avenir du canal de Panama

Le Canal est par ailleurs l’unique truc qui présente un quelquonque intérêt au Panama avec les gadgets hi fi détaxés, le blanchiment de dinero et le musée de l’INAC.

Les propagandes de ce style nous aguichent et nous culpabilisent à tout coin de rue.
Dis moi oui ou dis moi da, Panama.
Votes OUI, pour ton futur, pour le Panama.

Le OUI est passé, haut la main, par-dessus berge, même. Le Canal aura un beau lifting.Les partisans du non étaient plutôt courageux. Ou très cons. Ou des artistes situationnistes. Au choix.


En tout cas un de ces faux référendums à la latina, avec de vrais-faux enjeux participatifs pour une véritable absence de risque. Un vernis démocratique pour mieux occulter d’autres chantiers, bien plus polémiques. La tambouille habituelle.

Et qu’est ce qu’il foutait au Panama, Patxi ?
Râ, si vous saviez…

Un suppôt-lama, et au lit




SKA P

Grippé ? T’as le sorojche en plus ? Le mal de l’altitude ?
C’est bon maintenant. T’arrêtes de gémir.
Un bon suppôt-lama, et au lit.

mercredi 25 juillet 2007

Le marchand de cageots (Guanajuato, Mexique)


Los Lobos, cancion del mariachi



Lui, c'est le marchand de cageots.
Intrigué. Puis flatté, qu'on s'intéresse à lui.

Son truc à lui, c'est de galoper comme un dératé, pousser des petits cris stridents pour se faire une place, dans les ruelles labyrinthiques et pentues de Guanajuato, Mexique.

Il crie, il court, il vole avec son chargement de cagettes.

Au cas ou une livraison de poireaux s'annulerait, par la faute de son oisiveté ou de son imprudence.
Au cas ou il perdrait la confiance de ses clients maraichers, épiciers, restaurateurs.
Au cas ou on ne ferait plus attention à lui.

C'est qu'on pourrait ne plus le remarquer, ne plus le voir. Comme toutes ces petites mains de l'économie informelle, de l'économie de la calle qui finissent par se diluer dans le décor de la ville. Et disparaitre tout à fait de l'espace urbain visible.

Alors, pour conjurer ce spectre, il galope, criard. Il court avec tout son farda.

Et il apparait, là, à la croisée des chemins.

C'est le marchand de cageots.

lundi 23 juillet 2007

The girl from Ipanema




Salvador de Bahia, Brésil





The girl from Ipanema, a garota de Ipanema, la fille d'Ipanema, là, de la chanson.

En fait.

Que je vous le dise.

C'est ma femme.






C'est bien elle.
Qui inspira et inspire.
Le gars.
Qui chantonne, là.
Elle.
D'ailleurs son cul,
furibond,
me donne
raison...

Pura Verdade!

Lyrics em portugues bem brasileiro:

Olha que coisa mais linda
Mais cheia de graça
E ela menina
que vem e que passa
Num doce balanço
caminho do mar

Moça do corpo dourado
Do sol de Ipanema
O seu balançado é mais
que um poema
E a coisa mais linda
que eu ja vi passar

Ah' porque estou tão sozinho
Ah' porque tudo é tão triste
Ah' a beleza que existe
A beleza que não é
so minha
Que também passa sozinha

Ah' se ela soubesse
Que quando ela passa
O mundo sorrindo
se enche de graça
E fica mais lindo
por causa do amor


En français:

Regardes, quelle chose plus belle
Plus remplie de grâçe
Que cette fille
qui vient et qui passe
Dans un doux balancement,
sur le chemin de la mer

Jeune fille au corps doré
Par le soleil d'Ipanema
Son balancement est plus
qu'un poème
C'est la chose la plus belle
que j'ai vu passer

Ah, pourquoi je suis si seul
Ah, pourquoi tout est si triste
Ah,la beauté qui existe
La beauté qui n'est pas
seulement mienne
Qui passe aussi seule.

Ah, si elle savait
Que quand elle passe
Le monde entier
se remplit de grâçe
Et devient plus beau
por causa do l'amour.

samedi 21 juillet 2007

Le Venezuela de Chavez: enfin un vrai blog


Le retour du pêcheur. Estado Sucre, Venezuela

Bien moins hystérique que le site de Daniel, bien plus lucide que les sites des touristes politiques de tout poil. Enfin une belle et bonne source d'information sur le Venezuela de Chavez.

Enfin un vrai blog: VenezueLATINA, le Venez dans tous ces états

Je viens de le découvrir, le gaillard.
Il s'appelle Jean-Luc Crucifix.
Je trouve qu'il a une très très belle plume. Un nom courageux,avec ça.
Et une sacrée bonne gueule, en plus, l'animal.
Quand j'irai là-bas, chez lui, au Venezuela, à n'en pas douter, on se tapera un bon gueuleton au pied du Pic Bolivar.

Il me dit: "on ne coïncide pas sur tout. Notamment sur Chavez. Je fréquente trop le Venezuela profond pour pouvoir le balancer d'un coup de cuillère à pot, comme tu le fais allègrement". Il a raison!

A lire absolument.

Guerre de genre - Bolivie




Restaurant-comedor familiar de Don José. Petite communauté rurale du Nord de Potosi, un des Départamentos (Régions) les plus pauvres, les plus indiens et les plus isolés de Bolivie


Traduction: poster de gauche, promotion d'une association locale de santé communautaire: "Pour que les femmes puissent s'organiser" - poster de droite: "Surena-celle du Sud: la bonne bière!!"



La fracture entre le pays réel, composé à 72% de population indigena, qu'elle soit aymara, quechua, guarani, moseten etc, et le pays imaginaire, blanc, véhiculé par les médias (la grande plante réifiée, superbe, blonde et dénudée, ici qui s'accroche à une bouteille ma foi toute phallique), est un trait saillant immédiat pour le visiteur européen qui débarque en Bolivie. Les décalages permanents sautent aux yeux du visiteur, même pour le plus distrait, même pour le moins attentif d'entre eux. Leur analyse contribue à comprendre le contexte de l'arrivée au pouvoir d'Evo Morales.

En décembre 2005, le pays réel a fini par surgir et s'installer irrémédiablement dans les urnes. Depuis 2000, les communautés de base, au niveau local et régional, se sont fédérées, organisées, préparées, notamment grâce à de nombreuses structures locales telle que cette association communautaire. Pendant que Miss Bolivia (en compagnie de ses frivoles de copines-supermodelos, elles aussi originaires de Santa Cruz- basses terres du Sud-Est), qui exhibe allégrement ses belles fesses sur ce type de poster au gré des saisons, déversait sa bile raciste sur les habitants de l'Altiplano (hautes-terres).

Guerre de genres. Les femmes jouent un rôle cardinal dans les communautés rurales indiennes de Bolivie, dans la sphère privée comme dans la gestion des affaires publiques. D'ailleurs, anecdotique mais authentique, le premier club d'hommes battus d'Amérique latine s'est ouvert en 1976, à La Paz...

Certes, la femme-objet et sa représentation soft-core ont encore de beaux jours devant elles. Mais désormais, d'autres visages féminins occupent et continueront d'occuper, de façon irréversible, l'espace public, le haut de l'affiche, les posters des comedores populares. Ces femmes ont des tresses jusqu'au bas des reins, cinq à six épaisseurs de jupons, des gamins dans le dos. Le poing tendu, elles revendiquent désormais un futur, celui-là même qui leur fut sans cesse dénié ou repoussé aux calendes greques.

Leur visage a le couleur de la terre. C'est l'autre genre. La région devra s'y habituer.

Eduardo


Un enfant Colombien, centre ville de Bogota, 2007


Un vallenato, à écouter avec attention

Bien souvent, je pense à mon camarade J., avocat du Barreau de la République, infatigable défenseur des manouches, des forains, des réfugiés, des putes, des sans-papiers, des sans, là bas, dans ce Sud de la France qui, parfois, n'en veut plus.

Je lui offre ce beau témoignage de maître Eolas, EDUARDO.

Certains d'entre vous l'ont déja lu, probablement.

Des Eduardo, on en a vu défiler, chacun dans notre univers respectif.
On en a connu, quelques histoires d'Eduardo. Et leurs familles.
Avec leurs regards, là, leurs espoirs et leurs sacs de voyage abîmés.

Parfois, ça finit bien.
Parfois, il y en a des beaux dénouements, moins rageants.
Juste conformes au droit français.

C'est étonnant, non? J., avec des mots, simplement, parfois, il peut changer le monde.

J., c'est mon maître Eolas à moi.

vendredi 20 juillet 2007

J'emmerde Jacques Vabre







Dale Compay dale

Je préfère ce café organique à ton Carte Noire.

Je préfère le café labellisé commerce équitable (canal authentique) au café exploiteur de ton glacial hypermarché, qui lui aussi s'est déguisé "éthique", s'est habillé d'un packaging en fibre, histoire de se donner un cachet "équitable" Et "bio", sentant bien le vent tourner. Mais en n'en respectant aucune des règles de base.

Je ne prêche rien. Je ne condamne personne.
Je ne porte ni soutane ni uniforme.

Je n'exagère rien, non plus, gros.
Je constate, car j'ai pris la peine d'aller voir à la source, observer le noeud, gordien, mon gros, du problème.

Je préfère la coopérative brésilienne, colombienne, guatémaltèque, bolivienne qui vend un peu plus directement son arôme et sa sueur au consommateur.
Je préfère ces efforts, ce noble et bandant combat,
à la guerre économique des Big Majors du café, qui nous vend de la merde et nous fistent à coup de stratégies marketing mensongères et ridicules (dont sont pourtant friands les étudiants en ESC de France et de Navarre),
Je préfère ces efforts, ce noble et bandant combat, de ceux qui parviennent à se placer sur ces niches de marché européen,
à ce putain de colon de Jacques Vabre qui achète du volume au détriment du durable, à ce mafieux de Luigi Lavazza qui impose ses conditions, ses salaires de misère, sa sur-production pesticidée au détriment irréversible de la fertilité des sols.


J'emmerde Jacques Vabre.
J'emmerde Legal-Legoût.
J'emmerde Malongo.
Même toi, Grand-Mère, je t'emmerde. Tu sais rien faire d'abord.
Je vous emmerde, empoisonneurs de terre, de laquelle se nourrissent des milliers de famille du sous-continent, exploiteurs de main d'oeuvre corvéable à merci.
Sous couvert de développement et de progrès partagé, on exploite, on pille, on deffriche. Et on se barre plus loin. Ad infinitus, ad nauseam.
On vous a bien niqué.

Le quidam européen a soif de café. Il s'en branle des conditions de production. D'ailleurs, "conditions de production", ça sonne marxiste. Et Marx, ça fait bien longtemps qu'on le balaye tout en entier, d'un seul revers de main, vu que Marx égale goulag égale ouh la la égale couteau dans les dents.

Mais avec le temps, le consommateur lambda saura de plus en plus de choses. Il saura la différence qu'il peut faire en choisissant bien ses produits, le quidam.

A un moment donné, il faut aller voir et sentir et se frotter aux gens, aux racines, un peu, pour comprendre.

Je préfère les circuits économiques courts, qui court-circuitent ces putains de parasites d'intermédiaires qui affament les familles paysannes d'Amérique latine. Qu'ils soient locaux, ou transnationaux.

Je préfère Max Havelaar à Maxwell,
Je préfère Max Havelaar à Max Guazzini,
Je préfère le Fair Trade au Free Trade,
Je préfère les Geeks aux Gracques,
Je préfère la Fairtrade Labelling Organization Congo au faux Fair Trade Café Malongo,
Je préfère un café bien noir sans concession au complaisant café Velours noir.


Pour rappel, lectrice, lecteur, aussi, les objectifs du commerce équitable sont:
-Assurer une juste rémunération du travail des producteurs et artisans les plus défavorisés, pour leur permettre de satisfaire à leurs besoins élémentaires en matière de santé, d'éducation, de logement, de protection sociale.
-Garantir le respect des droits fondamentaux des personnes comme le refus de l'exploitation des enfants, du travail forcé, de l'esclavage.
-Instaurer des relations durables et équitables entre partenaires économiques.
-Favoriser la préservation de l'environnement.
-Proposer aux consommateurs des produits de qualité.

Et le pire, c'est que ça marche.
Bref, j'emmerde Jacques Vabre.

lundi 16 juillet 2007

Transports amoureux, collection N°5


Tu amor me hace bien, nena...dédicace à ma femme, qui m'accompagne dans toute sorte de transports amoureux

Détends-toi un peu.
Respires.
Ton guide préféré te prend la main (que tu as moins moite que lors de ta première visite, par ailleurs, je tiens à te le signaler), et t'invite à voyager hors des sentiers battus. Allez, viens, montes:

-Transports amoureux n°1

-Transports amoureux n°2

-Transports amoureux n°3

- Transports amoureux n°4

Poursuivons la route, à moto, et à deux, je te prie (je cause comme "Maurice- 22heures-ne dis pas cool-jte prie").
Nous voilà à Boyaca, Colombie et à Falcon, Venezuela.
On est pas mignons avec ma moitié qui tient la roue, la route, et le couple? Hein?



Colombia


Venezuela

Copa America - Brasil campeon


Patxi, supporter d'El Tri mexicano

Les argentins ont produit le plus beau jeu du tournoi, la Copa América 2007, mais ils se sont sans doute vus un peu trop beaux, les ragazzos. Une fois de plus.
On aurait dit les Bleus à la veille du France-Sénégal de 2002: une bande de starlettes qui oublient d'emblée de "fournir le travail", par pêché d'orgeuil peut-être. Ils étaient sur-favoris.
Ils ont été totalement sur-classés.
Etouffés par les brésiliens, los pibes.
Je suis pas mécontent (d'autant que je vais pouvoir inviter ma femme à dîner dans un restau de primera, avec les gains du pari perdu par Andresito le chilango...).

Mon plus beau souvenir d'un matche en Amérique latine, ce fut cette finale de la Coupe des Confédérations, au Stade Azteca. 115 000 supporters pour une victoire 4 à 3 pour les mexicains face à la Canarinha! Dédicace à Martin y su chava, al gringo tejano et au breton tropical pour ce mémorable matche.

Cuauhtémoc Blanco, José Manuel Abundis, Rafael Márquez, Claudio Suárez et Miguel Zepeda côté mexicain.
Ronaldinho, Dida, Emerson, Ze roberto et Vampeta côté brésilien.
Bien chingon!

Le stade Aztèque pour la finale. 115 000 psychopathes en transe

Le reste, je vous le mets en espagnol...J'avais gardé la presse du lendemain.

"La magnitud del evento y el rival se prestaban para hacer un gran partido y agenciarse el campeonato.Y así fue. Ante un pletórico Estadio Azteca, la Selección Mexicana no se achicó, pues al contrario, le jugó al "tú por tú" a un Brasil que tenía en sus filas a jugadores de la talla de Ronaldinho, Dida, Emerson y Vampeta.

La confrontación fue digna de una Final de Confederaciones, y para las aficiones de ambas oncenas valió el boleto presenciar la cátedra de futbol ofensivo que brindaron aztecas y amazónicos.Miguel Zepeda inauguró el marcador a los 13 minutos, una ventaja que se amplió a los 28', por medio de José Manuel Abundis.Pero Brasil tuvo una reacción bravía y desbarató el 2-0 adverso, con goles de Serginho, a los 43', y Roni, a los 47'.México estaba embalado y recuperaría pronto la ventaja de dos goles, de nuevo con la inspiración de Zepeda, a los 51', y mediante un golazo de Cuauhtémoc Blanco, a los 62'.

El Scratch du Oro se acercó a los 63', con un gol de Ze Roberto, pero la defensa tricolor se solidificó el tiempo restante, para que México lograra el título más importante de su historia a nivel mayor."

mercredi 11 juillet 2007

El Destino - demain, toujours demain






DEMAIN, DEMAIN, TOUJOURS DEMAIN
(avé une pointe d'assent de par chez moi, pour ne rien gâcher)


La Paz, Bolivie.
Marché magique des Alasitas, qui se tient tous les mois de janvier.


Nous avons expérimenté la machine à connaître le futur.
Mieux. Un fournisseur d'horoscopes personnalisés.
Qui vous donne tout ce qu'il vous faut savoir.
Votre futur. Votre destin. Voyages, amours, amitiés, études, travail, santé.
Enfin "trabajos" au pluriel, et non travail: on a intérêt à les cumuler, les petits bouts de boulots, si on veut s'en sortir, dans le happy tiers monde, paradis de l'exploitation laborale.

Hommes, femmes, fillettes, petits garçons.
Il y en a pour tous les publics.

La procédure est simple. On met la pièce dans la fente correspondant à votre profil socio-astral.
Pas de son métallique.
On attend malgré tout...
Derrière la façade en bois, on entend une voix humaine qui se prétend robotique. Elle "traite les données".

Elle vous annonce soudainement que votre "ticket de destino" est prêt.
On imagine la main du gamin-travailleur, blasé par le rythme de travail soutenu, qui enfonce le petit papier dans la fente, de l'autre côté.
Imitation poussive d'un guichet électronique.
Avec une pointe d'accent aymara.

Le bulletin sort. Stupéfait, vous lisez votre avenir.
Il s'annonce radieux.

Demain, toujours demain.

On a besoin de rêver comme de "certitudes", dans un pays ou l'espérance de vie est de 20 à 25 ans inférieure à celle des pays développés
: 61 ans pour les hommes, 64 ans pour les femmes. En milieu rural, la différence est encore plus prononcée, de 30 à 35 ans inférieure. Le total des dépenses de santé en Bolivie n'excède pas 6,4% du PIB(source: IDH du PNUD 2000-2006).

Mais ne nous y fions pas. Les Boliviens ont commencé à exiger un aujourd'hui.
Demain, toujours demain, ça va un moment.
500 ans de demain, toujours demain, ya basta.
La Bolivie, "le pays qui veut exister" (Eduardo Galeano), veut reconquérir son présent.
En pariant notamment sur tous ses gamins, qui aimeraient bien, un jour, algun dia, faire autre chose de leur vie que la voix d'un robot métallique.

lundi 9 juillet 2007

Le Car - Guatémala


Le Car.


Java + Renault 5: une petite touche d'accordéon en pleine jungle

Livingstone est un modeste port de pêche du Guatémala. Enclavé. Improbable.
Oui, improbable. On peut le dire.
Accessible uniquement par voie d'eau: par la mer, depuis Puerto Barrios, lui même un vieux port déclinant dont les façades de planches d'ébène pourries pleurent leur éclat de jadis; OU par le Rio Flores, fleuve intrépide et à la faune féroce, qui remonte une zone de jungle bien épaisse là bas, vers le Nord.
Le village est composé de populations noires (des garifunas, au langage alliant yoruba, le même qu'au Nigéria, créole français, anglais, espagnol, portugais etc), mais aussi de mayas, et de métisses. Trois gros tiers, chacun dans son secteur, mais sans annicroches.
Pas mal de petites cabanes sur pilotis pour le voyageur back packer.
Pas mal de rastas occupés à vendre des boulettes aux blondinnets en recherche d'exotisme.
Pas mal de bateaux colorés qui attendent paisiblement leurs maîtres, collés les uns les autres, tout contre l'embarcadère.
Mais des bagnoles, non, je n'en ai pas vu. Tout se joue à pied, là bas. Ou en bateau.
Enfin si, il y en avait bien une. Une voiture qui trône fièrement devant le siège administratif des pêcheurs.
Le Car.
Renault 5.
Le Car. La Classe.

vendredi 6 juillet 2007

Tony el Papacito, ou l’irrésistible ascencion du breton Tropical






Un son pour MAYA

Paris, Mardi 3 juillet 2007, 6h du matin. Ya’sta, Tony est papa. Joder, Tony est papa !
Maïa qu’elle s’appelle, sa fille.
Tony venait de le terminer, son film de putamadre. Les Secrets que ça s’appelle.
Il est entièrement dédié à cette magnifique petite créature de quelques 2 kilos 5, bretonno-zapotèque qui vient de nous rejoindre en ce bas monde, qui contient tous les mondes.
Petite goutte de mer que ça veut dire, Maïa. C’est lui qui nous le dit, dans son film.
Maman L., actrice flamboyante et accomplie, sa compagne en sérénité, a « fait le travail » en douceur, sans artifice, sans chimie. Juste, avec son homme. Main dans la main.
Maïa, bienvenue à toi.

Tony c’est lui, là. Encore un de ces putains de bretons qui s’extasient devant les masses d’eaux en mouvement. Faut dire, c’est la mer et son infinitude, aussi, qui l’a tiré des étangs marâtres qui comptaient bien l’aspirer en bas, tout en bas.
Tony el papacito, ce résilient batailleur, nous vient de Bretagne ; la profonde et rugueuse, des terres intérieures, pas la Bretagne des coquets cottages à cartes postales.

Le Lac d’Atitlan, Guatémala était à l’évidence une putain de merveille. Une mer de substitution.

On était sans doute pas là complètement pour rien.
En même temps, ça faisait bien un mois qu’on avait pris la route, avec pour seul bagage quelques bouts de principes élimés :
- On bouge d’endroit tous les jours ou presque. Ou pas.
- On n’écoute pas les conseils avisés des hordes de routards. Ou peut-être.
- On évite Cancun à tout prix.

On n’était pas là pour rien. Pas là pour rien. C’est l’an 2000 qui commence à poindre, une sorte d’an 0. On était en cheminement, dirait le shaman Tortuga, ou en processus, dirait Ali le Chimique.
Un jour on serait des hommes, des amants, compagnons ou maris, des papas. Un jour. Et pour en être, un jour, il va bien falloir partir, avant. Et se trouver. Et se perdre.
On a pris la route, tous les deux.

On en a eu de ces moments de suspension, d’éberluement, de vérité brute, comme celui là, Papacito.

Tony le breton tropical s’enthousiasme ici face a ces eaux tumultueuses qui lui serviront de miroir, et lui donneront un jeu de clés. Un rite de passage accompli. Il s’en inventera d’autres, loin de sa tribu, régulièrement. C’est le propre du Démiurge de savoir quand et comment il sera temps d’accoucher à soi même.
Tony le breton tropical a été un passeur pour Patxi comme Patxi le nain a été un passeur pour Tony. Le Styx est passé, traversé. L’Atitlan aussi.
Tonio ne le sait pas, mais sa vie a pris un sacré tournant ce jour ci.
Et les suivants. Tous les suivants.
Il est déjà, « un peu », la personne et le Papa merveilleux qu’il sera.

Au Guatemala, on a joué au milieu des champs de maïs avec des campesinos édentés, au Guatemala, on a joué au football dans une de ces petites trouées de jungle du Peten, dans le nord, ou les gamins en haillons, surexcités, nous ont guidé et montré, en guise de cérémonie de podium, des pyramides Mayas époustouflantes, non répertoriées, cachées par des strates de végétations depuis des centaines d’années, au Guatémala on a joué au Jungle Speed avec les ouvriers du bled, en fumant des cigaros PAYASOS.
Bref au Guaté, ces jours-ci, on a joué à la vie, on est devenus capables de tenir tout ensemble et de porter loin le ciel, sa voûte, ses nuages menaçants et ses rêves les plus fous.
Au Guaté comme ailleurs, on est devenus, chaque jour, sur la route, chaque jour, des hommes, un peu plus.
Ta fille, ta femme, peuvent être fières de l’irrésistible ascension de Tony el Papacito, leur breton Tropical.

mercredi 4 juillet 2007

Mon coiffeur, ma bataille


Bonito, mon peluquero



Mon coiffeur de Bolivie


Mon coiffeur de Tacuba

Mes coiffeurs ont été mes Pythies.

Je serais tenté de les placer juste devant les dizaines de chauffeurs de taxi que le hasard aura mis sur ma route.

Ils ont questionné, curieux, ils ont chambré, moqueurs. Ils ont déblatéré, écouté, ils se sont ouverts, peu à peu.
Ils m'ont révélé les petits secrets de la communauté, du quartier.
Ils ont égrénné les détails tantôt sordides, tantôt salaces, sur ce qui se passe ou ne se passe plus dans le voisinnage.

Ils en savent des choses, les coiffeurs.
Ils en ont des connaissances sur la nature humaine, sur ses élans et ses déviances.

7 francs 50 la scéance lacanienne, c'est pas cher payé pour le quidam.

On vient se soulager l'âme, se délester de son trop plein et de ses cheveux.
On rit, on s'indigne, bien calés sur son séant de skaï grenat.
On feuillette les magazines jaunis, et même certains numéros de Playboy-1992, tout en écoutant les conversations en cours (ça c'est pour mon coiffeur au Venezuela).

Ils avaient ce petit air astucieux, mes coiffeurs.
Ils m'en ont appris des choses, eux, les vigies de ces quartiers populaires de La Paz ou de Mexico. Sur leur vision du monde, de la vie, du foot, de la politique, de la ville, de la famille.

L'expérience est telle qu'il vous est pratiquement impossible d'en changer. Condamnés à y retourner. Vous le savez pertinemment.

Et vous y retournez donc, et vous vous tapez des coupes "TURISTA" ou "modelo britanico", vraiment pas sortables; ou "estilo noche" ou coupe "licenciado", coiffures kitsh qui ne vous permettront jamais de vous lever une seule gazelle (même pas une touriste mi-paumée mi-fadasse). C'est dire.

Mais, bravache, vous en redemandez.

Parce que...Mis peluqueros son mis cuates. Mis peluqueos son mis panas.
Parce que mes coiffeurs sont les meilleurs guides d'induction qui soient pour se frotter, pqr en dessous, aux vibrations de leur culture nationale. Por eso.