vendredi 20 juillet 2007

J'emmerde Jacques Vabre







Dale Compay dale

Je préfère ce café organique à ton Carte Noire.

Je préfère le café labellisé commerce équitable (canal authentique) au café exploiteur de ton glacial hypermarché, qui lui aussi s'est déguisé "éthique", s'est habillé d'un packaging en fibre, histoire de se donner un cachet "équitable" Et "bio", sentant bien le vent tourner. Mais en n'en respectant aucune des règles de base.

Je ne prêche rien. Je ne condamne personne.
Je ne porte ni soutane ni uniforme.

Je n'exagère rien, non plus, gros.
Je constate, car j'ai pris la peine d'aller voir à la source, observer le noeud, gordien, mon gros, du problème.

Je préfère la coopérative brésilienne, colombienne, guatémaltèque, bolivienne qui vend un peu plus directement son arôme et sa sueur au consommateur.
Je préfère ces efforts, ce noble et bandant combat,
à la guerre économique des Big Majors du café, qui nous vend de la merde et nous fistent à coup de stratégies marketing mensongères et ridicules (dont sont pourtant friands les étudiants en ESC de France et de Navarre),
Je préfère ces efforts, ce noble et bandant combat, de ceux qui parviennent à se placer sur ces niches de marché européen,
à ce putain de colon de Jacques Vabre qui achète du volume au détriment du durable, à ce mafieux de Luigi Lavazza qui impose ses conditions, ses salaires de misère, sa sur-production pesticidée au détriment irréversible de la fertilité des sols.


J'emmerde Jacques Vabre.
J'emmerde Legal-Legoût.
J'emmerde Malongo.
Même toi, Grand-Mère, je t'emmerde. Tu sais rien faire d'abord.
Je vous emmerde, empoisonneurs de terre, de laquelle se nourrissent des milliers de famille du sous-continent, exploiteurs de main d'oeuvre corvéable à merci.
Sous couvert de développement et de progrès partagé, on exploite, on pille, on deffriche. Et on se barre plus loin. Ad infinitus, ad nauseam.
On vous a bien niqué.

Le quidam européen a soif de café. Il s'en branle des conditions de production. D'ailleurs, "conditions de production", ça sonne marxiste. Et Marx, ça fait bien longtemps qu'on le balaye tout en entier, d'un seul revers de main, vu que Marx égale goulag égale ouh la la égale couteau dans les dents.

Mais avec le temps, le consommateur lambda saura de plus en plus de choses. Il saura la différence qu'il peut faire en choisissant bien ses produits, le quidam.

A un moment donné, il faut aller voir et sentir et se frotter aux gens, aux racines, un peu, pour comprendre.

Je préfère les circuits économiques courts, qui court-circuitent ces putains de parasites d'intermédiaires qui affament les familles paysannes d'Amérique latine. Qu'ils soient locaux, ou transnationaux.

Je préfère Max Havelaar à Maxwell,
Je préfère Max Havelaar à Max Guazzini,
Je préfère le Fair Trade au Free Trade,
Je préfère les Geeks aux Gracques,
Je préfère la Fairtrade Labelling Organization Congo au faux Fair Trade Café Malongo,
Je préfère un café bien noir sans concession au complaisant café Velours noir.


Pour rappel, lectrice, lecteur, aussi, les objectifs du commerce équitable sont:
-Assurer une juste rémunération du travail des producteurs et artisans les plus défavorisés, pour leur permettre de satisfaire à leurs besoins élémentaires en matière de santé, d'éducation, de logement, de protection sociale.
-Garantir le respect des droits fondamentaux des personnes comme le refus de l'exploitation des enfants, du travail forcé, de l'esclavage.
-Instaurer des relations durables et équitables entre partenaires économiques.
-Favoriser la préservation de l'environnement.
-Proposer aux consommateurs des produits de qualité.

Et le pire, c'est que ça marche.
Bref, j'emmerde Jacques Vabre.

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Je viens de lire ton coup de gueule. J'avais envie d'abonder dans ton sens, avant de partir parcourir notre chère planète, je bossais pour une petite boite du nom d'Ecobilan qui s'est fait bouffé par PWC. Chez ce monstre digne des hydres mythologiques nous avons rencontré nombre de bouffons. : Un ramassis indécent de ce que l'on fait de plus arrogant dans nos écoles de commerces, et ils ont décidé de faire du conseil pour le commerce équitable. Le concept pour eux reste de faire 30% de bénéfice. Donc dans leur esprit faire du commerce équitable est avant tout d'être équitable avec eux-même.
Le mise en place chez monoprix du commerce équitable à été très largement préparée par nous. Nous implique des ingénieurs (faut bien quand même des gens qui bossent) faisant des études sur l'impact de ce projet et beaucoup de blabla le tout payé au prix fort, genre 300 euros de l'heure.
Bref de mon poste d'informaticien je regardais ça de loin avec un dégout certain.
Je comprends donc fort bien cette gueulante!

Anonyme a dit…

Un quoi c'est quoi le message, ce n'est pas bien clair. Ca doit etre trop subtil pour moi ce discours neutre qui ne preche rien ni ne condamne personne.

Francis J. a dit…

C'est quoi (je n'ose dire "qui") ce courageux anonyme ?

Anonyme a dit…

Mr anonyme,
1-etant ici chez moi, si j'ai envie de parler de la récup du commerce equitable, du café, de la chatte de la girl next door, je le fais. à la façon qui me chante.
2-comme addendum complémentaire: je ne prêche pas, car je ne suis pas un curé: je préfère l'éthique de responsabilité (MC Weber in da place, yo yo) et la critique qui débouche sur l'action, à la morale et à la culpabilité honteuse.totalement castratrice, inutile.
7- Je ne condamne pas car je ne suis pas doté des attributions d'un juge, ni d'un tribunal populaire, et n'en ai ni le poids ni la légitimité, ni le mandat ni les compétences. Je ne suis pas un gendarme non plus qui sanctionnerait un manquement a ce qui serait "le bien" ou autre vérité absolue.
146 - je mets juste une photo du monde du reel, pose une question, celle de l'interdépendance Nord sud, celle de notre mode de vie et de consommation qui s'appuuie pour une bonne partie sur l'exploitation plus ou oins subtile/barbare/visible des petites mains d'oeuvre des pays du sud et leurs territoires.
c'est la question de la responsabilité.

Je pose juste une question banale de notre village global dont toi et moi serions les idiots. et donne un avis, conscient du dérisoire foncièrement ridicule mais ludique d'un blog comme support.
en me remémorant mes petits bouts d'expériences, en lisant celles des lecteurs de calidad, en voyant les ajustements de nos pratiques par rapport à ce qu'on estime juste et responsable.
3- j'écris un billet, enfin, patxi écrit. mon alter ego.et donc,j'en arrive à ça: j'emmerde jacques vabre, comme j'emmerde le concept de neutralité que tu évoques qui n'est qu'un cache sexe, au mieux un mythe parmi d'autres.
768- la blogosphère est un espace virtuel, ridicule ou attachant: ici je partage deux-trois verres de chicha de temps en temps avec le visiteur.le gout te semblera à chier ou à prendre.à toi de voir.mais si tu interviens, développes. ou tais toi.c'est pas skyrock ici.
5- rien à voir, mais je rajoute, en toute neutralité (ici t'auras compris, j'impose ma doxa et mon rythme, ou pas): on a besoin de relire Marx, qui s'est bien planté et est anachronique sur pas mal de thèmes (moteur de l'histoire, lendemains chantant et autres fadaises etc), mais demeure salutaire en d'autres domaines. car marx a prolongé et génialement parachevé l'oeuvre des 3 principaux courants d'idée du 19ème siècle: philosophie classique allemande, économie politique classique anglaise et le socialisme français, liés aux doctrines révolutionnaires françaises en général.
quant à la chatte à ta voisine, bla bla bla bla bla.
aussi.
Patxi, a casa