mercredi 30 janvier 2008

Les voyages en autocar







Je pars quelques jours.
Alors je te laisse avec cette longue histoire d'autocar (un bien joli mot pour un titre, AU-TO-CAR, tiens), que tu me prieras de bouffer jusqu'au bout. Allez, montes dans ce putain de bus.



A en juger par la petite carte colorée/plastifiée du Lonely Planet, et selon mes croquis et plans de route (forcément irréalistes) tracés à coups de flèches maladroites au bic rouge, le trajet allait être plutôt long.

A cette époque, rô la la, comment j'étais content de me faire 25 heures de tape-culs, comment j'étais content de prendre le premier venu pour la première ville venue, genre Lazaro Cardenas, genre Villazon, comment j'étais cap d'apprécier tout ça.

D'apprécier pleinement ces heures de trajet qui s’étirent et se déroulent sans fin, dans ces bus latinos pourris qui font partie de notre imaginaire depuis si longtemps (café El gringo, Nescafé, tout ça).
Au grès des rencontres, des imprévus, des paysages qui sont autant de questions intimes, ouvertes, de pistes à explorer; c’est la vie même qui passe et que l’on étreint avec gourmandise, sans forcément se le dire ou sans même le savoir tout à fait, dans ce gros FORD bi-motor d'un autre temps.

Il s’en passe des choses, à "l'intérieur" et "en dehors" de la vitre, évidemment.

Malgré le vacarme, ces drôles d’autocars qui sillonnent les pistes de terre ocre comme l’asphalte usée de la Panamericana, en long en large et en travers du continent américain, sont parfois, si l'on y met un peu du sien, de véritables salons de méditation (montés sur roues et puants, certes, mais des salons).

Quant aux routes, si on y songe, elles vous laissent à jamais cette impression que vous glissez, dans ce que l’on pourrait appeler, pour votre toute-toute première fois, l’expérience concrète et non fantasmée de l’Espace. Mieux, l’Infini, là, partout, et ce sentiment que l’on croit palper enfin.

Les grands espaces inhabités. La nature vierge, pure, minérale. La vie même, les étages écologiques, les troupeaux de ganado ou de vigognes, les saman et autres forêts de bois précieux, la vie même, traversée par ses millions de petites artères de macadam, de sables colorées et de terre battue. Pas un véhicule dans le sens contraire, pendant de longs moments.

Se déshabituer de notre géographie européenne si belle, si riche, si différente, si dense et quadrillée, les formidables dynamiques de peuplement de la vieille Europe, occupée, transformée par l’homme jusqu’au moindre recoin (sauf chez F. de Clermont, bien sûr) pour le pire et le meilleur.

Faire une concession bien temporaire à ces connards de hippies, et sentir cet élan, ce sentiment étrange de se reconnecter avec la puissance tellurique, primitive de la terre. Et savourer ce délicieux cliché, sans se soucier de savoir s’il est réel ou imaginé.

On découvre plein de choses essentielles en prenant la route. On met en mouvement tellement de choses, en voyageant.

A cette époque, j’aimais les bus, tous les bus, les petits tortillards ou les school bus bariolés comme on en prend en Equateur ou au Guatémala, comme les grands DE LUJO à deux étages, avec couchettes, comme on en prend au Mexique ou au Chili.

Je me suis certainement embourgeoisé, depuis, que voulez-vous… « Jodida » civilisation du véhicule particulier.




Rencontres avec le pays réel, enfin du moins des bouts du pays réel, en mouvement. Dans les gares routières. Dans les stations services. Dans les bus même. Le trajet compte autant que la destination, le chemin autant que le but.

Evidemment, ce sont les classes laborieuses qui prennent le plus souvent les bus. Mais pas seulement.

Les rencontres avec ces passagers « de 1ère classe » suffisamment riches pour le bus-couchette mais pas assez pour l’avion de ligne étaient elles aussi toujours fort intéressantes. Malgré l’obscurité, quasi-totale. Malgré le son nasillard, toujours trop fort, de « Shaolin Soccer contre les vampires », de « Légionnaire » avec Vandamme ou du dernier Steven Seagal (enfin « dernier », dernier de la grosse pile du moins, coincée contre la fenêtre du co-pilote somnolant), malgré tout ce bordel, on n’est pas à l’abri d’une rencontre farfelue, passionnante, toujours poétique.

Je n’avais pas sommeil. Le trajet allait être long.

Mon walkman passait Lhasa en boucle, cette Québécoise-mexicaine aux musiciens français (que je t’ordonne de ne pas interrompre quand elle s'élance). La Triple Entente parfaite.

Après avoir refait à la tronçonneuse le monde (politique) du continent avec une sorte de patron-syndicaliste à moustache, un trotsko-entrepreneur au magnifique chapeau de paille et aux gourmettes scintillantes, à mes côtés, et deux étudiants type Ingénieurs-Formatés-World-Company-mais-sympas en face (car il y avait des petites tables au milieu de ce bus, comme dans le TGV Atlantique qui me ramène chez ma mère, parfois) ; après m’être assoupi, heureux comme un Pape sans Clergé, tout ce petit monde descendit à la gare routière poussiéreuse de Tacnazoplan.

C’est précisément à Tacnazoplan que la famille modèle latino-américaine monta. Rôôô, le parfait petit casting de telenovela que voila…
Un jeune post-pubère, paisible ourson, enrobé de son ceinturon de graisse bonne enfant. Un MP3 criard qui fait déjà insulte à mon walkman à cassettes Panasonic bleu ciel. Une jeune fille, à tomber par terre. Une vieille dame. Et le Monsieur avec son p’tit chapeau et sa chemise blanche, impeccable. Vêtements de marque. Parfums odorants et voix assurées qui se superposent.
Immanquablement, Madame ouvre le feu.
Je joue le jeu. Passé les rituels d’usage, la discussion prend son rythme de croisière.
Plaisant.

A vrai dire, je me souviens surtout d’une sensation particulière : je répondais volontiers aux curiosités de Mr, causait même avec l’ado High tec, tâchais de m’intéresser à Madame. Pas de souci.

Mais dès que j’essayais de parler à la jeune fille, belle comme les blés, la vieille dame me coupait la parole, caquetait, me bombardait de questions et ne la laissait jamais répondre.

Le temps passant, la soumission de la demoiselle me parut être plus que de l’obéissance filiale…

Très vite, je sentis à vrai dire que ce n’était pas la fifille à sa maman: c’était une domestique, qui gardait anxieusement le silence.
La « muchacha », ou « empleada » de la famille.

Elle avait les yeux verts, en amande, et je crois qu’en dépit de sa vanité, qui sied parfaitement bien à ces gens là, la vieille femme ne pouvait ignorer à quel point la jeune fille était séduisante. Il y avait quelque chose de baroque, d’impénétrable dans leur association.
Cette vanité, cette morgue carnassière derrière le dentier d’un blanc éclatant, cette assurance bruyante à la limite de la discourtoisie, était tout à fait écrasante. Aplastante comme on dit en espagnol (quel mot remarquable à mettre en bouche…aplastante…).

Ce fut ma première rencontre avec ce que la gauche latinoaméricaine appelle, non sans raison, « la femme d’oligarque ». L’insoutenable légèreté parasitaire des bourgeoises d’Amérique latine, il y a de quoi en écrire des lignes et des lignes. Mais c’est tellement plus intéressant de les laisser jacasser façon telenovela, et écouter ces voix, là, de l’autre Amérique, des autres Amériques…et Lhasa de chanter, chanter. Et ce regard, vert, infini, comme un écho…Un bel écho. Une belle érection. Et ce fut tout.

Je gardai quelque part en moi ce regard vert, perçant, lumineux et néanmoins encore soumis de la domestique qui avait malgré tout appris, avec le temps, à abriter et alimenter, en secret, en elle, quelque désir enfoui mais bien vivace, réel: ce désir de liberté et cette attente sans fin du jour venu ou elle s’émancipera. Seule, d’elle-même.

Ou avec cet inconnu, un de ces gentils gars croisés au fil de la vie sociale de ses employeurs, ce chico del pueblo qui l’arrachera à cette vie, qui la prendra et l’emmènera. Elle savait que ce ne serait pas pour cette fois, pas avec ce gringo, ni aucun gringo sans doute. Mais derrière son silence, derrière ses pudeurs prudentes, elle abritait ce feu qui couve, ce feu qui est le plus fort : le feu de vivre, libre, libre du paternalisme oisif, libre des humiliations « bienveillantes » de l’oligarchie latino américaine.

Sur ces entre faits, je débandai rapidement, en reprenant sur l’écran télé de l'autocar les fabuleuses aventures des Tortues Ninja contre les Mutants Constructors.


mardi 29 janvier 2008

Mort du sous commandant Carlos






Carlos qui s’en va.
Julien Gracq qui s’en va.
Et moi qui ne me sens pas très bien...



Du coup, je vais rester un peu.

Si si.



Gracq, c'est probablement le plus Stylé de la littérature du XXième, avec LF Céline, même si ça n'a rien à voir.
C'était aussi le pamphlétaire de "la Littérature à l'estomac", lui qui refusa le prix Goncourt pour Le Rivage des Syrtes.

Carlos, c'est probablement le plus Stylé de la chanson des années 1980, avec les Pixies, même si ça n'a rien à voir. C’était aussi "la Chanson au sphincter », lui qui accepta tous les prix pour son Tirelipimpon sur le chiwawa.

Tous les deux, littérature surréaliste élégante,insolite et mystérieuse, alors ado, et gros monsieur paillard dans les Caraïbes, tout joyeux, alors enfant,
m'ont donné envie de parcourir ce vaste monde. Avec Esteban Zia tao les ités d'Or, et tant d'autres.

Du coup je te les balance tous les deux en mix. Qu'ils reposent en paix, ensemble et à jamais, dans cette bodega à tord-boyeaux.



Le Rivage des Syrtes
«Il y a dans notre vie des matins privilégiés où l'avertissement nous parvient, où dès l'éveil résonne pour nous, à travers une flânerie désœuvrée qui se prolonge, une note plus grave, comme on s'attarde, le cœur brouillé, à manier un à un les objets familiers de sa chambre à l'instant d'un grand départ. Quelque chose comme une alerte lointaine se glisse jusqu'à nous dans ce vide clair du matin plus rempli de présages que les songes; c'est peut-être le bruit d'un pas isolé sur le pavé des rues, ou le premier cri d'un oiseau parvenu faiblement à travers le dernier sommeil; mais ce bruit de pas éveille dans l'âme une résonance de cathédrale vide, ce cri passe comme sur les espaces du large, et l'oreille se tend dans le silence sur un vide en nous qui soudain n'a pas plus d'écho que la mer. Notre âme s'est purgée de ses rumeur et du brouhaha de foule qui l'habite; une note fondamentale se réjouit en elle qui en éveille l'exacte capacité. Dans la mesure intime de la vie qui nous est rendue, nous renaissons à notre force et à notre joie, mais parfois cette note est grave et nous surprend comme le pas d'un promeneur qui fait résonner une caverne: c'est qu'une brèche s'est ouverte pendant notre sommeil, qu'une paroi nouvelle s'est effondrée sous la poussée de nos songes, et qu'il nous faudra vivre maintenant pour de longs jours comme dans une chambre familière dont la porte battrait inopinément sur une grotte.»

lundi 28 janvier 2008

Magnifique Colombie





Je clôs ce cycle Colombie.

En rappelant des choses simples. Que la Colombie, deuxième pays hispanophone du monde, c'est aussi, surtout, un des pays les plus beaux et attachants du continent. Pour ne pas dire du vaste monde, que je ne connais point.

De loin le plus accueillant, avec le Mexique, pour le visiteur d'un jour ou d'une vie.
Le plus artistiquement et culturellement bouillonant, magique, là aussi avec le Mexique.
Le plus divers, entre afros, indiens, blancs, métis, côtiers, andins, llaneros.
Le plus éblouissant, en termes de paysages humains et naturels, avec son voisin venezuelien.
Le mieux éduqué, en termes de contenu et d'accés au primaire et secondaire, avec l'Uruguay et l'Argentine.
Le plus commerçant, au bon sens du terme, avec le Brésil, avec ses coopératives agraires, ses PME performantes au personnel qualifié, doué et fier.




Le plus mafieux, le plus cynique, aussi, mais surtout à cause de son oligarchie élitiste si particulière, sa géographie compliquée et le fléau du narcotrafic. Combien de points de PIB gagnées, combien de vies perdues ? La guerre se poursuivrait-elle si longtemps sans les énormes revenus de la drogue? Evidemment que non.
La Colombie aspire à la paix.
La Colombie hurle son envie de paix.

Mais faudra être patient. On en a encore, au moins, pour 10 ans.
A moins d'une véritable pression internationale.
Mais vues la cécité de l'UE et les visions US, l'indifférence polie des voisins latinos et des opinions publiques, c'est pas gagné.

En attendant, ça doit pas nous empêcher de mater un peu...

Quuuuuoooaaaa?

Pour comprendre le conflit armé interne qui pourrit la Colombie



Mur de Bogota

Eric Lair est un chercheur en sciences sociales.
Ce sont des choses qui arrivent; bien que de moins en moins, il est vrai.
C'est qu'elles sont pas bien "rentables", ces filières, mon bon con.

A un moment donné, je ne vois pas bien qui, à part ces historiens, ces sociologues, ces anthropologues là, peut bien nous éclairer sur des phénomènes et enjeux aussi complexes que la géopolitique énergétique du Cône sud, qui te passione, les disputes de territoires maritimes Pérou VS Chili, qui t'excitent (non ne nies pas, enano), ou les dépenses annuelles d'estéthique et de maquillage, astronomiques, engagées par chaque foyer venezuelien, qui te donnent un vertige certain. Nan, je vois pas.

On ne compte plus sur la presse française pour nous parler de tout cela ni du reste.

On ne compte plus depuis longtemps sur la presse française pour nous parler correctement du conflit colombien.

Heureusement, Tio Patxi est là pour toi.
C'est 25 pages, c'est de la calidad-calidad mano, même si ça date de 2000: vas donc lire cet essai.

Le résumé:
Voilà plus de vingt ans que la Colombie connaît des phénomènes de violence collective singulièrement aigus et complexes. Depuis le début de la décennie 80, l’intensification de la confrontation entre forces armées, guérillas et paramilitaires a été telle que cette dernière domine désormais le panorama général de la violence. L’intensification du conflit, surtout à l’encontre des populations civiles, a suscité un nombre croissant d’analyses, de commentaires et de réactions diverses. La plupart de ces interprétations privilégient une approche en termes d’irrationalité et de violences éruptives privées de sens. Le propos de cet article est précisément de discuter et confronter cette vision avec une lecture plus rationnelle des faits afin de voir dans quelle mesure la confrontation armée parvient à se structurer dans une trame explicative beaucoup plus intelligible.

vendredi 25 janvier 2008

Venganza, revanche: REVENGA


Munitions abandonnées par les FARC-photo AP









Là où règne la violence, il n'est de recours qu'en la violence ; là où se trouvent les hommes, seuls les hommes peuvent porter secours.
[Bertolt Brecht]

Extrait de Sainte Jeanne des abattoirs

Prêts pour faire la paix?




Avant de clôre ce petit cycle spécial Colombie, on va parler d'avenir.
Et se souvenir que des processus de paix et de réconciliation ont été plutôt bien voire très bien menés et réussis en Amérique centrale (Guatémala, Nicaragua, Honduras, Salvador), au Pérou (70 000 morts entre 1990 et 2000 tout de même, et un travail remarquable de la commission de paix, réparation et réconciliation), mais aussi au Cambodge, en Afrique du Sud, pour des conflits qui semblaient alors inextricables.

Pour arriver à des accords de paix, essentiellement politiques, seule issue pour la Colombie, il ne s'agit pas seulement de volontarisme individuel, contrairement à ce que pensent Chavez ou Uribe. Il s'agit surtout pour chaque groupe en conflit de céder un peu, de faire des compromis, et qu'ils y trouvent tous un intérêt véritable, afin que ces accords soient durables.

Et c'est bien parce qu'Uribe ne comprend et n'envisage que la force militaire brute, c'est bien parce qu'il refuse la réalité de l'existence même d'un "conflit armé interne" et ne parle QUE (de façon assez commode car suffisamment vague et diluée) de "terrorisme", qu'une médiation internationale discrète, habile, appuyée sur une pression nationale et internationale soutenue, est indispensable.

Je te sers on the rock cette excellente, implacable analyse sur ce thème.
Et t'invite à aller sur ce site, ou sont postés les témoignages d'otages.

NO ES UN TEMA DE VOLUNTARISMO INDIVIDUAL!

¿Listos para hacer la paz?

Claudia López. Columnista de EL TIEMPO.

Asumo que casi todos los colombianos estamos inmersos en un carrusel de sentimientos. Alegría por la liberación, molestia por el show, emoción por el reencuentro, indignación por la intervención. Más allá de los coyunturales sentimientos, durante la liberación de Consuelo González, Clara Rojas y el reencuentro con su hijo Emmanuel, me quedé con la sensación de que en lo humanitario y la paz Colombia se siente como un país a la deriva.

A la par de la alegría de la liberación, sentí un profundo dolor de patria. Dos colombianas rescatadas por un gobierno extranjero, en helicópteros del extranjero, en territorio extranjero. Como dos extrañas que, independientemente de las razones, parecen interesar más a otros distintos de su sociedad y su gobierno. Me dolió que en lo que vi de la liberación no se hizo una sola mención de reconocimiento al Presidente de Colombia. Ausente. Como si no existiera esa figura que se supone representa y unifica al Estado colombiano. Pensé que en parte era el resultado de lo que hemos sembrado. No se agradece el desprecio, el desdén, la dureza. Pero igual duele y, sobre todo, preocupa.

En medio de lo que se veía, lo que se evidenciaba era la ausencia de una política humanitaria y de paz formulada y liderada por el Gobierno de Colombia. Un Presidente reaccionando de manera tardía, defensiva y errática a la iniciativa de otros. Sin la sartén y sin el mango. En mi mente, esa escena reflejó una paradoja. Sin un presidente con el liderazgo que había mostrado Álvaro Uribe y con los logros en recuperación del territorio y la seguridad, Colombia no podría dar el paso de la confrontación a la paz. Pero el Presidente que ha tenido las mayores iniciativas y logros en la confrontación parece incapaz de llegar a la paz.

Álvaro Uribe ha sido un presidente muy capaz para hacer arreglos con sus aliados y confrontar a sus enemigos, pero incapaz de hacer una paz estable y duradera con ambos. Del supuesto fin del paramilitarismo nos quedamos con por lo menos 5.000 rearmados, las mismas mafias con nuevos nombres y relevos en las jefaturas. La derrota de las Farc luce más como un fabricado anuncio de prensa que como resultado concreto. ¿Cuánto tiempo más aguanta el contentillo de que los tenemos arrinconados? Las cifras que damos para demostrar esa victoria evidencian también sus límites: las Farc solo están en las selvas y montañas (de un país en el que la mayoría de su territorio son selvas y montañas), todavía exportan miles de toneladas de cocaína, tienen 750 secuestrados más, etc. ¿Puede Colombia ser un país del todo viable con organizaciones criminales mafiosas, guerrilleras y paramilitares que pululan pero supuestamente están minimizadas?

La paz no es un tema de voluntarismo individual, ni de chantajes, ni mucho menos de indebidas intervenciones de gobiernos extranjeros. Es una prioridad nacional que debe ser fruto de compromisos colectivos.

Si los señores de las Farc aspiran a un estatus y a una negociación política, deben comportarse en consecuencia. Si toman la decisión de acogerse al Derecho Internacional Humanitario, poner fin al secuestro y otros delitos de lesa humanidad, el país debería comprometerse a hacer una negociación política de paz con las Farc, que no termine en otro genocidio como el de la UP.

Abrirle paso a esa eventual paz negociada sólo es posible si se concreta primero un acuerdo humanitario. Si ni la sociedad, ni el Gobierno, ni la guerrilla somos capaces de hacer un acuerdo humanitario sobre el secuestro, mucho menos seremos capaces de hacer una paz negociada.

No se hace la guerra por la guerra, sino como recurso transitorio y de última instancia para llegar a la paz, que no es otra cosa que encauzar por la política lo que se pretendía por las armas. Esa decisión es el meollo de la política humanitaria y de paz de la que carecemos.

mardi 22 janvier 2008

Colombie, une lettre ouverte des ONG colombiennes à Hugo Chavez



PARAMILITAIRES DES AUC. Les paras seraient encore 5 à 8000 encore en armes et en activité. Qui qui dit ça? L'officine du Politbureau du coin? L'amicale des gauchistes à moustaches du barrio? Nan! C'est le programme MAPP de l'OEA qui le dit, la defensoria del Pueblo, la Fiscalia-Justice colombienne et les Nations Unies. Etonnnat non?
Ils sont responsables de 60 à 70 pour cent des morts et des déplacés du conflit de ces vingt dernières années. On voit certaines de leurs victimes dans les témoignages vidéos des derniers jours. Pour certains commentateurs-tartuffes, sont tellement méchants-méchants les paracos que du coup, mécaniquement, les FARC et l'ELN le seraient moins, de méchants-méchants. Ah lala, on s'amuse bien avec tous ces pignolos de la LCR...






Cette excellente lettre ouverte adressée au Président Chavez par les ONG colombiennes de droits de l'homme les plus irréprochables, sérieuses et professionnelles qui soient, montre bien l'effet contre productif du dirigeant venezuelien, sur le fonds comme sur la forme. Et que son message n'est pas du tout passé chez les colombiens, et notamment pas du tout passé à gauche. Mais alors PAS DU TOUT.
PERSONNE ne soutient plus les FARC en Colombie, et surtout pas les paysannes et paysans du pays, et surtout pas les militants de gauche qui prennent des risques hallucinants, chaque jour, pour porter une autre idée du monde, une autre pratique du vivre ensemble en temps de guerre.

La seule issue à ce conflit armé, l'issue politique, a été défendue ces derniers jous par le pire avocat qui soit en la personne du Guide suprême de Barinas, de la pire des façons.

Chavez, le roi de l'autogoal pathétique, de la balle tirée dans le pied.

En même temps, le drame, c'est qu'il est à ce jour le seul qui peut obtenir quelques résultats. Le prix à payer, on en a parlé ailleurs.

Bon, sa sortie d'hier, comparant Uribe à Don Vito Corleon, lui signifiant qu'il est meilleur chef de mafia que d'Etat, m'a malgré tout déridé la tronche.

Uribe a aujourd'hui réaffirmé son objectif d'écraser les FARC, depuis Paname. Quelle surprise...

Cette lettre résume très bien les enjeux pour le futur. Lis là je te prie.

Je t'ai déja pourtant di mille fois de te mettre à l'espagnol, pero ya...

Bogotá, 17 de enero de 2008

Excelentísimo Señor
Hugo Chávez Frías
Presidente
República Bolivariana de Venezuela
Palacio de Miraflores
Caracas

Señor Presidente
Las iniciativas ciudadanas de paz y las organizaciones humanitarias y de derechos humanos de Colombia que suscribimos esta comunicación, queremos
expresarle a Usted y a su gobierno nuestro más profundo agradecimiento por la
gestión humanitaria que permitió la liberación unilateral de las señoras Consuelo
González y Clara Rojas y conocer la suerte del niño Emmanuel, también en libertad.

La prolongación indefinida de este conflicto armado y de sus graves consecuencias humanitarias y de derechos humanos demanda esfuerzos múltiples
para su superación definitiva, la consolidación de la paz y la democracia en nuestro
país. Además, la paz de Colombia es un imperativo de América Latina y el Caribe
para avanzar en la integración regional. Por eso valoramos su participación y
disposición en ese propósito.
Luego de la exitosa liberación de las personas secuestradas, hemos
conocido su posición entorno al reconocimiento político de las guerrillas
colombianas. Compartimos la necesidad de politizar el conflicto armado, toda vez
que una solución negociada requiere de interlocutores políticos con capacidad de
dialogar y proponer soluciones.
Solución política y negociada porque estamos convencidos de que en
Colombia la guerra no es una salida viable para resolver el conflicto ni las armas
son una alternativa cierta para superar sus causas. Pero mientras se logra avanzar
en esta dirección es necesario regular las acciones en el marco de los Convenios
de Ginebra (artículo tres común y Protocolo II Adicional a estos Convenios). El
primer paso en esta dirección es la libertad de todas las personas secuestradas y la
suspensión definitiva del secuestro por parte de las guerrillas, toda vez que la
toma de rehenes por razones políticas o económicas está prohibida por el derecho
internacional humanitario, normatividad que las guerrillas tienen la obligación de
observar sin que medie un reconocimiento de beligerancia por parte del Estado
colombiano o de cualquier otro Estado. Tampoco es indispensable ese
reconocimiento para avanzar en gestos unilaterales o acuerdos humanitarios.
Pero no es sólo el secuestro. En Colombia persisten otras prácticas que
infringen, no solo el derecho internacional humanitario, también los derechos
humanos, muchas de ellas calificadas como acciones terroristas, que
comprometen, en mayor o menor grado a todos los actores de la guerra. El
desplazamiento forzado, por ejemplo, que han padecido cerca de 4 millones de
personas en los últimos 20 años. La desaparición forzada, las ejecuciones
extrajudiciales de civiles presentados como “terroristas muertos en combate”, el
uso de minas antipersonal, los bombardeos, ataques aéreos y el uso de otras
armas de efectos indiscriminados como los cilindros bomba en zonas civiles, así
como el reclutamiento de niños y niñas, hacen parte de la crisis humanitaria y de
derechos humanos que padece Colombia en medio de este conflicto. Miles de
personas son halladas en fosas comunes en las que se ocultaron las innumerables
víctimas de los grupos paramilitares que siguen operando en buena parte del
territorio nacional. Cerca de medio centenar de congresistas están detenidos o son
investigados por apoyar estas acciones.
Por supuesto que son acciones terroristas en la medida en que afectan a la
población civil y violan las normas humanitarias. Todos los responsables deben ser
juzgados y castigados por crímenes de guerra y de lesa humanidad. Pero calificar
de terrorista a las guerrillas, a los paramilitares o al Estado es una forma simplista de reducir un conflicto armado con profundas raíces históricas, sociales, políticas y económicas a una “lucha antiterrorista” en la que no cabe ninguna posibilidad de diálogo.
Más que declarar terroristas a Eln o a las Farc, o reclamar para estas
guerrillas un estatus de beligerancia, se necesita por ahora su reconocimiento
político para avanzar en soluciones políticas, que se construyen respetando el
derecho internacional humanitario y los derechos humanos.
Desde los derechos que asisten a las víctimas y el compromiso de la
sociedad civil que persiste en la paz reiteramos que en Colombia no queremos
ningún apoyo internacional a esta guerra crónica y prolongada que padecemos, no
queremos más armas ni ayuda militar, no queremos ningún respaldo a la lucha
armada y estamos convencidos que polarizar mas a la sociedad colombiana no
contribuye a superar el conflicto armado.
Señor Presidente, le agradecemos su apoyo a la causa humanitaria por
liberar a todas las personas secuestradas y su ofrecimiento de contribuir a buscar
soluciones políticas para la paz para en nuestro país. Hacemos votos para que esta
gestión se haga en el marco de la normalización de las relaciones entre los
gobiernos de Venezuela y Colombia (El regreso del señor embajador de Venezuela
en Colombia sería un buen gesto en la dirección de descongelar las relaciones), de
la plena observancia de la soberanía y autodeterminación y de un ambiente de
respeto y solidaridad entre dos pueblos hermanos.
Con nuestro respeto y consideración,

Asamblea Permanente de la Sociedad Civil por la Paz, Consultoría para
los Derechos Humanos y el Desplazamiento CODHES, Asociación para la
Promoción Social Alternativa MINGA, Instituto de Estudios para el
Desarrollo y la Paz INDEPAZ, Fundación Cultura Democrática,
Corporación Viva la Ciudadanía

lundi 21 janvier 2008

Elle traverse Bogota


Bogota







Patagonie Express, carnets de voyage de Paul Theroux, un grand bourgeois East Coast de passage à Bogota, en 1978

"Il ya 220 peuples indiens en Colombie. Certains montent jusqu’à Bogota en recherche de travail, ou sont déplacés par le conflit armé. Une indienne, en châle noir, jupe longue et sandales, tirait deux ânes au bout d’une corde. Les ânes étaient lourdement chargés de récipients métalliques et de ballots de chiffon. Mais ce n’était pas là le trait le plus curieux de cette femme de Bogota avec ses deux ânes.
La circulation étant très mauvaise, ils allaient tous les trois sur le trottoir, dépassant les élégantes et les mendiants, les galeries d’art exposant des tableaux tocards.
L’Amérique du sud doit venir en tête de la production mondiale de l’art abstrait de 3ème ordre du fait sans aucun doute, de la vulgarité de sa classe aisée et du succès des décorateurs, avec des vernissages tous les jours quasi…

L'indienne n’eut pas un regard pour les peintures, mais continua son chemin, passa devant la banque de Bogota, la Plaza, une statue de Bolivar de nouveau, l’épée plantée à ses pieds, les boutiques de curiosité avec leurs articles en cuir et bric à brac, les émeraudes. Elle traversa la rue, les ânes peinaient sous leur charge, les voitures klaxonnaient, les chauffeurs donnaient des coups de volant, et les gens s’écartaient. Ca aurait pu faire un documentaire merveilleux, la pauvre femme et ses boites dans une ville austère de 4 millions d’habitants.

Elle est un vivant reproche à tout ce qui l’entoure, mais peu de gens la voient, et nul ne se retourne. Si on en faisait un film, il serait primé. Le scénario ne serait autre que cela, elle traverse Bogota. On dirait que 500 ans ne se sont pas écoulés. La femme ne marche pas dans une ville. Elle marche à flanc de montagne, avec des bêtes aux pieds surs. Elle est dans les Andes, elle est chez elle. Tout le monde, à part elle, est en Espagne."

samedi 19 janvier 2008

Conflit interne de Colombie, 3 millions de déplacés par la violence armée

REGARDES CETTE VIDEO. Ce sera la dernière.

Tu auras un aperçu de ce qu'est le "cycle" du déplacement forcé, l'avant, le pendant, et "l'après": la vie, paisible, au campo; l'irruption soudaine de barbares en armes lourdes, et qui n'hésitent pas à les utiliser contre les populations civiles.
Les menaces, les abus, les meurtres, les mines plantées, les viols de plus en plus fréquents depuis 2000.
La fuite. Tout laisser, sauver sa peau.
Avant de finir littéralement à la rue, déraciné, dans l'indigence la plus totale, dans une ville inconnue, loin, bien loin de ta terre, de ta vie, de ta famille, de tes rêves.

Je dédie ces visages à tous les merdeux hijoeputa d'Europe et de Navarre et d'ailleurs qui éprouvent une sympathie non dissimulée pour l'ELN et les FARC, ces "gentils gauchistes".
Petits bourgeois installés, vous ne supporteriez pas un jour, pas un millième ce que doivent subir les victimes de ces criminels de guerre, criminels contre l'humanité.


Marco Mladic, méchant, Ali Le Chimique, méchant, Bonaventure Isodore le Rwandais, méchant, là on vous entend, la gauche radicale moralisatrice; mais Torres ou Marulanda, gentils? Pourquoi ce deux poids deux mesures chez vous? Pour l'exotisme de la consonnance? Ca fait banana, camaraderie et cocotiers, les latinos, ça peut pas être possible?

Parce que votre gauche de résistance n'a plus de souffle, alors si on vous démasque vos idoles, vous êtes décontenancés ? Réinventez là, mais changez d'idoles, mocosos en mal d'exotisme et de romanticisme.

J'ai vu le programme de plusieurs conférences en Europe pour les prochaines mois, dont le FSM du POrtugal, et ces groupes seront présents et auront leur espace, comme d'habitude.

Un dernier détail, précis, illustratif: sachez que dans le département de l'Arauca, Colombie (cherches une carte), ces 10 derniers jours, 12 paysans ont été assassinés, pour avoir refusé l'enrôlement, et 2026 personnes (en majorité des femmes et des enfants; chiffres CODHES, ONG la plus sérieuse de Colombie) ont été sciemment déplacées par la force, par les stratégies d'occupation territoriale armée, les exactions et la violence des affrontements entre les FARC (officiellement d'obédience marxistes-lénisites) et l'ELN (officiellement d'obédience guévariste-téhologie de la libération). Qui se font une guerre ouverte depuis mars 2006 dans de nombreux points du territoire colombien, notamment pour le contrôle de couloirs des trafics stratégiques: narcotrafic, armes, essence venezuelienne (la moins chère du monde), bois, entreprises pétrolières et économies locales à "ponctionner" via diverses extorsions, et êtres humains.

Saviez vous qu'en 1986, TOUS les survivants de l'opération de liquidation de l'EPL, maoiste, par les FARC, sont passés dans les rangs des paramilitaires?

Voila pour votre stupide manichéisme sur ce conflit. Et vos stupides frontières idéologiques, qui sont bien perméables en temps de guerre.
Le cycle de la violence généralisée est un venin dont vous ne connaissez nullement le goût, ni l'apparence.
Vous, vous vous contentez de glôser, doctement, de faire des bons mots.

Mais ta gueule! Ta gueule!

Il existe une gauche électorale, et plutôt bien à gauche en Colombie, qui malgré les menaces, malgré tout, bosse, gouverne, mobilise et gagne des élections, et pas qu'à Bogota. Sans agenda mafieux, sans recours au narcotrafic. Si ovus voulez ovus sentir utile, soutenez-là, invitez là en Europe pour parler de son boulot.

Plutôt que les émissaires de ces tortionnaires.
Le Forum Social Mondial s'honnorerait d'inciter le Polo democratico plutôt que ces personnages.


Acteurs et dynamiques de la guerre en Colombie




Bon ça commence tout de même à me démanger: causer de Tireli Pimpom sur le Chihuahua, du dernier foirage de Tonton Hugo ou de parler de ce qui va très bien en Colombie (même si Tonio est "payé" pour ça), et ailleurs en america latina. Mais on continue sur le conflit colombien...Même si personne ne lit tout ça, au moins j'aurais essayé...



Allez, prends cinq minutes pour celle ci je te prie. C'est à ce jour le meilleur résumé analytique que je connaisse. Passer par l'histoire et la sociologie, c'est la seule issue pour comprendre un minimum qq chose à ce bordel de conflit.
Seuls reproches à lui faire: sa sous estimation des recrutements forcés, qui seraient de l'ordre de 30 à 40 % pour les FARC, selon l'ACNUDH ou les analystes du MAPP-OEA; le manque d'explication et de détails sur les paramilitaires, responsables de 70 pour cent des morts dans les anées 90-2000; la mauvaise anticipation sur les orientations d'Uribe.
Ce texte nous aide à comprendre beaucoup de choses. Et notamment que la presse française, sus ses pages internationales, c'est pas top.


Acteurs et dynamiques de la guerre en Colombie
Auteur : Centre d'information géopolitique - Eric Lair
Compte rendu de la conférence de Eric Lair, chercheur associé à l'Université nationale de Bogota, CERI, 29 octobre 2003.
Donc un peu désactualisé sur certains points de détails, car c'est le début du Plan Colombie qui a depuis accentué la conflictivité, et contribué à déplacer des milliers de familles paysannes aussi, sans parler des fumigations.


En introduction l'intervenant a fait quelques mises au point sur la violence en Colombie.
Depuis plus de vingt ans la Colombie est le théâtre de plusieurs types de violence : * La violence intra-familiale, de plus en plus documentée.
* La délinquance commune.
* Les activités des milices. Par « milices » on entend essentiellement en Colombie les groupes armés à la périphérie des trois grands centres urbains (Bogota, la capitale, Medellin et Cali). A l'intérieur de cette catégorie on peut distinguer les milices liées aux différents trafics (drogue mais aussi pierres précieuses et autres).
* La violence associée à l'évolution du conflit armé interne.

Ces différentes formes de violence ne sont pas réellement cloisonnées.. Ainsi par exemple les acteurs du conflit armé sont présents dans les périphéries des grandes villes par milices interposées. Il y a, comme disent les sociologues, une violence généralisée. Rares sont les Colombiens qui n'ont pas été victimes ou témoin, eux ou leurs proches, d'une des manifestations de cette violence.

Il a introduit ensuite quelques précisions sur ce cadre général :

* Cette violence n'a pas pénétré tous les secteurs de la vie en Colombie. Par exemple, la guerre affecte surtout le nord du pays et les zones du sud ; elle est pratiquement absente des grands centres urbains.
* On dit souvent qu'il y a en Colombie une culture de la violence et un Etat trop faible. La réalité est moins simple. Par exemple, l'Etat est souvent présent, suivant les secteurs, et coexiste avec les acteurs armés du conflit, qui ont besoin de lui, notamment pour capter des ressources et maintenir des populations en place dans ce but.
* Il faut se garder d'une représentation trop chaotique de la situation de la Colombie. Les institutions s'y pérennisent malgré tout. C'est, selon les appellations des spécialistes un « Etat faible », une « démocratie altérée » ou « de basse intensité » mais il se maintient.
* Enfin on n'insiste pas assez ces derniers temps sur l'importance croissante du conflit armé, qui domine désormais le panorama de la violence. Si les statistiques nationales ne permettent pas de quantifier rigoureusement les victimes du conflit armé, notamment du fait qu'il est très difficile de savoir qui fait quoi, on peut malgré tout faire quelques évaluations : depuis la fin des années 80, il y a 26.000 homicides par an en Colombie, soit entre 60 et 70 pour 100.000 habitants (moins que le Nicaragua, le Salvador et le Guatemala) et 10% de ce total pouvaient être attribués au conflit il y a dix ans, 20 à 30% aujourd'hui. Le nombre des déplacés est lui en augmentation constante et est proche de 2 millions ces dix dernières années sur un total de 44-45 millions.

I. Les acteurs du conflit armé

Il y a trois groupes d'acteurs, les guérillas, les forces armées régulières et les groupes para-militaires.

1. Les guérillas
Elles sont aujourd'hui au nombre de deux, certaines ayant disparu depuis les années 60. Actuellement, sont en activité les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) et l'Armée de libération nationale (ELN).
* FARC
Les FARC sont une guérilla née au début des années 60 et très liées à cette époque au Parti communiste. Le parti s'en est distancié aujourd'hui du fait de profondes divergences sur l'action armée et les méthodes de cette action.
Les années 60-70 sont pour les FARC des années de gestation. Aujourd'hui le mouvement est décrit comme l'une des plus puissantes forces insurrectionnelles au monde en termes militaires avec 15 à 18.000 combattants. Sa structure est très différente de celle du Sentier Lumineux : la direction est collégiale, avec un Commandement central de 7 membres. Il y a aussi une énorme dissémination des fronts : implantée d'abord dans le sud-est, la guérilla des FARC s'est ensuite étendue vers la zone centrale. On ne peut donc vaincre militairement cette guérilla comme on l'a fait pour le SL.
Le recrutement des FARC est très rural. On dit qu'il commence à y avoir du recrutement forcé de jeunes mais les chiffres sont souvent exagérés et il y a nombre de jeunes pour qui la guerre est devenue un mode de vie et qui s'engagent pour ce motif. Les FARC ont très peu d'impact dans les élites et les milieux universitaires, surtout aujourd'hui. Enfin, il y a de plus ne plus de désertions. Plus de 1000 par an ces derniers temps.

* L'ELN
L'ELN est aussi créée dans les années 60. Elle agissait surtout dans le nord-est, le long de la frontière avec le Venezuela. Elle s'est développée et étendue, tout comme les FARC bien que la tactique soit différente, en occupant le nord et le centre suivant un axe correspondant aux principaux centres économiques et politiques du pays. L'ELN a aujourd'hui 3 à 4000 combattants.

Les FARC, tout comme l'ELN, ont connu une rupture stratégique depuis le début des années 80. Le conflit est un nouveau conflit. La démultiplication des cadres est telle qu'il faut absolument une approche locale. Les fronts se sont multipliés : les FARC en ont plus de 68 aujourd'hui, l'ELN 30. La cible principale des exactions est de plus devenue la population civile.

Les principales anciennes guérillas sont : l'Armée le libération populaire (EPL), apparue dans les années 60, implantée dans le nord-ouest du pays ; plus faible militairement elle a connu de nombreux affrontements avec l'armée régulière, les paramilitaires et les FARC dans les années 80, dans les zones d'activité des syndicats du secteur de la banane ; ce mouvement a conclu une paix avec l'Etat et, depuis cette paix, les FARC ont attaqué les anciens membres de l'EPL dont beaucoup sont entrés dans les groupes para-militaires ; nombre des chefs des para-militaires du nord sont d'anciens membres de l'EPL ; le M-19, seul mouvement à avoir eu une grande audience chez les intellectuels, qui a lui aussi abandonné la lutte armée.

2. Les forces armées régulières

L'armée souffre de nombreuses faiblesses, logistiques et politiques notamment. Il est frappant de constater que l'armée colombienne a toujours eu un rôle politique très faible. Les causes de ce phénomène sont recherchées dans diverses particularités de l'histoire de la Colombie :

* La privatisation de la violence au XIXème siècle, au moment de l'indépendance, lorsqu'une extension du port d'arme dans la population a permis la création des milices.
* La difficulté de l'Etat colombien à se constituer et à administrer des territoires très fragmentés.
* L'absence d'autonomie de l'armée vis-à-vis des logiques partisanes qui ont dominé la vie politique du pays, à savoir l'affrontement entre conservateurs et libéraux.
* L'absence de guerre extérieure qui aurait un effet de cohésion par l'armée.
* Une faible professionnalisation et modernisation. La professionnalisation et la modernisation des forces armées, qui sont en cours, sont l'un des enjeux principaux de la guerre. Alors que dans les années 80 les Colombiens avaient le sentiment que l'armée ne jouait pas un grand rôle dans ce conflit, il y a une évolution de cette perception, liée notamment au fait que l'armée va désormais combattre la guérilla dans ces secteurs d'activité.

2. Les groupes para-militaires

Ils datent des années 70-80. A cette époque, dans bien des cas, ils apparaissent dans le nord avec l'appui des forces armées régulières et des élites locales, notamment des grands propriétaires terriens éleveurs. Ils intègrent des mercenaires venus de Grande Bretagne et d'Israël.

Au début des années 90 leur nombre se multiplie, ils connaissent une expansion vertigineuse. Tout en maintenant qu'ils n'existent que parce que la guérilla existe et en réponse à cette guérilla, ils ont de plus en plus des intérêts propres et divers dans la guerre.

Il s'agit en fait d'un ensemble très hétérogène. Certains sont demeurés liés aux propriétaires terriens, dans le nord, et s'apparentent plus à des groupes d'autodéfense, qui protègent les exploitations et les personnes. D'autres se sont associés aux trafiquants de drogue et adoptent une posture militaire de plus en plus offensive. Pour les évaluer, il faut regarder sur le plan local. Certains de ces groupes sont des alliés de l'armée, d'autres combattent l'armée. Certains se combattent entre eux.

II. Périodisation

1. les années 40-50, la « violencia »

Il est important d'intégrer cette époque dans la compréhension du conflit actuel. La violencia est une période ainsi appelée par les Colombiens durant laquelle les affrontements entre libéraux et conservateurs ont fait environ 200.000 morts. Cette guerre politique a été compliquée par des vengeances, par le fait qu'elle a été utilisée par certains pour accéder à la terre et s'est terminée par une longue période de banditisme en zone rurale, surtout dans le secteur du café.
Les guérillas actuelles ont certains traits de continuité avec la guérilla libérale des années 40-50. Certains des cadres de la guérilla sont issus de familles ou de groupes impliqués dans cette guerre antérieure.
Cette période n'a jamais donné lieu à une réconciliation officielle et, pour ceux qui l'ont vécue, la violence d'aujourd'hui est perçue dans la continuité : pour eux le pays a vécu dans une guerre civile permanente.

3. Années 60-70

C'est la période de création des guérillas et leur temps de gestation. Le conflit est périphérique et peu d'importance.

4. Années 80

Il y a là une première rupture stratégique dans le conflit. En 1982, lors de leur deuxième conférence, les FARC prennent deux décisions capitales : prendre le pouvoir en huit ans et dédoubler tous leurs fronts pour s'approcher de la zone andine. L'ELN fait de même. De plus les deux mouvements décident de s'intégrer dans une économie de guerre beaucoup plus lucrative et s'immiscent dans le trafic de drogue en prélevant un impôt sur la culture de la coca.

5. Depuis le début des années 90
Une deuxième rupture a été provoquée par la décision de l'armée de reprendre l'initiative et d'attaquer le commandement général des FARC à Uribe Meta. C'est un échec tactique mais aussi stratégique car de ce fait il va y avoir une dispersion des commandements et des fronts des FARC. L'expansion territoriale est sans précédent sur le plan géographique. C'est aussi dans cette période que les exactions contre les représentants de l'Etat mais également contre la population civile deviennent la règle.

L'insertion dans l'économie de guerre évolue aussi : non contents de prélever l'impôt les FARC essaient aujourd'hui de contrôler l'ensemble de la filière de la drogue, vente et exportation comprises, en liaison avec des mafias mexicaines.

L'ELN a un contrôle croissant sur les zones de production. D'autres sources de financement sont importantes : l'extorsion est devenue la règle ; les mouvements sont impliqués dans le trafic d'émeraudes, par le contrôle des zones d'exploitation ; de plus il faut bien noter que les combattants de base sont très pauvres et qu'il leur faut absolument prélever leur alimentation sur la population dans les villages.


III. Stratégies de contrôle socio-spacial des zones

L'intervenant a eu peu de temps pour développer cette partie mais il a relevé que la Colombie est dans une situation insurrectionnelle sans révolution, dans la mesure où il n'y a pas de mobilisation massive de la population en faveur des guérillas. Le discours des acteurs est assez faible, peu charismatique et a peu d'écho. Il n'a pas de prise sur une population qui veut avant tout rester en dehors de la guerre. Une exception cependant dans le nord du pays où a été engagée une para-militarisation de la population. Des colombiens s'engagent aux côtés des para-militaires pour se protéger mais cela est instrumental et non idéologique.

La terreur est devenue une ressource des acteurs du conflit. Ils imposent leur volonté.

La territorialisation est très évolutive : une même localité peut-être pendant dix ans sous la coupe des para-militaires puis passer aux FARC, soit parce que la population n'a pas le choix, soit parce qu'elle s'arrange de ces pouvoirs qui sont aussi des protections.

En conclusion, l'intervenant a été amené à parler de la présidence Uribe. Il a été élu sur une campagne axée sur la fermeté à l'égard des guérillas, s'opposant à celle de Pastrana, axée sur la paix. Le succès de ce discours est en partie due à la radicalisation de l'opinion colombienne depuis la rupture du processus de paix du temps de Pastrana. Mais il faut faire la part de la rhétorique et des faits. Uribe n'a pas abandonné le projet de négocier et, de toute façon, cette guerre ne peut vraisemblablement pas être gagnée sur le terrain militaire.
Le président veut plutôt avoir une stratégie plus offensive à l'égard des acteurs non-etatiques du conflit et, élément nouveau, il implique les para-militaires dans les négociations. Cependant, jusqu'ici, seule une partie des para-militaires, ceux du Nord, sont entrés dans les négociations.

En ce qui concerne la situation de la population civile que nous devons apprécier, l'intervenant a insisté sur l'importance de la localisation des faits. Il a relevé ainsi que la protection des autorités est réelle dans la zone andine ou à Bogota mais que dans certains secteurs ruraux et dans le nord, elle n'est pas effective. Dans le nord notamment, ce sont les para-militaires qui se sont vus confier la protection de la population. Par ailleurs, il a fait observer que les acteurs du conflit ont intérêt le plus souvent au maintien des autorités locales et veulent apparaître comme un pouvoir de fait. Ils ne désirent pas vider ces secteurs de leur population, pour des raisons politiques et financières et ce à l'exception de certains corridors stratégiques et des zones de culture de coca.

El conflicto colombiano, une vidéo



On peut pas faire plus court, plus simple.
Une assez bonne synthèse de la télé argentine sur quelques enjeux et caractéristiques du conflit colombien.

La brutalité de TOUS les acteurs y est mise en avant.
Et la nécessité d'une implication de tous les pays d'amérique latine.

jeudi 17 janvier 2008

Otages des FARC: si c'est un homme


Images télé d'un processus systématique, planifié et méconnu de déshumanisation


El Mono Jojoy, un des 7 commandants du Secrétariat des FARC, pavanne et passe en revue la cage barbelée de certains otages. Les premiers récits de sadiques, je les ai découvert avec Primo Levi

"Si c'est un homme", de Primo Levi.

Poème en exergue:

Vous qui vivez en toute quiétude
Bien au chaud dans vos maisons,
Vous qui trouvez le soir en rentrant
La table mise et des visages amis,
Considérez si c'est un homme
Que celui qui peine dans la boue,
Qui ne connaît pas de repos,
Qui se bat pour un quignon de pain,
Qui meurt pour un oui pour un non.
Considérez si c'est une femme
Que celle qui a perdu son nom et ses cheveux
Et jusqu'à la force de se souvenir,
Les yeux vides et le sein froid
Comme une grenouille en hiver.
N'oubliez pas que cela fut,
Non, ne l'oubliez pas :
Gravez ces mots dans votre cœur,
Pensez-y chez vous, dans la rue,
En vous couchant, en vous levant ;
Répétez-les à vos enfants,
Ou que votre maison s'écroule,
Que la maladie vous accable,
Que vos enfants se détournent de vous.


Si c'est un homme, c'est l'expérience des camps d'extermination des juifs, vécue par l'auteur. Le récit de la lutte, de l'organisation pour la survie des prisonniers, le quotidien et son surréalisme sauvage et absurde. Primo Levi montre les horreurs de la déshumanisation des camps.

Avec des mots, simples, descriptifs. Donc terribles de sens. Des références littéraires, comme La Divine Comédie de Dante : là où Dante descend dans les neufs enfers avant de retrouver le paradis, Primo Levi s'enfonce dans l'horreur de ce camp de concentration.

Primo Lévi le survivant ne fait que décrire.
Pour ne pas oublier que l'humanité et la civilisation sont mortelles.

Lire les tout derniers témoignages de 8 otages des FARC m'a immédiatement renvoyé à ces souvenirs de lecture. J'en suis désolé, car les comparations historiques sont souvent hasardeuses.

De la cruauté absolue des FARC.
Je cherche quelqu'un de bonne volonté pour traduire les articles et témoignages suivants. Histoire de les poster un peu partout.
El Tiempo
Semana.

Que nous transmettent-ils?

De l'espoir, un peu, et surtout beaucoup de souffrance.
Les lettres, lues par une fille, une mère, un fils, un frère, sont à en tous points bouleversantes.

Mme Consuelo Gonzalez a apporté des lettres et des photographies de l'ancien gouverneur du Meta (centre) Alan Jara, des ex-députés Jorge Eduardo Gechem, Gloria Polanco et Orlando Beltran, ainsi que de quatre officiers et sous-officiers de l'armée et de la police colombiennes.
car il faut dire leur nom, voir les visages de leur famille.
Leur rendre une visibilité qu'ils ont complètement perdus en Colombie, depuis trop longtemps.

Si pour Clara et Consuelo, l'heure est aux retrouvailles, leur joie ne leur fait pas oublier pour autant leurs autres compagnons d 'infortune, qui se trouvaient dans les mêmes espaces de détention.

Plusieurs otages se plaignent dans les lettres d'être enchaînés, attachés à des troncs d’arbres en permanence, selon les témoignages des familles. "Je demande avec respect et humilité à Manuel Marulanda (le chef des Farc) de mettre fin aux chaînes", a imploré Marleny Orejuela, directeur d'Asfamipaz, une ONG qui regroupe les familles des militaires et policiers aux mains de la guérilla.

"Nous avons reçu cinq photos et plusieurs lettres, certaines adressées à mon fils, d'autres à moi-même et à la famille", a déclaré Claudia Rugeles, l'épouse de Jara, enlevé le 15 juillet 2001, dont elle n'avait pas de preuve de vie depuis cinq ans. Deyanira Ortiz, l'épouse de Beltran, retenu en otage depuis le 28 août 2001, a indiqué avoir reçu également des lettres et des photos, qu'elle regardera en présence de sa famille.

On apprend que la guerrilla oblige les otages à faire leurs besoins dans la même gamelle qui leur servira pour manger.


Je te demande de relire cette dernière phrase.

On apprend qu'ils sont enchaînés, le jour avec de lourdes chaînes de fer autour du cou et des jambes, mais aussi avec de gros bâtons de bois, en dépit de leurs multiples maladies et leur incapacité évidente à s'échapper.


Toute la cruauté imaginable des FARC y est décrite ou apparait en filigrane.
Il n'y a pas de mais.
Il n’y a pas de « oui mais les Etats-Unis avec Guatanamo ébé gna gna gna… ».
Ortega, le révolutionnaire fushia, président du Nicaragua, a aujourd'hui défendu la "lutte de libération" des FARC.
"Oui, mais", relativiste.
« Oui mais les militants de l’UP ont été massacré dans les années 80 ».
Il n’y a pas de mais.

Pour les otages, chaque jour est une menace, une incertitude totale sur la perpétuation de leur existence même: animaux sauvages, maladies difficiles à soigner dans l'humidité hostile de la jungle, paludisme ou leishmaniasis sont fréquents. La faim, terrible, qui tenaille. Les diarrhées permanentes. Les insectes qui harcèlent.
Les marches interminables de plusieurs jours, en permanence. Dormir n’ importe où.
Ne plus pouvoir marcher. Se lever, sur ses bras. Ne pas être autorisés à lire, à maintenir ses rares objets personnels, cadeaux de famille (slips, chaussettes, chemises, qui sont autant d'ultimes liens avec sa famille). Des douleurs insoutenables dans la colonne vertébrale. Des douleurs psychiques indescriptibles.

Et l’on apprend qu’Ingrid, comme 5 autres, ont eu de tels problèmes de santé qu’ils sont parfois transportés dans des hamacs de fortunes. Tels des sacs de légumes.

Ingrid est bien plus mal que ce que l'on pensait.
Elle aussi a droit aux chaînes, selon ces lettres.

Et cette phrase, terrible, d'un homme retenu depuis 1998:
Me atormenta la maldad del malo y la indiferencia del bueno
Je suis tourmenté par la cruauté du Mauvais, tout autant que par l’indifférence du bon.

Je suis tourmenté par la cruauté du Mauvais, du bourreau, tout autant que par l’indifférence du bon, la revictimisation du silence, du déni.

La Colombie va enfin, peut être, se réveiller de sa tropeur, que personne n'est en droit de juger ou condamner, car il faut bien vivre dans un pays à la violence politique endémique.

Le 4 février, un énorme mobilisation internationale s'annonce.
Les FARC doivent céder et libérer SANS CONDITIONS toutes et tous les otages.

N'oubliez pas que cela fut,
Non, ne l'oubliez pas :
Gravez ces mots dans votre cœur,
Pensez-y chez vous, dans la rue,
En vous couchant, en vous levant ;
Répétez-les à vos enfants,

Si c'est un homme.
Se questo è un uomo.

mardi 15 janvier 2008

Emmanuel







"C'était la sensation la plus merveilleuse que je n'aurais jamais pu imaginée. Nous sommes tous les deux heureux."

Liens paramalitaires de Colombie-Multinationales US: c'est pas moi qui le dis, c'est une commission du Sénat nord américain


Fosse commune made in AUC, photo El Pais, Espagne

Aujourd'hui, une commission de Sénateurs de visite en Colombie, après moultes enquêtes préliminaires, après la condamnation de Chiquita Brands Inc. par la justice US et de nombreux entretiens avec des dirigeants paras ex-AUC, une commission de parlemantaires démocrates vient d'exprimer sa profonde préoccupation sur le phénomène du financement par des entreprises US d'actions violentes par des groupes paramilitaires.
Quand on sait que 70 % des morts politiques des ces dix dernières années (Fondation Nueva Colombia ou Amnesty International), par assassinats ou massacres, leur sont imputables...Enfin je dis ça, je dis rien.

Voila la note (en espagnol).

Demócrata Delahunt preocupado por pagos de firmas de su país a paramilitares
EFE -
El congresista demócrata estadounidense William D. Delahunt afirmó hoy en Bogotá que le preocupa la "magnitud" de los fondos que multinacionales de su país asignaron a la disuelta organización paramilitar colombiana AUC.

Delahunt dijo que el mayor nivel de estas aportaciones ilegales, de las que no dio cifras, se le hizo evidente tras unas entrevistas que mantuvo junto a investigadores del Subcomité de Asuntos de Relaciones Exteriores de la Cámara de Representantes, presidido por él, con ex jefes de las Autodefensas Unidas de Colombia (AUC).

"Hay un comportamiento corporativo de estas empresas americanas que, en muchas ocasiones, son la representación de los Estados Unidos, tienen la imagen de nuestro país en el mundo entero", advirtió el representante en una reunión con la prensa en Bogotá.

El legislador reconoció que esta actitud "no es solamente aquí en Colombia, sino en términos de cómo hacen los negocios las empresas americanas (estadounidenses) en el mundo entero".

"Somos muy serios y estamos comprometidos seriamente" con la investigación que lleva a cabo el Legislativo estadounidense, agregó Delahunt, líder de una delegación de representantes demócratas que el viernes emprendió una visita oficial a Colombia que terminará mañana, martes.

La misión la completan George Miller, presidente de la Comisión de Educación y Trabajo de la Cámara de Representantes, y Jim McGovern, vicepresidente de la Comisión de Reglas de la misma corporación.

La investigación parlamentaria fue abierta luego de que la multinacional bananera Chiquita Brands admitiera el pasado marzo en su país que de 1997 a 2004 pagó a las AUC unos 1,7 millones de dólares, por lo recibió en Washington una multa de 25 millones de dólares, en virtud de un acuerdo judicial negociado.

Delahunt precisó a la prensa que del domingo a hoy mantuvo reuniones con jefes paramilitares desmovilizados como Salvatore Mancuso, antiguo mando máximo de las AUC; Rodrigo Tovar Pupo ("Jorge 30"), Éver Veloza ("HH"), Diego Fernando Murillo ("Don Berna") y Carlos Julio Jiménez ("Macaco"), todos ellos presos.

Los encuentros fueron facilitados por el fiscal general de Colombia, Mario Iguarán, cuya dependencia coopera con esta investigación que "va a requerir recursos considerables y tiempo", según Delahunt.

"Déjenme decir que (tras estas entrevistas) mi nivel de preocupación es aún mayor", dijo.

"Estoy preocupado por la magnitud de la participación de las empresas americanas (de EE.UU.) en los fondos y los recursos que les han dado a las AUC", señaló.

La nueva información recabada será revisada y corroborada en Washington, desde donde se deberá "colaborar de forma total" con Colombia para examinar la relación de compañías estadounidenses y sus ejecutivos con las AUC, indicó William D. Delahunt.

En virtud de la Ley de Justicia y Paz, aprobada a finales de 2005 y aplicada desde diciembre de 2006, más de 31.000 paramilitares se han desmovilizado y entregado sus armas en Colombia.

Conflit armé de Colombie: les mots de Chavez, l'action du CICR

Aujourd'hui même, Mr Chavez a été félicité par écrit Mr Sarkozy pour sa gestion "créative", op cit de la libération des otages des FARC.
Aujourd'hui même, les FARC ont pris en otage 6 touristes, dont 5 colombiens et un norvégien, tous professeurs de l'Université des Andes partis en rando sur une plage. Les motifs semblent économiques.
Aujourd'hui même, Chavez a maintenu ses positions.

Le Président de notre Brave Patrie a, habilement, bien pris soin de ne pas donner un quelquonque avis sur la proposition magique de Tonton Hugo de donner le statut de belligérant et de retirer les FARC comme l'ELN des listes des groupes terroristes de l'UE et des USA.

Hier, Mr Chavez a précisé sa pensée, pressé qu'il était par l'otage libérée, l'ex parlementaire Consuelo de Perdomo, de condamner les kidnappings: "Je veux juste la paix. Si on leur donne le statut de groupe armé politique, ces groupes insurgés seront tenus, obligés de respecter les Conventions de Genève et le droit de la guerre".

De deux choses l'une: soir Chavez fait preuve d'une ignorance crasse sur ce sujet, et il se fair berner par les FARC (c'est ce que je crois en partie); soit il fait preuve d'un redoutable machiavélisme, au final kamikaze.

Car les "groupes armés irréguliers", lors d'un conflit armé interne comme le Colombien, sont DE TOUTE FACON, DEJA et en PERMANENCE, tenus de respecter le droit humanitaire international (et le droit de la guerre), dont le CICR est le garant.

D'utiliser des armes conventionnelles, et de laisser les civils en dehors de toute opération militaire et de toute exaction, notamment.

Ce qu'ils ne font surtout pas dans leurs stratégies de contrôle territorial, bien au contraire.

C'est à dire que:
1)cette proposition est TOTALEMENT à l'avantage des FARC;
2) elle ne résout rien politiquement au conflit (on pourrait causer avec les FARC si elles en avaient la volonté politique, elles qui utilisent bien des méthodes terroristes; la Suisse, l'Espagne et la France parlent à des émissaires des FARC; je vous renvois à la définition de l'UE sur la définition précise du terrorisme);
3) cette proposition n'oblige en rien non plus Uribe à reconnaitre qu'il y a un conflit armé interne (lui qui le nie de façon ridicule depuis 2002, et qui REDUIT le conflit UNIQUEMENT à un problème de terrorisme, ce qui est l'autre extrême de cet extrêmiste paysage politique) contrairement à ce que pense Chavez. Au contraire, elle permet aux faucons Colombiens et US de justifier la seule issue militaire qui est une catastrophe pour le pays, à moyen et long terme (on sème de la haine comme on sème des mines comme on sème du maïs Monsanto en Colombia)
4) Chavez a bien d'autres intentions. Un pacte a bel et bien été scellé. Il est aveuglé par son projet de Gran Colombia, et ne comprend pas que les FARC sont devenus des fronts très autonomes, mafieux, incontrôlables.
5) Leur retirer le statut de "groupe terroriste" changerait beaucoup de choses, en terme de financement, d'armement, de diplomatie, d'impunité et d'irresponsabilité légale et juridique.
6) Les FARC n'ont aucunement besoin de cela pour libérer les otages.
Il leur suffit de les libérer, dans n'importe quel village colmbien, les laisser près d'un commissariat rural par exemple, comme ils le font pour certains otages économiques.

Chavez est en train de dilapider tout son capital confiance sur le dossier. De Javier Solana à certains ambassadeurs français en amérique latine, de l'ancien médiateur pour la paix et Secrétaire général de l'OEA gaviria (organisation des Etats américains) à TOUTE la gauche colombienne (moins le PC), notamment Petro et Guaviria du Polo, ont condamné sans ambiguïté le fonds comme la forme du soutien de Chavez et de son assemblée nationale aux FARC.

Son nouvel argumentaire ne vient que l'enfoncer.
Chavez devrait écouter davantage le CICR et ses recommandations, que tout le monde oublie dans la couverture de cet évènement, sans qui la médiation n'aurait pu se faire.

Je vous invite à regarder ce documentaire de témoignages EN FRANCAIS, court, du CICR, très intructif, sur les déplacés colombiens. On y comprend, on y sent, en filigranne, tellement de barabrie, tellement de courage, tellement d'humanité, brute.

dimanche 13 janvier 2008

Déplacés internes, les invisibles de Colombie

Les otages ne sont qu'un aspect parmi beaucoup d'autres de la pire crise humanitaire de l'occident. Ils sont trois millions de déplacé(e)s internes en Colombie.

Le gouvernement en reconnait désormais deux millions.
Auquel s'ajoutent deux millions de réfugiés, dans le monde entier.
Sans parler des migrants pour raison économique.

Regardez leur visage. Ecoutez leurs récits.
Essayez de comprendre leur tragédie: se retrouver au milieu du feu croisé des groupes irréguliers et de l'armée, se retrouver victimes des allégations des paramilitaires ou de l'ELN ou des FARC d'être un "sapo", c a d une "putain de balance", d'être un "collabo de l'armée" ou un "paraquito" ou une "base sociale de l'ELN" ou un "putain d'indic des FARC". Et boom. Se faire violer, se faire tuer, se faire torturer, se faire couper la tête.
Ou, se déplacer, pour préserver ce qui reste: son intégrité physique.

Tout laisser.

Se retrouver, errant, fantômatique, sans accès à la santé ni à l'éducation, un spectre parmi les spectres, dans un monde urbain qui vous est totalement méconnu.

Je dédie cette vidéo à tous les connards d'Europe et de navarre qui pensent que les guerrillas, c'est chic. J'en ai encore étripé quelques uns la semaine dernière: des gars qui travaillent à l'UE à Bruxelles tout de même...Vayanse a la mierda ya!

Une vidéo, à voir absolument. Zero a la izquierda.



PS: Saches-le, mon ton sera insupportablement "donneur de leçons" ces jours-ci. Donc il te reste l'option Skyblog et autres loisirs.

Colombie, je me souviens


Enfant soldat des Farc. 60 pour cent des enrôlés y sont "volontaires". De quoi se poser les vrais questions sur les conditions de vie, et le type "d'espoir" qui règne pour la jeunesse rurale de ces régions "périphériques", depuis toujours, oubliées, refoulés, méprisées, abandonnées...Narino, Putumayo, Choco, Norte Santander, Meta, Guaviare, Arauca...




Mercedes SOSA, Todo cambia



Je lâche pas l'affaire.
Arrrgh.

Après l'immense et trop court bonheur de la libération de ces 2 femmes formidables de courage et de dignité, sur les 3000 séquestrés/otages politiques et économiques de Colombie, arrrrrgh, je lâche pas.

Je rebaptise temporairement ce blog: Colombie, je me souviens.

Je n'en peux plus de l'ignorance crasse qui sévit en Europe et ailleurs sur ces "conflits exotiques". On est certes pas censés tout savoir sur tout, encore heureux. Mais là, de part et d'autre, c'est trop.

Les Colombiens en ont assez, aussi.

Dire qu'Uribe a eu des résultats (baisse des secuestros, récupération des axes routiers, sentiment pour la premiere fois d'un Etat de droit qui bosse et de contrepouvoirs judiciaires) ou que Chavez n'est pas un tyran, vouloir prendre le temps du complexe, ca devient impossible. L'époque est au binaire, au manichéisme, avec ou contre moi etc.

C'est aussi un des effets de ne parler que d'Ingrid Betancourt dans la presse française (même si ça s'est plutôt amélioré): à travers son symbôle on parle et on s'intéresse au conflit Colombien, et tant mieux; tout vaut mieux que le silence d'avant; pour sortir du conflit armé colombien, un jour, on aura besoin de pressions et de médiations internationales. Des opinions comme des chancelleries.

Mais ça porte en soi, aussi, un effet déformant.
Dans les rédactions, sur les blogs, dans les salons, dans le bus, dans les métros, on dit n'importe quoi.

Ces jours ci, on se perd en conjectures et commentaires complètement stupides.
J'entends trop de conneries. Je viens d'apprendre que les FARC seraient invités au Forum social mondial, encore une fois.

J'entends:

"Et ce gosse quand même, elle l'a bien cherché non?".
"Ingrid, elle l'a bien cherché aussi non? elle est pas avec, pour la guerrilla en fait?".
"Alors, ils libèrent Ingrid bientôt, et c'est la paix?"
"Guantanamo, c'est pire que les camps des Farc; elles ont pas l'air si mal que ça non?".

Envie de foutre des grandes mandales dans la gueule de tout St Germain, des fois...
Comme TOUS les colombiens qui tabasseraient volontiers ces merdeux de scandinaves qui vendent des disques et des tee shirts au profit de la "lutte révolutionnaire" des FARC-EP. Ils ont envie de leur dire: "Mais putain occupes toi de tes problèmes de cage d'escalier ou pars dans la jungle avec eux, sois cohérent, mais pas ça bordel..."

Regardes donc ce florilège sur Le Monde . FR du jour, qui m'a fait disjoncté, comme tu peux le constater aisémment:

romain
Certes les FARC se conduisent horriblement. Mais quelles autres solutions leur laisse-t-on pour représenter les pauvres, les 70 % de la population qui ne votent pas, souvent des Indiens ou des métis ? Les 30 % qui votent et font toute la politique de ces pays sont plus ou moins les descendants des colonisateurs.

jeremie M.
12.01.08 | 20h17
Les FARC font leur guerre, et il n y a pas de guerre "propre". Ils font ce qu'ils peuvent en etant seuls contre tous, c'est a dire contre les paramilitaires et l'armée (qui sont des copains: un paramilitaire a dit il y a peu qu ils controlent 30% du parlement) eux même appuyés par les USA (hors de question pour eux de perdre le controle dans une region aussi strategique) et le silence du reste du monde qui s'en fiche. Quelqu un a demandé quelle armée assasine et trafique de la drogue? : La CIA.

Tat_nka
12.01.08 | 19h46
Je lis bien: "Les deux ex-otages colombiennes dénoncent {les méthodes} des FARC" C'est qui déjà qui disait qu'on fait la guerre avec les moyens qu'on a, pas ceux qu'on voudrait avoir...? Ah oui, Rumsfeld... Je note donc que les biens fondés du combat ne sont pas mis en cause. Et question respect des conventions, Genève, tout ça, je rigole...


legrosminou
12.01.08 | 15h42
Dans l'article < Les conditions inhumaines de captivité des séquestrés, enfermés dans des cages, enchaînés en permanence dans le cas des hommes comme l'a confirmé Mme Perdomo> En somme, comme à Guantanamo, où certains sont "retenus" depuis 5 ans dans les mêmes conditions, sans jugement.

Alors les nichons, les paysages, l'amérique latine depuis le hublot et toutes ces conneries, fini.

Colombie, je me souviens. Jusqu'à nouvel ordre.

samedi 12 janvier 2008

Otages de Colombie: ignobles réactions

Toujours enragé...Et c'est pas prêt de passer...








Enfants rois des FARC.
L'ancien ministre de l'éducation bolivarien a déclaré que les FARC traitaient bien les enfants, la preuve avec Emmanuel "en l'éloignant des combats"...Voilà le niveau de réflexion et d'aveuglement de nos amis Chavistes...


J'ai regardé sur Internet Clara Rojas lors de sa conférence de presse.

Certains journalistes officiels bolivariens (VTV; Ultimas Noticias) ont tout fait pour lui faire dire du mal d'Uribe, du bien de Chavez, que les FARC ont tenu parole et ne sont pas terroristes etc. D'autres chaînes privées ont pas pu s'empêcher de graveuleusement demander des détails sur la relation avec le père et cet enfant "conçu" avec la guerilla etc.

Souvent le type d'"alternatives" à la con auxquelles on vous soumet dans ce pays:
Chavez déifié, glorifié, démiurgique OU la vulgarité, obscène de sous entendus, des télés privées DE DROITE.

Heureusement, il y avait la presse internationale.

Elle a su, avec courage, lucidité et une formidable dignité, s'en sortir, sans trop en dire, par égards pour la suite et pour sa propre sécurité, en rappelant que les FARC commettent des crimes contre l'humanité. Soit des crimes qui touchent à la dignité humaine, donc tous les hommes: ils n'ont donc aucune prescription, et seront un jour jugés selon la CPI-traité de Rome, à la Haye.

Et bien certaines leur reprochent cette position; et leur coquetterie (elle se sont changés et maquillées dans l'hélicoptère, la belle affaire...les gens ne connaissent pas la beauté et la coquetterie des latinas ou quoi? ni le besoin de dignité et de féminité qu'on peut ressentir, même en ce moment, surtout, en ce moment: non, tout est manip de Chavez pour eux...on les "soupçonne" donc); les adieux-bisous aux guerrilleras qui les ont accompagné pour les libérer les 20 derniers jours; bref tout ce qu'il faut interpréter comme leur courage, inouï, leur capacité de résilience exceptionnelle, tout cela devient suspect pour beaucoup de gens.
Depuis leur petit salon bourgeois à bibelots, on y va, on tapote sur son clavier, on balance des âneries...
Regardez donc les forums de El Tiempo, du Nouvel Obs, de Libé, de partout.
Regardez CNN qui ne parle que de syndrôme de Stockholm depuis 3 jours, les bastardos.
Partout, des lecteurs lambda qui expriment leur "malaise", elle réagissent pas comme ils voudraient qu'elles réagissent, conforme à leur idée qu'on se fait de phénomènes qui nous échappent complètement.

Ignoble.
Ignobles questionnements.
Ignobles spéculations de pisse-froid qui ne sortent jamais du registre de leur étouffant manichéisme.

Ignoble et inécessaire position du Venezuela pro FARC, le même jour ou ces deux femmes décrivent, à demi-mots, leur calvaire et celui des autres détenus, qui déperissent dans cette barbarie tropicale.
Ignoble standing ovation de cette Assemblée nationale du Venezuela aux ordres.

Pour Ingrid Betancourt, on comprend qu'elle a depuis 2004 un traitement particulièrement difficile, enchaînée comme les hommes. Et qu'elle est psychiquement au plus mal. Terrible confirmation.

L'ambassadeur à Bogota, JM Marlaud (celui là même en poste au Rwanda en 1994, le pauvre...) a rappelé hier une évidence: le statut de "terroriste" pour les FARC a été attribué à l'unanimité par l'Union Européenne, et serait révoqué à l'unanimité à partir du moment ou les FARC abandonnent toutes leurs atrocités et méthodes irrégulières de combat, qui correspondent aux définitions du terrorisme. Point.

Le statut n'est pas une liste dictée un matin par le Department of States Hugo. Tout ne se passe pas comme à Miraflores...
Chavez, de plus en plus isolé internationalement: il avait l'occasion en or de se refaire la fraise. Patatras, il tombe le masque. Après l'Iran et la Biélorussie accueillies régulièrement à bras ouverts, les abrazos à Ivan Marquez, du Secrétariat FARC, sur le perron présidentiel, un criminel de guerre et un criminel contre l'humanité, Chavez défend avec passion la "lutte" des FARC.

Mais quel "stratège" mes aïeux...

Ignoble Uribe: les deux femmes confirment qu'il y a eu des bombardements les 30 et 31décembre dans le Guaviare, zone où elles étaient en attente de libération. Fieffé menteur, hijo de la chingada. Il n'a aucun intérêt à avoir ces deux témoins sur l'échiquier politique ANESTHESIE d'un pays à qui il vend du rêve et de la sécurité, en prodigieux batteleur de foire.

Le jour ou les colombiens et les venezueliens auront des dirigeants et des médias à la hauteur de leur courage, de leur vitalité et de leur formidable capacité de résistance, tout ira déja beaucoup mieux.

Un beau chantier. Loca pero Gran Colombia...

vendredi 11 janvier 2008

Otages colombiens: le deal FARC - Hugo Chavez, des relations désormais plus que troubles

Exceptionnellement, pas de photo, pas de zique, pas de chichi.
Juste un bon gros brut "Argh".


France 2 ouvre le JT: "Chavez a retrouvé du crédit".
"Succès", "efficacité" reconnus. Les images de Telesur et du canal 8 vénezuelien en fonds."Intermédiaire extraordinaire" pour Mr Delloye.

Certes, Chavez le Bolivarien est le mieux placé pour faire céder un petit peu les FARC-Armée du peuple. C'est a priori la meilleure carte, s'il la joue bien. Tout le monde se réjouit de toute libération.

Mais la question qui se pose et se posera, de plus en plus: à quel prix, bordel de mierda? En échange de quoi?

Comme d'habitude, le "crédit" de Chavez, ça aura duré un jour.
Le président vénézuélien a pris aujourd'hui ouvertement, à froid, de façon planifiée (pas comme lors de l'opération échouée le 30 décembre, ou il a annoncé trop hâtivement, à tort, qu'il confiait plus dans les FARC que dans ce cabron d'Uribe..), la défense de la guérilla et de ses positions. Avec force, conviction, sincère et enflammé comme jamais.

On savait que le Venezuela était de facto, de plus en plus, un sanctuaire capital pour les FARC. Désormais, on est en droit de se demander s'il n y a pas des accords bien plus avancés avec les FARC. Un putain de pacte, Patxi comme d'autres alter ego, on en est convaincu.

Ca ne sera qu'un filet de presse, noyé sous le pathos de la libération, les anecdotes sur Emmanuel, le maquillage des otages et toutes ces conneries d'une presse de plus en plus alignée sur la médiocrité à paillettes ambiante.

Et pourtant c'est énorme de conséquences pour le futur.

Ce que vient de dire Chavez a plusieurs niveaux de lecture.
Tous sont lourds, lourds, lourds de sens.

Sur Telesur, cette chaîne de télé voulue et soutenue par le pétro-chéquier du narcisso-léniniste en chef (télé à portée régionale et désormais globale par satellite, qui aurait pu constituer une intéressante alternative aux monopoles médiatiques traditionnels, mais qui ressemble de plus en plus à une PRAVDA tropicale), on voit de plus en plus de propagande en faveur des FARC, des termes comme "retenus" et "prisonniers politiques" au lieu d'otages etc.

Mais aujourd'hui, on a pu y voir et y entendre deux déclarations FONDAMENTALES pour qui s'intéresse à cette région:

1) Sur les images de libération des deux otages colombiennes qui ont fait le tour du monde, les phrases du tout nouveau Ministre de l'Interieur du Venezuela, Rodríguez Chacín, n'ont pas immédiatement été bien entendues. En se dirigeant aux narco-mafioso-terroristo-guerrilleros et leur serrant la main, alors sur le point de se retirer:

"Ehh…en nombre del Presidente Chavez…estamos muy pendientes de su lucha. Mantengan ese espiritu, mantengan esa fuerza y cuenten con nosotros.""Au nom de Chavez...nous sommes très attentifs à votre lutte. Gardez cet esprit, maintenez cette force et comptez sur nous."

Lutte. Esprit. Force. Appuis amis.
Pour le viol sur mineurs, recrutement forcés de mineurs, le raquet, les massacres, les bombes à cylindre, les tortures, les assassinats.
Cet esprit.
Les centaines de milliers de victimes des FARC vont adorer le nouveau Ministre de l'Intérieur, qui a toujours été LE contact des FARC avec Chavez. Depuis au moins 1991.

Les FARCistes répondent: “Bien….” “Para Servirles..” “Felicidades”

Côté venezuelien, ça finit par un:
“Cuidense camaradas”.. . "Take care camarades", quoi.

Une fois de plus, les venezueliens ne comprennent rien à rien.
Cette fois, ils paieront chers leur ignorance crasse et leur manque d'appréciation véritable du danger que constitue les FARC pour leur pays.
Camarades. Comme si les FARC version 2008 en avaient quelque chose à foutre de la camaraderie proto-coco.
Leur petit doigt est dans l'engrenage...

Bon, les fans hystériques de Chavez, ici ou , enivrés de cette réussite, qui n'ont jamais foutu les pieds ni en Colombie ni au Venezuela, pourront me dire qu'il s'agit là de real-politik et que ça ressemble à l'abrazo du Président Pastrana à Marulanda en 2001. On négocie, quoi, faut bien enrober le tout, on se fait des abrazos. Ben voyons. Passons donc au point 2.

2)Aujourd'hui, Chavez: "Il faut accorder une reconnaissance" aux guérillas.

Merci le renvoi d'ascenseur au passage.

Ce que balance Chavez vient indiscutablement confirmer ce message officiel de Chacin aux FARC, mais aussi cette constante position politique et militaire qui se traduit chaque jour dans les faits, sur le terrain, notamment le long d'une frontière que je défie qui que ce soit ici de venir me dire qu'il la connait: les FARC sont de plus en plus présentes et actives au Venezuela. n toute tranquilité. Hugo laisse faire, en conscience. Ce sont des faits. En accord tacite et explicite avec une majorité des cadres de la "révolution" bolivarienne, qui pensent que ce sont des "frères d'armes". Anachroniques jugements, qu'ils payent et paieront très chers.

Kidnappings, assassinats, extortions sont d'ailleurs en hausse extrême, imputables aux paramilitaires "démobilisés", aux ELNistes et aux FARC, et leurs "élèves" de la délinquance venezuelienne. Sans évoquer les combats armés contre d'autres groupes irréguliers. Mais ça, ils n'ont pas l'air de bien le comprendre.

C'est simple: les FARC vont bouffer le Venezuela, vont niquer Chavez et j'archive immédiatement ce message pour dans quelques années.

Sur le narcotrafic, les FARC et les dangers pour le Venezuela, vas donc lire ce reportage précis d'EL PAIS.

Lecture obligatoire sous peine de radiation de l'abonnement à ce gym club paillard.

Allez, je reprends.

Kikila dit qui me met dans une telle rogne le Hugo?

Lui qui a joué un rôle important, décisif dans l'opération, a aujourd'hui demandé aux pays d'Amérique latine et d'Europe ne plus considérer les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) et l'Armée de libération nationale (ELN) comme des groupes terroristes mais comme de "véritables armées en lutte".

Certes, nier le conflit armé comme Uribe, et le réduire exclusivement à un problème de terrorisme, est une grave problème aux conséquences multiples: mais ces groupes utilisent des METHODES TERRORISTES. Oui. Au sens que lui a donné l'ONU en 2004, ou l'ONU en 1946. Dans tous les sens.
Et Chavez pouvait chercher un terrain sans faire l'apologie des FARC comme il l'a fait aujourd'hui.

Selon M. Chavez, "il faut accorder une reconnaissance" aux guérillas, car "ce sont des forces insurgées qui ont un projet politique (...) qui ici est respecté". "Des bolivariens, comme nous".
De ce fait, il a estimé qu'elles n'ont plus leur place sur la liste des organisations terroristes, qui "n'a qu'une raison d'être : la pression des Etats-Unis".
C'est que pour ça, gna gna gna, pas pour leurs agissements. Vilains ricains, c'est tout.

Les FARC, considérées comme une organisation terroriste par Washington et Bruxelles depuis 2002, ont demandé à de nombreuses reprises à être retirées de cette liste, qui empêche notamment à quiconque de l'aider financièrement et d'avoir accès au marché international de l'armement, ce qui constitue un écueil stratégique fondamental pour eux.

Ils ont trouvé leur Magistral Idiot Utile, pour paraphraser Lénine.

Chavez, allié des FARC. Je me refusais à le penser ou le dire jusqu'à ce jour.
Mais les faits sont là.

"De véritables armées, avec de beaux idéaux, qui occupent un espace en Colombie. Il faut leur donner une reconnaissance".

L'assemblée nationale, debout. Applaudit à tout rompre.

Les FARC moribondes (voir le monde du jour) s'appuient sur Chavez. Qui a, comme d'habitude, de bonnes intentions: la paix, pour instaurer son rêve de Grande Colombie.
Et ces imbéciles de députés bolivariens, ces analphabètes de parlementaires tous plus stupides les uns que les autres (croyez moi), d'applaudir à tout rompre.

Chavez a eu le culot de presser dans la foulée le gouvernement de Bogota de l'autoriser à poursuivre sa "médiation"
afin d'obtenir la remise en liberté d'autres captifs, voire même de ramener la paix en Colombie.

Le terme de "médiateur" est souillé à jamais.
Chavez n'a pas attendu ni un jour pour rendre la monnaie de la pièce aux FARC.
Et d'autres monnaies. Plein d'autres. Plein plein d'autres.

On en recause, j'ai piscine là.