vendredi 23 mai 2008

Arrière Cuisine







Tu pourras le constater au fil de ces 257 messages, depuis que ce blogue existe, depuis le 1er septembre 2006: ce titre, «Amérique latine je me souviens», est un mensonge.

Propice au malentendu, ce "Je me souviens", qui sonne "vieux-voyageur-blasé-qu'a-d' la-bouteille-et-kva-se-sentir-obligé-dt'casser-les-couilles-avec-ses
-ptites-anecdotass-et-souvenirs-de-pétass-de-derrière-les-fagotass",
cette promesse mise en en-tête décevra le lecteur-voyeur, le chaland en quête de détails cristouillants, émoustatoires ou graveleulourds sur la vie de Patxi.

Car au final, dans cette modeste bodega, le patron peut aussi bien te servir des petits shots de chicha au goût sucré et nostalgique;
le patron peut te désaltérer à coups de logorrhées acides et superfétatoires, cheap mais honnêtes, sur le monde, la politique, les cultures, sociétés, personnages qui donnent vie (et quelle vie mes aïeux!), à ce très cher continent;
le patron peut même te forcer à prendre d'étranges potions indigestes;
mais finalement, dans cet antro, dans cette taverne ou t'attendent encore un stock de près de 13 000 photos pas encore publiées, et encore plus de petites chansons de merde récupérées sur radioblogclub.com, finalement, donc, très peu de service de cahouètes et d’assiettes à tapas sur mon monde à moi.

Peu d’épanchement de l’ego ici, peu de commentaires sur ma vie privée, sur ma vie professionnelle ou bohémienne, sur ma raison d’être, raison sociale, raison d’agir, rien sur les amis, les amours, les emmerdes.

Patxi, cet alter ego, cet autre moi, n’est point un ego tripper. Peut être est-il le fils caché, le fruit scandaleux d'une partouze triolique audacieuse entre Pierre Bourdieu, Gabriela Sabatini, et la fille de Jurgen Habermas (une très jolie étudiante berlinoise du nom de EVA...); ou Patxi serait peut-être tout autant une pure fiction, tout droit jaillie de l'imagination d'un petit handicapé Ariégeois qui n'a pu, jamais, entreprendre son grand viyage vers l'amérique; ou Patxi a-t-il été mis au monde après une session d'accouplement fulgurant d'Eric Cantona et d'une afroprostituta de Copacabana, à l'arrière d'un taxi, comme ça, à l'arrache, sans plus se soucier de Lénine ni de Maiakovsky. Tout cela à la fois.

Non point que je fasse ma chochotte, version faux cul de la vierge effarouchée, qui en fait des manières...mais c’est juste que je n’ai que de bonnes raisons pour garder mon anonymat et une certaine forme de...pudeur exhibitionniste.

Alors je me plie aujourd’hui volontiers a l’exercice qui plait tant au blogueur, le matage de nombril en partage, le narcissisme forcené, en mode narratif (qui sied si bien à notre époque de désenchantements collectifs et de repli frileux sur son petit périmètre bien balisé).

Après Patxi qui qui donc l'an dernier, aujourd'hui, faisons donc une visite dans l’arrière cuisine de ce blog.
Comment Patxi, qui peu a peu devient ton cousin d’Amérique en quelque sorte, prépare t-il ses petits cocktails et autres tord-boyaux?

Primo, chapitre techno : saches que j’avais jusqu'il y a peu, pour seuls attributs électroniques en ma possession, un vieux Compaq 2001 plein de virus, et un walkman cassettes Panasonic bleu criard. Autrement dit, un grand expert du millénaire (déjà crépusculaire) côté technologie et Web 2.0. Jusqu'à ce que mon fleurissant business de trafiquant d’armes me permette de vivre plus commodément et m’achète un joujou de meilleur acabit. Au même moment, je me suis mis à chercher une plateforme FACILE pour un naze de ma trempe. Et j’ai trouvé BLOGGER, de Monsieur Google. Et comme le disent les Madrilènes de leur bonniche équatorienne surexploitée, « j’en suis fort content ».

Deuxio, chapitre melo : un beau jour, un ami journaliste (bien connu désormais des cénacles parisiens), lors d’une de ses regrettées visites de courtoisie à ce que l’on est en droit d’appeler mon domicile conjugal (par ailleurs "de putamadre", j'en suis fort content également), me montra amicalement la voie : il me fit découvrir l’univers du « blogue ».
C’était en septembre 2006, il était déjà bien tard, dans tous les sens du terme; pensez-donc, je ne connaissais pas SKYBLOG ni même n'avais bien saisi le concept de blogue.
Les premiers émois, ce furent Tonton Patrick à Buenos Aires, la Tortue à Cuba, Radical chic, Big Bang Blog. Quel bonheur de découverte...Inoubliable. J'attendais ça depuis un bon moment, sans le savoir. Des gens malins, qui écrivent bien, sans se prendre trop au sérieux, avec un angle une personnalité, et qui écrivent de façon totalement désintéressée, pour le plaisir.

Car comme vous le savez, après 20 ans de concentration économique des arcannes et des alcôves de l’information, sous le joug de 5-6 grands conglomérats globalisés, il existe une demande stupéfiante d’information alternative de qualité. Que viennent en partie combler certains rares blogues d’excellente facture, comme ceux qui se trouvent recommandés, listés ici même.

Chapitre mélo-bis: C’est sous le coup de l’émotion due au départ d’un autre frère, avec qui nous avions fait les 400 coups au Mexique, que je me suis lancé à l'eau, avec ce message inaugural. Bien décidé à verser avec complaisance, moi aussi, dans le récit nostalgique. Bien décidé, enfin, à ne pas me contenter d'un projet velléitaire de plus, voué à se diluer dans les affres du quotidien et d'un rythme urbain connement frénétique.

Mélo, oui: par le passé je me trop souvent déçu, trahi moi même, en rompant brutalement mes petits auto-pactes solennels en étant, systématiquement, incapable de tenir plus de quelques semaines ces petits carnets de note, carnets de bord, lors de ces années d'existence en Amérique du Sud et au Mexique. Ces carnets qui n'avaient d'autre but que de fixer quelques bribes de mémoire, pour moi même, pour le vieil homme au seuil du départ, pou le futur, une trace, pour après la vie, avant de tout mettre au feu.

Tant de choses, tant de moments fondateurs, tant d'évènements essentiels tombent dans les oubliettes, dans les cachots à recoin de nos pensées, de nos vies. Ce qui fait partir du processus de mémoire, qui fait partie du cheminement, aussi, l'oubli nécessaire du grand, du petit, et vogue la galère.

Mais cette fois, je voulais partager quelques uns de ces fragments, et m'y tenir.
M'y tenir, me tenir à la régularité avec ce blog, avec discipline et plaisir. En bandant, en chantant, mais avec soin et besogne, à vrai dire.

Et accessoirement éviter ces longs silences, l'épreuve indicible de ces pénibles blancs auxquels tout expatrié de retour est soumis, quand les amis et familles te donnent une minute pour répondre à la tant redoutée et compréhensive interpellation: "Alors, c'était comment?" et le terrible: "Alors y sont sympas les bananias?"

Cahpitre cuarto, le rationale, l'angle choisi de ce blogue:
RATIONALE
1- PATXI, cet alter-ego en transhumance latinoaméricaine, pose de temps en temps son balluchon. Le rituel est alors immuable: il s'assoit, prend un verre de Chicha, du pâté. Et des rides. 2- Un jour, dans un de ces moments extatiques, il découvre son stock de photos oubliées. Et l'existence même du support appelé "blog". Il décide alors de verser avec complaisance, lui aussi, dans le récit nostalgique. C'est qu'il a compris qu'une bonne partie du voyage initiatique se joue au moment du "retour"... 3- Ni journal de bord ni étalage "égotico-anecdotique": surtout, des fragments, épars, des petites saillies, rétrospectives. 1 photo, 1 commentaire, tel une petite rasade de Chicha. Des souvenirs, mi-bandants, mi-chiants, aussi, sur ce que l’Amérique latine a à nous dire, d'elle-même comme de nous-mêmes. 4- Les photos et vidéos de ce blogue, sauf mention contraire, sont personnelles, donc protégées par les Inviolables et Redoutables Lois du Copyright de Patxi.

Quinto : el tono : J’abhorre tout particulièrement ce ton si conciliant et démagogue envers son lectorat, pleutre, faussement consensuel, façon "bon sens près de chez vous", propre a la majorité des blogues. Syndrome de facilititis aiguë, dont nous crèverons tous. Je préfère ce qui est lourd, exigeant, pas fun, pas cool, je préfère les tacherons, les laborieux, les écrits qui palpitent, qui croient encore à l’émancipation personnelle et collective. Aussi parfois suis-je lourd à lire, et je l’assume parfaitement.

Je n’ai jamais cherché le chiffre, sinon j'aurais parlé de Claudia Cardinale qui fiste Paris Hilton. Mais j’ai à la fois l’envie de plus en plus nette et résolue de faire connaître cette méconnue région du monde.

On m’a dit de me mettre sur Tecnorati, sur Wikio. On vient de passer 50 000 visites comptabilisées, un wikio machin, categorie DIVERS qui pointe en position 480 et pico.

Quel sens donner a ces dérisoires paramètres, mais qui m'intéressent tout de même ?
Combien de personnes viennent lire ce blog en souhaitant se frotter au continent?
Si j’enlève les amis, les sisters, si j’enlève les rencontres accidentelles…
Que je vois sur mon petit joujou en bas à droite : mots clés : évidemment, nichon, grosse bite, Patxi (le chanteur pour minettes sans tempérament)...fesses latina...coke + colombienne + mexicaine +défonce, ou "comment parler espagnol", comment + trouver + bonheur"... de quoi y perdre ses petits. Bien difficile de trouver la bonne interprétation.

En gros, Tonton Patrick fait en 2 semaines le nombre de lecteurs que j'ai eu en deux ans.

Reste-t-il vraiment des gens qui trainent? J'veux dire, des vrais gens?
Combien de régiments?

Je mets moi-même très peu de commentaires ou je passe, mais suis content d'échanger quand le temps le permet.

Sachant que seuls 4% des 2 millions 3 de français expatriés sont en amérique latine, ça fait pas beaucoup directement intéressés par le soja du Paraguay u le conflit colombien. En fait, j'ai vraiment l'impression qu'en Belgique, Suisse, France, grosso modo, on nana dans le fond rien à branler de ce qui se passe en amérique du sud, en amérique centrale, dans les caraïbes...Et ça me chafouine au plus haut point.

sexto ou par là, le tempo: Quant au temps passé, en gros c'est deux fois par semaine, la nuit, à la chandelle. Parfois au grand dam de bobonne...C'est du "un jet-une fulgurance", selon l'humeur du jour. Sauf pour parler du Mexique ou de sujets qui me tiennent particulièrement à coeur, qui ne sont pas forcément possibles à verbaliser tout cour, encore moins à la va vite.

Je poursuivrai ce billet, je dois filer pour l'autopsie du criminel contre l'humanité, contre nous tous, Marulanda.

Pour finir: Patxi, cet alter ego, né au Mexique comme en terre gasconne, se joint à moi pour vous dire que nous sommes bien content que tu passes, de temps à autre (surtout toi là, au troisième rang, avec les couettes)le seuil de notre modeste bodega.

Une tournée de chicha pour toi, amie, ami, famille, camarade!

10 commentaires:

Unknown a dit…

enfin un peu d'humanité sur ce blog de brute ;-)
bien à toi Mônsieur Patxi...

un fidèle lecteur à qui l'Amérique du sud lui est chère, même très très chère.

Roberto a dit…

Je ne mets pas souvent de commentaires, mais je veux te dire : surtout continue mec.
J'aime bien lire ces quelques blogs qui traitent d'Amérique du sud, s'en pouvoir m'empêcher de mettre, en imagination, un visage sur leurs auteurs.
Je ne suis pas amoureux de la chicha, alors je trinque avec un bon Malbec.

M a dit…

Ouaah Patxi se déchaîne !

"Peu d’épanchement de l’ego ici, peu de commentaires sur ma vie privée, sur ma vie professionnelle ou bohémienne, sur ma raison d’être, raison sociale, raison d’agir, rien sur les amis, les amours, les emmerdes."

Je ne crois pas que ce soit le but des lecteurs et tant mieux... de cette façon je peux imaginer ce que je veux, soit un écorché vif, un tendre, un sensible, un mec bien ? ..; certainement pas un c...

Anonyme a dit…

ouh la ... Patxi.. j'aurais envie de te chambrer un peu, mais je vais me retenir. J'espère pouvoir le faire en direct. Mes services secrets m'ont dit que ... du coup une petite bière.
Enfin quand tu auras fini l'autopsie du vilain.

Sinon Michèle, ne mens pas trop ça se voit, on le sait tous maintenant que les petite fesses de l'ami Patxi t'intéresse.

Sinon c'est un beau texte Patxi, tout à fait dans le format "blog"... et l'amérique du sud on l'aime et on s'en fout de ceux qui l'aime pas... c'est eux qui perdent.

La bise

Nathalie Vuillemin a dit…

Bien vu compañero!
Ce genre d'exercice a toujours quelque chose de parfaitement impudique et dégoulinant, mais là c'est du grand art, de l'émotion en toute sobriété.
Gracias! Et que vive la terre de toutes les contradictions dans l'esprit et dans le coeur de ceux qui l'aiment. Quant aux autres...

Anonyme a dit…

Le jour ou tu écriras ton dernier billet et mettras la clef sous la porte, il me manquera une lecture hebdomadaire que d'autres ne rempliront pas.

Je suis un social-traître qui a fini en Amerique del Norte chez les yanquis, mais il y a bien longtemps que j'ai envie de la traverser, cette frontière d'en dessous.

Anonyme a dit…

Engagez-vous, rengagez-vous qu'ils disaient. Moi je signe pour rejoindre le régiment de ceux qui:
- ont besoin de leur petite dose hebdo (au moins) d'irrévérence et qui ont trouvé en toi leur norme ISO,
- emmerdent Eric Breteau,
- ont envie d'embrasser la mama de l'expat tellement il la trouve touchante,
- qui se délectent du parfum de la force aimante
Et puis la liste est longue mais j'aime pas les listes.
Pourquoi j'ai toujours envie de trainer dans ton arrière boutique patron?
Eh ben parce que mon amoureux il habite au pays de Tonton Patrick, et qu'il m'a dit qu'il y avait un français pas piqué des hannetons qui sévissait dans la région, que mon gran abuelo il vient du pays de ton chanteur préféré et que si, du pavot, moi aussi.

Anonyme a dit…

merci pour ces petits shoots et grosse baffes qui réveillent les mordus du vivant. y a d'autres prolos des suds ouest voisins comme le tarn qui savourent tes textes chiadés.
continu patxi et merci encore.

Anonyme a dit…

Ton site me scotche. En quelques heures, je me suis soûlée de chicha, et j'en demande encore... Que te vaya bien patxi

Anonyme a dit…

merci.vous etes des fayots.. mais merci.
Chiades est un beau compliment.

Bon bah on va passer l'ete alors et on verra bien pour la suite.

Un abrazo a todas y todas y y todas y todos un poco tambien.

Patxi, p'aqui y p'alla.