dimanche 16 mai 2010

Les Guarani du Brésil menacés par les fermiers


Un ptit tour du côté de l'ONG Survival, le mouvement pour les peuples indigènes...

Les Guarani du Brésil menacés par les fermiers...

Pour les Guarani, la terre est à l’origine de toute vie. Mais les invasions violentes des fermiers ont dévasté leur territoire dont la plus grande partie a été spoliée.

Les enfants souffrent de malnutrition et leurs leaders sont assassinés. Ces dernières années, des centaines de Guarani, hommes, femmes, enfants, se sont suicidés.

À l’arrivée des Européens en Amérique du Sud il y a plus de 500 ans, les Guarani furent parmi les premiers peuples à être contactés.

Ils sont aujourd’hui environ 30 000 au Brésil, ce qui fait d’eux la plus nombreuse population indigène du pays. (De nombreuses autres communautés Guarani vivent sur les terres voisines du Paraguay, d’Argentine et de Bolivie).
Mais alors qu’ils occupaient autrefois un territoire de près de 350 000 km2 de forêts et de plaines, ils s’entassent aujourd’hui sur de petites parcelles de terres encerclées par les fermes d’élevage et les vastes plantations de soja et de canne à sucre.

Certains n’ont aucun territoire et vivent dans des campements de fortune le long des routes.

Les Guarani sont profondément spiritualistes. De nombreuses communautés ont une maison de prières et un leader religieux dont l’autorité est fondée sur le prestige plutôt que sur le pouvoir.

Depuis des temps immémoriaux, les Guarani sont en quête de la « Terre sans mal », un lieu révélé par leurs ancêtres où ils pourront vivre sans douleurs ni souffrances.

Au cours des siècles, les Guarani ont parcouru de grandes distances à la recherche de la « Terre sans mal » – un chroniqueur du XVIe siècle notait leur « volonté permanente de chercher de nouveaux territoires où ils imaginent trouver l’immortalité et le repos éternel ».

Cette quête permanente est une caractéristique de la personnalité unique des Guarani, une « différence » souvent remarquée par les étrangers.

Aujourd’hui, cela se manifeste de manière bien plus tragique : profondément affectés par la perte de la presque totalité de leurs terres, les Guarani connaissent une vague de suicides sans équivalent en Amérique du Sud.

Haïti : terre cruelle…


Ca causait dru, sur France Inter, ce matin...

Le fait est tout à fait exceptionnel : le 10 mars, devant le Sénat des Etats-Unis.

Bill Clinton, est venu présenter ses excuses.

Pas aux Américains.

L’ex-président est venu présenter ses excuses aux Haïtiens.

Bill Clinton, aujourd’hui envoyé spécial des Nations Unies à Haïti

a reconnu s’être trompé lorsque, dans les années 90, il avait obligé les autorités haïtiennes à lever les barrières douanières sur les produits agricoles américains.

Au nom d’un libéralisme imbu de ses valeurs, le geste a tout simplement précipité une agriculture haïtienne déjà mal en point vers le gouffre. Exemple le plus dramatique : le riz, la nourriture de base des haïtiens.

80% des quantités consommées sont importées des Etats-Unis, parce que le riz américain, hypersubventionné, arrive moins cher que la production locale !

La situation aurait pu perdurer encore longtemps.

Mais le tremblement de terre du 12 janvier, et l’arrivée massive d’une aide alimentaire d’urgence n’ont fait qu’aggraver cette réalité.

La catastrophe a rejeté vers les campagnes plus d’un million de personnes qui ont fui la dévastation de Port au Prince.

Le problème, c’est que même dans les campagnes aujourd’hui, la nourriture manque.

La catastrophe peut-elle être une chance pour les agriculteurs locaux, va-t-on enfin se préoccuper des campagnes haïtiennes ?

Haïti : terre cruelle…

jeudi 13 mai 2010

Les politiques sociales en Amérique latine



Les politiques sociales en Amérique latine : laboratoire mondial

Par Alain Lipietz

Le poids de la gauche classique (celle des années 50) est-il resté trop fort pour répondre aux défis du siècle nouveau ? Il est sans doute significatif que ce soit un représentant de la « nouvelle gauche », faisant référence à l’écologie, qui ait eu la possibilité d’affronter l’héritier d’Alvaro Uribe dans le dernier pays resté à droite, la Colombie.

Nous allons ici examiner les nouvelles politiques sociales expérimentées en Amérique Latine, combien elles sont insuffisantes pour transformer durablement la situation des plus démunis et consolider l’hégémonie des forces de la gauche classique (de la démocratie chrétienne progressiste aux communistes), et en même temps qu’elles restent sources d’inspiration pour l’avenir, non seulement en Amérique Latine mais en Europe.

Les pays d’Amérique latine ont en effet connu depuis longtemps une évolution économique et sociale relativement synchrone [1]. À partir des années 1930, les uns après les autres, ils adoptent le modèle dit « CEPALien » de substitutions aux importations. Socialement, ils importent des éléments de ce que, au Nord, on appellera modèle rooseveltien, modèle social-démocrate, économie sociale de marché, oligopole social, modèle fordiste… Ils le feront de manière particulièrement caricaturale : extrême organisation du rapport salarial et des politiques sociales (on parlera de corporatisme), mais réservée en fait à une aristocratie ouvrière.

À partir des années 1970, ce modèle entre en crise et c’est en Amérique latine que s’expérimente, sous des dictatures inspirées par la doctrine des Chicago boys, ce qui deviendra le modèle néolibéral. La résistance populaire à la destruction de la politique sociale prend la forme d’un nouvel associationnisme populaire (Organisations Non Gouvernementales, coopératives sociales, etc). Consacrées par la Banque mondiale, ces initiatives se codifieront en politiques publiques qui inspireront à leur tour le « social-libéralisme » des pays du Nord…

Les forces de gauche revenues au pouvoir récupèrent largement cet « acquis » mais en reviennent, économiquement, au modèle de substitution aux importations. Ce qui les empêche de consolider leur infrastructure sociale : c’est mieux que la réaction sociale des dictatures, mais trop peu, et tout reste réversible. En même temps, le productivisme, inhérent à cette politique économique, les met en porte à faux vis à vis des nouveaux mouvements sociaux, à commencer par les mouvements indigénistes. D’où l’essoufflement rapide de la gauche classique, le risque d’alternance à droite, et l’émergence d’une nouvelle gauche écologiste.

La suite est là...

vendredi 7 mai 2010

Instrucciones a seguir






Les instructions-injonctions sociales les plus fortes de cette époque, elle qui prête volontiers son cul au dard, fier et tendu, du désenchantement généralisé peuvent toute fois se résumer à ce quatrain Sacré, fier étendard aux frontons de nos Mairies :
Consomme, Travaille, Vote et Tais-toi.
La bas, comme ici...

Cesses donc de fantasmer sur le ciudadanus-citoyen latino insurgé, critique, militant, en ébullition, insoumis: lui aussi s'est laissé, peu à peu, anesthésié par les chimères du Tout Marché. Juste une question de temps pour qu'il rattrape notre doucereuse apathie...

Mais chaque jour, aussi, en coin, on est bien obligés de constater qu'il reste tant, tant d'espoir et de signes encourageants un peu partout que la messe est bien bien loin d'être dite.

mercredi 5 mai 2010

Amour en Amérique



Les premiers instants, touchants, d'une Histoire d'Amour, frémissante, égalitaire, spontanée, pure, quelque part en discoteca ou autre tripôt d'une capitale régionale d Amérique dite, du Sud

L’amour (en Amérique du Nord comme Latine) est menacé de toute part ; sur sa gauche, par le libertinage qui le réduit aux variations sur le thème du sexe, et sur sa droite, par la conception libérale qui le subordonne au contrat. C’est sur l’amour que se concentrent les offensives ruineuses et conjointes des libéraux et des libertaires. Les premiers soutiennent les droits de l’individu démocratique à la jouissance sous toutes ses formes sans voir que dans un monde réglé par la dictature marchande, ils servent de fourriers à la pornographie, qui est l’un des plus importantes marchés planétaires. Les seconds voient l’amour comme un contrat entre deux individus libres et égaux, ce qui revient à se demander si les avantages qu’en tirent l’un balance équitablement ceux qu’en tire l’autre. Dans tous les cas, on reste interne à la doctrine selon laquelle tout ce qui existe relève de l’arbitrage entre des intérêts individuels ; la seule différence entre les libertaires et les libéraux qui valident comme norme unique la satisfaction des individus, est le recours des premiers aux désirs, contre le recours des seconds à la demande.

On soutiendra, contre cette vision des choses, que l’amour commence au delà du désir et de la demande, que cependant il enveloppe. Il est examen du monde du point de vue du deux, en sorte que l’individu n’est aucunement son territoire. L’amour est violent, irresponsable et créateur. Sa durée est irréductible à celle des satisfactions privées. Il crée une pensée neuve dont le contenu unifié porte sur la disjonction et ses conséquences.


Alain Badiou, Boudiou, Bah, dis...