mardi 30 janvier 2007

Chavez, l'idiot du village global ?

« Le problème de fond, c’est que le Venezuela a une société très peu propice à la révolution, telle que, nous, les marxistes, nous l’entendons. Le pétrole a créé dans ce pays une société fort semblable à celle de l’Espagne des XVIe et XVIIe siècles. Mendiants, quémandeurs, intrigants de cour et bureaucrates constituent l’essentiel de nombreuses couches de la société, ou du moins y ont un poids considérable. Une société de ce type produit des révoltes mais pas de révolutions, des mutineries mais pas de tempêtes sociales. Et surtout, dans une société de ce type, tous espèrent des changements sans pratiquement faire d’effort et des solutions plus rapides que l’éclair. »

Domingo Alberto Rangel




Chavez, déclaré officiellement histrion drôlatique et idiot du village global 2007, en ce lundi 29 janvier de l'an de grâce 2007.


Bien vu. La révolution n'aura pas lieu.
En voilà une belle mise en bouche, un incipit "de primera" pour ce bel et bon article:

Huit questions et huit réponses provisoires sur la « révolution bolivarienne »
Il n’est guère de phénomène de la scène politique latino-américaine qui soit à la fois plus commenté et plus méconnu dans sa dynamique réelle que la « révolution bolivarienne » au Venezuela. Pour les uns, le chavisme est un régime populiste autoritaire, tendant à étouffer la société civile et à menacer les libertés démocratiques. Pour les autres, le « socialisme du XXIe siècle » défriche la voie des lendemains qui chantent pour les peuples de la région. La vérité est un peu plus compliquée, et parfois plus surprenante.


La science politique de barman, tu le sais bien, cher visiteur virtuel, est ici une vraie tradition. Et tu en es friand.
La problématique du jour que je te propose, hardi:
Chavez est-il vraiment l'idiot du village global?

Il semble bien que tout le monde se sucre la phrase (ça coute rien) comme la fraise (ç'est meilleur) sur le dos du Commandant en Pitre de Caracas.
Pour en avoir le coeur net, épates tes amis et étoffes tes savoirs avec des petits moceaux d'information, vrais de vrais:

Saviez-vous que Chavez a commencé à développer un satellite spatial bolivarien? Avec les Chinois, qui apprécient tout particulièrement l'impréparation totale des négociateurs bolivariens. Ca raque. Rubis sur ongle, oriental.
Saviez-vous que Chavez va développer un avion militaire sans pilote, un drône bolivarien? Avec les Iraniens, qui apprécient les dyatribes violemment anti-yanquees tout autant que le manque de rigueur des diplomates chavistes. Ca raque. Rubis sur ongle, perse.
Saviez-vous que Chavez a commencé à développer une usine de tracteurs et d'instruments agraires 100% endogènes du siglo XXI? Avec les Biélo-russes, qui, divine surprise, demeurent stupéfaits devant tant de genuflexions empressées, eux qui sont au ban de l'UE et du Conseil de l'Europe. Ca raque. Rubis sur ongle, slavo-ouralien.
Saviez-vous que Chavez a lancé l'idée de la construction d'un canal sous-marin à fibre optique qui reliera les deux pays? Avec les cubains, qui désormais facturent plein tarif le travail par ailleurs bienvenu des médecins cubains. Ca raque à tout va côté Cubain. Rubis sur ongle, barbudo.
Saviez-vous que Chavez est en train de développer un usine de voitures toute carrées avec les Iraniens, dans un pays qui en a beaucoup trop (310 000 nouveaux véhicules en 2006 sur le marché, record régional)? Des "usines stratégiques" avec les Syriens? Le rachat de la dette argentine, en échange de rien? Les dons massifs de pétrole, contre des vaches uruguayennes, contre une allégeance de façade dans la caraibes, contre de la soja et du quinoa boliviens? Les tracteurs Iraniens achetés plein pot donnés au Nicaragua? Le pont sur l'Orinoque, facturés 1 millard 4 de dollars par des entreprises mixtes du Brésil, pour qui le Vénézuela est devenu le marché, de loin, le plus juteux?

J'adore cette capacité de planification et de hiérarchisation des priorités.

Il est tellement généreux, le Papa de l'intégration Sud-Sud. C'est que tout va mieux au pays de la Revolucion bonita. Ce qui est rassurant, et justifie pleinement cette folie des grandeurs retrouvées de la gesta Independentista.
Todo bien. Toujours 60% de la population sous le seuil de la pauvreté (critère de l'IDH ++, et pas du PIB). Toujours 50 pour cent de l'économie dans le secteur informel.
Toujours 4 millons 350 000 armes légères en circulation, une impunité totale de toute forme de crime, commun ou organisé (allez-voir les rapports d'Amnesty International et Human rights watch), une terrible concentration urbaine dans les barrios/favelas vénez, une culture de la gachette comme régulation des conflits qui génèrent un taux d'homicide par tête parmi les plus élevés au monde.
Toujours, d'un côté, 190 leaders paysans assassinés ces 4 dernières années, et près de 220 éleveurs/propriétaires terriens, kidnappés et buttés violemment. Une polarisation sourde du feu de Dieu. Et d'autres indicateurs très rassurants qui ne sont pas sans rappeler certaines époques pas si lointaines de la Colombie.

Parfois, tout celà inquiète. Et puis tout finit par se diluer dans le terrible syndrome pétrolier.
En tout cas, en attendant d'y voir plus clair, on se marre bien car tout est possible, avec un Comandante pareil.
J'attends impatiemment la mise sur orbite de la fusée bolivarienne (abajo les impérialistes de Courou!), du supersonique gos porteur criollo (abajo les impérialistes de Boeing et Airbus) et de l'uranium enrichi aux protons socialistes (abajo Israel, les Riches et les puissants!).

lundi 22 janvier 2007

Je voudrais pas crever


Marché aux encens, aux bois et aux odeurs - Guatémala




Boris Vian
Je voudrais pas crever


Je voudrais pas crever
Avant d'avoir connu
Les chiens noirs du Mexique
Qui dorment sans rêver

Les singes à cul nu
Dévoreurs de tropiques
Les araignées d'argent
Au nid truffé de bulles

Je voudrais pas crever
Sans savoir si la lune
Sous son faux air de thune
A un coté pointu
Si le soleil est froid
Si les quatre saisons
Ne sont vraiment que quatre

Sans avoir essayé
De porter une robe
Sur les grands boulevards
Sans avoir regardé
Dans un regard d'égout
Sans avoir mis mon zobe
Dans des coinstots bizarres

Je voudrais pas finir
Sans connaître la lèpre
Ou les sept maladies
Qu'on attrape là-bas
Le bon ni le mauvais
Ne me feraient de peine
Si si si je savais
Que j'en aurai l'étrenne

Et il y a z aussi
Tout ce que je connais
Tout ce que j'apprécie
Que je sais qui me plaît
Le fond vert de la mer
Où valsent les brins d'algues
Sur le sable ondulé
L'herbe grillée de juin
La terre qui craquelle
L'odeur des conifères

Et les baisers de celle
Que ceci que cela
La belle que voilà
Mon Ourson, l'Ursula

Je voudrais pas crever
Avant d'avoir usé
Sa bouche avec ma bouche
Son corps avec mes mains
Le reste avec mes yeux

J'en dis pas plus faut bien
Rester révérencieux

Je voudrais pas mourir
Sans qu'on ait inventé
Les roses éternelles
La journée de deux heures
La mer à la montagne
La montagne à la mer
La fin de la douleur
Les journaux en couleur
Tous les enfants contents

Et tant de trucs encore
Qui dorment dans les crânes
Des géniaux ingénieurs
Des jardiniers joviaux
Des soucieux socialistes
Des urbains urbanistes
Et des pensifs penseurs

Tant de choses à voir
A voir et à z-entendre
Tant de temps à attendre
A chercher dans le noir

Et moi je vois la fin
Qui grouille et qui s'amène
Avec sa gueule moche
Et qui m'ouvre ses bras
De grenouille bancroche

Je voudrais pas crever
Non monsieur non madame
Avant d'avoir tâté
Le gout qui me tourmente
Le gout qu'est le plus fort
Je voudrais pas crever
Avant d'avoir gouté
La saveur de la mort...
_________________________________

Ils étaient trois français, limite prolos, tout comme nous.
Débraillés, suants et rigolards. Des petits cons. Tout comme nous.
La trentaine bien sonné.
Nous en avions vingt.

L'un d'entre eux était cuistot. Un regard d'aigle, mais usé. A la fois hardi, impavide et inquiet. Ce gars dégageait une énergie étrangement fascinante, imputable à la poésie du personnage tout autant qu'aux grammes de farine de riz dont il devait se saupoudrer vaillamment le nez...

Je n'ai pas eu besoin de lui demander directement, rituel d'usage entre voyageurs de rencontre éphémère, ni de façon détournée, sa raison d'être en cet endroit du Mexique.

Il prêtait ses bras, une bonne partie de l'année, pour un de ces restaurants sans âme situés sur les aires d'Autoroutes du Sud de la France. L'Arche, même, que ça s'appelle.
De ces chaînes de bouffe aseptisée qui recoivent des milliers de vacanciers en partance pour le soleil.

Les ambiances de pause-pipi, de familles nombreuses descendant au Bled (qu'il soit toulonnais, portuguais ou marocain, de bled), de brumisateurs tout neufs, de gamins braillards car fatigués et de parkings aux odeurs d'éther. Bref les pause-repas, à l'Arche. "Tout un poème", me dit-il.
Et d'ajouter, lucide, mais pas totalement désabusé: "Et bien en cuisine, derrière, les clubs sandwich et tout ça, c'est moi."

Le reste de l'année, sur ses congés payés, il vient vadrouiller en Amérique latine. Et se retrouver.
Il tient à ma préciser et me prouver sa frugalité: il ne voyage qu'avec un pantalon, deux tee-shirts. Et un livre. Point barre. Des grands sacs de toile, complètement vides. Pour ramener des bouts de souvenirs, des bouts de terre, d'encens, de plantes, de tissus, d'artisanat. Des masques, aussi. Des cadeaux aux siens. Il aime bien les masques en bois de Chichicastenango, Guatémala. Mais préfère l'encens que l'on trouve au Chiapas.

Et c'est tout naturellement qu'il nous sort son livre. Il voyage toujours avec lui, depuis son premier voyage. La collection complète de Boris Vian. Version NRF. Abimée en ses coins et sur sa couverture par la route et par ce sac, démesurément, trop, grand.

Il y en a un qui va vous plaire.
Et de nous lire, avec juste l'intonation qu'il faut, en ce moment précis, "Je voudrais pas crever".

Une sorte de Pythie passablement cocaïnée, sans dessus-dessous, mais une Pythie tout de même.
*******

C'est Hermann Hesse, à travers son personnage de Knulp, qui nous rappelle qu'il faut des ecervelés, des Pythies cocainées (rajout de l'auteur) ou des vagabonds un peu poètes de cette espèce pour pouvoir porter, partout ou ils vont, un peu de la folie et du rire d’un gosse. Pour que partout les hommes les aiment, un peu, se moquent d'eux, aussi, et leur soient, surtout, reconnaissants.

C'est ce gars là, ce jour là, qui me fit découvrir ce poème; comprendre qu'on ne peut certes pas trop en demander au livre ; que c’est à chacun de nous de se faire une idée de la vérité et de l’ordre du monde ; que cela, on ne peut pas l’apprendre dans un livre ni même dans un poème. Mais qu'il peut, ce livre ou ce poème, nous porter quelque part. Vers quelque vérité.

Qu'il faut aller la chercher, cette idée.

Seuls le voyage, la quête, comptent alors.
Dans les effluves des marchés indiens du Guatémala, comme dans les arrière salles des cantines de l'Arche.

dimanche 14 janvier 2007

Santa Maradona: Diego, le vrai, le nôtre

Etape 1: mets le son.



Etape 2: regardes avec attention les personnages déguisés.


Déja, des effluves d'Amérique. On est devant l'immeuble Pablo Neruda. De droite à gauche: on a un cow boy (ou un avenant sherif d'un bled du Nord mexicain, au choix), un indien (certainement un amazonien acculturé), un judoka (ou est-ce un amateur de capoeira?), un blessé (bon, rien à voir...), un guerrillero (vu les lunettes, je dirais un ersatz de Régis Debray dans le maquis bolivien), un gros singe (Amazonie encore).

Et puis, Diego, le vrai, le nôtre.


A gauche, c'est Patxi, déguisé en Philippe de Dieuleveult (l'animateur de la Chasse au trésor,la vraie, qui donna à tellement de gamins l'envie d'explorer, de se bouffer le monde). Avec cette idée d'accoutrement parfaitement débile, je me suis d'ailleurs fait sèchement aligner par la mère du gorille, qui me fit comprendre que je m'étais "pas foulé, côté déguisement" (étais-je responsable de ses heures passées à coudre et confectionner pour le fiston capricieux, poil après poil, ce déguisement spécial pour l'occasion?).



Etape 4: Comprenez-bien.
Ce Diego là était un caïd. Qui a goûté à Clairefontaine et humilié bien plus souvent qu'à sont tour certains des branleurs actuels de la Ligue 1 française.
Bim bam, il vous enrhumait son monde en un déhanché velouté, clc-clac, un passement de jambes redoutable, des roulettes à vous pendre, badaboum, des passes décisives et incisives.

Il faisait ses 3000 jongles sans problèmes. Narquois. Arrogant. la classe la plus totale. Les épaules, le dos, les genoux, les talons. Sans que la sphère ne touche stabilisé.
C'était le Diego du FCP.
Kassdédi.

Etape 4: Life is life.
Dansez donc avec l'autre Diego,
le cousin lointain du Flamboyant Diego à la coupe au bol et la crinière de oro.



samedi 13 janvier 2007

Les inénarrables touristes politiques : épisode numéro 1




Rien de nouveau sous le soleil tropical ou andin. Il y eut, il y a, il y aura toujours des touristes politiques en Amérique latine.

Je les ai vu au Chiapas, en pleine mode zapatiste. Je les ai vu à El Alto, Bolivie, en pleine mode résistance indigena-evo -andine. Je les ai vu dans les forums alters latino, à Quito et Caracas, faire du volley, peindre des draps et s’emmerder assez. Je les ai vu au Vénézuela, en pleine mode Chaviste.

Chacun son tour. Episode numéro 1, les potoss de Marcoss. Les touristes zapatistes.

Au Chiapas, ce fut la révélation de leur révélation. Toute la gauche européenne désillusionnée, sans projet, sans idée, sans souffle (ou alors un au cœur, peut-être), se déversait allégrement dans les communautés autonomes zapatistes. Une vraie cure de jouvence. Il y avait de la joie, de chouettes micro-projets aboutis, mignons. Des choses « importantes » se jouaient même. Surtout, aux côtés des branleurs, il y avait les Observateurs internationaux des droits de l’homme, qui s’appuyaient sur les organisations locales plutôt que de vouloir réinventer la roue, dont certains ont fait un boulot remarquable, sur Acteal et autres massacres.
Mais ce qui se jouait là bas était fondamentalement de l’ordre du culturel et du symbolique, à mon humble avis. Ce qui n’est pas rien, certes.
Mais j’ai pu observé, aussi, beaucoup d’improvisation, désordonnée et contre productive, des belles et bonnes intentions qui virent en eau de boudin, de nobles tentatives qui pêchent par orgueil. Et les noyautages idéologiques, déjà, par des néo-castristes. Comme d’habitude dans ce type de contexte, diront peut-être les vieux renards.
Il y avait tout de même beaucoup de glandus, à mon goût.

Malgré l’article 33 de la Constitution mexicaine, qui interdit toute participation d’un étranger à toute forme d’activité politique, quelle qu’elle soit, le Chiapas ne désemplît que bien tard de ces nombreux touristes politiques venus se frotter pour la première fois aux joies de la « politique autrement ». Au-delà de quelques expulsions très clean, bien médiatisées, il n’y avait point de danger pour le guero, le gringo en séjour éphémère de solidarité internationale. Le « chanceux » expulsé se trouvait même plutôt catapulté mini-héros du Comité Pro Zapata local à son retour au pays….

San Cristobal de las Casas était devenu tout à la fois le Czestochowa et le Fatima des pèlerins pré-altermondialistes. C’étaient les prémisses de ce mouvement, aujourd’hui disparu sous cette forme initiale et bon enfant. Ca couvait depuis un bon moment, et ça a giclé à la face du monde pour la première fois à Seattle cette même année. Ca venait de partout.
Italiens. Les mêmes qui, 90 000, avaient bourré la Piazza dil Populo, à Rome, en 1995, en soutien aux zapatistes et pour dénoncer le « génocide indien »(op cit) au Chiapas. Une capacité de mobilisation inouïe, alors que dans le même temps aucune question nationale ou européenne ne pouvait mobiliser plus de 3000 clampins.
Muiti Italiani au Chiapas. Barbus, un peu. Rigolards. Néo-cocos.
Argentins, le Che en effigie textile, barbus, binoclards, goguenards, fêtards.
Ricains, intellos, blonds, baraqués, barbus, qui conduisent certainement des Volvo roulant au colza sur la East Coast bostonienne (oui je caricature, je suis ici chez moi, con lo que me da la ganas).
Français. Beaucoup de français. Beaucoup de tout, dont pas mal de banlieusards pavillonnaires me sembla-t-il qui s’étaient trouvé un combat, une lutte à saisir, ce qui me sembla bien no mas. Ils sentaient à plein nez la revanche sur l’ennui. Moi je regardais. Je ne suis pas allé dans les « communautés autonomes ». Je n’avais rien à apporter. Je ne me sentais pas légitime ni compétent. Je n’avais pas encore entendu ma voix intérieure (merci Palenque) ni ne savais la voie que je souhaitais suivre. Et j’avais beaucoup trop de questions. A leur et à me poser.
Je leur donnais ma sympathie, parfois ironique, ce qui est bien commode.





A l’époque je lisais encore Le Monde Diplodocus. Le Diplo a des éditions nationales pratiquement partout en Amérique latine.
Après avoir traîné un peu mes savates dans quelques pays de cette région, je ne peux plus. Les articles sur le continent qui sortent à Paris, dont la mauvaise foi dépasse parfois l’entendement, mais pas toutes les espérances de leurs lecteurs, ont fini de me lasser.
La lecture du Diplodocus m’est devenue profondément pénible.
A ce titre, retomber sur des numéros de 1987 est toujours intéressant : car c’est la même archéocroûte apocalyptique qui annonce des lendemains qui déchantent et en appelle à regarder du côté de…Cuba.
Aujourd’hui, le hyp, c’est Hugo.
Aujourd’hui, le hyp, c’est la biographie-fleuve de Castro par Ramonet.
Que le même Hugo brandit d’ailleurs à tout bout de champ.

A l’époque, le hyp c’était du côté des néo-zapatistes.
Maurice Lemoine est alors amoureux de Sub Marcos, qu’il a largué bien plus tard pour Hugo, selon mes sources, pour une sombre affaire de vol de feuilles de platano à rouler. Une télénovela de putamadre.
Il me fit doctement comprendre en personne, un jour, qu’à Cuba au moins, il n’y avait pas d’enfants des rues, qu’un enfant de 8 ans connaissait l’Histoire de France et qu’il était en parfaite santé. Alors qu’à Mexico…Et puis, agacé, que Marcos, à la fin, il sortait jamais plus vraiment de sa forêt. Ramonet, lui, devant une assemblée fournie et abasourdie à Saint Denis, s’arrogeait sans fard le rôle de grand créateur visionnaire du mouvement alter-mondialisation et ressortait les mêmes arguments. Cuba, c’est l’IDH du PNUD, la santé et l’éducation, formidab mon ptit Antoine.
Ils aiment les tartes à la crème, ces gens-là. Derrière le vernis de complexité et la sophistication du sophiste, il y a des ponts-aux-ânes en béton, et des portes ouvertes aux quatre vents.

Il n’y a plus d’intelligence au Diplodocus quand elle s’obstine à tout systématiser, à étouffer la nuance, à prôner une autre bien-pensance au nom de l’alternative. C’est ainsi qu’ils ont Diplocisé le Chiapas et ce qu’il avait de novateur.

Toute critique de ces touristes politiques, de leur légèreté, de leur manque de conséquence et de sérieux, qui est mon principal reproche à leur endroit, est bien trop bourgeoise pour être honnête, aux yeux des « journalistes », écrivaillons et lecteurs assidus du Diplodocus que je croise, ici ou ailleurs.

Ces gens là ont lâché le Chiapas, ou les mêmes problèmes existent, exactement pareils qu’en 1994. Ils adorent aujourd’hui Chavez. Ou les mêmes problèmes demeurent, exactement comme en 1999.
Hypothèse à 2 pesos : ils se retrouvent jouissivement dans le même habitus : désigner, exagérer ou même fabriquer un ennemi contre lequel se définir, afin de parvenir à phagocyter le débat et décrier le déviant, les sociaux-traitres, les illégitimes, ceux qui ne sont pas des hérauts héroïques des luttes latinos, des mouvements sociaux, des « vrais amis » des « vrais indiens ».
La vraie gauche c’est eux.
En langage Tonton flingouzes, on dirait qu’il ont « butté Juppé », ce qui est une bonne chose, « mais depuis alors ils se sentent mais plus du tout ». Ils sont persuadés de changer la face du monde. Et quand le réel résiste, bah, ils passent à autre chose.

La notion même de marché, qui existe depuis au bas mot le paléolithique, « n'est pas le mal incarné » : ils vous mépriseront. « Chavez n’est pas de gauche, les choses sont plus complexes » : ils vous « flingueront » vite fait.
Leur kiff à eux, c’est la permanente théorie du complot, la dénonciation à la Pavlov de tous ceux qui n'ont pas leur crédencial / certificat membreté de marxisme, à leur sauce.
C’est une forme de délire paranoïaque qui caractérise ces gens.

Ils tracent les ligne de démarcation là où ça les arrange, ils pratiquent avec une précision toute chirurgicale exactement ce qu'ils dénoncent chez les autres : polariser et empêcher le débat entre eux, les purs, et les idiots plus ou moins utiles, à savoir tout le reste.

Au Chiapas ils étaient minoritaires. Au dernier Forum Social Mondial de Caracas, ils avaient le contrôle. Prochain épisode.

Ils ont lâché le Sub Marcos. Les touristes politiques ont suivi. Les plus motivés et conséquents sont restés, d’une forme ou d’une autre. Une minorité.
Les touristes politiques ont achété d’autres billets d’avion pour d’autres destinations exotiques. Ils sont allés voir d’autres laboratoires, puiser sans tamis d’autres idées, chercher d’autres « puretés » moins réelles, car c’est drôlement mieux. Le réel, même magique et compliqué, les emmerde. Ils sont des pauvres héritiers de René, celui de El Chato Brillant, la poésie en moins : ce sont de tristes romantiques, equivocados.
Les locaux sont restés. Ils ne les ont pas toujours trouvé romantiques, eux.certes ils ont utilisé pragmatiquement certains de leurs apports, quand il y en avait. Mais ils ont surtout appris à se méfier des touristes politiques. Ce qui n’est pas forcément une mauvaise chose.

Transports amoureux, collection N° 4


Couple franco-latino sur eau.Ecuador.

Bon ben là, c'est 3 heures de marche dans la Pampa avant que la nuit ne tombe.Bolivia.

Comment ne pas prendre en stop et bourrer son véhicule de ces familles paysannes qui attendent leur godot de bus pendant des heures, en plein cagnard, sans aucune garantie d'arriver à bon port? Chuquisaca, vallées centrales de Bolivie.

Beaucoup de Caracenos sont d'origine Italienne (lointaine). Enfin je dis ça, je dis rien, comme le dit Mathieu du 40.

Expédition au désert de sel, Bolivie. Chauffeur/motard le plus intrépide de ces hautes terres.


Aterrir. Au large. C'est à ce moment précis que les ongles de la Miss me perforent les avant-bras.Los Roques, perle des Caraibes.


Les gosses de Mauricio, tu les arrêtes pas. Putain qu'est ce que ça galope...Salar, Oruro.

jeudi 11 janvier 2007

Uniforme



Un exercice de style auquel je ne m'étais pas plié depuis belle lurette.

A vrai dire, depuis l'analyse erratique et rébarbative des récits a la con de Virgile, Marc-Aurele (le pere de Marc et Sophie), Seneque Le Jeune et de tous les Gangstarr a plume de la Mare Nostrum que nous proposait/imposait la Pauvre, la Brave Madame Hue, au collège: Retrouver le 'champ lexical' de...
'Vous avez 15 minutes.'

Ca m'a repris cette semaine. J'ai joué.
Avec les discours/récits-fleuves exaltés et décisifs de Chavez de ces derniers jours, a Caracas et Managua, il y avait matière (traduction, si un djeunss analphabete venait a s'égarer par ici: 'yavè du matos koi').
En direct sur la chaine Telesur, la Al Jazira de Sur America.

J'ecoute. Je ferme les yeux. Je vois poindre une constellation étrange. Rouge-orangée. Puis un mot d'apparaitre: UNIFORME.

Alors, sans les pompes/anti-seches cachées sous les aisselles, cette fois (enfin le coming out du tricheur compulsif de 4eme A), je me lance. J'ai finalement trouvé un 'champ lexical' de ce seul mot envoyé dans mon imaginaire du dedans de ma tete par le 'Nouveau Chavez', rumbo al Socialismo: UNIFORME
CL: accoutrement, analogue, armée, continu, concentré, tout droit, égal, habit, harnais, homogène, identique, insipide, même, monocorde, monotone, morne, pareil, plat, psalmodique, réglé, semblable, simple, triste, uni, unique, univoque, vert olive, vêtements.

Les antonymes seraient accidenté, a poil, bigarré, brusque, changeant, diapré, différent, divers, hétérogène, inégal, irrégulier, multiforme, saccadé, varié, vert fluo.

Et merde, je les inclus aussi. Obligé, vu le chantier barroque en cours du processus bolivarien.

Puis je vogue, un peu defoncé je dois le reconnaitre, et j'ai: arbitraire, autocratie, autorité revancharde, caporalisme tropical, césarisme petrolier, despotisme éclairé a l'ampoule économique (les initiés et les cubanophiles comprendront), exigence, foireux, gabeugie, des gars, des boeufs, gouvernement, prépotence, tyrannie.

Amour, espoir, fol espoir, dignité, auto-estime, solidarité.
Cleintelisme, corruption, neo-nomenklatura, nepotisme, syndrome hollandais, nouveaux riches.
Avant, Punto Fijo, pendant, Parti Unique Socialiste.
Rine ne depasse dans les rangs, mais c'est un bordel inommable.

Merde, suis pas plus avancé que ca. Compliqué, le chavisme.

En tout cas, j'en reprendrai de ce rhum Panameño.
Il embrouille mais trouve des mots trés jolis. Tout seul.
Comme Chavez.

samedi 6 janvier 2007

Décembre sous les twopiques


Un 30 décembre à la Mayorquina, Caraibes

L'expatrié(e) fwançais dans les twopiques, en décembre, rentre chez lui pour les fêtes. A de rares exceptions près (je ne parle pas des sans-le-sous, on est sur un feckin blogue "open", mais friqué et propre sur lui ici, tout de même, j'te prie).
C'est comme ça, c'est la nature et ses appels. Un cycle migratoire court inexorable.
La frégate alupius comme l'alouette damascus rentre en mars en Afrique du Sud, la loutre Sri Lankaise construit sa hutte branchue en aout, l'expate' franchute rentre en décembre à Roissy CDG. Asi es.

Quelle que soit sa raison d'être sur ces terres, son histoire à lui, sa fuite ou son projet, ses misères ou son élan mystique, qu'il soit un monte-ta-boite ou un sauve-le-monde, un glandeur-errant-pour-oublier-natacha/lecombat/la vie(sa détresse sera moins pénible au soleil, lui avait-on dit) ou un diplomate-chargé d'affaires-fonctionnaire- international-fatigué, un touriste sexuel/politique/narcotique ou un cadre-dynamique-de-transnationale-satisfait, Noël, quoi qu'il en dise, ça sent l'enfance. Donc c'est important.

Celui qui reste pense aux siens. Quoi qu'il en dise (bis).
Beaucoup aimeraient même, le 24 au soir (pas tous, selon les raisons de leur départ), bouffer de la dinde, déballer du bibelot, se marrer des blagues de Tonton et s'empaffrer d'huitres d'Arcachon, en famille.

Les Kamarades là-bas, qui ont passé un mois de décembre à la con, dans le froid glacial, subi les embrouilles et emboutes de banlieue parisienne, la grisaille psychique déconcertante qui affecte le voisinnage, les perspectives sarkoziennes, les râleries stériles, que sais-je encore, pensent qu'on en a "bien de la chance" de passer le Noel au soleil.

J'en sais foutre rien. Je n'en pense rien.
Je connais juste suffisamment l'élasticité humaine, qui dérive, pour que d'une forme ou d'une autre, on finisse par s'acclimater à tout. Et aimer un chingo tout ce qui se passe ici et là-bas, consécutivement, alternativement, en même temps.

Je pense juste aujourd'hui à ces décembre, ces Noël passés en Amérique latine, aux "familles" recomposées au pied levé pour l'occasion. Spéciales kassdédis à ces cousins, cuates, hermana/os, panas, kamaradas.




La Manzanilla- Noël côte Pacifique, Mexique. Le paysan Poitevin, le marin Pluguffanais, le nain bondissant, se retrouvent pour leur premier Noel, loin. Repas frugal du Sud Ouest, prodigué avec soin par un gars de Dordogne installé là, en fuite du fisc et d'un passé compliqué. 8 personnes sur la plage.







Là, c'est des gars qui polluent les mangroves des Caraibes en plein Noël.Tout ça pour se sentir djeunss...lamentable. Bon repas à base de casabe (quieres de mi casabe?).



Noel à Cusco, Pisac - Porc, chunos andins, excellent ceviche peruano - famille de Vladi et Charro.



Pèlerinage religieux de Noël à la Cathédrale de la Bonbonera, La Boca, Buenos Aires.

Coronel Macario: l'invasion des Gringos

Bon, c'est parfois de l'antichavisme primaire, mais c'est une figure incontournable du Web et de You Tube. C'est le Colonel Macario.
Pour une fois que cette opposition à Chavez, tellement médiocre et lamentable, se trouve une icône un peu folklo et décalée, no boudemos nuestro placer pues.
Cui ci là, particulièrement, est très con/très bon.



Bolsa de Caracas en 2006: + 156 %.

vendredi 5 janvier 2007

A su lado





4 besos pa' ti mi amor.


mardi 2 janvier 2007

Bonne année 2007 avec Carmencita




Carmencita chante Mercedes Sosa. Gracias a la vida.