mercredi 4 juillet 2007
Mon coiffeur, ma bataille
Bonito, mon peluquero
Mon coiffeur de Bolivie
Mon coiffeur de Tacuba
Mes coiffeurs ont été mes Pythies.
Je serais tenté de les placer juste devant les dizaines de chauffeurs de taxi que le hasard aura mis sur ma route.
Ils ont questionné, curieux, ils ont chambré, moqueurs. Ils ont déblatéré, écouté, ils se sont ouverts, peu à peu.
Ils m'ont révélé les petits secrets de la communauté, du quartier.
Ils ont égrénné les détails tantôt sordides, tantôt salaces, sur ce qui se passe ou ne se passe plus dans le voisinnage.
Ils en savent des choses, les coiffeurs.
Ils en ont des connaissances sur la nature humaine, sur ses élans et ses déviances.
7 francs 50 la scéance lacanienne, c'est pas cher payé pour le quidam.
On vient se soulager l'âme, se délester de son trop plein et de ses cheveux.
On rit, on s'indigne, bien calés sur son séant de skaï grenat.
On feuillette les magazines jaunis, et même certains numéros de Playboy-1992, tout en écoutant les conversations en cours (ça c'est pour mon coiffeur au Venezuela).
Ils avaient ce petit air astucieux, mes coiffeurs.
Ils m'en ont appris des choses, eux, les vigies de ces quartiers populaires de La Paz ou de Mexico. Sur leur vision du monde, de la vie, du foot, de la politique, de la ville, de la famille.
L'expérience est telle qu'il vous est pratiquement impossible d'en changer. Condamnés à y retourner. Vous le savez pertinemment.
Et vous y retournez donc, et vous vous tapez des coupes "TURISTA" ou "modelo britanico", vraiment pas sortables; ou "estilo noche" ou coupe "licenciado", coiffures kitsh qui ne vous permettront jamais de vous lever une seule gazelle (même pas une touriste mi-paumée mi-fadasse). C'est dire.
Mais, bravache, vous en redemandez.
Parce que...Mis peluqueros son mis cuates. Mis peluqueos son mis panas.
Parce que mes coiffeurs sont les meilleurs guides d'induction qui soient pour se frotter, pqr en dessous, aux vibrations de leur culture nationale. Por eso.
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3 commentaires:
Et il n'est pas dit que les coiffeurs coupent les cheveux en quatre ;-)
Castafiora dice :
Ya quand même beaucoup plus de coiffeurs compétents que de lacaniens compétents ! Dans un de ses romans, Chandernagor disait aussi que - finalement - elle préférait donner ses sous à son coiffeur plutôt qu'à son psy mais elle ajoutait (contrairement à toi) qu'en plus, le coiffeur lui faisait une belle tête !
J'ai beaucoup aimé ton billet !
Tout se dessine les premières secondes, au moment ou l'on vient de s'asseoir dans le siege en cuir epais...L'ambiance, le dialogue, le sujet. Tout se joue ici je vous dit. Le verbal, la gestuelle, l'apparence...On se toise, on se dompte et on se calcule l'un et l'autre entre les premiers coups de ciseaux..."Alors, comment il veut sa coupe le bon monsieur?"... Il devine l'accent, il fait mine de rien mais se demande Un "franchute" ici? Et là,ça fusionne dans sa tête...blabla man se lache. C'est le deluge de questions,curiosité, envie, souvenirs ou d'imaginaire. Un fou rire, j'ai toujours un fou rire quand je visite un nouveau coiffeur. Car je parle beaucoup moi aussi ;-)
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