dimanche 24 décembre 2006

Elba, post-syndicaliste, hasta siempre - un Joyeux Noel sous les palmiers



Bon, ben, Elba et moi, depuis les plages d'Hawaï, on vous souhaite un Très Joyeux Noel 2006! La lucha sigue...et vive le post-syndicalisme!

L'influence de la "Maestra" compromet la réforme de l'éducation mexicaine
LE MONDE | 23.12.06


LE MONDE - On l'appelle la "Maestra", la maîtresse d'école. Pourtant, Elba Esther Gordillo est tout sauf une modeste institutrice. La patronne du Syndicat national des enseignants (SNTE), fort de 1,4 million d'adhérents, se comporte en domina de la classe politique, pour laquelle ses désirs sont souvent des ordres. Une part croissante de l'opinion mexicaine s'indigne de ses méthodes "mafieuses".
Révélée par le quotidien libéral Reforma, la croisière à Hawaï organisée avant Noël pour 125 dirigeants du syndicat et leurs familles, sur un luxueux bateau, a fait du bruit, le SNTE assumant la moitié des frais du voyage. Quelques jours plus tôt, le quotidien de gauche La Jornada avait publié les témoignages de collaborateurs de Mme Gordillo, suivant lesquels une centaine de responsables syndicaux ont reçu en cadeau, en 2000, des montres Rolex importées en contrebande des Etats-Unis.
Des députés de la formation présidentielle, le Parti d'action nationale (PAN, droite) et leurs collègues du Parti de la révolution démocratique (PRD, gauche) ont demandé l'ouverture d'une enquête sur la provenance des fonds avec lesquels la Maestra a acquis six maisons, un duplex et trois appartements dans des quartiers résidentiels de Mexico.
CONFLIT D'INTÉRÊTS
Selon Artemio Ortiz, dirigeant de la Coordination nationale des travailleurs de l'éducation (CNTE), qui regroupe l'opposition à Mme Gordillo, celle-ci prélève sur les cotisations syndicales "une moyenne de 117 millions de pesos par mois" (9 millions d'euros).
Depuis son arrivée à la tête du SNTE, en 1989, cette petite femme au masque figé a bâti une énorme machine d'influence, grâce à des opérations immobilières censées aider les enseignants. L'un de ses anciens opérateurs financiers, Noé Rivera, a fourni des détails sur la structure interne cloisonnée, calquée sur le modèle d'organisations mafieuses, destinée à protéger la Maestra. Mais c'est surtout sa capacité de nuisance politique qui inquiète.
Considérée comme la grande gagnante des élections du 2 juillet, qui lui a permis de constituer son propre groupe parlementaire, le Panal - une dissidence du Parti révolutionnaire institutionnel (PRI, centre), son ex-famille politique -, Mme Gordillo a réussi à placer quatre de ses fidèles lieutenants à des postes-clés de l'administration du président Felipe Calderon. Selon l'hebdomadaire Proceso, ils seraient en mesure de contrôler plus de 105 milliards de pesos (plus de 7 milliards d'euros) de ressources du budget fédéral pour 2007.
La nomination la plus critiquée est celle de son gendre, Fernando Gonzalez, comme sous-secrétaire de l'éducation de base (primaire et assimilée) : dans ce secteur travaillent 800 000 membres du SNTE, chargé de négocier avec l'autorité de tutelle les termes de la convention collective. Le prévisible conflit d'intérêts ne va pas simplifier la tâche de la secrétaire d'Etat à l'éducation, Josefina Vazquez Mota, une proche de M. Calderon. Pour les commentateurs, la montée en puissance du clan Gordillo est due au rôle qu'elle a joué lors de l'élection présidentielle. Ennemie jurée de Roberto Madrazo, le candidat du PRI, et dédaignée par celui du PRD, Andres Manuel Lopez Obrador, elle a mobilisé l'appareil syndical en faveur de M. Calderon.
Les analyses menées par l'institut de sondage Mitofsky indiquent que, même si une majorité d'enseignants a voté à gauche, la machine Gordillo a apporté au candidat de droite près d'un demi-million de voix : assez pour faire pencher la balance.

L'influence de la Maestra au sein du gouvernement va rendre plus difficile une réforme de l'éducation, l'un des points faibles du Mexique. Le SNTE a toujours refusé un système transparent d'évaluation des maîtres, alors que la piètre qualité de l'enseignement public limite les chances de millions de jeunes Mexicains.

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