lundi 23 août 2010

Adios




J'ai apprécié l'aventure.
J'espère que toi aussi.

4 ans, déjà.
A bientôt, sous d'autres cieux.

Et encore merci d'être passé par cette auberge....

mardi 15 juin 2010

Haïti et le don empoisonné de Monsanto: une 2ème catastrophe

L’entreprise américaine Monsanto a donné des semences transgéniques à Haïti. Ce fait a été dénoncé le 10 mai dernier dans un article écrit par le curé français Jean-Yves Urfié, ex-professeur de chimie du Collége Saint Martial, à Port-au-Prince. Urfiè écrit dans son article : “La société transnationale Monsanto offre aux agriculteurs du pays un cadeau mortel de 475 tonnes de maïs transgénique, avec les engrais et les pesticides associés, qui seront remis gratuitement par le Projet Winner, avec l’appui de l’ambassade des États-Unis en Haïti”. Selon lui, la multinationale Monsanto a déjà commencé à distribuer les semences de maïs transgéniques dans les régions de Gonaives, Kenscoff, de Pétion-Ville, de Cabaré, d’Arcahaie, de Croix-des-Bouquets et de Mirebalais.

La forte répercussion de cette dénonciation a obligé le Ministre de l’Agriculture d’Haïti, Joana Ford, à convoquer une conférence de presse le 12 mai dernier à Port-au-Prince. Le Ministre Ford a affirmé "Haïti n’a pas de capacité à administrer les OGM” avant de démentir que la donation de Monsanto était du maïs transgénique. "Nous prenons toutes les précautions avant d’accepter l’offre faite par la multinationale Monsanto pour recevoir une donation de 475 947 kg de semences de maïs hybride et 2 067 kg de semences de légumes. Nous devons aussi mentionner que, en l’absence d’une loi qui réglemente l’utilisation d’Organismes Génétiquement Modifiés en Haïti, je ne peux pas permettre l’introduction de semences ‘Roundup Ready‘ ou toute autre variété de transgéniques", a souligné le Ministre.

Selon Ford, les semences hybrides dont Monsanto fait la promotion sont adaptées aux conditions tropicales d’Haïti. Ce dont fait partie d’une campagne du Ministère de l’Agriculture pour relancer le secteur agricole après le tremblement de terre du 12 janvier dernier. Le Ministre indique également que dans cette optique plus de 65 000 hectares de terre sont entrain de bénéficier d’une préparation par des tracteurs, des engrais et des pesticides, et les agriculteurs recoivent une formation.

Monsanto elle-même s’est retrouvée obligée de se prononcer sur cette affaire. “Nous croyons que l’agriculture est la clé pour la récupération d’Haïti sur le long terme”, a affirmé la transnationale dans une note publiée sur sa page internet. “Après la catastrophe, Monsanto a donné de l’argent pour le redressement (d’Haïti)”, continue la note, “mais il était évident que le don de nos produits - de maïs et les semences de légumes de qualité - pourrait faire réellement la différence dans la vie des Haïtiens”. Avec cet état d’esprit généreux la plus grande compagnie de semences au monde a résolu de donner à Haïti l’équivalent de 4 millions de dollars en semences de maïs hybride, choux, carotte, aubergine, melon, oignon, tomate, épinard, et melon d’eau. 60 tonnes de ces semences sont arrivées sur le territoire haïtien durant la première semaine de mai. 70 tonnes supplémentaires sont arrivées à Port-au-Prince le 13 mai dernier. Il est prévu que pour les 12 prochains mois 345 tonnes supplémentaires de semences hybrides de maïs soient distribuées aux agriculteurs du pays.

Ouvrir des marchés

Le tremblement de terre du 12 janvier a provoqué la mort de 300 000 personnes et a laissé plus d’un million d’Haïtiens sans domicile. Les conséquences ont été dévastatrices. Mais, bien qu’il ait atteint 7 degrés sur l’échelle Richter, il est peu probable que le tremblement de terre ait détruit les structures de fonctionnement d’une société transnationale comme Monsanto. Le don de 475 tonnes de semences hybrides peut être vue comme une action de générosité de la part de la transnationale envers le peuple haïtien. Cependant les conditions dans lesquelles ce don a été effectuée sont regardées de plus près, cette générosité devient une simple tactique entrepreneuriale pour augmenter les bénéfices.

Les gains de Monsanto de décembre 2009 à fin février 2010 ont été de 887 millions de dollars. Durant la même période l’an passé, ses gains ont été de 1,09 milliard de dollars, ce qui signifie une chute de 19%. Selon Hugh Grant, directeur exécutif de la transnationale, la cause principale de cette chute a été la diminution des ventes d’herbicides et de produits chimiques.

Début avril, durant une conférence en présence d’annalistes, Grant a affirmé qu’il ne pourrait pas recourir à l’augmentation des prix pour contrecarrer cette chute, puisque les agriculteurs ne semblent pas disposés à payer des prix plus hauts pour les nouveaux spécimens de semences transgéniques, dont certaines d’entre elles sont deux fois plus chères que les variétés les plus cultivées aujourd’hui. "Le retour que j’ai des propriétaires fonciers indique que si nos prix étaient différents, la courbe d’adoption des semences serait différente" avait-il déclaré.

Quant il n’est pas possible de faire monter le prix de ses produits, la seule solution pour Monsanto est de contrecarrer cette chute en ouvrant de nouveaux marchés. Et ce n’est pas un hasard qu’à peine un mois après la conférence de Hugh Grant dess semences de Monsanto arrivent à Haïti.

Ce qui n’a pas été dit ni par Monsanto, ni par le Ministère de l’Agriculture haïtien, c’est ces semences hybrides de maïs ne pourront accomplir leurs promesses de productivité et d’adaptation au climat tropical haïtien que si elles sont traitées par les herbicides, les engrais et les produits chimiques spécifiques, qui sont justement produits par Monsanto. Cela signifie que les agriculteurs haïtiens qui reçoivent les semences hybrides ne réussiront à les rendre productives que s’ils acquièrent les herbicides et les engrais de Monsanto.

De plus, les agriculteurs ne pourront pas replanter les semences issuent de ce maïs, puisque l’une des caractéristiques de ces semences hybrides c’est que seule la première génération est fertile. S’ils veulent continuer à semer les paysans haïtiens devront acheter de nouvelles semences à Monsanto.

À ce rythme, avec l’augmentation de la consommation de semences et implicitement d’herbicides, d’engrais et de produits chimiques Monsanto, la prévision du curé Jean-Yves Urfié pourra devenir réalité : “Bientôt, il y aura que des semences Monsanto en Haïti. Et alors, ce sera la fin de l’indépendance des agriculteurs”.

Vainqueur

Monsanto n’est pas seule dans cette entreprise. Le transport et toute la logistique de distribution des semences en Haïti se fait au profit de deux autres entreprises américaines : la Kuehne + Nage Emergency and Relief Logistics et l’UPS Foundation.

Ken Sternad, président d’UPS, a insisté pour se prononcer sur cette action : “Cela fait parti de nos efforts continus pour appuyer le redressement d’Haïti, l’UPS a l’orgueil de donner ses services aux bateaux de semences, car le pays commence à se diriger vers la construction d’un avenir soutenable".

Cet “avenir soutenable” dont parle Sternad et qui attire l’intérêt de tant d’entreprises étrangères est définit dans le Projet Winner lancé le 8 octobre 2009 par l’USAID (Agence des États-Unis pour le Développement International) (1). Le Projet Winner investira 126 millions de dollars dans les cinq prochaines années afin de construire une nouvelle infrastructure agricole en Haïti, avec comme objectif l’augmentation de sa productivité. Entre-temps, ce programme fournira une assistance technique spécialisée, en plus de services techniques et des facteurs de production agricoles, comme les pesticides et les engrais.

C’est par ce projet que seront distribuées les 475 tonnes de semences de Monsanto. En fait, ces semences n’arriveront pas directement dans les mains des paysans haïtiens, elles seront tout d’abord acheminées aux magasins administrés par l’USAID et seront ensuite vendues pour un prix “significativement réduit” aux agriculteurs. “Notre but est d’arriver à fournir 10 000 agriculteurs durant cette saison”, indique Jean Robert Estime, directeur responsable du Projet Winner. “Les semences aideront à nourrir et fourniront des opportunités économiques pour les agriculteurs, leurs familles et la communauté haïtienne en général”.

Pour comprendre ce que sont ces “des opportunités économiques”, il faut connaître les acteurs qui sont derrière le Projet Winner. Son directeur responsable, Jean Robert Estime, a servi comme Ministre des Affaires étrangères durant les 29 ans de la dictature de Duvalier en Haïti, époque dans laquelle plus de 30 000 Haïtiens ont été assassinés et le pays a ouvert ses portes aux produits alimentaires étrangers. Grâce à cette ouverture, Haïti importe aujourd’hui 80% des aliments qu’il consomme.

Architecte et coordinatrice du Projet Winner, l’USAID est un organisme gouvernemental américain créé en 1961. Selon sa page internet officielle, il a la mission de “promouvoir les intérêts de la politique externe des États-Unis dans l’expansion de la démocratie et des libres marchés, en améliorant la vie des citoyens du monde en développement”. Avec siège à Washington/DC, l’USAID est présente sur les cinq continents. Son travail appuie “la croissance économique et les avancées de la politique externe des États-Unis”.

Nouveau tremblement de terre

Chavannes Jean-Baptiste, coordonnateur du Mouvman Peyizan Papay (MPP) et membre de la Via Campesina haïtienne déclare qu’en fait “Il s’agit d’un nouveau tremblement de terre plus dangereux a long terme que celui qui s’est déroulé le 12 janvier. Il ne s’agit pas d’une menace, mais d’une très forte attaque contre l’agriculture, les paysans et les paysannes, la biodiversité, les semences créoles que nous défendons, et à ce qu’il reste de notre milieu environnemental en Haïti”

Chavannes accuse le gouvernement haïtien de profiter du tremblement de terre pour vendre le pays aux forces impérialistes et aux sociétés transnationales. “Nous ne pouvons pas accepter cela”, fait remarquer le leader paysan, “nous devons commencer la mobilisation contre ce projet, contre l’arrivée de Monsanto en Haïti. Nous avons besoin d’une forte unité en Haïti et d’une forte solidarité internationale pour affronter Monsanto et toutes les forces mortifères qui veulent en finir avec la souveraineté de ce petit pays qui a conquis son indépendance avec le sang de ses enfants et de ses filles dès 1804”.

Comme premier pas dans cet affrontement, le MPP a demanThalles GOMESdé aux paysans d’enterrer et de brûler toutes les semences de maïs provenant du Ministère de l’Agriculture. De plus, la Via Campesina d’Haïti organise une grande marche les 4 et 5 juin prochains, à l’occasion du Jour International de l’Environnement. La marche partira de la région de Papay à destination de la ville de Hinche, capitale du département Central. (Traduction ALAI)

Thalles Gomes, journaliste brésilien, brigade de solidarité de Via Campesina Brésil à Port-au-Prince - Haïti.

samedi 12 juin 2010

Ombres et lumières du football, par Eduardo Galeano


Et bientôt, le Mexique...



Matche nul entre la France et l'Uruguay.
Pour se rattraper un peu, je te propose, mon canaillou, de te procurer illico presto LE FOOTBALL, OMBRE ET LUMIERE, d'Eduardo Galeano l'Uruguayen.

A lire, en guise de mise en bouche, cette analyse de ce bijou non conformiste sur cette passion universelle.

Cet auteur, parce qu’il est engagé dans son siècle, ne pouvait éviter d’aborder le phénomène social que représente le football sur son continent et dans le monde, ce qu’il fit en 1995 avec Le football, ombre et lumière. Mais rassurez-vous : il ne s’agit pas de l’essai austère d’un « intellectuel » se penchant sur ce sport, mais d’un vaste tableau constitué de courts textes d’une à deux pages, comme autant de touches contrastées: de petits récits, des portraits, des anecdotes parlantes, des réflexions sur ses diverses facettes, qui témoignent de son amour, de sa profonde compréhension pour l’apport lumineux du football, qui n’empêche pas la lucidité sur ses aspects sombres, comme l’indique le titre. Et il vise juste dans les deux cas.

QUE VEULENT - ILS FAIRE DU FOOTBALL ?

De manière récurrente et toujours concrète, sans asséner de leçon, E. Galeano déplore la transformation d’un jeu qui participe de l’esprit d’enfance en machine rentable de spectacle (de moins en moins spectaculaire d’ailleurs !). Citant le Brésilien Joao Havelange, nouvellement intronisé président de la Fifa en juin 1974, qui affirme crûment : « Je suis là pour vendre un produit appelé football », il évoque le « sponsoring » et le « marketing » dans le football : « Les entreprises ont compris que le football est un langage universel qui peut contribuer à l’expression de leurs affaires dans le monde entier ». En rapport avec la « télécratie » : «par des moyens directs ou indirects, la télévision décide où, quand, et comment on jouera ».

Il rappelle à ce sujet la réflexion du même Havelange aux joueurs (Maradona, Jorge Valdano …) qui se plaignaient de devoir jouer par 40°C en plein midi au Mondial mexicain de 1986, pour que soit assurée la retransmission des matches en Europe aux heures de grande écoute : « Qu’ils jouent et qu’ils se taisent ! ». Il en profite pour pointer l’opacité des comptes financiers des institutions internationales ou des clubs dans la plupart des pays, à l’image des mouvements financiers internationaux vers les paradis fiscaux et autres pays à secrets bancaires en ces temps de « mondialisation ». Pour lui, si les joueurs professionnels gagnent aujourd’hui des sommes exorbitantes, ils en font gagner bien plus par leur activité à bien d’autres, sans qu’on sache alors les sommes.
Il dénonce le travestissement des joueurs en « publicité ambulante » : « aujourd’hui, chaque joueur est une publicité qui joue ». Il aurait pu aussi évoquer les stades transformés en vastes panneaux publicitaires.

mardi 8 juin 2010

Fin de la logique du beurre, de l'argent du beurre et les nichons de la crémière en Equateur: désormais, raquez!


Équateur - Source : Maxisciences

Afin de préserver la forêt amazonienne et la biodiversité qu'elle abrite, l'Équateur a choisi de renoncer à l'exploitation d'un gisement de pétrole. Un sacrifice que le pays souhaite voir financé par la communauté internationale.

C'est à quelque 850 millions de barils reposant dans le sous-sol du parc Yasuni que l'Équateur a choisi de renoncer. Cette réserve s’étend sur 950.000 hectares de forêt amazonienne, et abrite une biodiversité extraordinaire. Dans ce parc vivent 2.244 espèces d’arbres, 567 espèces d’oiseaux, 105 espèces d’amphibiens, 83 espèces de reptiles, 382 espèces de poissons, plus de 100.000 espèces d’insectes, mais aussi trois peuples indigènes qui seraient chassés de leur territoire si les gisements de pétrole venaient à être exploités.

Sous ce trésor naturel reposent 20% des réserves certifiées de pétrole du pays, et leur exploitation a été évaluée à 350 millions de dollars par an, pendant 10 ans. Le président Rafael Correa propose donc aux pays industrialisés de financer la non-exploitation de ce pétrole au nom d’une dette écologique du Nord envers le Sud. Les fonds reçus seraient alors placés sur un compte bloqué dont les intérêts seraient utilisés pour financer des projets écologiques, et notamment la reforestation, mais aussi la conservation de zones protégées ou encore le développement des énergies renouvelables.

"Ce ne sont pas des aides ou des subventions que l’on demande aux pays riches. On fait appel à la responsabilité partagée. Les pays développés doivent leur expansion en partie à la destruction des ressources naturelles. Aujourd’hui, nous les invitons à participer à la préservation de la planète", a souligné Tarcisio Granizo, sous-secrétaire d’État au ministère du Patrimoine équatorien.
Le projet équatorien, en plus de protéger une zone classée par l’Unesco comme la plus grande réserve mondiale de la biosphère, permettra d'éviter l'émission de centaines de millions de tonnes de CO2.

A Copenhague, en décembre dernier, le Pnud (Programme des Nations unies pour le développement) et les représentants du projet Yasuni ont signé un accord cadre pour la création du fonds de compensation. Mais si l’Allemagne, la Belgique et l’Espagne ont assuré leur soutien à l'initiative, peu de pays ont annoncé leur participation au projet. Plusieurs États comme la Norvège, la Suisse ou la France se sont pour l'instant contentés de se déclarer "intéressés".

mercredi 2 juin 2010

Charité





Je m'empâte un peu ces temps ci. Phase de transit propice aux embonpoints et aux lectures diverses et corsées.

C'est ainsi qu'avachi, dans mon lit, je lis, ceci, ici retranscrit à peu près, grosso merdo et dabs l'idée. ce sont les procès verbaux du Comité pour l’extinction de la mendicité de l’Assemblée constituante, en pleine Révolution Française...

On a toujours pensé faire la charité aux pauvres et jamais à faire valoir les droits de l'homme pauvre sur la société.
La bienfaisance publique n'est pas une vertu compatissante, elle est un devoir, elle est la justice.

Patxi, Cheap Murat du pauvre 2.0, rajouterait que:
Là ou existe une classe d'homme sans subsistance, là existe une violation des droits de l'humanité.
Là ou l'on brise, ou l'on dénie, ou l'on humilie, on récoltera bientôt le désarroi, la rancoeur, la Haine.

Et c'est pour ça que j'irai là bas.
Et c'est pour ça qu'à mon retour, un jour, je me lancerai en...politique, quien sabe. Ou pas.
Et c'est pour ça que je fûs/je vais/j'irai là bas.

dimanche 16 mai 2010

Les Guarani du Brésil menacés par les fermiers


Un ptit tour du côté de l'ONG Survival, le mouvement pour les peuples indigènes...

Les Guarani du Brésil menacés par les fermiers...

Pour les Guarani, la terre est à l’origine de toute vie. Mais les invasions violentes des fermiers ont dévasté leur territoire dont la plus grande partie a été spoliée.

Les enfants souffrent de malnutrition et leurs leaders sont assassinés. Ces dernières années, des centaines de Guarani, hommes, femmes, enfants, se sont suicidés.

À l’arrivée des Européens en Amérique du Sud il y a plus de 500 ans, les Guarani furent parmi les premiers peuples à être contactés.

Ils sont aujourd’hui environ 30 000 au Brésil, ce qui fait d’eux la plus nombreuse population indigène du pays. (De nombreuses autres communautés Guarani vivent sur les terres voisines du Paraguay, d’Argentine et de Bolivie).
Mais alors qu’ils occupaient autrefois un territoire de près de 350 000 km2 de forêts et de plaines, ils s’entassent aujourd’hui sur de petites parcelles de terres encerclées par les fermes d’élevage et les vastes plantations de soja et de canne à sucre.

Certains n’ont aucun territoire et vivent dans des campements de fortune le long des routes.

Les Guarani sont profondément spiritualistes. De nombreuses communautés ont une maison de prières et un leader religieux dont l’autorité est fondée sur le prestige plutôt que sur le pouvoir.

Depuis des temps immémoriaux, les Guarani sont en quête de la « Terre sans mal », un lieu révélé par leurs ancêtres où ils pourront vivre sans douleurs ni souffrances.

Au cours des siècles, les Guarani ont parcouru de grandes distances à la recherche de la « Terre sans mal » – un chroniqueur du XVIe siècle notait leur « volonté permanente de chercher de nouveaux territoires où ils imaginent trouver l’immortalité et le repos éternel ».

Cette quête permanente est une caractéristique de la personnalité unique des Guarani, une « différence » souvent remarquée par les étrangers.

Aujourd’hui, cela se manifeste de manière bien plus tragique : profondément affectés par la perte de la presque totalité de leurs terres, les Guarani connaissent une vague de suicides sans équivalent en Amérique du Sud.

Haïti : terre cruelle…


Ca causait dru, sur France Inter, ce matin...

Le fait est tout à fait exceptionnel : le 10 mars, devant le Sénat des Etats-Unis.

Bill Clinton, est venu présenter ses excuses.

Pas aux Américains.

L’ex-président est venu présenter ses excuses aux Haïtiens.

Bill Clinton, aujourd’hui envoyé spécial des Nations Unies à Haïti

a reconnu s’être trompé lorsque, dans les années 90, il avait obligé les autorités haïtiennes à lever les barrières douanières sur les produits agricoles américains.

Au nom d’un libéralisme imbu de ses valeurs, le geste a tout simplement précipité une agriculture haïtienne déjà mal en point vers le gouffre. Exemple le plus dramatique : le riz, la nourriture de base des haïtiens.

80% des quantités consommées sont importées des Etats-Unis, parce que le riz américain, hypersubventionné, arrive moins cher que la production locale !

La situation aurait pu perdurer encore longtemps.

Mais le tremblement de terre du 12 janvier, et l’arrivée massive d’une aide alimentaire d’urgence n’ont fait qu’aggraver cette réalité.

La catastrophe a rejeté vers les campagnes plus d’un million de personnes qui ont fui la dévastation de Port au Prince.

Le problème, c’est que même dans les campagnes aujourd’hui, la nourriture manque.

La catastrophe peut-elle être une chance pour les agriculteurs locaux, va-t-on enfin se préoccuper des campagnes haïtiennes ?

Haïti : terre cruelle…

jeudi 13 mai 2010

Les politiques sociales en Amérique latine



Les politiques sociales en Amérique latine : laboratoire mondial

Par Alain Lipietz

Le poids de la gauche classique (celle des années 50) est-il resté trop fort pour répondre aux défis du siècle nouveau ? Il est sans doute significatif que ce soit un représentant de la « nouvelle gauche », faisant référence à l’écologie, qui ait eu la possibilité d’affronter l’héritier d’Alvaro Uribe dans le dernier pays resté à droite, la Colombie.

Nous allons ici examiner les nouvelles politiques sociales expérimentées en Amérique Latine, combien elles sont insuffisantes pour transformer durablement la situation des plus démunis et consolider l’hégémonie des forces de la gauche classique (de la démocratie chrétienne progressiste aux communistes), et en même temps qu’elles restent sources d’inspiration pour l’avenir, non seulement en Amérique Latine mais en Europe.

Les pays d’Amérique latine ont en effet connu depuis longtemps une évolution économique et sociale relativement synchrone [1]. À partir des années 1930, les uns après les autres, ils adoptent le modèle dit « CEPALien » de substitutions aux importations. Socialement, ils importent des éléments de ce que, au Nord, on appellera modèle rooseveltien, modèle social-démocrate, économie sociale de marché, oligopole social, modèle fordiste… Ils le feront de manière particulièrement caricaturale : extrême organisation du rapport salarial et des politiques sociales (on parlera de corporatisme), mais réservée en fait à une aristocratie ouvrière.

À partir des années 1970, ce modèle entre en crise et c’est en Amérique latine que s’expérimente, sous des dictatures inspirées par la doctrine des Chicago boys, ce qui deviendra le modèle néolibéral. La résistance populaire à la destruction de la politique sociale prend la forme d’un nouvel associationnisme populaire (Organisations Non Gouvernementales, coopératives sociales, etc). Consacrées par la Banque mondiale, ces initiatives se codifieront en politiques publiques qui inspireront à leur tour le « social-libéralisme » des pays du Nord…

Les forces de gauche revenues au pouvoir récupèrent largement cet « acquis » mais en reviennent, économiquement, au modèle de substitution aux importations. Ce qui les empêche de consolider leur infrastructure sociale : c’est mieux que la réaction sociale des dictatures, mais trop peu, et tout reste réversible. En même temps, le productivisme, inhérent à cette politique économique, les met en porte à faux vis à vis des nouveaux mouvements sociaux, à commencer par les mouvements indigénistes. D’où l’essoufflement rapide de la gauche classique, le risque d’alternance à droite, et l’émergence d’une nouvelle gauche écologiste.

La suite est là...

vendredi 7 mai 2010

Instrucciones a seguir






Les instructions-injonctions sociales les plus fortes de cette époque, elle qui prête volontiers son cul au dard, fier et tendu, du désenchantement généralisé peuvent toute fois se résumer à ce quatrain Sacré, fier étendard aux frontons de nos Mairies :
Consomme, Travaille, Vote et Tais-toi.
La bas, comme ici...

Cesses donc de fantasmer sur le ciudadanus-citoyen latino insurgé, critique, militant, en ébullition, insoumis: lui aussi s'est laissé, peu à peu, anesthésié par les chimères du Tout Marché. Juste une question de temps pour qu'il rattrape notre doucereuse apathie...

Mais chaque jour, aussi, en coin, on est bien obligés de constater qu'il reste tant, tant d'espoir et de signes encourageants un peu partout que la messe est bien bien loin d'être dite.

mercredi 5 mai 2010

Amour en Amérique



Les premiers instants, touchants, d'une Histoire d'Amour, frémissante, égalitaire, spontanée, pure, quelque part en discoteca ou autre tripôt d'une capitale régionale d Amérique dite, du Sud

L’amour (en Amérique du Nord comme Latine) est menacé de toute part ; sur sa gauche, par le libertinage qui le réduit aux variations sur le thème du sexe, et sur sa droite, par la conception libérale qui le subordonne au contrat. C’est sur l’amour que se concentrent les offensives ruineuses et conjointes des libéraux et des libertaires. Les premiers soutiennent les droits de l’individu démocratique à la jouissance sous toutes ses formes sans voir que dans un monde réglé par la dictature marchande, ils servent de fourriers à la pornographie, qui est l’un des plus importantes marchés planétaires. Les seconds voient l’amour comme un contrat entre deux individus libres et égaux, ce qui revient à se demander si les avantages qu’en tirent l’un balance équitablement ceux qu’en tire l’autre. Dans tous les cas, on reste interne à la doctrine selon laquelle tout ce qui existe relève de l’arbitrage entre des intérêts individuels ; la seule différence entre les libertaires et les libéraux qui valident comme norme unique la satisfaction des individus, est le recours des premiers aux désirs, contre le recours des seconds à la demande.

On soutiendra, contre cette vision des choses, que l’amour commence au delà du désir et de la demande, que cependant il enveloppe. Il est examen du monde du point de vue du deux, en sorte que l’individu n’est aucunement son territoire. L’amour est violent, irresponsable et créateur. Sa durée est irréductible à celle des satisfactions privées. Il crée une pensée neuve dont le contenu unifié porte sur la disjonction et ses conséquences.


Alain Badiou, Boudiou, Bah, dis...

mercredi 28 avril 2010

Solutions locales, désordre global: en Argentine, le soja tue

Le documentaire Solutions locales pour un désordre global, de Coline Serreau, actuellement en salle, fait un carton. Pas étonnant. Ce vieux peuple paysan qu'est le peuple français, dans ses variantes de civilisation alpine, méditerranéenne, gasconne, bretonne, aujourd'hui totalement post-industrialisé, ce bon et gras peuple de France pourra prendre la mesure de son enfilage, sur 50 ans, par les agro-industries et ses puissants lobbies.
Ce documentaire a l'immense mérite de dévoiler des pistes, des voies de sortie de ces impasses absurdes générées par l'hyperproductivisme et le Grand Leviathan de l'Agro-chimie qui a tué nos sols...Et ceci de façon drôle, honnête, pédagogique, et, enfin, internationaliste...Ce qui fait du bien. Avec même des petits bouts d'espoir caramélisé dedans.
On voyage entre Beauce, Brésil, Inde ou Guatémala...Et on est captivé par notre propre ignorance, en résonnance, à tout ce qui s'est tramé depuis si longtemps dans nos assiettes.

C'est la deuxième génération de documentaires militants, pas moins noirs, mais qui osent déboucher sur des perspectives de sortie envisageables, réalistes, de l'ordre du faisable, sans que ce soit uniquement de l'incantatoire volontiers onanistique...

Depuis 1996, la culture du soja transgénique est par exemple autorisée en Argentine. Encouragée par la firme Monsanto, qui en commercialise les semences, elle occupe 50 % des terres arables. Avec des conséquences sociales et environnementales terribles...Est-ce réversible?



samedi 24 avril 2010

Je ne dis pas




Je ne dis pas "le BUZZ" je dis "le bouche à oreille"
Je ne dis pas "ça tourne" je dis que ce n'est que du "téléphone arabe".
Je ne dis pas "au niveau de ton vécu" mais "compte-tenu de ton expérience"
Je ne dis pas « ASSUMER » je dis plutôt « faire face à une couille », "faire front, dignement", face à une situation difficile.
Je dis bastonner, je dis pas fighter, je dis pas collapsé, je dis effondré,
Je dis pas folklo, je dis plouc, et tu ne me trouveras jamais, Dieu m’en préserve, jamais, « interpellé quelque part ».

Je peux dire, rarement, Kiffer, mais par accident ou paresse, je préfère « apprécier », et je ne dis plus « le pied » depuis Frankie goes to Hollywood.

Je ne dis pas « wow wow », plutôt« putaing con » ...

Je dis pas babtou, je dis blanc bec.

Je te dis pas « J'te dis pas », je dis « tu n’imagines même pas ».

Je dis pas "Comment trouves-tu mon baggy ? Beuflant !"
Je dis il est « drôlement chouette, ton pantashop», attentif à la survivance de ce…reliquat...

Je ne dis pas Zahia Dehar, je dis Claudia Cardinale, je ne dis pas Lady Gaga, je dis Jeanne Moreau.

Je dis pas Blackie, avec une nuance d'affection complice, je dis NOIR ou RENOI, dans les bons jours. Je dis pas rebeu je dis arabe.
Je dis pas break je dis pose, je dis pas mec je dis rose, je dis pas Cibler mais je prends pour cible.

Cela n’a sans doute pas plus de sens que ce que tu voudras bien y mettre…

Mais pour autant…je me rends bien compte que je fais partie d’une génération qui ne croyait pas tout révolutionner, tout ringardiser, tout défourailler, non. Une génération ou l’on pouvait encore prendre le temps de se rencontrer sans se conquérir…Il me semble bien, oui, que c’était le cas.L’époque techno-populiste qui est la nôtre, flattant les bassesses et les lâchetés de l’homme moyen, et surtout celle de son avant-garde technico-commerciale, de ces ptits truands portuaires initiés à l’économétrie, de tous ces prototypes peu ragoûtants dont raffolent les instituts de sondage, de ces mangeurs d’homme en 4X4 dont le sens critique n’excède que de peu celui du ver solitaire, et gambergent à longueur de journée leur « faut pas rêver » et leur « ma différence à moi ».

Et donc, ou veut-ce donc en venir ?

Je ne dis pas que l’hiver est fini, ça y est, non, je dis que le printemps est inexorable.
Je ne dis pas que je ne retournerai plus en América latina, je dis tout au contraire qu'un jour, je m'en viendrai vous rendre visite et...y rester pour de bon. Pourquoi pas?

Ni tout à fait d'ici, ni vraiment d'ailleurs, voila ou on en est. Ni d'ici ni d'ailleurs, version light et tout à fait vivable (par rapport aux arabes de cités, par exemple, eux qui ont l'inconfort certain de devoir se taper toute une existence comme ça, leur cul entre deux chaises pourries...). NDINDA, telle est la dynamique irrémédiable dans laquelle nous nous sommes embraqués il y a fort, fort longtemps, avec joie et gourmandise. En fait, c'est délicieux de jouer à chat avec son mode de vie. Non?

Bref, je ne dis pas que c'est fini, ce blog pâlot, je dis au contraire que ça repart.

vendredi 16 avril 2010

Sex Bracelet, nou nou!

J'étais ou?

En transit...

Je reviens avec un petit bout de fesse acidulée, parce que tu l'as bien mérité...

Ces bracelets colorés qui évoquent des pratiques sexuelles, ne te disent rien?
C'est le retour des "jeux interdits", avec la mode des "sex bracelets" qui fait un tabac au Brésil auprès des jeunes.
Mais à cause de certaines dérives de certains jeunes mâles peu prompts à l'autocontrôle (c'est le moins qu'on puisse dire, petits salopards de lâches violeurs de mes deux), ils sont désormais interdits à l’école.

Porter des ‘sex bracelets’ dont la couleur indique une préférence sexuelle pour attirer les garçons est devenue la nouvelle technique "fashao" au Braziouuuuuuuu. Violet c’est un baiser sur la bouche, rose pour montrer une partie intime, exemple, au hasard, sa "poitrine" et noir pour un rapport sexuel.

Ces bijoux de pacotille font en tout cas fureur parmi les jeunes Brésiliens. Le but? Arracher le bracelet à sa propriétaire pour obtenir un zyeutage immédiat, un baiser langue OU une faveur sexuelle.

Le fait divers:une jeune fille de 13 ans s’est faite violer à Londrina, dans le sud du Brésil par quatre garçons qui lui avaient arraché ses bracelets. La conslusion de ce fait divers: les autorités s’alarment sur ce phénomène dangereux et viennent d’interdire le port des bracelets sexuels dans toutes les écoles de la ville de Rio de Janeiro.
La morale de l'histoire: la kill the messenger attitude a encore de beaux jours à prospérer...

Les professeurs et parents sont également vivement invités à prévenir les jeunes ados des risques liés à ces bracelets en toc. On n'est jamais trop prudents...

C'est vrai qu'ils ont l'air bein dangereux, ces jeux d'ados...

PS: Voila voila...J'essaie tant bien que ma de m'intéresser aux préoccupations de nos contemporains internautes...Je fais l'effort incomensurable de causer de trivialités fluos, tu le noteras. Et ma foi, ça donne surtout envie de retourner dans d'autres jungles, dans d'autres plaines de jeux, plus vives, plus fortes, plus folles, plus vraies. Ya estoy aqui pa' mas, en attendant!


mercredi 10 mars 2010

Cécile DUFLOT, you're my MILF



Je vois ton visage, placardé, sur les rues de Paris-Paname.
Je vois tes discours, diffusés, sur les ondes de Paris-Panama.
Et tout ça, l'éclat de tes mots, le brio de ton rire, la tenue de route de tes réquisitoires, la profondeur de tes argumentaires, la haute volée de tes élans, saillies, me rendent loco por ti, Cecilia, ouf de ouf y familia, Cécile Duflot.

You're my favourite Milf, Cécilia, et dimanche, dimanche, je t'attendrai, tard, tard le soir, pour voir combien auront glissé ton petit nom dans les petites fentes électorale de l'Agglo loca...

samedi 6 mars 2010

Cumbre Robert Mérou / Patxi Sardine



Cumbre Robert Mérou / Patxi Sardine, ou Cumbre de Caracas.

Un type "épatant", ce Mérou, finalement...

lundi 1 mars 2010

Adriansito, EL NIÑO MAS BONITO



Ah, mais c'est qu'on croyait que certaines régions du monde, et notamment l'Amérique centrale ou l'Amérique du Sud, échappaient à la Crétinisation massive des coeurs et des esprits?

Ah, mais c'est qu'on croyait que les terres latines étaient avant tout irriguées de dramaturgie ibéro-andalouse, de shamanisme profond et de patrimoine Kultureux avec une BIG K que ça en dégoulinerait de partout?


Ah, mais c'est qu'on croyait que ces terres lointaines étaient un rempart, une digue à la minable foire globale au pognon musical qui nous arrose de partout, aux Fermes célébrités en tout genre?

Mais t'inquiètes, bonhomme, t'as rien compris, mais t'inquiètes: c'est encore pire en Amérique latine. Ca fait bien 20 ans d'avance dans toute cette merde, 20 ans qu'ils ont remisé les flûtes de pan et autres calebasses ou cajon pour des merdes en canette de cet acabit, à exhiber des connards et connasses qui n'ont rien d'autre à proposer que le Néant total de leur vide sidérant.

Allez, bouffes, danses, petit gros, tu es la bouille radieuse, grasse et calibrée de l'Autre Amérique, de l'Autre Monde de demain...Du gras, du reggaeton en bare, du gras, du trop plein, bouffes ma caille, bouffes, ah ah, on rit, on rit, ah ah, c'est Mickey qu'a gagné, rompez les rangs!

Miam...

mercredi 24 février 2010

DF

10 ans déjà, que tu me, que tu nous as tendu tes bras, ma grande, ma très grande.
Pas un rond, pas de plan, pas de toit;
Des obligations, de survie, des pressions, de subies.
Pas rentrer bredouille. Aller au bout.
10 ans déja, que tu nous a fait hommes, ma salope, ma très grande salope.
Pas de calcul, pas de recul,
pas de sang, pas de haine.
De l'amour, de la rencontre, de la duplicité joueuse,
de la lucha, libre, joyeuse, et cette amitié, avec le grand breton de granit, de l'Intérieur,
avec, cette amitié, irréversible.

Aujourd'hui même, 10 ans après, pile poil, nait sa petite bretonno-mexicaine, Ina.
Dont je suis le parrain.
Dont tu es, DF, la marraine.

1O ans, Mexico DF, que tu nous as fait homme, et bientôt, père...

Brindo pa' tu salud cabron, y pa' la nenita!

vendredi 19 février 2010

mardi 16 février 2010

Aéroportum faunus




Aéroportum faunus,
Ou une wanabee typologie des faunes, groupes et individus qui font le tumulte et les chassés croisés faussement chaotiques des aéroports internationaux

Comment? Je généraliserais? Mais pas du tout, je suis un botaniste: ceci est un herbier à prétention parfaitement scientifique, et tu vas donc m'y suivre, les yeux bandés.

D'abord y'a l'ainé, qu'est con comme un melon.

Bon, reprenons : mon aéroport type et ses tribus:

1) La famille experte es voyages, commode, nombreuse, bruyante, menée par son vociférant leader naturel, Tonton Roberto. La famille Middle Class au sens latino, omniprésente, à l'aise Raul, solidaire et cancagneuse, présente et étouffante, stimulante et oppressante, curieuse, voyeuse, généreuse, tout cela à la fois. La famille au sens large est sur le départ, certains ont tout planifié depuis des lustres, d'autres depuis l'avant veille, c'est qu'on va pas commencer à refuser du monde, c'est la familia tout de même. La famille au sens étendu du terme, donc, ses oncles, ses bébés, ses cousins de sang comme ses primos au sens d'amis tellement proches qu'ils sont primos, quoi, les novios, novias, même ceux de Lidl Class, pièces rapportées, esposo, esposa, suegra-belle mère, et même la abuelita qu'est par là, sur un autre type de chariot qui couine, lui aussi.
Cette masse informelle s'avance au comptoir d'American Airlines, por fin, enfin, Miami, leur tend ses bras vulgos dasn lesquels ils se précipitent, je les vois déjà, magie de l’anticipation imaginaire, avec leurs méga burgers et giga wafles, leur reflets de crème solaire mal étalée et les néons épileptiques de la nuit qui éclairent leurs fronts gras et luisants.
Toujours prêts à générer des bousculades d'anthologie, de préférence aux dépends des autres, mais au profit du groupe, cette famille est ce qui se rapproche le plus des familles libanaises en aéroport (enfin je doute que cela te dise quelque chose, classer des peuples sur une échelle du sans gêne est quasiment un délit...). Bref, on ne voit qu'elle et rien n'y fait: ils te péteront les roustons jusqu'au bout en te changeant de place sans te consulter, en braillant haut et fort, complices et surs de leur force (la force du nombre), et en se commandant des litres de Guisky à gogo. Son plus grand dédain: l' homme seul.

2) Le voyageur "frequence plus flying blue gold card", l’abonné aux décollages, de Rotterdam jusqu’à Rio : c’est le nomade high tech qui déchiffre plus vite que tout le monde tableaux, comptoirs, terminaux, couloirs, qui comprend plus vite que tout ce petit monde qui l'entoure et qu'au fonds il méprise, ces juniors, ces beaufs, lui qui comprend plus vite que nous autres, ânes battés, le fonctionnement du bouquet de films et de jeux disponibles sur l'écran tactile de l'avion, la composition et fraicheur des sandwiches et des boissons à choisir, qui vous rafle le Canard enchainé, le Monde, Libé, avant tout le monde, car il est maître en art de penser à sa gueule (et soyons juste, à celle de ses copaings d'expatounets en sevrage de lectures : nonobstant les platrées de pubs Dior et Gucci NOuvel Obs'iens, ils sont en manque les bougres, et Mr leur fournit...ou dans l'autre sens, des cartouches de Marlboro light cachées dans ses chemisettes de printemps). Premier à monter, premier à descendre, il maitrise le tempo, les flux, il est le client business en éco, économe de ses gestes, de ses impulsions, de ses impatiences. Sa malette est en faux acier gris métal, chic et confort. C'est le type qui saura te dire ou se trouve la putain de bulle en plexi pour aller s'inhaler la tronche de nicotina. Ou il ne te le dira pas, exprès, pour y être lui, peinard, entre deux dégustations de muffins dans le Club Ibéria. Dépendra de son humeur, du contrat en jeu, de sa prestation de la veille. Son plus grand mépris: les touristes, en horde comme en solo.

3) La perdue, elle, est un peu plus facile à débusquer: c'est évidemment celle qui passe son temps la tête en l'air, hypnotisée par les panneaux départs, arrivées, connexions, sorties, bagages, transit, métro, train, bus, parking; c'est elle que tu repères aisément, regardant de ci de là le comportement des autres, mais ces autres sont souvent dans une autre file, pour une autre destination, en d'autres mains. Passe son temps la tête en l'air, donc, en attente d'un signe divin lui indiquant ou et comment se diriger vers son aéronef magique. C'est son nom en général qu'on entend en boucle à travers les systèmes audios de l'aéroport, dernier appel, Monica Pervenche Burra, dernier appel; du surcroît, à cause de sa désorientation naturelle comme de l'accent parfois surprenant utilisé par l’agent d’accueil pour prononcer ces dizaines de noms aux consonances exotiques, Monica se plante parfois, persuadée qu'on l'appelle en permanence, à tort. La perdue (et pas le perdu parce que le sous-narrateur en a décidé ainsi, pues), c'est aussi celle qui, par son air trop innocent des premières fois, qu'elle arbore haut, trop haut, se fait dépouiller de ses menues monnaies par les porteurs, loulous, malandrins pouss pouss, taximètre sans mètre, tuk tuk, metteur de plastique, cireur de pompe et de valise, qui peuplent les aérogares en chasse du couillon du jour. C'est cet air empoté et de proie facile qui la rend si vulnérable, si touchante. Son plus grand chagrin: elle même.

4) Les bagpackers, ou mochileros en Amérique du Sud et centrale, ces touffes chevelus posés sur sac à dos quechua, ces faux hippies du voyage, avec leur gueule blanchâtre, au départ, qui battent le pavé d'un pied énergique, presque euphorique, tout à fait insupportable pour le blues man, débordant de candeur, les fous, vis à vis des vagues de fléaux, maladies, bubons, typhus, des habitus étranges et barbares qui les attendent, évidemment, attaques virales, groupes séparatistes, glissements de terrain, malarias, scorbut, chaudes pisses, viols et autres déluges et cataclysmes qui les attendent de pied ferme. Systématiquement allongés sur 2-3 sièges ou, faute de mieux, alignés sur les sols marbrés des interminables couloirs des zones d'embarquement, ces jeunes et de plus en plus anciens jeunes écervelés sont déjà en phase de lecture préparatoire, exhaustive, du Routard, le guide pourtant connu pour être le Guide du retard, pour le manque d'actualisation de ces pseudos "bons plans" et adresses de base, persuadés que tout se passera comme prévu. Son plus grand mépris : le voyageur propret qui arrive en taxi.

5) Le loser magnifique, qui perd, tout, qui a oublié, tout, qui a le vol annulé, qui aura mauvais temps, qui a une surtaxe à payer, qui s'est fait surbooké la gueule, qui n’a donc plus de place, qui ne négocie que trop tard et trop mollement pour rattraper le coup, pour se faire payer une nuit d’hotel, au moins, un chèque compensation, qui se trompe de terminal, de jour, de vol, d’aérogare, putain merde c’est bien 5 heures AM ou PM? Meeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeerde! Le loser magnifique, qu’on a oublié d’aller chercher à l’arrivée, quelle triste image que cette silhouette courbée plantée là, seule, sous la pluie, alors que le ballet des câlins et retrouvailles s’est évaporé depuis un bon moment déja. Le loser, qui va choper toutes les saloperies promises aux bagpackers qui eux s’en sortiront, privilège de l'âge, insolence et insouciance qui les immunisent du mauvais karma en quelque sorte. Loser magnifique d'aéroport, qui se fait contrôlé tous les 50 mètres, fouillé le fion, carjacké, hijacké, séquestré, dépouillé. Son mépris : le destin qui se joue de lui, et évidemment le flying blue express gold traveler qui glisse tel un archange, insupportable péteux sans soucis.

6) Et puis ya le couple aux adieux infinis, multiples, sans cesse renouvelés, qui s’enlace, s’aggrippe, refuse l’irrémédiable, anticipe le pire, l’accepoet, puis revient pour un dernier, fougueux, on se dit que ça ira et que ce ne sera pas long, juste une coupure, une courte transition, à moins que, à moins qu’il, qu’elle ne m’oublie, qu’elle trouve quelqu’un de « mieux », de plus, d’autres, et cette déchirure, et cette angoisse là, et cette beauté de l’amour à distance qui t’arrache quelques larmes intérieures, toi, le voyeur soudainement ému. Leur crainte à eux, c'est l'oubli.

7) Et puis ya le citoyen de mauvaise humeur, dont le terrain de non jeu et de prédilection est sans conteste le détecteur de métaux, ou ça râle, ça ne comprend pas ces uniformes tatillons, et les godasses aussi con ? Mais pourquoiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii ? Mais que c’est enquiquinant d’enlever ces ceintures, de montrer son billet, son passeport, et donc ça resquille, àa passe par les côtés, ça évite la queue. Le Français excelle dans cette catégorie olympique officielle du combiné râleur nordique.

8) Et puis ya la surchargée, la gavée de sacs de marque et de démarque, la reine de la détaxe, toujours prête à passer 2 h en douanes pour se faire rembourser les TVA de ses maousse emplettes (et le diminutif ette prend un tour grotesque avec elle), Miami Beach a été généreuse, elle qui demande de l'aide à tout le monde, souplait, je ne m’en sors pas, avec mes 4 valises en soute et mes 8 sacs à main.

9) Et puis ya le man du duty free, la zone d’achat hors taxe, un enfant parmi les jouets, ces galeries étincelantes qui le subjuguent. Il se fait plaisir et à l'heure d'embraquer, il se rend compte qu'il a oublié les cadeaux pour les autres et les promesses de soin de peau pour Madame, tpete de linotte…

Et puis l'oublieux, le persuadé de l'être de quelque chose en tout cas, pas tranquille ni au départ, ni à l'arrivée, il a réservé trois fois, il connait toutes les règles sur le changement des sièges de passagers, il arrive 4 heures en avance, il vient te parler, non, dégages, rrrrrrrrrrrraaaaaaaaaaa tu me stresses, quoi, o et puis bon, faut juste le rassurer, OK, je lui réponds. Gentiment. Troip tard.
Il ne te lâchera plus jusqu’à la sortie à CDG…

Voila, ce sont des choses et personnages vus et disséqués à Mexico, Santiago, Medellin, Quito, Caracas, CDG, que sais-je encore...

samedi 6 février 2010

Oruro





















Le groupe LLAJTAYMANTA. Cha cha cha. Une morenada. Je kiffe. Goguenards, certains kamrades de jeu ne comprennent pas le goût que l'on peut avoir pour le folklore bolivien, Barbara ET pour le hip hop east coast. Tampoco.


Le plus beau Carnaval du Monde, c'est le Carnaval d'Oruro.
Voilà.
Péremptoire.
Limpide.

C'est un truc flamboyant, fort, Oruro.
Ca souffre, ça prie, ça s'exalte, ça sue, ça picole, ça suinte, ça pisse, ça vomit, ça s'enroule, ça se bastonne puis ça s'embrasse, ça danse, putain qu'est ce que ça danse. Brut, des kilomètres et des kilomètres de pélerinage synchrétique et sautillant, jusqu'à s'incliner aux pieds de la Vierge du Socavon, la Vierge des mineurs qui grattent le filon à l'ongle et à la foi, comme à la fin du 19ème siècle.
Ils arrivent, s'inclinent. Transis.
On en voit même certains en "roue arrière" (tiens, comment va Mr Soulard?)

C'est un truc de fou. C'est sans doute, encore, un élément fondamental de pacification sociale dans un pays qui en a bien besoin.
C'est surtout une fête qui ne soutient aucune comparaison.


J'ai justement un collègue brésilien, complètement addict à tout ce qui ressemble de près ou de loin à un phénomène de transes urbaines, de plumes dans le cul et de musiciens mobiles, qui en revient. Je crois qu'il ne s'en remet toujours pas.
Il y a encore peu de temps, le folklore populaire était méprisé par les classes oppulentes de ce pays de féroce ségrégation. Mais peu à peu, les cultures marginales ont commencé à attirer les bouregois de la zone sud, les cloitrés des compounds sécurisés, dans certains quartiers fermés des villes, qui se sont peu à peu mis à danser eux aussi les danses du cholo, de l'indien, du crasseux, de feu-le-gueux, que sont la cueca, la diablada, les caporales, le toba, les morenadas, les tinkus... Le mélange se fait sans heurts.

On me raconta que dans les années d'ajustement structurel d'obédience FMIste, ces maudites années perdues, même l'ancienne élite politique, blanche, ces "De Boers" Andins qui ne reviendront plus, se mêlait tout sourire à ce Carnaval, après l'avoir tant méprisé.

Déjà, dans notre royaume de France, le plus grand plaisir des princes était de se mêler au populaire. Henri III courait les rues de Paris, costumé en Pantalon vénitien et s'amusait fort à battre les passants et à jeter dans la boue les chaperons des femmes. On ne s'en étonnait guère; c'étaient les moeurs du temps.
Les vieilles femmes osaient à peine quitter leurs maisons de peur des "attrapes" du mardi gras. On plaquait sur leurs manteaux noirs des empreintes de craie figurant
des rats et des souris, on attachait à leurs robes des torchons sales.
Nous ne parlerons des obscénités étalées en public, et des facéties grasses, que pour rappeler qu'elles étaient un des traits les plus caractéristiques des saturnales. Les théâtres ont conservé longtemps la tradition de jouer les pièces les plus licencieuses dans les derniers jours du carnaval. Coquinneries, aqui, alla.
A Oruro, on ne pense pas à tout ça. On comprend quelques morceaux, bien plus tard.
A Oruro, on ne sent plus cette chappe de plomb raciale qui est tout de même à vif dans le pays depuis 2000. On ne pense plus, enfin, à tout celà. On se reconnecte avec les entrailles de la terre et de la poussière. On les transfigure. On fait jaillir la couleur.

On m'a parlé d'un blogue de voyage en Bolivie: ils en causent bien. Ils sont mignons ces belges. Presque cursis, mais mignons.

J'aime le Carnaval d'Oruro, aussi, parce qu'il reflète la Bolivie. Avec ses grandeurs, ses immenses éclats de brio, son panache carnassier, sa trajectoire culturelle millénaire, sa capacité de résistance aux plus grandes des tragédies, personnelles comme collectives, toujours si intimement liées là bas.
Je l'aime pour ses tripes.

Par contraste, le show de Rio, sa rigueur disciplinée, l'extrême ajustement de ses mouvements, la coordination appliquée de ses participants/compétiteurs...
Rio, c'est la compét. Entre différentes écoles de samba. C'en serait limite chiant, à bailler.


Allez, cap sur Oruro.

samedi 16 janvier 2010

Une journée à l'Ambassade de France au Nyamangwa



Une journée à l'Ambassade de France au Nyamangwa

Vous êtes troisième secrétaire à l’Ambassade de France au Nyamangwa.

5h 30 : Vous êtes réveillé par des coups de feu et des tirs de roquettes dans les quartiers nord de la ville.

6h 15 : Vous constatez que le groupe électrogène de votre résidence, qui tourne sans interruption depuis deux semaines (il n’y a en effet jamais de courant dans le quartier que vous habitez) a rendu l’âme. Vous tentez vainement de le réparer sous l’oeil goguenard de votre gardien.

7h 15 : Dans l’impossibilité, faute de courant, de faire monter l’eau dans la citerne installée sur votre toit, vous vous lavez dans le jardin avec le filet d’eau qui sort du tuyau d’arrosage. Votre petit-déjeuner se réduit à un Fanta tiède et à deux papayes.

8h 00 : Alors que vous vous dirigez vers l’Ambassade, la population locale vous salue au passage par des quolibets choisis, des insultes variées, des crachats et des jets de pierres. A quelques mètres de la chancellerie, un fonctionnaire de police vous arrête pour infraction à un code de la route qui n’existe même pas à l’état de tradition locale, dans le but manifeste d’obtenir de vous un pot-de-vin. Vous brandissez votre passeport diplomatique mais, constatant que votre interlocuteur, analphabète, se fait menaçant et pointe son arme sur vous, vous préférez céder.

8h 30 : Arrivant à l’Ambassade, vous vous frayez un chemin parmi la foule bigarrée et vociférante des demandeurs de visas et, parvenu jusqu’à votre bureau, vous prenez connaissance de la presse locale, laquelle annonce principalement que « le sous-secrétaire d’Etat à l’Equipement s’est rendu dans la province du Bas-Ngwazo afin d’encourager les masses populaires enthousiastes à poursuivre l’édification du Nyamangwa démocratique ». Conformément aux consignes de l’Ambassadeur, qui exige que le correspondance du poste augmente chaque année de 20% par rapport à la production de l’année précédente, vous vous apprêtez à rédiger une dépêche circonstanciée.

9h 00 : Le Chiffreur vous remet la collection des télégrammes. Le Département vous demande d’effectuer, le jour même et au plus haut niveau, une démarche afin d’obtenir que le Nyamangwa soutienne la candidature de M. Linconnu, universitaire français, à la présidence de l’Office international de Protection des Vers à Soie. Votre télégramme demandant une pièce destinée à réparer le système de climatisation de l’Ambassade reste, en dépit de nombreux rappels, sans réponse.

9h 30 : Vous tentez avec acharnement de joindre le Ministère nyamangwais des Affaires étrangères, mais vous vous apercevez que les communications sont systématiquement coupées au bout de quelques secondes. Vous vous y rendez alors avec votre propre véhicule (la voiture du poste étant utilisée exclusivement par l’épouse de l’Ambassadeur). Vous êtes reçu après une attente interminable par un obscur collaborateur du chef-adjoint du protocole, lequel vous indique d’un ton suffisant que vous ne pouvez voir aucun fonctionnaire du Ministère des Affaires étrangères sans avoir pris un rendez-vous un mois à l’avance.

11h 30 : Plus matinal que de coutume, l’Ambassadeur arrive à l’Ambassade et, après avoir vidé une demi-bouteille de Johnny Walker en se plaignant du climat particulièrement émollient du Nyamangwa, convoque la réunion hebdomadaire. Il traite le vice-consul de « con dangereux », rappelle à l’Attaché culturel que le séjour au Nyamangwa ne le dispense pas, à sa connaissance, du port de la cravate et s’étonne que l’épouse de l’Attaché commercial se soit crue autorisée à bouder le thé organisé deux jours auparavant par son épouse.

Puis il vous demande de signifier au chiffreur que celui-ci est sommé de se rendre de toute urgence à la Résidence pour réparer la chaîne hi-fi en panne depuis la veille, avant de se lancer dans une description détaillée de quelques hauts faits accomplis lors d’un séjour au Tonkin de mars à septembre 1947, suivie d’une réflexion fort intéressante sur l’administration du territoire des pillards Regibat de Mauritanie, assortie d’un éloge ému des nombreuses qualités des femmes de cette tribu.

13h 45 : L’Ambassadeur lève la séance en caressant pensivement le revers de son veston, sur lequel s’étiole une rosette arrachée de haute lutte à l’indifférence de ses concitoyens ; puis, convié par son collègue belge (le seul dont il comprenne la langue) à un week end prolongé au bord de la mer, vous abandonne à votre sort pour quatre jours.

14h 00 : Alors que vous vous apprêtez à quitter l’Ambassade, le sieur Lembrouille, citoyen français réfugié au Nyamangwa à la suite de démêlés avec la justice française et ci-devant co-propriétaire du bar de nuit « Le Pigall’s », se présente au consulat dans un état proche du coma éthylique et exige la délivrance immédiate d’un visa de long séjour sur le passeport flambant neuf de Marie-Félicité Kado, prostituée notoire qu’il présente comme sa future épouse. Le vice-consul ayant refusé d’obtempérer, il s’en suit un échange de propos assez vifs, M. Lembrouille traitant le fonctionnaire de « pauvre merdeux de gratte-papier, trop content de bouffer avec l’argent des contribuables », le vice-consul traitant M. Lembrouille de « loque sidaïque et bougnoulisée ».

Les deux protagonistes en viennent aux mains. Alerté par leurs cris, vous séparez les combattants et priez M. Lembrouille de quitter le consulat. Il s’exécute de mauvaise grâce, non sans avoir annoncé qu’il ne manquera pas de porter l’affaire à la connaissance du Département (ce qu’il fera, naturellement, en prenant soin de réduire l’incident à une version très personnelle).

14h 30 : Votre groupe électrogène n’ayant toujours pas été réparé, vous prenez votre courage à deux mains et partez déjeuner au restaurant « Chez Slimane». Vous commandez un plat de riz et un poisson, avec lequel vous jugez prudent cependant de ne pas faire plus ample connaissance. Vous vous préparez à entamer votre troisième papaye de la journée, lorsque le garde de sécurité vient vous avertir que le jeune Lepaumé, VSNA, a été arrêté par la police alors qu’il se trouvait en possession de 500 grammes de haschisch et de 2500 dollars, produit d’un change parallèle effectué avec un opposant au régime en place.

15h 00 : Vous chargez aussitôt le vice-consul de prêter assistance au jeune Lepaumé (lequel risque une condamnation à la peine capitale) et d’entamer, muni de substantiels pots-de-vin, des négociations avec les fonctionnaires de la police et de la justice nyamangwaise. Le garde ne parvenant pas, pour des raisons techniques, à faire partir le télégramme que vous vous êtes empressé de rédiger à l’intention du Département, vous saisissez votre talkie-walkie pour appeler le chiffreur ; celui-ci , propriétaire fort endetté d’une résidence princière en cours de construction dans son village natal, habite par mesure d’économie dans un bidonville situé à une vingtaine de kilomètres du centre-ville.

La liaison étant perturbée par un vent de sable intempestif –à moins que ce ne soit la présence de nombreux bâtiments en dur entre l’Ambassade et le domicile du chiffreur- vous décidez de vous rendre personnellement chez lui.

15h 35 : Entrant dans le gourbi du chiffreur, vous surprenez celui-ci en compagnie de trois beautés locales, dont la plus âgée paraît n’avoir pas encore atteint douze ans et, après vous être répandu en excuses, le priez d’interrompre sa sieste et de rejoindre l’Ambassade.

16h 30 : Le chiffreur renonce à passer votre télégramme immédiat, la transmission étant rendue impossible par des difficultés de propagation. Un sentiment diffus d’abandon vous étreint momentanément.

17h 00 : Le vice-consul vous fait savoir que le jeune Lepaumé, qui s’étonne de ne pas bénéficier de l’immunité diplomatique, sera vraisemblablement condamné à la prison à perpétuité pour trafic de stupéfiants et détention illégale de devises. Vous songez à cet instant que votre emploi du temps pour les trois mois à venir – le temps d’obtenir l’expulsion de l’intéressé- est largement rempli. Vous n’en retirez cependant aucun sentiment de satisfaction.

17h 25 : Vous regagnez votre résidence et constatez que votre stock de denrées périssables est décongelé et donc voué à une putréfaction rapide. Les trois gouttes d’eau brûlantes qui s’échappent de votre tuyau d’arrosage ne vous permettant guère de procéder à vos ablutions, vous vous contentez de changer de chemise et vous apprêtez à représenter la France à un cocktail offert par le Ministre de l’Information du Nyamangwa en l’honneur du 10ème anniversaire de l’entrée de son pays dans l’«Union des Riverains de l’Ulele ».

18h 30 : Au cours de la réception, les membres du corps diplomatique se répandent en commentaires peu élogieux sur la vie quotidienne au Nyamangwa et déplorent, en citant moult anecdotes savoureuses, l’incompétence et l’incurie du personnel de maison local. Alors que vous tentez désespérément d’accéder au buffet, votre collègue chinois – qui parle couramment les cinq langues vernaculaires du Nyamangwa mais ne sort pratiquement jamais de son ambassade – s’acharne pour obtenir de vous les informations que vous pourriez éventuellement détenir sur la tournée effectuée dans la province du Bas-Ngwazo par le sous-secrétaire d’Etat à l’Equipement, événement qui, relaté dans la presse, serait significatif d’après lui de l’évolution politique du Nyamangwa. Vous vous débarrassez de l’importun en l’interrogeant sur le rôle de la Chine dans le processus de réunification allemande.

19h 40 : Vous quittez la réception après avoir réussi à vous emparer d’une poignée de cacahuètes grillées et regagnez l’Ambassade. Vous y trouvez la secrétaire de l’Ambassadeur, robuste quinquagénaire, extrêmement déprimée par le départ de sa collègue de la Croix-Rouge, à laquelle elle était, semble-t-il, très attachée. Malgré les consolations que vous lui prodiguez, elle quitte l’Ambassade en larmes et annonce que « quelque chose pourrait bien lui arriver bientôt et plus vite qu’on ne le pensait », précisant que « de toute façon, tout le monde s’en foutait ». Après avoir brièvement consulté les instructions relatives au rapatriement des Français décédés, vous vous mettez en quête d’un endroit pour dîner.

20h 05 : Assis à la table du « Tropical », vous dégustez des beignets de papaye frits dans l’huile de vidange du garage voisin, tandis que les décibels du dernier succès de Michael Jackson déferlent dans la salle. Entrepris par une créature stéatopyge qui vous gratifie d’un sourire vénérien auquel il manque quelques dents, vous lui déclarez que vous avez à peine de quoi payer votre repas. Elle se retire à contre-cœur, non sans avoir mis en doute votre virilité. Un lépreux lui succède, qui vous fait regretter amèrement les beignets que vous venez d’engloutir.

Vous sortez en titubant du « Tropical » et êtes aussitôt assailli par une meute hurlante de gamins qui, s’agrippant à vos vêtements, prétendent avoir gardé votre voiture et exigent le paiement de leurs services. Vous les dispersez à coups de poing, avant d’entrer dans votre véhicule (dont la serrure vient d’être forcée) et de démarrer sous une pluie de pierres.

21h 20 : Alors que vous entrez dans votre rue, plongée dans l’obscurité, vous manquez de forcer un check-point qui vient d’y être installé. Croyant votre dernière heure arrivée, vous éteignez vos phares, allumez en hâte le plafonnier et sortez les mains en l’air de votre véhicule. Tandis que les soldats surexcités s’apprêtent à vous abattre sans tarder, le chef de l’escouade, dont l’haleine empeste l’alcool, appuie doucement le canon de son revolver sur votre tempe et commence un interrogatoire auquel vous ne comprenez goutte.

Vous vous montrez persuasif et, en gage de bonne volonté, vous faites présent à votre interlocuteur de votre montre, de votre briquet, de vos cigarettes, de votre pneu de secours et de tout l’argent liquide que vous avez par-devers vous. Vous parvenez ainsi à tempérer les ardeurs meurtrières du chef de l’escouade et, profitant des discussions animées qui surgissent à l’occasion du partage du butin, vous vous esquivez sans demander votre reste.

22h 05 : Arrivé chez vous, vous allumez non sans mal une lampe à pétrole et videz votre dernière bouteille de gin pour vous remettre de vos émotions. Une douce torpeur vous envahit peu à peu et, bercé par les tirs de roquettes qui reprennent dans les quartiers nord et couvrent le bourdonnement des moustiques assoiffés de sang, vous sombrez dans un sommeil peuplé de songes. Vous voyez apparaître dans le lointain des zodiacs de la Marine Nationale qui, ondulant sur les flots bleus de la mer infinie, viennent vous arracher providentiellement à une résidence dont vous regrettez déjà l’indemnité…

roland-brejon

jeudi 14 janvier 2010

Haïti: Déyè mòn, gen mòn...



Déyè mòn, gen mòn.

Derrière une montagne, il y a une montagne.

Proverbe d'Haïti, Ayiti, ce pays martyr, la première République Noire de l'Histoire qui cumule 2 siècles d'injustices, de misère crasse, de désastres et vit une des pages les plus sinistres de son existence...

Ayiti signifie "terre montagneuse" en amérindien et vu du ciel, on comprend mieux pourquoi: des montagnes, des montagnes, encore des montagnes, tragiquement dénudées, déboisées, pelées.

Déyè mòn, gen mòn, ou l'histoire d'un peuple en perpétuel combat...Le combat pour la survie des malditos, des maudits de l'Histoire.

Un peuple qui a déjà pourtant payé un lourd tribut de sang, de sueur et de larmes, tout au long de l'époque récente.

Déyè mòn, gen mòn...

J'ai quelques amis journalistes partis sur place ce matin: ils ne reviendront plus les mêmes. J'ai quelques amis humanitaires sur place, ils ne reviendront plus du tout. Que les esprits vaudous de P.Prince les protègent...

lundi 11 janvier 2010

Mano SOLO Sanyo



Alors, outre la cassette Lhasa TDK, y avait aussi le Mano Sanyo, la cassette de la Marmaille Nue qui tournait en boucle sur le walkman rouge Sanyo, il y a tout juste 10 ans et même avant.

Du coup on va se calmer là, ça commence à bien faire, là, les gars.

'Taing, cte numéro de série 010, à chier comment qui s'annonce dis ôôôhh...

Vas-y Mano, montre leur là-haut de quoi t'es capable, fous-leur les cœurs en fête, mets y donc de ta grâce, d'ton talent, d'ton bordel !
Car ce qui compte c'est pas l'issue, c'est le combat, pas vrai Mano?

Tu manqueras à Paris et à tous les petits Patxis qui ont été à jamais visités, habités, hantés, par ta poésie.

A ton étoile!

lundi 4 janvier 2010

Lhasa TDK



C'était il y a dix ans, pile poil, les vitres sales du camion, le désert, les cactus, mon sac Lafuma devenu lourd de livres moisis, ce putain de Routard y compris, d'artisanat de seconde main, de chupa chups et de cassettes TDK.

Et une, notamment, celle de Lhasa.

He venido al disierto, pa irme de tu amor...

Lhasa, en boucle.
Lhasa, musique de route et de déroute.
C'était beau, triste et puissant.
Tellement vivant,

Commence bien, 010, taing...