Le hip hop français n’a plus grand-chose à dire. Il n’est porteur de plus aucun ferment de révolte. Apathique, égo-trippant, démago voire putasson, auto-centré et dévot face aux marchands du temple bling bling et des BIG Malls, il ne dit rien, ou trop mal, quand surgit l’arbitraire, quand éclate l’injustice manifeste. C’est qu’il s’est fait rattrapé, lui aussi, par notre époque trop sucrée d’ère du vide.
Quant au hip hop latino, pas bien follichon non plus.
Hormis quelques exceptions. Hormis La Rumeur. Hormis IAM, qui vient de commettre cet opus, La fin de leur monde. A prendre tel qu’il est, le machin, brut. Même si certaines strophes simplistes et rimes radines auraient mérité d’être élaguées, à mon goût. Mais bon, quelle puissance de feu pour ces trentenaires vieillissants.
Toi lectrice, toi aussi lecteur, tant qu’à faire, prends dix minutes. Bouges ta teuté, et regardes ce coup de savate sur la marche du monde. Bizarrement, pour ma part, ça me mets une patate d'enfer. Optimisme du feu de l'action ou de l'éphémère et temporaire lucidité...quien sabe...
Comment dire ?
Tiens, citons un auteur qu’on a pas lu, ça produit toujours son petit effet.
Camus, un matin d’hiver, d’oublier d’être con et d’écrire :
« On ne vit pas que de lutte et de haine. On ne meurt pas toujours les armes à la main. Il y a l'histoire et il y a autre chose, le simple bonheur, la passion des êtres, la beauté naturelle ».
Et Sartre (j’imagine, en peignoir de satin mauve) de lui répondre, plus tard, qu'il n'y a rien hors de l'histoire et que tout est politique. Et Breton de pourfendre en ces termes sa tentative d’allier la mesure à la révolte dans L'Homme révolté : " La révolte une fois vidée de son contenu passionnel, que voulez-vous qu'il en reste ? Je ne doute pas que beaucoup se laisseront piper à cet artifice : on a gardé le nom et supprimé la chose ".
En 1957 (rappelles toi, Patrick de Buenos Aires), à Stockholm où il reçoit le prix Nobel, Camus répond à un étudiant algérien qui l'interpelle durement : " En ce moment, on lance des bombes dans les tramways d'Alger. Ma mère peut se trouver dans un de ces tramways. Si c'est cela la question, je préfère ma mère à la justice ".
Suis un peu. Le rapport est évident.
Nous, dit les « djeunss », on est souvent ignares, et par là même ingrats envers le passé. Car enfin, ces questions ont traversé toutes les sociétés humaines, sous toutes les latitudes. L’ordre, la révolte, le désordre, la lutte, de la violence politique « légitime » ou pas. Pas nouveau.
Nos milieux ouattés et cotonneux d'enfants pourris-gâtés nous font oublier que l’absolue majorité de l’humanité est engagée dans un beau combat, celui de la survie. Sans filets de sûreté. Sans seconde chance.
Hier j'ai repensé à cette collègue morte en plein combat, en plein travail, il y a quelques mois. Tout comme cette volontaire de MSF envoyée en mission exploratoire dans une zone tenue par des rebelles armés de Centrafrique, pour sa première sortie.
Elle avait le feu sacré, de ceux qui disent non, ma collègue. Mais, sans démagogie, sentimentalisme ou bonnes intentions sirupeuses. Elle allait au charbon, elle y mettait son savoir et son talent et y trouvait son compte, voire son plaisir.
Mais l'époque cherche des héros compensatoires, dévoués et sacrificiels, de ceux qui rassurent et disculpent l'inaction totale de l'immobile permanent, là bas, de l'autre côté du monde.
Je me suis repassé ce clip en boucle.
Allez, un break de blog pour un moment.
mercredi 27 juin 2007
dimanche 24 juin 2007
Anti-Contes pour enfants espiègles
Ces contes et histoires à dormir debout, de Petit chaperon rouge trop conne pour pas reconnaitre le prédateur déguisé en mère-grand, malgré ses crocs assérés, de ces trois petits cochons trop empôtés pour pas se mettre en colloc dans du solide plutôt que de construire trois improbables maisons...
Il était grand temps de revisiter toutes ces fadaises.
Con calidad, calidad.
TRADUC: avec qualité, qualité.
Artistes espagnols et latinos.
Créativité du monde hispanique.
PS: allez, mets-toi à l'espagnol, feignasse.
1) Le Petit Chaperon rouge et le loup argentin
2) Les trois petits cochons et le loup argentin
Il était grand temps de revisiter toutes ces fadaises.
Con calidad, calidad.
TRADUC: avec qualité, qualité.
Artistes espagnols et latinos.
Créativité du monde hispanique.
PS: allez, mets-toi à l'espagnol, feignasse.
1) Le Petit Chaperon rouge et le loup argentin
2) Les trois petits cochons et le loup argentin
Au royaume de l'arnaque
Mendoza, Argentine- foire-exposition commerciale
Au royaume de l'arnaque,
les filous, les marlus et les charlatans sont rois.
J'adore ce stand. Déserté par le batteleur/tchatcheur/démonstrateur habituel (sans doute parti vider quelques godets ou se trouver un séant plus confortable), il s'inscrit dans la grande tradition latino-américaine de la vente de rue du Produit Miracle. Mine de rien, le type là, en photo, avec sa coupe de crooner satisfait (et pas seulement de la bonne tenue de route de ces implants, pero de calidad), nous interpelle, avec son poignet magique, son doigt tendu et son air avenant: son bracelet magnétique, nous dit-il, et comme nous l'indique l'affiche, est composé des cinq métaux curatifs principaux: fer, zinc, étain, argent, cuivre.
Au milieu du bracelet, éclatent à la face du monde les rassurantes promesses d' EQUILIBRE, HARMONIE et TRANQUILITE, ce qui, ma foi, est un programme bienvenu en ces temps de crise argentine. Mis sur le poignet gauche (c'est important, le gauche), il soigne les rhumatismes, les douleurs musculaires, l'arthrite, mais il élimine aussi les maladies psychosomatiques (sans déconner!). Il nous est enfin rappelé (en bas à droite) que la magnothérapie et l'acupuncture chinoise, c'est cool.
Nos grands-mères nous ont beaucoup parlé des profiteurs de guerre, sous l'occupation. Pour ma part, tel Tatie Danielle ou un improbable Tonton d'Amérique tombé dans les oubliettes de la mémoire familiale, je voulais juste vous évoquer ces profiteurs de crise.
Je les aime tellement que je vous en remets une petite, d'arnaque à la latinoamericana, pour la route:
Banque VIDE - Buenos Aires, Argentine, durant la crise de 2001 - Fuite des capitaux, chaos bancaire et dévaluation (novembre 2001 - avril 2002) - le citoyen gaucho lambda l'a vraiment eu in da ass.
QUESTION: qui n'a pas acheté au moins une fois dans sa vie un truc complètement bidon suite à une session impromptue d'envoûtement de rue, ou un télé-achat lamentable, ou via une "recommendation personnelle"? Parfois, ne nie pas, tu ressens l'envie d'essayer, au cas ou, d'acheter ce genre de trucs-miracle. Ca remonte au trauma refoulé du pendentif magique de Danielle Gilbert peut-être...
Les vendeurs d'Amérique latine sont particulièrement doués pour tout ce qui est poudre de perlinpinpin. Il faut dire qu'ils profitent d'une propension généralisée et assumée à se laisser aller au mysticisme et à l'ésotérisme plus ou moins cheap, qui n'est plus de rigueur dans notre territoire sécularisé...Mais il y a tout autant de shamanes que d'escrocs, en ces contrées.
Quant aux petits épargnants qui se sont faits vertement enfilés, ils feront l'objet d'un prochain post, un de ces quatre matins. Il avaient pas acheté suffisamment d'amulettes dorées, les cons.
Le Jilakata - Bolivie
Wistu vida
Le Jilakata
Le JILAKATA est l’autorité traditionnelle des communautés indigenas aymaras, divisés en unités territoriales millénaires, qui sont autant d'étages écologiques, appelées Ayllus.
Le « Jilakata » avec la « Mama Jilakata », en couple, se chargent d’assumer les tâches et responsabilités publiques de la communauté, le suivi des priorités agricoles, l’organisation des cérémonies religieuses consacrées à la "Pachamama" (la mère la Terre) et au Panthéon mi-aymara mi-synchrétique de ces hautes terres (3940 mètres à en croire l'épouse du jilakata).
Cette position, obtenue après un vote délibératif qui pourra paraitre infiniment et inutilement "long" aux gringos que nous sommes, donne au « Jilakata » et à sa « Mama Jilakata », une autorité morale et politque qui est exercée durant un an.
Tout au long de cette année, la communauté entière leur doit respect et discipline. Son fouet, en bandoulière, est là pour vous le rappeler.
Il déconne pas, le Jilakata.
Ce sont également les conseillers familiaux de la communauté : ils visitent périodiquement les maisons, ils veillent à ce que les enfants soient suffisamment alimentés, que les femmes ne soient pas maltraitées, que les membres de la communauté accomplissent leurs devoirs et qu’il n’y ait pas de luttes intestines sans réponse ou solution durable. Ils trouvent ou essaient de trouver des solutions aux conflits domestiques, médiateurs et chatieurs pour les conflits de bétail, de semences dérobés ou de coucherie indue.
Le Jilakata de cette communauté près du Lac Titicaca a insisté, ce jour là, pour poser près du four de la Communauté. L'appareil numérique et ses divers gadgets le firent particulièrement rire.
Il en avait déja vu un, quelques années auparavant. Il avait même fait ses premières photos. C'était celui de l'employé local de cette ONG Internationale si peu professionelle, si lamentable dans ses visions comme dans ses pratiques hygiènistes et paternalistes, CONCERN INTERNATIONAL. Une de ces ONG bien pensantes qui polluent les paysages ruraux du Pérou et de Bolivie avec ces chiottes en béton blanches et bleues, aux logos si criards, qui, dare dare, finissent par s'écrouler, ou servir de remise à bois, de cachettes pour les amants, jeunes et vieux, aussitôt le dos de "l'expert" tourné.
Alors que le caca, humain comme animal, dans le monde andin, est le plus formidable et nécessaire des fertilisants organiques.
Les gringos les feront toujours rire, avec leurs drôles d'idées.
C'est pas tous les jours que les aymaras sourient et irradient l'espace, comme ça, l'espace d'un bref instant.
vendredi 22 juin 2007
Le dessous des cartes - Amérique latine
Autobus de Bogota, protégé par assurance-vie
Jean Christophe Victor, il s'appelle.
Figures-toi que, à peu près chaque année, je me trouve un Papa de substitution.
Ce sera lui. Jusqu'à fin 2007, au moins.
Toi lecteur, je te sais perspicace et avisé. Ce nom te dit quelque chose.
JCV a des cravates à poids complètement surrannées, des frisouilles grisonnantes et ce petit air de professeur d'Université de Terroir. Ce qui sied bien à son incroyable culture générale, comme à son incomparable vertue pédagogique.
Il sévit sur ARTE, depuis des années, dans cette émission de géopolitique géniale:
"Le dessous des cartes", qui passe également sur TV5.
Je viens de m'acheter son DVD + le livret "LE DESSOUS DES CARTES- Amérique latine, l'autre amérique".
Au Virgin de Château Rouge, Paris (mon ancien quartier, ou j'ai fais mes armes en trafics de migrants, organes et autes). Il est chez ce gentil marchand. Vous verrez.
C'est, comment dirais-je, énorme. 14 émissions. Les principaux Etats, les dynamiques, les enjeux. D'une clarté...
Putain il est super le disque à mon papa.
Vas. Achètes.
Si tu viens, copain, je te le copierai. Suis en train d'apprendre.
mardi 19 juin 2007
Barbarie, Civilisation, et ma main dans ta gueule
Une école rurale, dans une vallée encaissée de Bolivie pleine de Barbares
Tiens, de la poésie pour de vrai, dans ta face.
... Chacun appelle barbarie ce qui n'est pas de son usage.[ Essais, I, 31 ]
Michel Eyquem de Montaigne
(kassdédi à un autre bordelais civilisé, Juppé, futur-ex-futur expatrié du Québec. Mais QUI va sauver la planète ?)
Là-bas, loin, de l'autre côté de l'Atlantique.
Quels barbares, ceux-là.
Ou, pareil, mais à l'envers: quelle "société idéale", quelle "Utopia réalisée" que ceux-là. Là bas, le paradis, ou l'enfer.
Puis, un jour, tout simplement, c'est chez toi.
L'expatrié, trop critique, ou trop idéaliste. C'est que ça prend son temps de trouver le bon tempo, la juste mesure des phénomènes.
La même difficulté, de part et d'autre, au début du moins, à se saisir, à le saisir, l'alter ego, dans son environnement social. Sa façon de réguler, de vivre, ses frustrations, ses joies, ses combats, ses malheurs, dans son monde là, si différent, si familier, aussi.
"Civilisation, barbarie".
Relativité des concepts.
Un sens sans cesse à conquérir.
Enfin on peut vivre en expatrié, à Paris comme à Mexico, sans se soucier de rien. Prendre sa caipirinha, se poser des questions de fond ou de forme ou pas. Tout est valide.
Mais s'il fallait ne choisir qu'un exemple, ce serait celui-ci: la mort violente. Infligé aux autres. Ou à soi.
L'amérique latine est un continent violent. Suffisamment de clichés, plus ou moins justifiés, existent sur le sujet. Sao Paolo, Mexico, Caracas, métropolis post-modernes hardcore.
Amnesty International estime qu'il y a 1,000 meurtres par armes à feu dans le monde. Chaque jour. Le Venezuela, avec 0.3% de la population mondiale, représente 4.4% de ces morts là. Il y a à peu près 5 fois plus d'armes en circulation dans le pays que les 1.5 millions enregistrés. Un vrai carnage. Banalisé. La loi de la jungle.
Nous, on a d'autres soucis. Banalisés, pareils.
On s'accoutume à tout si on prend pas gare.
Alors voila. Un soir, une collègue latino avec une expérience prolongée en Europe m'interpelle. "OK, on sort le bang bang pour un rien ici, chez nous. Mais au moins, on ne se suicide pas comme chez vous, là. On est pas tout gris là, dès que surgit une difficulté" (traduction à peu près fidèle).
Alors je me mis à chercher, à chercher.
Hardcore, certains chiffres, à force de chercher.
Vénézuela, 2004: 13 000 homicides sur l'année répertoriés par le CICPC, la police scientifique, conjointement avec les Morgues du pays.
"Un taux hallucinant. C'est énorme. Quelle barbarie. Quelle société! Quel malheur, quelle angoisse. Comment pouvez-vous laisser faire? Bouh là là, on est mieux chez nous!", s'exclamera votre tonton Roger, de Honfleur.
France, 2003: 13 000 suicidés sur l'année, répertoriés par la très sérieuse DRESS."Un taux hallucinant. C'est énorme. Quelle barbarie. Quelle société! Quel malheur, quelle angoisse. Comment pouvez-vous laisser faire? Bouh là là, on est mieux chez nous!", notera Clara, votre jeune fille au pair brésilienne, de Recife.
Et alors?
Non, rien.
C'était juste pour mettre du Michel de Montaigne + du mai Lan + une kassdédi à Juppé et à la jeune fille au pair brésilienne + des stats qui font sérieux dans le même verre de chicha.
vendredi 15 juin 2007
Triolisme éhonté à Cuba
Marketing rojo rojito
Le drame du tourisme échangiste à Cuba. Un phénomène en pleine expansion.
Le Guide du routard, Bernard Lavilliers ou Houellebecq vous en ont déja causé, l'ont décrit ou dénoncé en large, par derrière et en travers, mais il n'ont pas tout dit, les malheureux. Car même les vieux s'y mettent, figurez-vous.
De l'échangisme idéologique bref, mais vigoureux et intense.
Il s'agit d'une sombre histoire de triolisme politique que nous révèlent BBC MUNDO et quelques agents triples des Forces Occidentales du Bien.
C'est la rencontre au sommet, hier, dans un tripôt de La Havane entre Fidel, el Comandante Swinger en chef, Hugo, el Cachondo Coronel rojo rojito, et Daniel, le Nica qui Nique.
Daniel Ortega, figure mythique du Sandinisme, passée à l'essoreuse évangéliste (qui, comme chacun le sait, lave plus blanc que blanc), était la veille à Téhéran. Il s'époumonna devant les mollahs, s'égaya devant les élans révolutionnaires du sympathique Président Mahmoud Ahmadinejad, s'enthousiasma devant le poilant ayatollah Ali Khamenei, par ailleurs de plus en plus sexy. Sont toujours très chouettes et très rigolos, les G.O du régime iranien, surtout quand il s'agit de trouver un bon con pour leur refourguer leurs usines électriques surannées et leurs tracteurs tout pourris. En échange d'allégeance et d'autres menus services.
O lectorat, vas donc voir le compte-rendu de cet épisode par toi-même sur l'agence de presse de la Révolution iranienne, en français en plus. Exquis.
Danielito devait ensuite se rendre en Italie. Mais la surprise-party improvisée par Companero Hugo chez Tonton Fidel l'a émoustillé, le coquin. Changement de plan. "Moi aussi je veux en être", a-t-il tout de go annoncé. Mais comment, sed como, mi fili?
Alors les gentils mollahs, que l'on soupçonne, pour rester dans l'euphémisme, d'armer vaillamment les milices chiites d'Irak, certaines factions de miliciens libanais et de réarmer les talibans dans le sud de l'Afghanistan (quels déconneurs ceux-là alors), ont tapoté les touches de leur téléphone rose, et ont appelé la Grande Entremetteuse, la grande Partouzeuse géopolitique du Proche Orient de ces trente dernières années, la Gran Alcahueta-rabatteuse de plaisirs dont parlait Vicente Calderon (le poète, pas le nain qui dirige le Mexique), j'ai nommé, Herr Mouammar Khadafi. Qui a mis à la disposition de Danielito un jet privé avec tout ce qu'il faut comme fuel pour arriver sur l'île ou il fait bon vivre retrouver ses comparses.
Hugo, de son côté, n'a demandé l'avis de personne pour sa 5ème visite depuis juillet.
Personnellement, j'adore ce ménage à trois. Les tee shirts à Managua s'arrachent, de vanter la "Sainte Trinité" entre ces trois dirigeants là.
Il s'en passe décidemment des choses, là bas, en Amérique latine.
On me dit même (mais mes sources sont elles bien fiables?), que ces alliances, ce triolisme éhonté, ce échanges idéologiques commencent à inquiéter passablement les services de renseignement occidentaux...Sont paranos et rabat-joies ceux-là aussi à la fin. Perso, je n'ai rien contre les swingers.
Et Khameini comme Khadafi, après tout, sont les premiers des humanistes.
Nous disent nos joyeux swingers latinos. Croyons-les sur parole.
Jusqu'à preuve du contraire.
jeudi 14 juin 2007
La cantina
Se prohibe la entrada a menores, mujeres y vendedores ambulantes.
Entrée interdite aux mineurs, aux femmes et aux vendeurs ambulants.
Un bar. Mexico DF
(prononces, "dé éfé". Affectueusement appelé "dé-éfé-ctuoso", le defectueux, par ses 22 millons de chilangos-habitants)
Pas pour les PUTO, quoi...
Dedans, des posters, décrépis, d'aryennes, nues, prenant des poses lascives.
Dedans, pas de table, mais de grands tabourets, de comptoir, pour poser sa lassitude.
Dedans, un service droit dans les yeux, sans fioriture. Et toi si tu comptes pas finir bourré, ca ne sert à rien.
Je suis un pietre slameur en contre-petteries, yé lé sé.
Et bim, sur le carrelage blanc cassé (ou serait-ce du blanc jauni par la crasse...) du dit comptoir on te pose la "cahuama", la grosse bouteille de a litro, d'un litre mano. Corona. Avec la couronne jaune sur fonds marron, là.
Dedans, pas moyen de pauser. T’es là et t'essais d'être, pour de vrai. Ou tu sors.
Y'a pas moyen d'avoir un verre non plus. Il n'y en a plus depuis au moins Nabuchodonosor. Il ne se passe rien de spécial. C'est tout l'intérêt. Comme de bien entendu.
Un entrefilet d’or, ou d’urine, ça dépend de l’heure, vient se répandre sous tes pieds.
Les toilettes te font filer, doux, ça dépend de l'heure, et du dernier bus a prendre.
La poésie urbaine peut aussi avoir des relents d'urine.
En tout cas. Elle. Elle en avait à revendre, de l’assurance.
Tout ce qu'elle était capable de vendre, de toute façon.
Elle était chez elle, à l’aise, à l'évidence.
Malgré l'interdit réel-premier dégré affiché à l’entrée de la cantina, cette pancarte qu’elle feignit d’ignorer.
Chez elle, partout, chez elle.
Quel panache cette dame. Oui, quelle classe la vérité.
Libellés :
Culture et société,
Dédicace,
Mexique et Amérique centrale
samedi 9 juin 2007
Combat
«Ce n'est pas la souffrance de l'enfant qui est révoltante en elle-même, mais le fait que cette souffrance ne soit pas justifiée. La souffrance use l'espoir et la foi.»
Albert Camus - Extrait de L’homme révolté
Lui, c'est Guillermo. Alias le Fakir.
Il bosse. Il a 13 ans.
Il fait le fakir.
La "fiche de poste" était alléchante. Comment y résister?
"Votre travail, en plein air, consistera à se rouler, le dos, le ventre, les bras et les jambes, contre des centaines de bris de verre qui tiennent dans un torchon. Le feu passe au rouge. Vous entrez en action. Bonne rémunération garantie".
Le fakir vit dans la rue depuis ses 9 ans.
Le Fakir fait partie de la bande dite de la Fontaine, la Fuente, dans le quartier Observatorio de la ville de Mexico DF.
Deux ans après ce cliché, le Fakir a été battu à mort par d'autres enfants de la rue, d'une autre bande rivale. Ils n'aimaient pas ceux de l'Observatorio.
Ils l'ont pendu par les testicules.
Lui, c'est Payaso, le Clown. Manuel vit depuis 6 ans dans la rue.
Je ne sais pas ce qu'il est devenu.
En ce temps, il avait eu une proposition pour travailler dans un entrepôt. Un curé rouge qui lui avait tendu la main. Ainsi qu'une formation sur un an. Ca lui avait bien plus.
Il était capable de démolir ses camarades, à main nue. Comme d'un humour assez délicat.
Avec le temps, il me fit visiter son lieu de vie. Sous le pont de l'autoroute de l'Observatorio.
Une cabane en cartons.
Il voulait me montrer ses chatons.
Il faut imaginer. Le soin extrême porté à ces créatures innocentes par ces gamins des rues, cette meute de 14 gosses innocents, brisés, de 11 à 21 ans.
L'amour au bout du biberon, la tendresse, réparatrice (d'aucuns diraient, rédemptrice). Il faut imaginer.
Leur Combat.
Jour après jour parce que demain, c'est loin.
La survie.
L'espoir.
Et l'homme. Révolté.
mercredi 6 juin 2007
Mascara, tuba, burka
Une plage de Trinidad et Tobago, ancienne colonie britannique dans les Caraïbes.
La journée s'annonce radieuse.
Ma femme batiffole dans l'eau, sexy en diable.
Je me permets également, car c'est jour de fête, une oeillade coupable (et de biais)sur quelques jeunes femmes hindous, plutôt finement chaloupées (40% de la population de l'île est d'ascendance Indienne);
et hop, voilà-t-y pas que passe un groupe d'afro-descendantes (40% de la population est afro), aux strings et décolletés chatoyants. Troisième rasade.
Je n'en peux mais.
Si mes souvenirs ne me trahissent pas, hop là: judicieuse petite rotation, passagère, sur le ventre.
Et c'est en abritant cet émoi que surgit cette exploratrice de fonds marin, en combi "talibane" intégrale (en néoprène ou en satin, je n'en aurais jamais le coeur net...).
Tuba, masque, burka.
Et même mascara.
L'interprétation salafiste de l'Islam, mais à la sauce caribéenne.
Elle s'élance, hardie.
Tuba, masque, burka.
C'est commode.
Tiens, pardi.
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