mardi 15 juin 2010

Haïti et le don empoisonné de Monsanto: une 2ème catastrophe

L’entreprise américaine Monsanto a donné des semences transgéniques à Haïti. Ce fait a été dénoncé le 10 mai dernier dans un article écrit par le curé français Jean-Yves Urfié, ex-professeur de chimie du Collége Saint Martial, à Port-au-Prince. Urfiè écrit dans son article : “La société transnationale Monsanto offre aux agriculteurs du pays un cadeau mortel de 475 tonnes de maïs transgénique, avec les engrais et les pesticides associés, qui seront remis gratuitement par le Projet Winner, avec l’appui de l’ambassade des États-Unis en Haïti”. Selon lui, la multinationale Monsanto a déjà commencé à distribuer les semences de maïs transgéniques dans les régions de Gonaives, Kenscoff, de Pétion-Ville, de Cabaré, d’Arcahaie, de Croix-des-Bouquets et de Mirebalais.

La forte répercussion de cette dénonciation a obligé le Ministre de l’Agriculture d’Haïti, Joana Ford, à convoquer une conférence de presse le 12 mai dernier à Port-au-Prince. Le Ministre Ford a affirmé "Haïti n’a pas de capacité à administrer les OGM” avant de démentir que la donation de Monsanto était du maïs transgénique. "Nous prenons toutes les précautions avant d’accepter l’offre faite par la multinationale Monsanto pour recevoir une donation de 475 947 kg de semences de maïs hybride et 2 067 kg de semences de légumes. Nous devons aussi mentionner que, en l’absence d’une loi qui réglemente l’utilisation d’Organismes Génétiquement Modifiés en Haïti, je ne peux pas permettre l’introduction de semences ‘Roundup Ready‘ ou toute autre variété de transgéniques", a souligné le Ministre.

Selon Ford, les semences hybrides dont Monsanto fait la promotion sont adaptées aux conditions tropicales d’Haïti. Ce dont fait partie d’une campagne du Ministère de l’Agriculture pour relancer le secteur agricole après le tremblement de terre du 12 janvier dernier. Le Ministre indique également que dans cette optique plus de 65 000 hectares de terre sont entrain de bénéficier d’une préparation par des tracteurs, des engrais et des pesticides, et les agriculteurs recoivent une formation.

Monsanto elle-même s’est retrouvée obligée de se prononcer sur cette affaire. “Nous croyons que l’agriculture est la clé pour la récupération d’Haïti sur le long terme”, a affirmé la transnationale dans une note publiée sur sa page internet. “Après la catastrophe, Monsanto a donné de l’argent pour le redressement (d’Haïti)”, continue la note, “mais il était évident que le don de nos produits - de maïs et les semences de légumes de qualité - pourrait faire réellement la différence dans la vie des Haïtiens”. Avec cet état d’esprit généreux la plus grande compagnie de semences au monde a résolu de donner à Haïti l’équivalent de 4 millions de dollars en semences de maïs hybride, choux, carotte, aubergine, melon, oignon, tomate, épinard, et melon d’eau. 60 tonnes de ces semences sont arrivées sur le territoire haïtien durant la première semaine de mai. 70 tonnes supplémentaires sont arrivées à Port-au-Prince le 13 mai dernier. Il est prévu que pour les 12 prochains mois 345 tonnes supplémentaires de semences hybrides de maïs soient distribuées aux agriculteurs du pays.

Ouvrir des marchés

Le tremblement de terre du 12 janvier a provoqué la mort de 300 000 personnes et a laissé plus d’un million d’Haïtiens sans domicile. Les conséquences ont été dévastatrices. Mais, bien qu’il ait atteint 7 degrés sur l’échelle Richter, il est peu probable que le tremblement de terre ait détruit les structures de fonctionnement d’une société transnationale comme Monsanto. Le don de 475 tonnes de semences hybrides peut être vue comme une action de générosité de la part de la transnationale envers le peuple haïtien. Cependant les conditions dans lesquelles ce don a été effectuée sont regardées de plus près, cette générosité devient une simple tactique entrepreneuriale pour augmenter les bénéfices.

Les gains de Monsanto de décembre 2009 à fin février 2010 ont été de 887 millions de dollars. Durant la même période l’an passé, ses gains ont été de 1,09 milliard de dollars, ce qui signifie une chute de 19%. Selon Hugh Grant, directeur exécutif de la transnationale, la cause principale de cette chute a été la diminution des ventes d’herbicides et de produits chimiques.

Début avril, durant une conférence en présence d’annalistes, Grant a affirmé qu’il ne pourrait pas recourir à l’augmentation des prix pour contrecarrer cette chute, puisque les agriculteurs ne semblent pas disposés à payer des prix plus hauts pour les nouveaux spécimens de semences transgéniques, dont certaines d’entre elles sont deux fois plus chères que les variétés les plus cultivées aujourd’hui. "Le retour que j’ai des propriétaires fonciers indique que si nos prix étaient différents, la courbe d’adoption des semences serait différente" avait-il déclaré.

Quant il n’est pas possible de faire monter le prix de ses produits, la seule solution pour Monsanto est de contrecarrer cette chute en ouvrant de nouveaux marchés. Et ce n’est pas un hasard qu’à peine un mois après la conférence de Hugh Grant dess semences de Monsanto arrivent à Haïti.

Ce qui n’a pas été dit ni par Monsanto, ni par le Ministère de l’Agriculture haïtien, c’est ces semences hybrides de maïs ne pourront accomplir leurs promesses de productivité et d’adaptation au climat tropical haïtien que si elles sont traitées par les herbicides, les engrais et les produits chimiques spécifiques, qui sont justement produits par Monsanto. Cela signifie que les agriculteurs haïtiens qui reçoivent les semences hybrides ne réussiront à les rendre productives que s’ils acquièrent les herbicides et les engrais de Monsanto.

De plus, les agriculteurs ne pourront pas replanter les semences issuent de ce maïs, puisque l’une des caractéristiques de ces semences hybrides c’est que seule la première génération est fertile. S’ils veulent continuer à semer les paysans haïtiens devront acheter de nouvelles semences à Monsanto.

À ce rythme, avec l’augmentation de la consommation de semences et implicitement d’herbicides, d’engrais et de produits chimiques Monsanto, la prévision du curé Jean-Yves Urfié pourra devenir réalité : “Bientôt, il y aura que des semences Monsanto en Haïti. Et alors, ce sera la fin de l’indépendance des agriculteurs”.

Vainqueur

Monsanto n’est pas seule dans cette entreprise. Le transport et toute la logistique de distribution des semences en Haïti se fait au profit de deux autres entreprises américaines : la Kuehne + Nage Emergency and Relief Logistics et l’UPS Foundation.

Ken Sternad, président d’UPS, a insisté pour se prononcer sur cette action : “Cela fait parti de nos efforts continus pour appuyer le redressement d’Haïti, l’UPS a l’orgueil de donner ses services aux bateaux de semences, car le pays commence à se diriger vers la construction d’un avenir soutenable".

Cet “avenir soutenable” dont parle Sternad et qui attire l’intérêt de tant d’entreprises étrangères est définit dans le Projet Winner lancé le 8 octobre 2009 par l’USAID (Agence des États-Unis pour le Développement International) (1). Le Projet Winner investira 126 millions de dollars dans les cinq prochaines années afin de construire une nouvelle infrastructure agricole en Haïti, avec comme objectif l’augmentation de sa productivité. Entre-temps, ce programme fournira une assistance technique spécialisée, en plus de services techniques et des facteurs de production agricoles, comme les pesticides et les engrais.

C’est par ce projet que seront distribuées les 475 tonnes de semences de Monsanto. En fait, ces semences n’arriveront pas directement dans les mains des paysans haïtiens, elles seront tout d’abord acheminées aux magasins administrés par l’USAID et seront ensuite vendues pour un prix “significativement réduit” aux agriculteurs. “Notre but est d’arriver à fournir 10 000 agriculteurs durant cette saison”, indique Jean Robert Estime, directeur responsable du Projet Winner. “Les semences aideront à nourrir et fourniront des opportunités économiques pour les agriculteurs, leurs familles et la communauté haïtienne en général”.

Pour comprendre ce que sont ces “des opportunités économiques”, il faut connaître les acteurs qui sont derrière le Projet Winner. Son directeur responsable, Jean Robert Estime, a servi comme Ministre des Affaires étrangères durant les 29 ans de la dictature de Duvalier en Haïti, époque dans laquelle plus de 30 000 Haïtiens ont été assassinés et le pays a ouvert ses portes aux produits alimentaires étrangers. Grâce à cette ouverture, Haïti importe aujourd’hui 80% des aliments qu’il consomme.

Architecte et coordinatrice du Projet Winner, l’USAID est un organisme gouvernemental américain créé en 1961. Selon sa page internet officielle, il a la mission de “promouvoir les intérêts de la politique externe des États-Unis dans l’expansion de la démocratie et des libres marchés, en améliorant la vie des citoyens du monde en développement”. Avec siège à Washington/DC, l’USAID est présente sur les cinq continents. Son travail appuie “la croissance économique et les avancées de la politique externe des États-Unis”.

Nouveau tremblement de terre

Chavannes Jean-Baptiste, coordonnateur du Mouvman Peyizan Papay (MPP) et membre de la Via Campesina haïtienne déclare qu’en fait “Il s’agit d’un nouveau tremblement de terre plus dangereux a long terme que celui qui s’est déroulé le 12 janvier. Il ne s’agit pas d’une menace, mais d’une très forte attaque contre l’agriculture, les paysans et les paysannes, la biodiversité, les semences créoles que nous défendons, et à ce qu’il reste de notre milieu environnemental en Haïti”

Chavannes accuse le gouvernement haïtien de profiter du tremblement de terre pour vendre le pays aux forces impérialistes et aux sociétés transnationales. “Nous ne pouvons pas accepter cela”, fait remarquer le leader paysan, “nous devons commencer la mobilisation contre ce projet, contre l’arrivée de Monsanto en Haïti. Nous avons besoin d’une forte unité en Haïti et d’une forte solidarité internationale pour affronter Monsanto et toutes les forces mortifères qui veulent en finir avec la souveraineté de ce petit pays qui a conquis son indépendance avec le sang de ses enfants et de ses filles dès 1804”.

Comme premier pas dans cet affrontement, le MPP a demanThalles GOMESdé aux paysans d’enterrer et de brûler toutes les semences de maïs provenant du Ministère de l’Agriculture. De plus, la Via Campesina d’Haïti organise une grande marche les 4 et 5 juin prochains, à l’occasion du Jour International de l’Environnement. La marche partira de la région de Papay à destination de la ville de Hinche, capitale du département Central. (Traduction ALAI)

Thalles Gomes, journaliste brésilien, brigade de solidarité de Via Campesina Brésil à Port-au-Prince - Haïti.

samedi 12 juin 2010

Ombres et lumières du football, par Eduardo Galeano


Et bientôt, le Mexique...



Matche nul entre la France et l'Uruguay.
Pour se rattraper un peu, je te propose, mon canaillou, de te procurer illico presto LE FOOTBALL, OMBRE ET LUMIERE, d'Eduardo Galeano l'Uruguayen.

A lire, en guise de mise en bouche, cette analyse de ce bijou non conformiste sur cette passion universelle.

Cet auteur, parce qu’il est engagé dans son siècle, ne pouvait éviter d’aborder le phénomène social que représente le football sur son continent et dans le monde, ce qu’il fit en 1995 avec Le football, ombre et lumière. Mais rassurez-vous : il ne s’agit pas de l’essai austère d’un « intellectuel » se penchant sur ce sport, mais d’un vaste tableau constitué de courts textes d’une à deux pages, comme autant de touches contrastées: de petits récits, des portraits, des anecdotes parlantes, des réflexions sur ses diverses facettes, qui témoignent de son amour, de sa profonde compréhension pour l’apport lumineux du football, qui n’empêche pas la lucidité sur ses aspects sombres, comme l’indique le titre. Et il vise juste dans les deux cas.

QUE VEULENT - ILS FAIRE DU FOOTBALL ?

De manière récurrente et toujours concrète, sans asséner de leçon, E. Galeano déplore la transformation d’un jeu qui participe de l’esprit d’enfance en machine rentable de spectacle (de moins en moins spectaculaire d’ailleurs !). Citant le Brésilien Joao Havelange, nouvellement intronisé président de la Fifa en juin 1974, qui affirme crûment : « Je suis là pour vendre un produit appelé football », il évoque le « sponsoring » et le « marketing » dans le football : « Les entreprises ont compris que le football est un langage universel qui peut contribuer à l’expression de leurs affaires dans le monde entier ». En rapport avec la « télécratie » : «par des moyens directs ou indirects, la télévision décide où, quand, et comment on jouera ».

Il rappelle à ce sujet la réflexion du même Havelange aux joueurs (Maradona, Jorge Valdano …) qui se plaignaient de devoir jouer par 40°C en plein midi au Mondial mexicain de 1986, pour que soit assurée la retransmission des matches en Europe aux heures de grande écoute : « Qu’ils jouent et qu’ils se taisent ! ». Il en profite pour pointer l’opacité des comptes financiers des institutions internationales ou des clubs dans la plupart des pays, à l’image des mouvements financiers internationaux vers les paradis fiscaux et autres pays à secrets bancaires en ces temps de « mondialisation ». Pour lui, si les joueurs professionnels gagnent aujourd’hui des sommes exorbitantes, ils en font gagner bien plus par leur activité à bien d’autres, sans qu’on sache alors les sommes.
Il dénonce le travestissement des joueurs en « publicité ambulante » : « aujourd’hui, chaque joueur est une publicité qui joue ». Il aurait pu aussi évoquer les stades transformés en vastes panneaux publicitaires.

mardi 8 juin 2010

Fin de la logique du beurre, de l'argent du beurre et les nichons de la crémière en Equateur: désormais, raquez!


Équateur - Source : Maxisciences

Afin de préserver la forêt amazonienne et la biodiversité qu'elle abrite, l'Équateur a choisi de renoncer à l'exploitation d'un gisement de pétrole. Un sacrifice que le pays souhaite voir financé par la communauté internationale.

C'est à quelque 850 millions de barils reposant dans le sous-sol du parc Yasuni que l'Équateur a choisi de renoncer. Cette réserve s’étend sur 950.000 hectares de forêt amazonienne, et abrite une biodiversité extraordinaire. Dans ce parc vivent 2.244 espèces d’arbres, 567 espèces d’oiseaux, 105 espèces d’amphibiens, 83 espèces de reptiles, 382 espèces de poissons, plus de 100.000 espèces d’insectes, mais aussi trois peuples indigènes qui seraient chassés de leur territoire si les gisements de pétrole venaient à être exploités.

Sous ce trésor naturel reposent 20% des réserves certifiées de pétrole du pays, et leur exploitation a été évaluée à 350 millions de dollars par an, pendant 10 ans. Le président Rafael Correa propose donc aux pays industrialisés de financer la non-exploitation de ce pétrole au nom d’une dette écologique du Nord envers le Sud. Les fonds reçus seraient alors placés sur un compte bloqué dont les intérêts seraient utilisés pour financer des projets écologiques, et notamment la reforestation, mais aussi la conservation de zones protégées ou encore le développement des énergies renouvelables.

"Ce ne sont pas des aides ou des subventions que l’on demande aux pays riches. On fait appel à la responsabilité partagée. Les pays développés doivent leur expansion en partie à la destruction des ressources naturelles. Aujourd’hui, nous les invitons à participer à la préservation de la planète", a souligné Tarcisio Granizo, sous-secrétaire d’État au ministère du Patrimoine équatorien.
Le projet équatorien, en plus de protéger une zone classée par l’Unesco comme la plus grande réserve mondiale de la biosphère, permettra d'éviter l'émission de centaines de millions de tonnes de CO2.

A Copenhague, en décembre dernier, le Pnud (Programme des Nations unies pour le développement) et les représentants du projet Yasuni ont signé un accord cadre pour la création du fonds de compensation. Mais si l’Allemagne, la Belgique et l’Espagne ont assuré leur soutien à l'initiative, peu de pays ont annoncé leur participation au projet. Plusieurs États comme la Norvège, la Suisse ou la France se sont pour l'instant contentés de se déclarer "intéressés".

mercredi 2 juin 2010

Charité





Je m'empâte un peu ces temps ci. Phase de transit propice aux embonpoints et aux lectures diverses et corsées.

C'est ainsi qu'avachi, dans mon lit, je lis, ceci, ici retranscrit à peu près, grosso merdo et dabs l'idée. ce sont les procès verbaux du Comité pour l’extinction de la mendicité de l’Assemblée constituante, en pleine Révolution Française...

On a toujours pensé faire la charité aux pauvres et jamais à faire valoir les droits de l'homme pauvre sur la société.
La bienfaisance publique n'est pas une vertu compatissante, elle est un devoir, elle est la justice.

Patxi, Cheap Murat du pauvre 2.0, rajouterait que:
Là ou existe une classe d'homme sans subsistance, là existe une violation des droits de l'humanité.
Là ou l'on brise, ou l'on dénie, ou l'on humilie, on récoltera bientôt le désarroi, la rancoeur, la Haine.

Et c'est pour ça que j'irai là bas.
Et c'est pour ça qu'à mon retour, un jour, je me lancerai en...politique, quien sabe. Ou pas.
Et c'est pour ça que je fûs/je vais/j'irai là bas.