Un son pour MAYAParis, Mardi 3 juillet 2007, 6h du matin. Ya’sta, Tony est papa. Joder, Tony est papa !
Maïa qu’elle s’appelle, sa fille.
Tony venait de le terminer, son film de putamadre. Les Secrets que ça s’appelle.
Il est entièrement dédié à cette magnifique petite créature de quelques 2 kilos 5, bretonno-zapotèque qui vient de nous rejoindre en ce bas monde, qui contient tous les mondes.
Petite goutte de mer que ça veut dire, Maïa. C’est lui qui nous le dit, dans son film.
Maman L., actrice flamboyante et accomplie, sa compagne en sérénité, a « fait le travail » en douceur, sans artifice, sans chimie. Juste, avec son homme. Main dans la main.
Maïa, bienvenue à toi.
Tony c’est lui, là. Encore un de ces putains de bretons qui s’extasient devant les masses d’eaux en mouvement. Faut dire, c’est la mer et son infinitude, aussi, qui l’a tiré des étangs marâtres qui comptaient bien l’aspirer en bas, tout en bas.
Tony el papacito, ce résilient batailleur, nous vient de Bretagne ; la profonde et rugueuse, des terres intérieures, pas la Bretagne des coquets cottages à cartes postales.
Le Lac d’Atitlan, Guatémala était à l’évidence une putain de merveille. Une mer de substitution.
On était sans doute pas là complètement pour rien.
En même temps, ça faisait bien un mois qu’on avait pris la route, avec pour seul bagage quelques bouts de principes élimés :
- On bouge d’endroit tous les jours ou presque. Ou pas.
- On n’écoute pas les conseils avisés des hordes de routards. Ou peut-être.
- On évite Cancun à tout prix.
On n’était pas là pour rien. Pas là pour rien. C’est l’an 2000 qui commence à poindre, une sorte d’an 0. On était en cheminement, dirait le shaman Tortuga, ou en processus, dirait Ali le Chimique.
Un jour on serait des hommes, des amants, compagnons ou maris, des papas. Un jour. Et pour en être, un jour, il va bien falloir partir, avant. Et se trouver. Et se perdre.
On a pris la route, tous les deux.
On en a eu de ces moments de suspension, d’éberluement, de vérité brute, comme celui là, Papacito.
Tony le breton tropical s’enthousiasme ici face a ces eaux tumultueuses qui lui serviront de miroir, et lui donneront un jeu de clés. Un rite de passage accompli. Il s’en inventera d’autres, loin de sa tribu, régulièrement. C’est le propre du Démiurge de savoir quand et comment il sera temps d’accoucher à soi même.
Tony le breton tropical a été un passeur pour Patxi comme Patxi le nain a été un passeur pour Tony. Le Styx est passé, traversé. L’Atitlan aussi.
Tonio ne le sait pas, mais sa vie a pris un sacré tournant ce jour ci.
Et les suivants. Tous les suivants.
Il est déjà, « un peu », la personne et le Papa merveilleux qu’il sera.
Au Guatemala, on a joué au milieu des champs de maïs avec des campesinos édentés, au Guatemala, on a joué au football dans une de ces petites trouées de jungle du Peten, dans le nord, ou les gamins en haillons, surexcités, nous ont guidé et montré, en guise de cérémonie de podium, des pyramides Mayas époustouflantes, non répertoriées, cachées par des strates de végétations depuis des centaines d’années, au Guatémala on a joué au Jungle Speed avec les ouvriers du bled, en fumant des cigaros PAYASOS.
Bref au Guaté, ces jours-ci, on a joué à la vie, on est devenus capables de tenir tout ensemble et de porter loin le ciel, sa voûte, ses nuages menaçants et ses rêves les plus fous.
Au Guaté comme ailleurs, on est devenus, chaque jour, sur la route, chaque jour, des hommes, un peu plus.
Ta fille, ta femme, peuvent être fières de l’irrésistible ascension de Tony el Papacito, leur breton Tropical.