mardi 29 juillet 2008

Fiat lux: Réalisme magique au pays de Garcia Marquez

Une histoire toute jolie, toute pourrie, comme seule la Colombie peut nous en produire...
Elle est toute fraiche et nous vient de la region du Cauca.

Les FARC "luttent"? Fiat lux.
tous des putes? Que la lumiere soit.

Une entreprise d'électricité "contratista" de l'Etat Colombien (une entreprise assumant une délégation de service public, on appelle ca en francais de France),
s'est organisee pour payer la guerrilla des FARC (6 millons de pesos par mois, une belle mutualisation des efforts pour payer les méchants barbus) et lui demander un petit service: dynamiter régulierement les installations et tours electriques que l'entreprise se proposait de réparer par la suite, fort opportunémment...
Un contrat rubis sur ongle evidemment: 150 millions la réparation de la tour abattue...
Un buen negocio en somme, a se partager tranquilou.
Voila la note:

El Tiempo
Julio 29 de 2008 - 12:00 m.
Detienen a contratistas que pagaban a la guerrilla para volar torres que ellos mismos reparaban

Las detenciones estuvieron a cargo de agentes del Departamento Administrativo de Seguridad, DAS, en Popayán.

Según las primeras informaciones, los detenidos le pagaban seis millones de pesos mensuales a la guerrilla para que cometiera los atentados.

La operación se llamó 'Voltaje' y en ella intervinieron además, el Ejército y la Policía.

Según la investigación, la firma Electroservicios S.A., con sede en Chinchiná (Caldas) se unió con frentes de las Farc en Cauca para atacar el sistema de Interconexión eléctrica.

Por cada torre derribada, el Estado pagaba hasta 150 millones de pesos en reparaciones.

La Fiscalía dictó 11 órdenes de captura contra miembros de las Farc y empleados de Electroservicios por los delitos de concierto para delinquir; daños en obras o elementos de los servicios de comunicaciones, energía y combustibles; fabricación, tráfico y porte de armas y municiones de uso privativo de las Fuerzas Militares y explosivos.

Ya hubo siete capturas, entre ellas las de José Fernando Hincapié Ramírez y Mauricio Andrés Hincapié Arango, socios de Electroservicios S.A. Alain Restrepo Pérez, supuesto enlace con las Farc, fue capturado en Medellín.

Imaginer une identité: l'Amérique latine, c'est quoi?







NICARAGUITA, très jolie petite chanson du "patrimonio gauchiste" d'Amérique centrale

Imaginer une identité.

Deux livres de pâtes de Métis
Une demi-livre de filet d'espagnol
Cuit et haché menu
Une petite boîte de raisin secs dévote
Deux cuillerées de lait Malinche
Faire revenir des casques de Conquérants
Trois oignons de jésuites
Un petit sachet d'or multinational
Deux gousses de dragon
Une carotte présidentielle
Deux cuillerées de commères
De la graisse d'Indiens de Panchimalco
Deux tomates ministérielles
Une demie tasse de sucre lunette de fusil
Deux gouttes de lave de volcan
Sept feuilles de zizi (ne penses pas mal, c'est un somnifère)
Mettre le tout à cuire à feu doux
pendant cinq cent ans
Et tu verras le résultat.


Claribel Alegria (Nicaragua, 1924)

vendredi 25 juillet 2008

Quand c'est trop c'est Tropico

Il fait two chaud pouw twavailler.
Il faut two chaud, satane mois de juillet.

Quand c'est trop, c'est Tropico.
J'ai la flemme coco, entre deux ploufs dans l'eau...

Alors, je recycle du vieux message,
Au gout de Pulco Citron,
Le mois de juillet, les gens de passage,
Ont eu droit a cette decoction...

Yo.

Au dessus, la, il y a une rubrique finement intitule "Patxi se detxire" (car vois-tu, le T + X se prononce CH, comme TXE GUEVARA). Mais selon de proches informateurs, tu n'y vas jamais. Donc, je recycle en te le mettant sous le nez.


Je voudrais pas crever.

Ils étaient trois français, limite prolos, tout comme nous.
Débraillés, suants et rigolards. Des petits cons. Tout comme nous.
La trentaine bien sonné.
Nous en avions vingt.

L'un d'entre eux était cuistot. Un regard d'aigle, mais usé. A la fois hardi, impavide et inquiet. Ce gars dégageait une énergie étrangement fascinante, imputable à la poésie du personnage tout autant qu'aux grammes de farine de riz dont il devait se saupoudrer vaillamment le nez...

Je n'ai pas eu besoin de lui demander directement, rituel d'usage entre voyageurs de rencontre éphémère, ni de façon détournée, sa raison d'être en cet endroit du Mexique.

Il prêtait ses bras, une bonne partie de l'année, pour un de ces restaurants sans âme situés sur les aires d'Autoroutes du Sud de la France. L'Arche, même, que ça s'appelle.
De ces chaînes de bouffe aseptisée qui recoivent des milliers de vacanciers en partance pour le soleil.

Les ambiances de pause-pipi, de familles nombreuses descendant au Bled (qu'il soit toulonnais, portuguais ou marocain, de bled), de brumisateurs tout neufs, de gamins braillards car fatigués et de parkings aux odeurs d'éther. Bref les pause-repas, à l'Arche. "Tout un poème", me dit-il.
Et d'ajouter, lucide, mais pas totalement désabusé: "Et bien en cuisine, derrière, les clubs sandwich et tout ça, c'est moi."

Le reste de l'année, sur ses congés payés, il vient vadrouiller en Amérique latine. Et se retrouver.
Il tient à ma préciser et me prouver sa frugalité: il ne voyage qu'avec un pantalon, deux tee-shirts. Et un livre. Point barre. Des grands sacs de toile, complètement vides. Pour ramener des bouts de souvenirs, des bouts de terre, d'encens, de plantes, de tissus, d'artisanat. Des masques, aussi. Des cadeaux aux siens. Il aime bien les masques en bois de Chichicastenango, Guatémala. Mais préfère l'encens que l'on trouve au Chiapas.

Et c'est tout naturellement qu'il nous sort son livre. Il voyage toujours avec lui, depuis son premier voyage. La collection complète de Boris Vian. Version NRF. Abimée en ses coins et sur sa couverture par la route et par ce sac, démesurément, trop, grand.

Il y en a un qui va vous plaire.
Et de nous lire, avec juste l'intonation qu'il faut, en ce moment précis, "Je voudrais pas crever".

Une sorte de Pythie passablement cocaïnée, sans dessus-dessous, mais une Pythie tout de même.
*******

C'est Hermann Hesse, à travers son personnage de Knulp, qui nous rappelle qu'il faut des ecervelés, des Pythies cocainées (rajout de l'auteur) ou des vagabonds un peu poètes de cette espèce pour pouvoir porter, partout ou ils vont, un peu de la folie et du rire d’un gosse. Pour que partout les hommes les aiment, un peu, se moquent d'eux, aussi, et leur soient, surtout, reconnaissants.

C'est ce gars là, ce jour là, qui me fit découvrir ce poème; comprendre qu'on ne peut certes pas trop en demander au livre ; que c’est à chacun de nous de se faire une idée de la vérité et de l’ordre du monde ; que cela, on ne peut pas l’apprendre dans un livre ni même dans un poème. Mais qu'il peut, ce livre ou ce poème, nous porter quelque part. Vers quelque vérité.

Qu'il faut aller la chercher, cette idée.

Seuls le voyage, la quête, comptent alors.
Dans les effluves des marchés indiens du Guatémala, comme dans les arrière salles des cantines de l'Arche.

Boris Vian
Je voudrais pas crever

Je voudrais pas crever
Avant d'avoir connu
Les chiens noirs du Mexique
Qui dorment sans rêver

Les singes à cul nu
Dévoreurs de tropiques
Les araignées d'argent
Au nid truffé de bulles

Je voudrais pas crever
Sans savoir si la lune
Sous son faux air de thune
A un coté pointu
Si le soleil est froid
Si les quatre saisons
Ne sont vraiment que quatre

Sans avoir essayé
De porter une robe
Sur les grands boulevards
Sans avoir regardé
Dans un regard d'égout
Sans avoir mis mon zobe
Dans des coinstots bizarres

Je voudrais pas finir
Sans connaître la lèpre
Ou les sept maladies
Qu'on attrape là-bas
Le bon ni le mauvais
Ne me feraient de peine
Si si si je savais
Que j'en aurai l'étrenne

Et il y a z aussi
Tout ce que je connais
Tout ce que j'apprécie
Que je sais qui me plaît
Le fond vert de la mer
Où valsent les brins d'algues
Sur le sable ondulé
L'herbe grillée de juin
La terre qui craquelle
L'odeur des conifères

Et les baisers de celle
Que ceci que cela
La belle que voilà
Mon Ourson, l'Ursula

Je voudrais pas crever
Avant d'avoir usé
Sa bouche avec ma bouche
Son corps avec mes mains
Le reste avec mes yeux

J'en dis pas plus faut bien
Rester révérencieux

Je voudrais pas mourir
Sans qu'on ait inventé
Les roses éternelles
La journée de deux heures
La mer à la montagne
La montagne à la mer
La fin de la douleur
Les journaux en couleur
Tous les enfants contents

Et tant de trucs encore
Qui dorment dans les crânes
Des géniaux ingénieurs
Des jardiniers joviaux
Des soucieux socialistes
Des urbains urbanistes
Et des pensifs penseurs

Tant de choses à voir
A voir et à z-entendre
Tant de temps à attendre
A chercher dans le noir

Et moi je vois la fin
Qui grouille et qui s'amène
Avec sa gueule moche
Et qui m'ouvre ses bras
De grenouille bancroche

Je voudrais pas crever
Non monsieur non madame
Avant d'avoir tâté
Le gout qui me tourmente
Le gout qu'est le plus fort
Je voudrais pas crever
Avant d'avoir gouté
La saveur de la mort...

jeudi 24 juillet 2008

Vamos a la playa, oh, oho oho!





Quelle belle journée de plage...C'est l'été. Il fait beau. Pourquoi se priver?



Quoi? C'est LA MUSIQUE qui vous choque?

A lire sur Le Monde:

Les photos sont choquantes. Sur la plage, la vie continue comme si de rien n'était alors que deux corps gisent sur le sable. Ils ont été recouverts d'une serviette de bain. Près de Naples, samedi 19 juillet, deux fillettes roms viennent de se noyer. Elles s'appellent Violetta et Cristina, respectivement âgées de douze et onze ans. Elles étaient venues du campement voisin vendre leur pacotille sur la plage, comme chaque jour. L'indifférence saute aux yeux.


L'indifférence, l'insoutenable légèreté à côté de la mort, la mort sous le soleil des vacances. “Les corps sans vie reposaient sur le sable et, à quelques mètres de là, les vacanciers continuaient à pique-niquer et à prendre le soleil”, rapporte dans le quotidien italien l'un des secouristes. “Nous avons récupéré les corps dans l'indifférence générale. “The Independent, qui fait sa une aujourd'hui sur cette tragédie, l'analyse comme la preuve de la montée de la xénophobie des Italiens envers les Roms, dopé par la campagne lancée par le gouvernement Berlusconi contre la communauté. Le gouvernement italien a récemment décidé de recenser et de relever les empreintes de tous les Roms, âgés de plus de 14 ans. Et c'est justement dans le camp de Secondiglano, là où vivaient les deux fillettes, qu'a commencé ce recensement très contesté de la communauté la plus importante en Italie.


Néanmoins, pour les quotidiens italiens, comme pour le Cardinal Sepe, qui s'exprime aussi dans The Independent, ce qui s'est passé samedi à Torregaveta, ne relève pas du racisme : c'est surtout une preuve de la montée de l'indifférence, et de l'individualisme, une insupportable manifestation d'inhumanité.


Maintenant tu vas aller lire ce dossier, et notamment voir la photo de la page 3.
Encore une plage en Italie.
Ca pourrait être ailleurs.
Mais c'est, une fois de plus, en Italie.




En Amérique latine, dans les Caraïbes, des êtres humains, chaque jour, prennent le risque de s'entasser sur un radeau, un petit voilier surchargé, pour atteindre clandestinement les côtes de l'Eldorado. Des cadavres d'Haitiens, de cubains, mais aussi d'africains (Sénégalais et Gambiens notamment), plus rarement, sont régulièrement retrouvés sur les plages de pays des Caraïbes. Dans l'indifférence générale.

Des bateaux, à la dérive, qui n'intéressent que les radars des garde côtes occidentaux.

L'Italie, qui soutient dans son immense majorité la traque aux Rom, qui a élu de nouveau son Grandissimo Caïman, à la dérive...

Quelle belle journée de plage...C'est l'été. Il fait beau. Pourquoi se priver?

Barack Obama et les noirs Latino-Américains


Barack à Berlin, c'était bien...

Le racisme dont souffrent les 150 millions de noirs en Amérique Latine et dans les Caraïbes persiste malgré une batterie de traités internationaux, de proclamation et de dénonciations.
À présent vient s’ajouter un élément clé symbolique qui pourrait faire la différence: la candidature du démocrate Barack Obama à la présidence des États-Unis.

S'il remportait les élections de novembre, comme le prédisent certains sondages, Obama passerait à l'histoire comme le symbole de l'ascension politique des noirs dans le monde. Quelque chose de semblable s'est déjà produit en Amérique Latine avec une autre minorité, celle des indigènes, qui occupent actuellement une présidence et d'autres positions de pouvoir, des situations impensables il y a quelques décennies.

Même si aucune enquête n’indique quelle est l'opinion et les attentes des noirs de cette région par rapport à Obama, certaines autorités locales afrodescendantes ont déclaré à titre individuel que sa victoire serait un signal encourageant pour ses frères de race.
Le démocrate Obama a évité des discours radicaux contre le racisme dont souffrent des millions (de noirs), car cela ne semble pas être utile pour obtenir des votes. Cependant, l’évidence de la persistance de la discrimination dans son pays est accablante.

Le taux de pauvreté des Noirs aux États-Unis où ils représentent 12,3% de la population est trois fois plus élevé que celui des blancs, et le taux de chômage est le double. Les études indiquent qu’il y a dans ce pays deux fois plus de probabilités de mourir d’accident, d’homicide ou de maladie pour les afrodescendants que pour les blancs.

Dans les pays d’Amérique Latine et de la Caraïbe où les Noirs représentent 30% des habitants, la situation est encore pire. Aux très rares postes de responsabilité politique et dans les entreprises qu’ils occupent s’ajoutent des chiffres de marginalisation qui sont indiscutables.
On estime que 90% d’entre eux sont pauvres, ont un accès aux emplois moins rémunérés et présentent les niveaux d’éducation très faibles.

La population afro latine et afro caribéenne a une “forte densité, mais peu de résonnance”, en plus d’être grandement discriminée, indique une enquête de la Commission Économique pour l’Amérique Latine et la Caraïbe
(Comisión Económica para América Latina y el Caribe).

La plus grande partie des Noirs latino-américains se concentre au Brésil et au Venezuela.

Dans le premier pays, la population blanche est 2,5 fois plus riche que la noire, en Colombie 80% des afrodescendants vivent dans la pauvreté extrême et à Cuba, ils vivent dans les pires habitations et occupent les emplois les moins rémunérés.

Dans l’île caribéenne où la justice et l’égalité ont pendant des décennies constitué le fondement du discours officiel, le racisme reste présent et s’est même intensifié au cours de la dernière décennie, reconnait une étude de l’Académie des Sciences de ce pays.

À la différence des indigènes qui au cours des dernières années ont conquis des espaces politiques importants, les noirs, qui les dépassent largement en nombre ont peu de pouvoir, des organisations atomisées et leur situation reçoit moins d’attention. S’il existe effectivement des traités, des engagements et des programmes sociaux visant à faire disparaitre leur exclusion, beaucoup d’entre eux restent théoriques.

Durant la domination coloniale européenne en Amérique Latine et dans les caraïbes, les noirs occupèrent le niveau le plus bas de la pyramide sociale. Cette hiérarchisation, qui plaçait les blancs au sommet reste présente dans une plus ou moindre mesure, en plus des préjugés sur leur infériorité raciale présumée.

Mais la présence politique d'Obama, qui est le fils d'un père Kenyan et d’une mère blanche de l'État du Kansas pourrait être un stimulant pour certains changements en dehors des États-unis. Et ce, malgré les réticences que le candidat a provoqué au sein de la communauté noire de son pays.

Parmi les activistes américains, on se demande si Obama est “suffisamment noir”ou non. Certains radicaux questionnent son ascendance maternelle et son discours tolérant et inclusif sur les thématiques raciales.

Pour ne pas éloigner les votants, le candidat s'est démarqué de son pasteur et leader spirituel, Jeremiah Wright, selon lequel les États-unis sont dirigés par des principes racistes.

Obama a le charisme et tient un discours de rénovation générale et générationnel qui dépasse le fait de sa négritude. Mais malgré cela, son accession potentielle à la Présidence représentera un des coups symboliques les plus durs contre le racisme dont souffrent des milliers de noirs dans le monde et en Amérique Latine.

El Excelsior, Mexico.
Texte traduit de l'Espagnol par Guy Everard Mbarga

lundi 21 juillet 2008

La Patria amada, aunque distante, de Gabriel García Márquez

Hier, en Colombie, la "patria amada" etait, sans doute, un peu moins distante...

Ce texte magnifique date de mai 2003.
Oui, mai 2003.

Car il nous faut retrouver le temps long, le fil de l'Histoire, derriere les feux de la rampe;
Remonter le courant, en saumons curieux, pour essayer de comprendre vraiment ce qui se trame, un peu, juste au dessous de l'ecume et du courant;
Apprecier a nouveau les tendances lourdes;
Sortir de la sequence evenementielle, floue, a-chronologique, desincarnee, anecdotiaue, qu'ils essayent de nous vendre;
Car il nous faut etre attentif au sens de la marche des peuples plutot qu'aux derisoires petites detresses a la con de moultes people qui chaque jour se vendent, las, chaque jour un peu plus indecents, chaque jour qui se donnent, en pature putassiere...
Car il nous faudra reapprendre a nous detacher, peu a peu, des appetits voraces de la Societe du Spectacle et de ses mille faucons.

Une fois de plus, je t'invite a ne pas "bronzer idiot" et a commencer a apprendre l'espagnol cet ete (avec la Methode assimil ou Conchita la voisine, je m'en tamponne, mais tu t'y mets maintenant!).

La patria amada aunque distante
Gabriel García Márquez

Este texto fue difundido el domingo 18 de mayo de 2003, a las 6:00 de la tarde, en el Teatro Camilo Torres, de Medellín (Colombia),
durante la inauguración del Simposio Internacional:"Hacia un nuevo contrato social en ciencia y tecnología para un desarrollo equitativo", organizado por la Universidad de Antioquia con motivo de sus 200 años.



Todas las borrascas que nos suceden, son señales de que presto ha de serenar el tiempo y han de sucedernos bien las cosas, ya que no es posible que el mal ni el bien sean durables, y de aquí se sigue que habiendo durado mucho el mal, el bien está ya cerca.

Esta bella sentencia de don Miguel de Cervantes Saavedra no se refiere a la Colombia de hoy sino a su propio tiempo, por supuesto. Pero nunca hubiéramos soñado que nos viniera como anillo al dedo para intentar estos lamentos. Pues una síntesis espectral de lo que es la Colombia de hoy, no permite creer que don Miguel hubiera dicho lo que dijo, y con tanta belleza, si fuera un compatriota de nuestros días. Dos ejemplos hubieran bastado para desbaratar sus ilusiones. El año pasado, cerca de cuatrocientos mil colombianos tuvieron que huir de sus casas y parcelas por culpa de la violencia, como ya lo habían hecho casi tres millones por la misma razón desde hace medio siglo. Estos desplazados fueron el embrión de otro país al garete --casi tan populoso como Bogotá y quizá más grande que Medellín--, que deambula sin rumbo dentro de su propio ámbito en busca de un lugar dónde sobrevivir, sin más riqueza material que la ropa que llevan puesta.

La paradoja es que esos fugitivos de sí mismos siguen siendo víctimas de una violencia sustentada por dos de los negocios más rentables de este mundo sin corazón: el narcotráfico y la venta ilegal de armas. Son síntomas primarios del mar de fondo que asfixia a Colombia. Dos países en uno, no sólo diferentes sino contrarios, en un mercado negro colosal que sustenta el comercio de las drogas para soñar en los Estados Unidos y Europa, y a fin de cuentas en el mundo entero, pues no es posible imaginar el fin de la violencia en Colombia sin la eliminación del narcotráfico, y no es imaginable el fin del narcotráfico sin la legalización de la droga, más próspera cada instante cuanto más prohibida.

Cuatro décadas, con toda clase de turbaciones del orden público, han absorbido a más de una generación de marginados sin un modo de vivir distinto de la subversión o la delincuencia común. El escritor Moreno Durán lo dijo de un modo más certero: sin la muerte, Colombia no daría señales de vida. Nacemos sospechosos y morimos culpables. Las conversaciones de paz, con excepciones mínimas pero memorables, han terminado desde hace años en conversaciones de sangre. Para cualquier asunto internacional, desde un inocente viaje de turismo hasta el acto simple de comprar o vender, los colombianos tenemos que empezar por demostrar nuestra inocencia. De todos modos, el ambiente político y social no fue nunca el mejor para la patria de paz con que soñaron nuestro abuelos. Sucumbió temprano en un régimen de desigualdades, en una educación confesional, un feudalismo rupestre y un centralismo arraigado en una capital entre nubes, remota y ensimismada, con dos partidos eternos, a la vez enemigos y cómplices, y elecciones sangrientas y manipuladas, y toda una zaga de gobiernos sin pueblo. Tanta ambición sólo podía sustentarse con veintinueve guerras civiles y tres golpes de cuartel entre los dos partidos, en un caldo social que parecía previsto por el diablo para las desgracias de hoy, en una patria oprimida que en medio de tantos infortunios ha aprendido a ser feliz sin la felicidad y aún en contra de ella.

Hoy hemos llegado a un punto en que apenas se nos permite sobrevivir, pero todavía quedan almas pueriles que miran hacia los Estados Unidos como un norte de salvación, con la certidumbre de que en nuestro país se han agotado hasta los suspiros para morir en paz. Sin embargo, lo que encuentran allá, es un imperio ciego que ya no considera a Colombia como un buen vecino, ni siquiera como un cómplice barato y confiable, sino como un espacio más para su voracidad imperial.

Dos dones naturales nos han ayudado a sortear los vacíos de nuestra condición cultural, a buscar a tientas una identidad y a encontrar la verdad en las brumas de la incertidumbre. Uno es el don de la creatividad. El otro es una arrasadora determinación de ascenso personal. Ambas virtudes alimentaron desde nuestros orígenes la astucia providencial de los nativos contra los españoles desde el día mismo del desembarco. A los conquistadores, alucinados por las novelas de caballería, los engatusaron con ilusiones de ciudades fantásticas construidas en oro puro, o la leyenda de un rey revestido de oro en lagunas de esmeraldas. Obras maestras de una imaginación creadora magnificada con recursos mágicos para sobrevivir al invasor.

Unos cinco millones de colombianos que hoy viven en el exterior, huyendo de las desgracias nativas sin más armas o escudos que su temeridad o su ingenio, han demostrado que aquellas malicias prehistóricas siguen vivas dentro de nosotros por las buenas o las malas razones para sobrevivir. La virtud que nos salva es que no nos dejamos morir de hambre por obra y gracia de la imaginación, porque hemos sabido ser faquires en la India, maestros de inglés en Nueva York y camelleros en el Sahara.

Como he tratado de demostrar en algunos de mis libros si no en todos, confío más en estos disparates de la realidad que en los sueños teóricos que la mayoría de las veces sólo sirven para amordazar la mala conciencia. Por eso, creo que todavía nos queda un país de fondo por descubrir en medio del desastre, una Colombia secreta que ya no cabe en los moldes que nos habíamos forjado con nuestros desatinos históricos. No es, pues, sorprendente, que empezáramos a vislumbrar una apoteosis de la creatividad artística de los colombianos y a darnos cuenta de la buena salud del país con una conciencia definitiva de quiénes somos y para qué servimos.

Creo que Colombia está aprendiendo a sobrevivir con una fe indestructible, cuyo mérito mayor es el de ser más fructífera cuanto más adversa. Se descentralizó a la fuerza por la violencia histórica, pero aún puede reintegrarse a su propia grandeza por obra y gracia de sus desgracias.

Vivir a fondo ese milagro nos permitirá saber a ciencia cierta y para siempre en qué país hemos nacido y seguir sin morir entre dos realidades contrapuestas. Por eso no me sorprende que en estos tiempos de desastres históricos, prospere más la buena salud del país con una conciencia nueva. Se revalúa la sabiduría popular y no la esperamos sentados en la puerta de la casa, sino por la calle al medio, tal vez sin que el mismo país se dé cuenta de que vamos a sobreponernos a todo y a encontrar su salvación donde no estaba.

Ninguna ocasión me pareció tan propicia como ésta para salir de la eterna y nostálgica clandestinidad de mi estudio e hilvanar estas divagaciones, a propósito de los doscientos años de la Universidad de Antioquia que ahora celebramos como una fecha histórica de todos. Una ocasión propicia para empezar otra vez por el principio y amar como nunca el país que merecemos para que nos merezca. Pues, aunque sólo fuera por eso, me atrevería a creer que la ilusión de don Miguel de Cervantes está ahora en su estación propicia para vislumbrar los albores del tiempo serenado, que el mal que nos agobia ha de durar mucho menos que el bien y que sólo de nuestra creatividad inagotable depende distinguir ahora cuáles de los tantos y turbios caminos son los ciertos para vivirlos en la paz de los vivos y gozarlos con el derecho propio y por siempre jamás. Así sea.

dimanche 20 juillet 2008

Quand j'étais minot...






LUX B, des Massilia Sound system, s'en va.
Après Fred Chichin, des Rita Mitsouko, voilà un autre départ par-delà le Styx qui me chagrine assez.

LUX B aimait beaucoup les enfants.
LUX B aimait la Méditerranée et ses "flots bleus qui rendent joyeux".
LUX B aimait l'Amérique latine et ses minots.

Alors je n'ai rien trouvé de mieux que cette photo, en modeste présent, pour tous les fans de Massilia.

Ce visage rayonnant de ces fillettes de Colombie, malgré leur histoire compliquée, elle dont les parents ont survécu à un de ces massacres qui ne font pas la une des gazettes internationales, une de ces atrocités perpétrés par des paramilitaires, toujours actifs dans le pays malgré Global Propaganda INCORPORATION et ses relais médiatiques, idiots utiles, journalistes franchement pas curieux ou boites de presse "à la botte".

65% des 3 millions de déplacés internes de Colombie (enregistrés auprès des organismes compétents) sont, justement, des minots de moins 18 ans, à qui on a enlevé, de force et par le fer, leur maison, leurs rêves, leur avenir, leur finca, leur terre, leurs copains, leurs copines, leur école, leurs cachettes, leurs terrains de jeux, leurs repères, leurs réseaux de solidarités, parfois papa, parfois grand frère.
Leur droit à la santé, à l'éducation, à la citoyenneté, à l'épanouissement personnel, à la stabilité affective, A UN AVENIR, se sont, eux aussi, bien souvent évaporés.
Et j'en passe.

Demandez aux gens du CICR, demandez leur de vous parler des déplacés internes et de leur calvaire. Eux qui sont par ailleurs bien emmerdés par cette utilisation planifiée, en connaissance de cause (par l'armée colombienne et son allié bienveillant) de leur emblème. Les gens ne comprennent pas en général la gravité de ce type de précédent pour ce qui est des conditions de travail, de sécurité, de la possibilité ou pas de protéger des populations sur le terrain, dans des conditions de guerre que la plupart des gens en Europe ne peuvent imaginer.

Bref.

Massilia, l'autre Sud, est en deuil.
Puissent les artistes de demain, au Trocadéro comme à Bogota, se rappeler des 3000 secuestrados ET DE TOUTES LES AUTRES VICTIMES INVISIBLES DU CONFLIT ARME COLOMBIEN.

Invisibles, absolument invisibles, comme l'étaient ces 13 soldats et policiers colombiens, comme l'étaient la plupart des secuestrados de Colombie, il y a encore un peu plus d'un an.

Comme le chante les Fabulous Troubadours, eux aussi en deuil, la télévision ment, ment énormément.

Face à la désarmante mauvaise foi du petit écran (à gros conglomérat), il nous reste tant de choses: la musique, l'espoir, la dignité, l'honneur, le sourire d'un minot...Que sais-je encore...

samedi 19 juillet 2008

L'attentat de l'AMIA, 14 ans d'impunité en Argentine


La argentinidad al palo




Petit texte pondu chez DUL à l'occasion de ce funeste anniversaire, à partir d'une interprétation libre de cette photo.
Certains n'oublient pas.

Toujours rien à dire sur Ingrid Betancourt...


“Soy digna de ser amada. Soy digna y me quiero. Todo va a salir bien. Paz, y tranquilidad. Me lo merezco.
Soy digna de ser amada. Soy digna y me quiero. Todo va a salir bien. Paz, y tranquilidad. Me lo merezco.
silencio
Soy digna de……”.

Cette voix. Si douce. Si apaisante. Un réconfort, pour un moment.
En fonds sonore, c’est Mozart. Enfin je crois bien que c’est c’qu’il m’a dit, le Profesor Lobstein.

Soy digna. Je suis digne.

Heureusement qu’il est la, mon thérapeute. J’aime bien la dernière collection de cassettes qu’il m’ fait écouter. Elle me fait du bien, quand même. ‘Soy digna de ser amada’.
Bon, c’est un peu cucul, comme le dit Anita. Mais ça va tellement bien avec la musique, la…Je sais pas. C’est joli. Ca me calme.

« C’est pas pour nous », disait maman en parlant de la musique classique. Pauvre maman…

J’en ai parcouru, du chemin depuis 1994. Déjà, je prends le metro. Je sors. Alors qu’avant…

D’ici quelques mois, il me dit même, et ça va venir tout naturellement, que je n’aurai plus a me sentir obligée a me cacher sous ce chapeau ridicule…et je serai même capable de laisser pousser mes ongles…au moins quelques jours, en tout cas. Je reste sceptique.
Mais c’est vrai que j’ai avancé. Grâce à lui, c’est vrai ça.

Du chemin…depuis 1994. L’AMIA, la mutuelle juive…je vois encore les lettres dorées. Mais j’y pense moins désormais.
Dire que je passais tous les matins la, pour me rendre au magasin. J’avais fini par m’y habituer a ce gros bâtiment tout agité. Je ne savais même pas a quoi il servait en plus… La bombe nous a tous soufflé. 85 personnes pulvérisées. Plus de 300 blessés. Un carnage, esos hijueputa.

Et moi, la, Carmencita Bagnoli Hernandez, porteña de siempre, au milieu de tout ce fracas. Une blessure, profonde, au cou, une autre aux jambes. Et surtout, une angoisse, qui, depuis, ne me quitte que rarement.

J’ai bien aimé la session d’hier. Ou j’ai pu comprendre, avec ses mots savants la, mais en plus gentils, que ça fait longtemps qu’il y a de la violence chez nous, en Argentine mais que…comment qu’il a dit déjà ? Que y a pas de fatalité…juste de l’impunité, qui continue, qui continue…Ca, j’ai bien compris.
Quand même, je trouve qu’il exagère un peu quand il parle de génocide des indiens et tout. ‘Venimos de los barcos’, ça j’ai bien aimé. J’aime bien comprendre d’où on vient. Ca m’aide mucho, pour savoir ou je vais depuis 94. Espagne, Italie, Europe. On est les fils du siècle, nous, les argentins, qu’il a dit.
Descendants, fils et petits-fils des famines, des persécutions du fascisme italien, fils et petits-fils de la Guerre civile espagnole, fils et petits-fils de l’holocauste européen, fils et petits-fils de la marginalisation ville-campagne, de l’exode rural, fils et petits-fils de ce qu’on appelle notre ‘pauvreté structurelle’ latinoamericaine, fils et petits-fils de notre propre génocide. 30 000 morts, disparus, pfuitt. 1973-1983, la dictadura.

La cruauté, la violence, on l’a re-appris qu’il dit, le Lobstein. Il est gonflé cui-ci alors…Il m’a aussi parlé de l’antisémitisme latent, favorisé par les nombreux nazis venus se réfugier eux aussi dans le pays, avec des complicités du Vatican et de l’Eglise, et qu’on retrouve chez de nombreux commandements militaires et policiers du pays…
Il m’a aussi montré une vidéo incroyable, pour me faire comprendre ce qu’est un ‘prejuge racial’…meme caché qu’il dit…ou on voit ce journaliste très connu de la TV argentine la, qui sans s’en rendre compte, dit : ‘murieron judios e inocentes’. Ont été tués des juifs et des innocents ! Des 85 morts, 42 étaient juives, 43 non juives. Je fais partie des 43. Enfin surtout des 85. J’ai bien compris que j’étais juive ce jour la, et que nous étions tous innocents. même si je le suis pas. Juive, je lui ai dit. Il a ri Lobstein, de mes explications. Mais on s’est compris la.

Ca me fait du bien tout ça. D’en parler avec quelqu’un de si drôle, de si cultive.
Apres, l’histoire de l’implication de l’Iran, les policiers argentins complices, j’ai pas tout compris encore. Mais c’est pas grave.

Il est content de moi, j’ai l’impression. Et moi aussi. Je suis digne. Je sors, prends le metro. Un jour j’irai la bas. Un jour, pour me tester. Mais il me faudra du temps encore..

Mais qu’est ce qu’ il a ce pelotudo avec son appareil photo la ?
Sont de plus en plus voyeurs ces touristes…
Il doit en prendre, des photos de notre belle Buenos Aires.
S’il savait ce qui se cache derrière certains bâtiments de notre belle ville…toutes ces histoires…S’il savait…

vendredi 18 juillet 2008

Le contraire d'une fraternité




"La modernité est à la fois indulgente et rigoureuse:
elle tolère toute sorte d'idées, de tempéraments, de vices même,
mais elle exige-précisément- la tolérance.
C'est le contraire d'une fraternité."
OCTAVIO PAZ



jeudi 17 juillet 2008

Les chemins qu'on emprunte










Ma visite (guidée), mon Tour (Operator);
mon éco-trip, mon ptit musée à moi,
ce sont ces mille et un chemins,
ces mille et un sentiers,
les hommes qui les empruntent,
les places des villages,
les puits des comunidades,
un steak de lama,
et une soupe de chuno, attablé avec des inconnus.

Et c'est ainsi, à peu près inspiré par ces grands espaces,
infinis,
par ce retour aux multiples sources,
et puisque je l'âme infiniment,
c'est ainsi qu'à peine revenu,
à peine posé mon balluchon,
lui ai-je
demandé
sa main.
Les chemins qu'on emprunte...

lundi 7 juillet 2008

Retour

A ne pas manquer, demain sur TELEFOOT, Ingrid Betancourt revient, en compagnie de Jean-Michel Larque et de Raymond Domenech, sur la campagne catastrophique des bleus a l'euro.

A ne pas manquer, demain, mon grand retour sur les terrains de football d´El Alto, Bolivie.

Oui, je sais...Pas le temps.
A bientot.