
Comment reconnaître le Débarquement du Nouvel Arrivant?
Comment faire ses premiers pas dans le Nouveau Monde sans se "trouer" lamentablement?
Je te propose, mon lapin, les 30 conneries du
rookie , les 3O bourdes du néo-arrivant en Amérique latine.
Je t'invite d'ailleurs à rallonger la liste jusqu'aux étoiles.
Bon, ya pas à la ramener. Ce gars, ce Nouveau conquérant, on va l’appeler Jean-Louis mais il pourrait bien te ressembler sacrément…
Alors, comment à coup sûr te débusquer ?
Comment reconnaître ton, mon, notre Débarquement, bleusaille?
Indicateur numéro 1 : Tu crois, pour de vrai, que la grosse dame de l’épicerie du coin s’amourache de toi, juste parce qu’elle t’appelle, depuis votre première rencontre, « mi amor », « mi vida », ou "corrazon". Tout comme la secrétaire du bureau, l’employée de banque, la policière, la maitresse de ton fils etc. Bref tu t'y crois.
Numéro 2 : Quand tu veux te faire un Cuba Libre, comme dans les bars à tapas (que tu découvres), tu empoignes le presse citron en métal (que tu découvres aussi) et met le demi-citron vert complètement à l’envers.
NB : C’est ballot. Du coup, tu t’en mets partout et c’est plus que du mauvais coca au rhum. Mais au moins, pour rattraper le coup, il te reste quelques glaçons qui flottent dans la glacière du vieil expat qui, lui, est super-insupportablement organisé, le connard.
Numéro 3 : le café tinto t’est servi avec un pitillo, que tu prends pour une petite paille. Recherchant d’emblée la considération de l’autochtone, tu aspires donc, te pliant vaillamment à ce que tu prends pour une tradition, et te brûle, durablement, les lèves inférieures. Le pitillito qui ressemble à une paille, c’est pour touiller.
NB : Un vrai empoté. Du coup, ça le fait bien rire, l’autochtone. t pis ça te suivra pour un an ou deux ça. Au bas mot.
Numéro 4 : Tu confonds encore Sabana Grande avec la Gran Sabana, la Sierra Madre du Chihuahua avec toutes les autres madres, toutes les autres sierras, tous les clebs du continent, tu confonds la corrida comida avec la comida corrida, les argentins avec les uruguayens, Chavez avec la gauche. Bref, tout est encore très confus. Nubloso.
Numéro 5 : au marché, t’as toujours pas compris que les bananes plantain ne se mangent pas comme ça, au pied levé. Du coup, tu sais plus du tout quoi en foutre de tes 2 kilos 8 de bananes, tellement ty es pas doué pour la cuisine tropicale. Du coup, penaud, tu les donnes à un indigent qui passe et t'as flairé le coup et l'embarras. Et tu finis encore plus gêné.
Numéro 6 : Il va à la plage de Choroni en bus, le gars, alors il s’arrête à Choroni; alors il devra marcher longuement jusqu’à Puerto Colombia, le gars. Bah oui. Les lieux-dits sont jamais les bons par là bas.
Numéro 7 : Tu exiges de parler à un superviseur. Et tu y crois, tout bonnement.
Tu y crois encore, tiens…
8: Si dices Silencio en la Camioneta, no te calles.
9: En descendant du bus ou du métro, sur les chics Plaza Florida, Medellin, ou Place Altamira, Caracas, ou sur Condesa, Mexico DF, ou Place d’Espagne, La Paz, ou à Palermo, Buenos Aires, ou Palo Sur, Rio, mon gars, tu mets ton sac à dos DEVANT.
NB : Au cas où. On t’a tellement seriné que ces pays étaient « dangereux », partout et en tout lieu, que t’en perds ton discernement.
10 : Tu crois les journaux. Tu lis les titres, les chapeaux, les entêtes, les articles. Et tu lis ça comme si c’était le Fig ou Le Monde. D’ailleurs tu compares.
11 : Tu crois vraiment, à force de regarder O Globo-Brésil, Televisa-Mexique ou Globovision-Venezuela, qu’il est temps de brader tes biens, de solder tes comptes et de fuir pour Miami. Le communisme, les nouveaux impôts et les négros-habitants des barrios/favelas arrivent pour te saigner!
12 : Tu crois vraiment qu’elle a 19 ans. Sérieux. Pour de vrai.
13 : Tu fais encore la queue, au comptoir, en magasin. Sagement. Docile. T’es vraiment un gros con.
14 : Tu crois encore à la Révolution en Amérique latine,au Che du XXIème siècle et au folklore de la résistance armée. T’es vraiment à côté de la plaque.
15 : Tu crois que lever la main suffit pour avoir ton addition. T’es vraiment long à la détente.
16 : Tu cherches la sonnette dans le bus. T’es vraiment un sale bourgeois.
17 : T’as rendez-vous à 8 heures, tu vas à 8 heures.
18 : T’as rendez-vous à 8 heures, tu vas à 8 heures 30
19 : T’as rendez-vous à 8 heures, tu vas à 8h45. 9 heures irait très bien pourtant.
20 : Tu crois toujours, pour de vrai, qu’ahorita veut dire « tout de suite ».
21 : Tu crois toujours, pour de vrai, que « manana te lo doy » veut dire « demain jte le rends »
22 : tu crois toujours que la « ultima y nos vamos » signifie vraiment que c’est la dernière tournée
23 : Tu demandes pas le prix avant (Margaria, Ciudad el Carmen, Cartagena), t’es bon à plumer
24 : Tu demandes le prix avant (Chuquisaca, Pisac, Chihuahua, Salvador de bahia), t’es indécent
25 : Tu vas vraiment à droite puis à gauche puis près du point vente de bières, c’est là en face, comme te l’a dit le gentil passant. Et tu te perds. Et tu redemandes à un autre passant qui te dit le contraire. Tout aussi gentiment. Et tu te perds. Et tu…Tu pigeras donc jamais qu’il est impossible de perdre la face devant le gringo, et que JAMAIS ils ne pourront admettre que, non, ils ne SAVENT PAS ?
26 : Au kiosco à journaux, tu crois vraiment que tu vas avoir le truc que tu veux (Caracas, Guatemala). Mais non. On va te refourguer qq chose de mieux parce que tu sais pas.
27 : Tu vas au Bureau de Change de l’aéroport. T’es vraiment un bleu…
28 : Tu penses vraiment que sur les passages cloutés, le piéton sera prioritaire ou pour le moins, respecté.
29 : Tu penses vraiment que le bus va s’arrêter à l’abri bus. Tu attends. Tu attends Godot. Au moins t’as cette connerie de Guide du Routard à éplucher…
30 : Tu penses vraiment que t’es le plus beau. Mais non…c’est cruel et je suis désolé de te l’apprendre, Jean Louis, mais elles en ont qu’après ton fric, imbécile !
Voila. C’est arbitraire. Ça fait du bien.
Sinon ça va bien.
Allez, donnes m'en quelques unes des caguades de débutant...