samedi 28 avril 2007

On s'en fout


Terrain de foot homologué CONCACAF- frontière Venezuela-Colombie

On s'en fout.

Un fan du Milan AC mécontent du gardien de but brésilien de son équipe, Dida, a mis ce dernier en vente sur le site d'enchères en ligne eBay.

Dida a été très critiqué après sa performance lors de la défaite 3-2 du Milan AC face à Manchester United en demi-finale aller de la Ligue des champions, mardi à Old Trafford. Il porte notamment une lourde part de responsabilité sur le premier but, particulièrement navrant, concédé par son équipe.

Le pauvre Dida n'a pas suscité beaucoup d'intérêt sur eBay, atteignant péniblement 71 euros avant d'être retiré vendredi de la vente.

vendredi 27 avril 2007

Petit corps malsain


Petit corps malsain, les voyages en charter



Ca n'arrête pas, ces jours ci.
Un mail sur deux, c'est lui. Histoire de bien prendre la mesure du bonapartiste néo-cons qui va rafler la mise le 6 mai.A boire et à manger, comme disait mémé.

Un site intéressant, Cette France là , avec quelques victimes bien réelles du Ministre de l'Intérieur qui aura le plus saccagé le droit d'asile et l'OFPRA, dans la lettre comme dans l'esprit, sous la Vème République.

Entre autres.
Le "Marianne" de la semaine dernière, par ailleurs un torchon juquino-souverainiste, a sorti un portrait très instructif du petit corps malsain. A lire. Preocupante.

Quant à Serge PORTELLI, magistrat qui a oublié d'être con et incompétent, il n'est pas parvenu à publier son bonito bouquin, RUPTURES.
Ce magistrat, qui me rappelle les propos de mon poto JB, flamboyant avocat au barreau de Toulouse des gens du bord des routes, des callaissés et cabossés de la vie, des "losers" comme on dit aux US et à l'UMP, nous dit, en conclusion de ses 102 pages:

Société de violence
On aurait tort de croire que cette France-bis pourrait rester cantonnée aux délinquants, aux déviants, aux “anormaux” de tout poil. Tout simplement parce que dans une démocratie, les libertés ne se divisent pas. On ne peut faire longtemps coexister au sein d’une République deux types de citoyens. La suspicion est contagieuse. La volonté de contrôle aussi. Une société policière se nourrit d’elle-même. De proche en proche, de fiche en fiche, c’est le corps social tout entier qui se durcit et se sclérose. Il serait tout aussi illusoire de croire que les tensions
déjà si fortes en France disparaîtraient sous ce régime. La simplicité des recettes ne tient que par la promesse de résultats foudroyants: le Kärcher est censé tout nettoyer. Opération magique, conte à dormir debout. Le réveil est généralement très dur. Le Kärcher nettoie vite mais ne répare rien et on ne peut l’utiliser en permanence: son jet est trop fort. Il est d’ailleurs déconseillé pour les enfants.
L’un des plus graves dangers que recèle ce projet de société sous pression permanente est l’accroissement inévitable de la violence. Celle-ci ne résulterait pas seulement des tensions sociales engendrées par une politique économique ultra-libérale (fin annoncée du “modèle social français”, atteinte au droit de grève, à la liberté syndicale, précarisation généralisée du contrat de travail...) mais d’une incapacité à analyser, à comprendre, à prévenir et à traiter le phénomène de la violence. Ce mal est au coeur de notre société et pas seulement dans les
statistiques policières. Elle gangrène progressivement l’ensemble des rapports sociaux. Répondre à la violence par la violence est une erreur tragique qui ne ferait qu’amplifier le phénomène. On ne peut indéfiniment augmenter le contrôle social. On ne peut en permanence répondre par la répression, par la criminalisation des comportements. On ne peut indéfiniment augmenter le nombre des policiers, des fichiers, des prisons. Car au bout de toutes ces ruptures, il y la rupture avec notre identité propre, celle d’une France tolérante, ouverte, diverse, libre et exigeante qui a fait notre fierté.

jeudi 26 avril 2007

Vas-y, c'est Evo ?

- C'est qui la photo que t'as mis la, sur l'entete de ton blogue? Vas-y, on dirait le president indien, la, au Perou?
- Oui, c'est Evo Morales. Mais c'est la Bolivie, son pays.
- Et c'est qui le blondinnet sur ses genoux?
- Ca, c'est un petit francais, comme toi, comme toi, comme toi.
-(...)Ah?
- Oui.
- Ah...
- Et pourquoi elle est coupee, la photo?
- Parce que je suis nul en ordinatique, mon ptit. 'Arrive pas a la mettre dans le cadre.
- Ah. Tu as besoin d'aide?
- C'etait a la fin des annees 1980, Gerard Blanc chantait dans le poste et je ne rechignais pas a l'epoque a culbuter ta...
- T'es nul, Patxi...Si tu veux je t'installe une photo d'un...
- Non.
- Putain, d'orgeuil, toi alors...Bon alors, Evo Morales...a moitie...et jeune?
- Oui. Il n'etait que joueur de trompette sans le sous, footeux et syndicaliste. Enfin, c'est une autre histoire...

Musique, Gerard!


LYRICS REVOLUTIONNAIRES - Evo, c'est une autre Histoire qui s'ouvre pour la Bolivie.
Quand la petite rejoint la grande.

On oublie tout, tous les barrages Qui nous empêchaient d'exister Quelque chose de neuf a tout changé Quelque chose et ça m'a fait avancer{Refrain:}Elle dit j'imagine des musiques qui dansent Pour toi Elle dit j'imagine des mots dans le silence Pour toi Des jours et des nuits où la vie recommenceComme ça encore une foisEt on démarre une autre histoire {x2}Mais ça c'est un autre histoire. - On oublie tous les gens, tous les naufrages Tous les bateaux, touchés, coulés Je n'sais pas comment ça s'est passé On oublie tout, tous les nuages Qui nous cachaient la vérité Tous les vents du large sont déchaînés Tous les vents et ça m'fait pontonner.

mardi 24 avril 2007

Et les gars, pare! Fumese uno!


San Telmo, Buenos Aires

Douze ans de réclusion pour des graffiti anti-Castro
Un dissident cubain qui avait inscrit "A bas Fidel Castro!" et autres slogans de l'opposition sur les murs de bâtiments publics a été condamné à 12 ans de prison

Musique.




Ouh là...Pas classe.

Alors, petite suggestion toute télépathique aux sordides et mesquins petits soldats du harcèlement ad absurdum, chaque jour, aux balances qui quadrillent les rues de Cuba, chaque jour, aux fameux troufions des Comités de Défense de la Révolution cubaine, par ailleurs bientôt à l'oeuvre au Venezuela (à travers les Consejos Comunales et les Frente Francisco de Miranda): les gars, tranquilou là...On se détend, on s'en roule un petit, on se calme.
Un graffiti = 12 ans. En voilà une belle mesure progressiste, bien de gauche.
C'est la politique du "carreau cassé" emprunté à Giulani, version Castrisme.

La notion de dangérosité sociale, j'adore. C'est modulable à l'envie. Allez, au cas par cas, on la ressort des tiroirs. C'est bien commmode.

Voilà de quoi j'cause:

LA HAVANE (Reuters) - Un dissident cubain qui avait inscrit "A bas Fidel Castro!" et autres slogans de l'opposition sur les murs de bâtiments publics a été condamné à 12 ans de prison, déclare une ONG de défense des droits de l'homme.

Rolando Jimenez était détenu sans aucun chef d'inculpation sur l'île des Pins, au large de la côte sud de Cuba, depuis son arrestation en mars 2003, a précisé la Commission cubaine des droits de l'Homme.

Amnesty International l'a inscrit en 2004 sur sa liste des prisonniers de conscience. Agé de 36 ans, cet avocat n'a pas été autorisé à se défendre devant le tribunal et a été condamné lors d'un procès à huis clos.

Elizardo Sanchez, qui dirige cette commission illégale mais tolérée par les autorités, a indiqué que Jimenez était le deuxième dissident à avoir été jugé en secret ce mois-ci par les autorités communistes.

Le journaliste Oscar Sanchez, qui écrivait pour un site internet basé à Miami, CubaNet, a été arrêté à son domicile le 13 avril et condamné à quatre ans de prison pour "dangerosité sociale", a rappelé Elizardo Sanchez.

lundi 23 avril 2007

En savoir plus sur le tournant autoritaire de Hugo Chavez




Ce qui se passe depuis janvier au Venezuela est particulièrement préoccupant.
Je pense même que le Venezuela va générer une violence interne à peu près incontrôlable dans certains pans du territoire et de l'espace politique venez d'ici à 4 ans (...à 8heures 34 même). Et qu'on en reparlera ici même et ailleurs, Inch Allah.

De la non rénovation de la concession de la TF1 locale et les intimidations, en passant par l'extrême concentration des pouvoirs et de la pratique même du pouvoir, la conformation du Parti Unique de la Révolution, la réélection indéfinie, les brigades de réservistes, la Loi habilitante qui donne tout pouvoir législatif à 12 personnes et au Président pour 18 mois, la corruption radicalisée, les lois municipales, l'impunité à son comble, le délitement total du tissu social et l'extrême violence urbaine, il y a énormément de thèmes précis qui méritent une attention particulière des internautes curieux du bulbe, mais aussi (même si je doute que celà les touchera), de tous les pisse-culs qui se pâment devant ce trublion messianique qu'ils estiment être la "force motrice et inspiratrice d'une gauche alternative rénovée"...

C'est le mérite d'un blogue, au jour le jour, d'aborder les misères du chavisme et ses dangers.

Il s'appelle Daniel, c'est un franco-américano venezuelien, apparemment.
Il est parfois un peu trop extrême et inégal dans ses analyses du processus bolivarien à mon goût.

Mais son site a le mérite d'être un herbier précis, documenté, dynamique, de tout premier plan, pour se faire une idée, par soi même, de ce qui se trame là bas.

Il y a notamment des vidéos très inquiétantes d'interventions du Lieutenant Colonel ces derniers mois. De très bons liens, analyses.

Voilà son blogue.

Sinon, aujourd'hui dimanche, TV5 a piraté l'emission spéciale PRESIDENTIELLES de France 2.
On a rien raté.
On s'est tout de même marré, malgré les 30 pions du Maire de Neuilly.
On a vu Sarko singeant l'envolée gaullienne. Summum de démagogie pour ce digne représentant de l'école de la dérégulation thatchérienne.
On a cependant bandé à la découverte des deux filles de Cécilia Sarkozy (filles de Jacques Martin?). Je me suis donc trompé lourdement avec ma chanson "pas de jolies filles à droite".
On a vu Ségo prononcer probablement l'un des discours les plus indigestes de la décennie politique. Tapie se perdre dans des lapsus délicieux ("soutiens Ségo" pour sarko, ou "Bayrou pour Baylet"...avis de l'expert: opportunisme total: noms interchangeables)
Et surtout, Thomas Hollande , pauvre enfant, aux traits ingrats et à la voix peu assurée, nous expliquant que les blogues allaient redynamiser la campagne de sa maman...Dieu qu'il est laid et peu avenant le pauvre enfant.
Il n'y a que Voynet qui m'a fait plaisir...

samedi 21 avril 2007

Eine grosse queue à l'Ambassade



Mon vélo de faux dandy-bobo, qui m'a permis d'aller voter à vaut l'eau ce matin.

Bon, bah, y'avait la queue à l'Ambassade. Dès ce matin.
Du jamais vu semble-t-il. A en croire les vieux beaux qui vous affichent leurs "30 ans que 'chui ici, 'amais vu ça!", à en croire les chiffres des fonctionnaires du Consulat, on est partis sur des bases de doublement des votants de l'étranger de Arcadia, el pais bonito ou jusqu'ici, tout va bien.

Car nous autres, électeurs de par ici, résidents des Amériques et citoyens des DOM TOM, nous avons voté ce samedi, histoire de pas démobiliser le chalan expatrié ou martiniquais du dimanche (rapport au décalage minutes, au psycho-drame du 22 avril, tu piges?).

Quoiqu'il en soit, demain, dès 12h, on se fait une chtite chouille électorale.
Poire et cahuète + TV5 + Internet + JM Morandini au programme. Histoire de suivre les tendances et se faire un peu peur.
Y aura aussi des go-go danseuses et du Gin-Kas, car on est pas là pour déconner non plus.

Alors ma fine analyse est la suivante: j'ai vu pas mal de chemisettes à carreaux bleues, pas mal de familles nombreuses et des "jolies ptites frimousses blondes".
Pas bon ça (...yek yek).
J'ai vu pas mal de gens prenant le bulletin Sarko ou le Ségo directement.
J'ai vu des têtes de profs, et je me demande s'ils vont finalement se dégonfler pour leur statégie à la mords moi le noeud du vote calcul Bayrouiste (au fait, o chère mère, fais pas la conne demain ma maman chérie OK? Non parce qu'elle l'a trouvé "drôlement bien, finalement, Bayrou, en vrai" ces derniers jours...elle qui m'a nourri au sein rouge, tout de même, c'est pas sérieux...).

N'e tenant mais, histoire d'en avoir le coeur net, je me suis baissé, intrépide, face aux...tables alignées, où reposaient les bulletins. Et bien le Public Monde de l'Internet a le droit de savoir: j'ai vu des piles énormes, Le Pen, Nihous, Buffet. Parfaitement immaculées. Mais deux piles apparaissent clairement entamées: Ségo et Sarko. Pas mal de Sarko à vrai dire...
Bon en fait Sarko déchire tout là.
Merde, que va-t-on dire à nos amis allemands du palier? (allez donc voir ce nécessaire billet de Quatremer, le correspondant Libé de Bruxelles). Et celui-ci aussi, la nausée.
Merde...le sabotage me traverse l'esprit...1600 électeurs...ratio des 44,2 millons du coeur électoral français moins le coeur de cible..le coeur de lion, tisn julien ramènes-moi un camambert et un sauciflard quand tu rentres au bercail veux-tu?..bon, y a rien à faire, je rentre.

Putain, retour à la maison. Je replonge. Angoisse.
Les expatriés UMP d'Arcadia, ils vont cartonner.
Sans compter Mr l'Ambassadeur, qui compte triple...Au moins.

Mais c'est bon, ma chérie a voté utile, ce qui m'a permis de VotERT décontracté du gland...

jeudi 19 avril 2007

Il n'y a pas de jolie fille a droite

Deuxième tournant de la rigueur, ici, chez Patxi.
Il faut se ressaisir.

J'ai enregistré quelques connections depuis Walis et Futuna. C'est n'importe quoi.
Apres le précédent de la connection depuis Oulan Bator, l'attractivité du nichon venezuelien et des photos 'cartes postales' continue manifestement de sévir.

Alors voila. Je souhaite baisser la frequentation de ce site.
C'est la purge.
Cette semaine, je suis colère, comme dirait Monsieur Manhatanne.
Et je suis en campagne.
Ne vous déplaise.
Austérité. Privés de photo.
Privés de nichon (bis).
Pas de lien avec l'Amérique du sud. Nada.

Je voudrais juste ici vous, te rappeler, toi, lectorat que je ne traite qu'a peine correctement, qu'il n'y a pas de jolie fille a droite.
Et je le prouve avec cet opus de mon copain ricain Theo Hakola.
Une chanson bigrement merdoyante qui, a n'en pas douter, saura convaincre les électeurs indécis de me rejoindre dans le camp joyeux et rigolard de la goche francaise.




Margaret Thatcher est si affreuse
que pour se maquiller il lui faut une agrafeuse
Nancy Reagan est tellement monstrueuse
qu'elle se coiffe à l'aide d'une motofaucheuse

Brigitte Bardot a toujours été un cageot
Elle effarouche les plus farouches de ses chiens
Leni Riefensthal est moche jusqu'à la moelle
Le bon reflet de son art Hitlérien

Line Renaud fait un peu crapaud
mais pas autant que Marie-France Garaud
Alors on ouvre les yeux et on respire mieux
quand elles se cachent derrière leurs Figaro

Mireille Darc a l'air assez smart
tant qu'on ne la voit pas de près
Mais même cette Mireille est une vraie beauté
à côté des dames Stirbois et Megret...

L'habit fait le moine et l'air fait la chanson
L'envie de jambon fait cochon qui boite
Et comme on dit en français, du terroir à l'Elysée :

Il n'y a pas de jolie fille à droite
Pardon mais, comme on dit en latin : Facit indignatio versum

Depuis qu'elle envoie au président Chirac
les plus belles de ses fleurs
Marie-José Pérec a perdu son éclat
sauf aux yeux des publicitaires

Et Françoise Hardy est bien plus jolie
depuis qu'elle ne salue plus les copains réactionnaires
Les Spice Girls hideuses sont bien plus disgracieuses
depuis qu'elles vénèrent Madame Thatcher

A Salt Lake City au fond de mon pays
les filles du coin font vraiment peur
Car ces Américaines votent Républicain
comme l'effrayante femme de mon frère

L'habit fait le moine et l'air fait la chanson
Caresser la crasse fait des mains moites
Et comme on dit en français et Dieu sait si c'est vrai :

Il n'y a pas de jolie fille à droite
Et, comme on dit en italien : Se non è vero, è bene trovato...

Eva Braun avait une dégaine, une dégaine si vilaine
que son fiancé l'a épousée en cachette
Mais peu de temps après il a dû la regarder
et il s'est tiré une balle dans la tête...

L'habit fait le moine et l'air fait la chanson
Et quand une femme tourne à droite, elle va contre ses dons
Elle va contre son cœur et son âme se déboîte
Les ténèbres la pénètrent et le diable l'exploite

Et ça se voit à la perte de sa beauté
Sa nature révoltée dans ses yeux miroite

Alors on dit en français, je ne l'ai pas inventé :
Il n'y a pas de jolie fille à droite
Et, comme on dit chez moi : On the left they're hot and on the right they're not

Ggggrrrrrrrr


Secuestrados colombianos, à la télé

La fonction d'agenda des journalistes, ici et ailleurs.
2 millions de déplacés internes en Irak, 1 million 900 000 réfugiés Irakiens au Moyen Orient.
3 millions de déplacés internes en Colombie. Et près de 3 millons de colombiens ayant fui au delà de leurs frontières le conflit et les persécutions, les massacres à la tronçonneuses des paramilitaires et les tueurs à gages, les extorsions et massacres des folkloriques "guerrilleros" Farc et ELN, le feu croisé des combats, les mines, les fumigaciones...
190 personnes tuées sur un marché de Bagdad aujourd'hui.
Tous ces phénomènes violents ont des racines profondes, méritent des explications. Mais il faut du temps. On en manque, pensez donc.

CNN en espanol, le JT de France 2 qu'on capte sur TV5, Fox news, Tele Portugal, la presse locale, la télé locale, les radios locales, les hebdos, entre deux télé novelas, tout le monde nous casse les couilles avec ce freaks de sud-coréen qui a oublié de prendre ces cachetons. On dissèque, on "essait" de comprendre, on analyse les causes, les raisons profondes, les "Racines du mal" pour reprendre l'opus de Maurice G Dantec...Bien sûr, on en vient déja à prôner l'armement des campus et on déplore le manque de "sécurité". On prend le temps de donner la parole aux « experts », aux témoins, aux acteurs directs et indirects de l’évènement. De la pédagogie, de la dissection, parce qu'ils le valent bien, ces 32 là.
Face à cet arbitraire de plus, j'ai vraiment besoin d'emprunter le cri de quelqu’un d’autre, histoire de me quitter le goût de la gerbe qui ne me quitte pas, ce soir.
Tiens, ca fera l’affaire:
BODY COUNT- 1994- BORN DEAD
Ca fait du bien. A peu de frais. De l'impuissance du blogue et de ses bienfaits thérapeutiques.

Las mujeres de mi generacion








Boliviennes, Colombiennes, mères, fillettes, adolescentes, las mujeres de mi generacion.


Lhasa, la celestina

Un poème.

Un poème qui vint clôre un beau discours, un jour, sur "Les femmes en situation de guerre", à San José du Costa Rica. Dans cette sorte de Suisse latino, certaines références crûes sonnent toujours un peu étranges, un peu comme les minutieux "Rapports sur la torture dans le monde", qui résonnent sec dans les salons tout feutre et tout marbre, sous les lambris du Palais des Nations de Genève.

C'est en espagnol. Zavez qu'à vous mettre aux langues étrangères une bonne fois pour toutes, bordel de merde.

Las mujeres de mi generación - Luis Sepúlveda, 1999

Porque las mujeres de mi generación nos marcaron con el fuego indeleble de sus uñas la verdad universal de sus derechos.
Conocieron la cárcel y los golpes.
Habitaron en mil patrias y en ninguna.
Lloraron a sus muertos y a los míos como suyos.
Dieron calor al frío y al cansancio deseos, al agua sabor y al fuego lo orientaron por un rumbo cierto.
Las mujeres de mi generación parieron hijos eternos
Nos enseñaron que la vida no se ofrece a sorbos compañeros, sino de golpe y hasta el fondo de las consecuencias.
Fueron estudiantes, mineras, sindicalistas, obreras artesanas,
actrices, guerrilleras, hasta madres y parejas en los ratos libres de la Resistencia.
Porque las mujeres de mi generación sólo respetaron los límites que superaban todas las fronteras.
Las declararon viudas en Córdoba y en Tatlelolco.
Las vistieron de negro en Puerto Montt y Sao Paulo.
Y en Santiago, Buenos Aires o Montevideo fueron las únicas estrellas de la larga noche clandestina.
Sus canas no son canas sino una forma de ser para el qué hacer que les espera.
Las arrugas que asoman en sus rostros dicen he reído y he llorado y volvería a hacerlo. Se mueven algo más lentas, cansadas de esperarnos en las metas. Escriben cartas que incendian las memorias.
Recuerdan aromas proscritos y los cantan.
Inventan cada día las palabras y con ellas nos empujan.
Nombran las cosas y nos amueblan el mundo
Escriben verdades en la arena y las ofrendan al mar.
Ellas dicen pan, trabajo, justicia, libertad .

Las mujeres de mi generación son como las barricadas:
Protegen y animan, dan confianza y suavizan el filo de la ira.
Las mujeres de mi generación son como un puño cerrado que resguarda con violencia la ternura del mundo.
Las mujeres de mi generación no gritan, porque ellas derrotaron al silencio.
Si algo nos marca, son ellas. La identidad del siglo son ellas.

Ellas: la fe devuelta, el valor oculto en un panfleto, el beso clandestino, el retorno a todos los derechos.
Las manos que sostienen los retratos de mis muertos.
Los elementos simples de los días que aterran al tirano.
La compleja arquitectura de los sueños de tus nietos.
Lo son todo y todo lo sostienen Porque todo viene con sus pasos y nos llega y nos sorprende.
No hay soledad donde ellas miren.
Ni olvido mientras ellas canten.
Intelectuales del instinto, instinto de la razón.
Prueba de fuerza para el fuerte y amorosa vitamina del débil.
Así son ellas, las únicas, irrepetibles, imprescindibles sufridas,golpeadas, negadas pero invictas Mujeres de mi generación.

mardi 17 avril 2007

Secouer sa glace





Where is my mind? STOP!





C'est beau. Ca doit certainement sentir la belle chaleur de l’été Patagon qui approche. Ca doit.

Ca doit leur évoquer des choses, à tous ces gens. Peut-être même l’enfance, le ganado à perte de vue et les cerfs-volants en carton.
Je ne vois pourtant que la beauté, macabre, de cette tristesse, infinie, qui m'enveloppe et me pousse à ces sessions prolongées de lamentation introspectives à peu près contenues.

Ce sont des masses majestueuses de glace qui font face, là, un peu plus bas. Chaque jour, elles renouvellent ce qu’elles perdent, là bas, dans le fond, de l'autre côté, parait-il.
Le fond de l'air est frais. Je vis certainement le jour de désespoir le plus aigu, âpre, de ma courte vie. Avec ce goût de néant, de gâchis, de vomi et d'absurde fauve qui ne vous quitte plus.

Adossé à un arbre, ou était-ce une balustrade en pin, en retrait, il avançait la tête, curieux et vigilant comme un chasseur aux aguets, patient et réjoui, en homme qui ne marchande pas son temps et qui passe sa vie à observer les êtres et les choses.

Il me sembla que lui aussi s'évertuait discrètement à éviter les roulements réguliers de Portenos bruyants et d'allemands en short. Il ne les méprisait point. Il les fuyait, juste.

Il posait manifestement, lui aussi, ses propres questions à la montagne et aux glaciers, imposants, craquant régulièrement sous leur propre poids…
L’énorme glacier, le Perrito Moreno, lui répondait sans doute quelque chose. Cette fois, cette fois, je n’y parvenais plus tout seul. Il ne me renvoyait que l’écho de l’effondrement de ses énormes pans de glace qui venaient régulièrement se briser dans un fracas indescriptible, sourd et implacable.

Je l’avais déjà croisé quelques jours auparavant, échangeant les quelques amabilités d’usage, rituel inévitable entre francophones voyageurs équipés d’un de ces « livres de poche » jauni, dans un de ce bus brinquebalant qui fusent, perçant les lignes d’horizon de ces terres de rugueuse pampa. Nous pûmes nous reconnaître facilement.

Je me permets de l’interpeller. Il écoute. Ma voix sort difficilement. J’apprends que son métier, c’est psy, pour adolescents en difficulté...L’ironie de la situation est évidente. J’ai beau avoir 27 ans, ce jour là, j’en ai 14…
Surpris, il me renvoie, très vite et le plus naturellement du monde, à ma propre merde. Mais avec élégance et tact. Il me renvoie au pathétique, au risible d’un être qui se lamente en tentant de rejeter ses comportements sur un genre, une excuse, un pis-aller, un type d’attitude extérieur à soi…bref, un type qui tente de se défausser.
Il m’envoie bouler, comme il se doit, sur le fond, et me tend la main, sur la forme. A sa façon.




Ce gars là, deviendra, dès lors, un ami très cher.

Je lui pardonnai immédiatement son origine belge (...).
Le soir même, parilla de viande de bœuf argentin, vino tinto de Mendoza ont accompagné les échanges, limpides et fulgurants.
La vie même. Sa quintessence, sa complexité, et, surtout, son inégalable et merveilleuse simplicité.

Je me souviens assez la façon dont il évoqua, aussi, non sans ironie, par petites touches indirectes, les sentencieux propos des sûrs d’eux même sur la douceur du foyer et le bonheur conjugal, sur la maternité, la paternité, l’époque, les valeurs- refuge, les envies de voyages et de sédentarité…Tout ça, pêle-mêle, mais tout se tenait.

Il savait bien que ceux qui se vantent de leur bonheur ou de leur vertu, le font, le plus souvent, sans motif ; il me faisait penser à un ersatz de Herman Hesse, le gaillard, comme je me le serais imaginer, pour l’occasion. Mais avec un look de Corto Maltese + Bertrand Cantat, un budget de routard, et un vrai défi qui l’attendait, au retour, avec sa femme bien-aimée. Défi au combien relevé depuis, avec brio.

On peut se permettre d’observer les hommes, de les aimer, de rire de leur sottise, ce leur tendre la main ou d’en avoir pitié, mais il faut les laisser libre de suivre leur chemin.

Tout resplendit alors mais sans éblouir. Toute la Patagonie sembla dès lors innocente et un peu plus joyeuse. Je rompais mon isolement. Au mieux, je pourrai lui parler une dernière fois. Elle déciderait, libre, et je devrais m’y faire, absolument.

C’est juste. Une chose est belle, quand on la regarde au bon moment. Comme ce moment précis où ces énormes masse de glace se détachent, créant une agitation toute fellinienne dans les eaux pétrifiées. Mais je crois, d’autant plus depuis cette magnifique journée, que la plus belle chose qui soit, c’est de connaître, en dehors du plaisir, la tristesse ou l’angoisse ; la connaître, la palper, mais pas s’y morfondre.Avec esprit du funeste et complaisance. Ca, c'est trop facile.

On le sait depuis François Villon depuis Maimonides ou même Néruda. Une jeune femme, si belle soit elle, la trouverait-on aussi belle si l’on ne savait que sa beauté est éphémère, qu’elle finira par se flétrir et mourir, un jour ? Si la beauté demeurait éternellement, je m’en réjouirais certes, mais je la contemplerais plus froidement et je penserais : tu la verras toujours, elle n’est pas liée à l’instant ; par contre, ce qui est passager, ce qui se transforme, je le contemple non seulement avec joie mais aussi avec nostalgie.

Alors en voilà, une bien triste, une bien belle journée. Parfois, tu sais qui sera ton messager, ton passeur. Parfois tu sais très bien reconnaitre l'ami, asi no mas. Ce psy du plat pays, à l'âge de ce grand frère jamais connu, connu là bas, au bout du monde, m'a, plus tard, fait re-découvrir mes propres terres gasconnes, que je croyais sufisamment explorées. Ce pseudo « étranger » comme guide: l’enfoiré connaissait bien mieux que moi les cépages, vignes et domaines que je croyais connaître, les ayant eu sous le nez toute l’adolescence…

Une bien triste, une bien belle journée.
Le grand frère a su me secouer la glace qui me figeait l'existence, ce jour là, cette époque là. Comme ça.
Merci Patrick.

lundi 16 avril 2007

Le cuir usé d'une valise


Un mineur, quelque part, dans un "pays d'origine"

Tant que j'y suis: vous connaissez la rumeur?
Vous devriez.





Je suis allé faire parler le cuir usé d’une valise
Sous un drap de couleur fade contrastant ses souvenirs.
Dar Baïda, un embarcadère ensoleillé au départ,
Une arrivée sur un ponton terne et un visage hilare,
Celui d’un contremaître, de l’encre, un tampon à la main,
Frappant le flanc de cette valise retenant la douleur.
Ces visages s’engouffrant dans un train,
Direction l’usine de camions pour un bien dur labeur.
Les sirènes n’ont pas de voix mélodieuse,
Leurs appels stridents aux forçats cinglent leurs espoirs telles des moqueuses.
Ces vestiges de période dure qu’elle garde en elle,
Ses séquelles marquent son cuir et le morcellent.
Je suis allé faire parler le cuir usé d’une valise entreposée
Sous la poussière terre d’une vieille remise.
Des gerçures l’ont balafré de part en part,
Une étiquette fanée rappelle son premier départ et,
Janvier 53 l’a tatoué d’un plein cap sur le froid.
Au fond de ce bagage pas d’invitation au voyage
Mais la plaine de Ghilizane qui pleure un fils
Parti gagner le droit de ne plus errer affamé.
Au fond de ce bagage, la coupure tâchée d’un journal,
Où s’étale le résumé du procès des agitateurs d’une usine embrasée.
C’est une valise dans un coin qui hurle au destin
Qu’elle n’est pas venue en vain.

Refrain (x4)
C’est une valise dans un coin
Qui hurle au destin qu’elle n’est pas venue en vain

Je suis allé faire parler le cuir usé d’une valise,
Autrefois pleine d’espoir, maintenant pleine de poussière.
Si tu savais son histoire, partie de la Soufrière,
Emportant quelques vêtements chauds pour cette terre de convoitise.
La haine et la neige comme découverte et,
Les visages se glacent face au spécimen d’Outre- Mer.
En cette pleine période d’exode, qui accompagne l’exil,
Commence un triste épisode lorsqu’il débarque des îles,
Pour finir empilée sur l’armoire du foyer, témoin du gain dur à envoyer.
Souvenirs ternes d’une employée fidèle
Toujours à la traîne derrière cette employée modèle.
Je suis allé faire parlé le cuir usé
D’une valise de près d’un quart de siècle mon aîné,
Dire qu’en 62, les ruines encore traumatisées
De Lomé jusqu’au port de Goré,
Elles témoignent de ces rêves en rupture de sève.
A la levée des passerelles, sous une averse de grêle,
Le mistral du Grand Nord traverse, sans jamais trahir,
Le vieil héritage colonial dominé par des siècles,
Reliant le Havre et ses environs
Depuis la sinistre cale d’un navire d’embarcation.
Quand même les rats et les cafards cohabitent en paix,
Avec les symboles vulgaires de la France d’après guerre,
Il se pourrait que cette valise, confinée dans un coin
Hurle au destin qu’elle n’est pas venue en vain.

Todo posible



Affiche de campagne réactualisée. Envoyée depuis Paname aujourd'hui même par un camarade Cubain. Toujours "résident temporaire légal", mais amoureux, donc bientôt clandestin et expulsable. Chaque jour, il le sera un peu plus. Tout ça.
Le printemps aura un goût d'angoisse. Ces appels du pied, du démago de Neuilly au démago de St Cloud nous enchantent tous, car, "ensemble, tout devient possible"...


Et ça, c'est ce que j'écoutais il y a une dizaine d'années. C'était Vitrolles, c'était les Lois Debrés et les coussins étouffants de Roissy. C'était 30 artistes hip hop qui avaient quelques bouts de trucs à dire...Evidemment, y avait du déchet. Mais globalement, ça défoulait. Ca a à la fois vieilli, et trop peu.

Mes deux jets préférés: "C'est Debré ou de force"..."LES CRIMES D'OCTOBRE 61 sont un exemple hurlant. Emigration - papiers + prison = DOUBLE PEINE perdue.FRANCAIS. TU DORS !"

Allez, écoutes-la en entier, c'est de l'archéologie du rap. En attendant dimanche prochain.11'30.

dimanche 15 avril 2007

J-7: un peu de Gauchet pour les Gauchos



Démagogie Argentine, sur support fer forgé, imitation Paris haussmanien

Pendant que Mr Kouchner, le tiers-mondiste deux-tiers mondain, appelle dès à présent à une alliance UDF-PS,
que l'extrême gauche n'en finit pas de se désintégrer et d'étaler une immaturité sans limites, cumulant les mêmes défauts que les gros appareils des gros partis qu'ils rabrouent(mais sans même posséder leur capacité de gestion et gouvernance), de moustache-bio au pseudo-facteur en passant par la "momie des lilas" (dixit J de Managua),
que Ségo, suivie une nouvelle fois attentivement sur TV5, me fait, nous fait honte (quel manque de souffle, quel manque de vision, de panache tout de même...elle finit toujours pas se fondre dans son prompteur, dans le décor, elle est prompteur qui déblatère, mécanique irrémédiable du désenchantement),
que Bayrou le dilettante faux-cul sans plate-forme politique ni perspective de Parlement fait cyniquement du Bayrou (on le connait trop bien depuis vingt ans dans les pyrénées...une séduisante esbrouffe), embobinant au passage pas mal de couillons de profs votant avec des calculatrices, l'oeil rivé sur des sondages évidemment biaisés et sur-interprétés,
pendant que Sarko, notre petit et nocif Thatcher à nous, cite à n'en plus finir Jaurès et Camus (sans déconner, il ne recule devant rien l'animal...), et fait le plein chez les expatriés de Total, (à propos de Sarko; un édito inédit du quotidien Belge le Soir, Oui, sarkozy est dangereux).

Je trouve au moins qu'un des traits funkys de cette singulière campagne est le goût retrouvé et assumé du pays pour le politique même. Déja perceptible lors du référendum sur l'UE. Et que je retrouve aussi dans les 25% d'électeurs qui se sont déplacés en 2002, pour voter blanc ou nul (des non abstentionnsites qui s'intéressent fortement aux débats, mais dont on ne comptabilise pas officiellement le poids).

Dans ce contexte, sur LE BLOGUE DE Marcel Gauchet, un type toujours incisif, il y a un dialogue assez éclairant sur les particularités des français face au politique.

Entre autres: "La position libérale, philosophiquement, me semble en effet méconnaitre la puissance de la dimension collective en plaçant une foi excessive dans la capacité des individus de définir leur monde commun."

Face aux appels à "voter utile", aux calculs hypotéthiques abscons dans un contexte d'indécision inégalé, face aux bonnes âmes spécialistes des cris au loup, je persiste à penser qu'au premier tour, on choisit (en fonction de ses convictions, croyances, intuitions, goûts, que sais-je encore, mais on CHOISIT, librement), et au second, on élimine.

Bon, ceci étant, j'ai encore une semaine pour changer d'avis...

vendredi 13 avril 2007

Tonio en Colombie, c'est lui!


TONIO à Bogota. C'est bien lui. Un etonnant personnage.


Colombia, je me souviens.
C'était...la semaine dernière. A Bogota.
La petite vie, le petit monde et ses détours.

J'ai enfin pu mettre un visage et une voix sur Tonio, le gars de Corto en Colombie?.
Presque par accident.
Je l'aurais cru plus jeune.
Lui m'aurait imaginé plus vieux.
Enorme, le gars, en tout cas.

Je me permets de rompre cet anonymat et cette discrétion qu'il s'évertue à cultiver.
Je comprends et respecte ce souci.
Mais cette petite "révélation", de bonne guerre, me permet ici même de le remercier pour la petite charla de bon ton, et pour les quelques bières AGUILA.

Buenos pues, seguro que habran otras, papa chango. Y mucho gusto.

Le vieux qui lisait des romans d'amour



Roman, 140 pages - LUIS SEPULVEDA (Chili)
Photos : Amazonie Equatorienne, ou se déroule, implacablement, l'action.



Le ciel était une panse d'âne gonflée qui pendait très bas, menaçante, au-dessus des têtes. Le vent tiède et poisseux balayait les feuilles éparses et secouait violemment les bananiers rachitiques qui ornaient la façade de la mairie.

Les quelques habitants d'El Idilio, auxquels s'étaient joints une poignée d'aventuriers venus des environs, attendaient sur le quai leur tour de s'asseoir dans le fauteuil mobile du dentiste, le docteur Rubicondo Loachamín, qui pratiquait une étrange anesthésie verbale pour atténuer les douleurs de ses clients.

- Ça te fait mal ? questionnait-il.

Agrippés aux bras du fauteuil, les patients, en guise de réponse, ouvraient des yeux immenses et transpiraient à grosses gouttes.

Certains tentaient de retirer de leur bouche les mains insolentes du dentiste afin de pouvoir lui répondre par une grossièreté bien sentie, mais ils se heurtaient à ses muscles puissants et à sa voix autoritaire.

- Tiens-toi tranquille, bordel ! Bas les pattes ! Je sais bien que ça te fait mal. Mais à qui la faute, hein ? À moi ? Non au gouvernement ! Enfonce-toi bien ça dans le crâne. C'est la faute au gouvernement si tu as les dents pourries et si tu as mal. La faute au gouvernement. Les malheureux n'avaient plus qu'à se résigner en fermant les yeux ou en dodelinant de la tête.

Le docteur Loachamín haïssait le gouvernement. N'importe quel gouvernement. Tous les gouvernements. Fils illégitime d'un émigrant ibérique, il tenait de lui une répulsion profonde pour tout ce qui s'apparentait à l'autorité, mais les raisons exactes de sa haine s'étaient perdues au hasard de ses frasques de jeunesse, et ses diatribes anarchisantes n'étaient plus qu'une sorte de verrue morale qui le rendait sympathique.

Il vociférait contre les gouvernements successifs de la même manière que contre les gringos qui venaient parfois des installations pétrolières du Coca, étrangers impudiques qui photographiaient sans autorisation les bouches ouvertes de ses patients.

À quelques pas de là, l'équipage du Sucre chargeait des régimes de bananes vertes et des sacs de café.

Sur un bout du quai s'amoncelaient les caisses de bière, d'aguardiente Frontera, de sel, et les bonbonnes de gaz débarquées au lever du jour.

Le Sucre devait appareiller dès que le dentiste aurait terminé de réparer les mâchoires, pour remonter les eaux du Nangaritza, déboucher dans le Zamora et, après quatre jours de lente navigation, rejoindre le port fluvial d'El Dorado.

Le bateau, une vieille caisse flottante mue par la volonté de son chef mécanicien, les efforts des deux costauds qui composaient l'équipage et l'obstination phtisique d'un antique diesel, ne devait pas revenir avant la fin de la saison des pluies dont le ciel en deuil annonçait l'imminence.

Le docteur Rubicondo Loachamín venait deux fois par an à El Idilio, tout comme l'employé des Postes, lequel n'apportait que fort rarement une lettre pour un habitant et transportait essentiellement dans sa sacoche délabrée des papiers officiels destinés au maire ou les portraits sévères, décolorés par l'humidité, des gouvernants du moment.

Du passage du bateau, les gens n'attendaient rien d'autre que le renouvellement de leurs provisions de sel, de gaz, de bière et d'aguardiente; mais la venue du dentiste était accueillie avec soulagement, surtout par les rescapés de la malaria, fatigués de cracher les débris de leur dentition et désireux d'avoir la bouche nette de chicots afin de pouvoir essayer l'un des sentiers étalés sur un petit tapis violet qui évoquait indiscutablement la pourpre cardinalice.

Toujours vitupérant contre le gouvernement, le dentiste débarrassait leurs gencives de leurs ultimes vestiges dentaires, après quoi il leur ordonnait de se rincer la bouche avec de l'aguardiente.

- Maintenant, voyons. Comment tu le trouves, celui-là ?

Il me serre. Je peux pas fermer la bouche.

- Allons donc ! Tu parles d'une bande de délicats ! Bon, on en essaye un autre.

- Il flotte. Si j'éternue, il va tomber.

- T'as qu'à pas t'enrhumer, couillon. Ouvre la bouche.

Et ils lui obéissaient.

Ils essayaient plusieurs dentiers, finissaient par trouver le bon et discutaient le prix, tandis que le dentiste désinfectait les autres en les plongeant dans une marmite d'eau chlorurée bouillie.

Pour les habitants des rives du Zamora, du Yacuambi et du Nangaritza, le fauteuil mobile du docteur Rubicondo Loachamín était une institution.

En fait il s'agissait d'un vieux siège de coiffeur avec le socle et les bras émaillés de blanc. Il fallait toute la force du patron et des matelots du Sucre réunis pour le hisser à quai et l'installer sur une estrade d'un mètre carré que le dentiste appelait la "consultation".

- Sur la consultation, c'est moi qui commande, nom de Dieu ! Ici, on m'obéit. Une fois en bas, vous pouvez m'appeler arracheur de dents, fouille-gueules, tripoteur de langues ou tout ce qui vous passe par la tête. Et vous pouvez même m'offrir un verre.

Ceux qui attendaient leur tour faisaient des têtes d'enterrement, et ceux qui passaient par les pinces d'extraction n'étaient pas plus brillants.

Les seuls personnages à garder le sourire, autour de la consultation, c'étaient les Jivaros qui observaient, accroupis.



Les Jivaros. Des indigènes rejetés par leur propre peuple, le peuple des Shuars, qui les considérait comme des êtres avilis et dégénérés par les habitudes des "Apaches", autrement dit les Blancs.

Les Jivaros, habillés avec les guenilles des Blancs, acceptaient sans protester ce nom dont les avaient affublés les conquérants espagnols.

La différence était immense entre un Shuar hautain et orgueilleux, qui connaissait les régions secrètes de l'Amazonie, et un Jivaro tel que ceux qui se réunissaient sur le quai d'El Idilio dans l'espoir d'un peu d'alcool.

Les Jivaros souriaient en montrant leurs dents pointues, aiguisées avec des galets du fleuve.

- Et vous autres ? Qu'est-ce que vous regardez ? Un jour ou l'autre, vous allez y passer, macaques, les menaçait le dentiste.

Ravis qu'on leur adresse la parole, les Jivaros répondaient:

- Jivaros avoir bonnes dents. Jivaros beaucoup manger viande de singe.

Parfois un patient poussait un hurlement qui affolait les oiseaux, et il écartait la pince d'un coup de poing en portant sa main libre au manche de sa machette.

- Tiens-toi comme un homme, connard. Je sais que ça te fait mal, et je t'ai déjà dit à qui c'est la faute. Alors ne fais pas le méchant. Assieds-toi là et montre-nous que tu as des couilles au cul.

- Mais vous m'arrachez l'âme, docteur. Laissez-moi boire un coup.

Le dentiste finit d'opérer son dernier client et poussa un soupir. Il emmaillota dans leur tapis cardinalice les dentiers qui n'avaient pas trouvé preneur et, tout en désinfectant ses instruments, il regarda passer la pirogue d'un Shuar.

L'indigène pagayait debout, à l'arrière de la mince embarcation. Arrivé près du Sucre, il donna deux petits coups de pagaie qui la collèrent au bateau. La figure renfrognée du patron apparut par-dessus le bastingage. Le Shuar lui expliquait quelque chose en gesticulant de tout son corps et en crachant sans arrêt.

Le dentiste sécha ses instruments et les rangea dans une trousse en cuir. Puis il prit le récipient contenant les dents arrachées et le vida dans le courant.

Le patron et le Shuar passèrent à côté de lui pour se diriger vers la mairie.

- Il va falloir attendre, docteur. Ils nous amènent un gringo mort.

La nouvelle ne lui fit pas plaisir. Le Sucre était un engin inconfortable, particulièrement pendant le voyage de retour, quand il était chargé de bananes vertes et de sacs de café brut, tardif et à moitié pourri.

Si les pluies prenaient le bateau de vitesse, chose qui semblait probable car il avait une semaine de retard du fait de diverses avaries, alors cargaison, passagers et équipage devraient se partager l'abri d'une bâche, sans espace suffisant pour tendre les hamacs; autant dire que la présence d'un mort rendrait le voyage doublement pénible.

Le dentiste aida à remonter le fauteuil mobile à bord, puis gagna le bout du quai. Il y était attendu par Antonio José Bolivar Proaño, un vieil homme au corps toujours nerveux, qui ne semblait pas accorder d'importance au fait de porter un nom aussi illustre.

- Toujours pas mort, Antonio José Bolivar ?

Le vieux fit mine de se flairer les aisselles avant de répondre.

- On dirait bien que non. Je ne pue pas encore. Et vous ?

- Comment vont tes dents ?

- Je les ai sur moi, répondit le vieux en mettant une main dans sa poche. Il déploya un mouchoir déteint et lui montra sa prothèse.

- Et pourquoi tu t'en sers pas, vieille bourrique ?

- Je les mets tout de suite. Je ne mangeais pas, je ne parlais pas, alors à quoi bon les user ?

Le vieux ajusta son dentier, fit claquer sa langue, cracha généreusement et lui tendit sa bouteille de Frontera.

- Merci. Je crois que je l'ai bien gagné.

- Sûr. Vous avez arraché vingt-sept dents entières et un tas de chicots. Mais vous n'avez pas battu votre record.

- Tu tiens toujours le compte ?

- C'est à ça que ça sert, l'amitié. À chanter les mérites des amis. Mais quand même, c'était mieux avant, vous ne trouvez pas ? Quand on voyait encore arriver des colons jeunes. Vous vous souvenez de l'homme de Manta, celui qui s'est fait arracher toutes les dents pour gagner un pari ?

Le docteur Rubicondo Loachamín inclina la tête pour mettre de l'ordre dans ses souvenirs et retrouva l'image d'un homme plus très jeune, vêtu à la mode mantuvienne. Tout en blanc, pieds nus mais portant des éperons d'argent.

L'homme de Manta était arrivé à la consultation accompagné d'une vingtaine d'individus, tous passablement ivres. C'étaient des chercheurs d'or sans base fixe. On les appelait les pèlerins et ils n'étaient pas regardants sur la manière de trouver leur or, dans les rivières ou dans les poches d'autrui. L'homme s'était laissé tomber dans le fauteuil et l'avait regardé d'un air stupide.

- Qu'est-ce que tu veux ?

- Vous me les arrachez toutes. Une par une. Et vous les mettez là, sur la table.

- Ouvre la bouche.

L'homme avait obéi et le dentiste avait constaté que plusieurs de ses molaires étaient pourries mais qu'à côté, il lui restait beaucoup de dents, certaines cariées et d'autres saines.

- Il t'en reste encore un bon lot. Tu as de quoi payer toutes ces extractions ?

L'homme avait abandonné son expression stupide.

- Ben voilà, docteur: les amis ici présents me croient pas quand je leur dis que je suis courageux. Alors je leur ai dit que j'allais me faire arracher toutes les dents, une par une, sans me plaindre. Alors on a parié. Alors tous les deux, vous et moi, on partage moitié moitié.

- À la deuxième tu chieras dans ton froc et tu appelleras ta mère, avait crié quelqu'un dans le groupe, et tous les autres avaient ri bruyamment.

- Tu ferais mieux de continuer à boire et de réfléchir. Je ne joue pas à ces conneries, avait dit le dentiste.

- Alors voilà, docteur: si vous me laissez pas gagner mon pari, je vous coupe la tête avec cette camarade-là.

Les yeux de l'homme brillaient tandis qu'il caressait la poignée de sa machette.

Il avait bien fallu tenir le pari.

L'homme avait ouvert la bouche et le dentiste avait refait son décompte. Il avait annoncé un total de quinze dents et le parieur avait disposé une chaîne de quinze pépites d'or sur le tapis cardinalice des prothèses. Une pour chaque dent. Les joueurs avaient couvert leurs paris, pour ou contre, avec d'autres pépites. Le nombre de celles-ci augmentait considérablement à partir de la cinquième dent.

L'homme s'était laissé arracher les sept premières dents sans bouger un muscle. On aurait pu entendre voler une mouche. À la huitième, une hémorragie lui avait rempli la bouche de sang. Il ne pouvait plus parler mais il avait fait un signe pour demander une pause.

Il avait craché plusieurs fois, et le sang avait formé des caillots sur l'estrade. Il avait avalé une large rasade qui l'avait fait se tordre de douleur sur le fauteuil, mais il n'avait pas eu une plainte et, après un dernier crachat, il avait fait un nouveau geste pour signifier au dentiste de continuer.

À la fin de la boucherie, totalement édenté et le visage enflé jusqu'aux oreilles, l'homme de Manta arborait une expression de triomphe exaspérante en partageant les gains avec le dentiste.

dimanche 8 avril 2007

La revolucion au Nicaragua, version rose fushia



Tu aimes la science politique cheap que je te distille, simpliste et bien frappée, comme un bon shot de Chicha fermentée. Ne nie pas. Yo sé que si.
Allez, une petite rasade pour toi.

Tu te souviens de la chiée de touristes politiques français, qui débarquaient au Nicaragua au début des années 1980 pour "sauver la révolution sandiniste", se faire peur à peu de frais et s'encannailler assez. Tout celà connut la fin que l'on sait.
La couleur de ce temps: du rouge et du noir, en tout cas. On y croyait.

On est en 2007. On est dans le vert pomme et le rose fluo.
Ortega le révolutionnaire est de retour, réélu après sa conversion évangéliste.
On y croit.

Allez, on y va petit à petit. Cales-toi bien au fond de ton hamac.
Mets immédiatement cette musique officielle de campagne du Frente Sandinista, que tu trouveras ici. Choisis PAZ Y TRABAJO. Voilà, c'est ça le surréalisme politique de notre époque en Amérique latine. Cette zique, c'est le Maréchal + John Lennon.

Il se trouve que j'ai un certain nombre de compañeros qui vagabondent, de ci de là. Des fois, on s'envoit des liens, des infos brutes, des missives de cet acabit là.

Reçu il y a quelques jours depuis le Nicaragua. C'est mon Agora Vox à moi, kanal authentik. Merci J.!

Les enfants, j'ai vu la nouvelle icône qui devrait sans nul doute lancer les nouvelles révolutions qui abattront le capitalisme mondialisé, j'ai nommé le Commandant Chavez.

Par une chance inouie, je me suis retrouvé à Leon, Nicaragua, sur la trajectoire de la tournée anti gringo du Camarade Hugo. Grandiose: bain de foule, service d'ordre assuré par les jeunesses communistes vénézueliennes (débarquées le matin même par avion de Caracas), ovation populaaire (ignorant superbement un petit moustachu à l'air chafoin qui essayait desespérement de s'accrocher à ses basques), grand discours sur l'honneur baffoué du nicaragua, de l'américa latine, la flamme bolivaro-sandiniste, larmichette sur le grand frère de La Havane et moult référence mystico-chrétienne (et oui, Jésus aurait été sandiniste dis donc... Et Jean Paul se branlait sur le portrait de Bolivar si j'ai bien tout compris).

A la fin, la camarade Hugo est descendu de l'estrade, a imposé ses mains et guéri quelques écrouelles sur un rythme de reggaeton avant de remonter une 4x4 mercedes (ça existe) conduite par Daniel Ortega lui-même, qui s'est ainsi rendu utile à la cause. Pendant que Mme Murillo, épouse du chauffeur, et Chavez, saluaient la foule en délire depuis le toit ouvrant.

En tout cas, vu du Nicaragua, le socialisme tropical moderne, c'est une vieille néo-hippie habillée en rose fuschia et un militaire populiste habillé en rouge. Le tout conduit par un ex-guerrillero tristounet dans une mercedes grise.

Autre message:

"le Nicaragua, avec un vrai gouvernement socialo-sandiniste génétiquement modifié qui aurait forcé sur le LSD (ils ont décidé de repeindre les écoles en rose fluo, nouvelle couleur de la révolution nicaraguayenne...Les écoles en rose? ouais, sérieux, ça fait , ça fait partie de la "campagne de motivation" programmée par la femme d'ortega, qui est accéssoirement cheffe du soviet suprême local. Sachez, bande d'ignares, que le rose fluo dégage des ondes positives qui ont déjà permis la victoire du parti et devrait logiquement permettre au pays de vaincre le sous développement. Bon, les pétrodollars de Chavez pourraient également aider un peu, mais ils sont verts, alors..."