mercredi 25 novembre 2009
Le Chacal Carlos, Ceresole, Ahmadinejad et Hugo Chavez
Le président vénézuélien, Hugo Chavez, a fait l'éloge ce week end du terroriste "Carlos", condamné et emprisonné en France depuis quinze ans, et de l'ancien dictateur ougandais Idi Amin Dada.
Prenant la parole à Caracas devant un congrès international réunissant des représentants de "partis de gauche", M.Chavez a qualifié son compatriote Ilich Ramirez Sanchez, alias "Carlos", "Le Chacal", de "héros révolutionnaire".
"Je le défends, a-t-il ajouté sous les applaudissements. Peu m'importe
ce que l'on dira demain en Europe. On l'accuse d'avoir été un
terroriste. Mais il fut en réalité l'un des grands combattants de
l'Organisation de libération de la Palestine. Il a, je le pense, été
injustement condamné. On l'accuse de choses dont il n'est pas
responsable." Cet assassin effroyable, au bilan sanguinaire très honorable, qui a déclaré avoir éprouvé "du soulagement" en apprenant les attentats du 11-Septembre, q surpris mais ce n'était que la sortie la plus tapageuse de Hugo 1er et dernier sur son petit Carlos chéri.
JP Langellier sur Le Monde le rappelle: Ce n'est pas la première fois qu'Hugo Chavez exprime de la sympathie pour Carlos, mais il ne l'avait jamais fait avec autant de force. En 1999, il lui avait écrit une lettre où il l'appelait "Cher compatriote". En 2003, le journal progouvernemental Vea a publié une lettre de Carlos, après la mort de son père, un riche avocat, cofondateur du Parti communiste vénézuélien. Carlos rendait hommage à celui qui, disait-il,
lui avait enseigné "toutes les règles des conspirations". Ce dernier
était un chaud partisan de M. Chavez.
Le chef de l'Etat a également pris la défense d'Idi Amin, le président
sanguinaire au pouvoir en Ouganda de 1971 à 1979 : "On a dit qu'il était
un cannibale. J'ai des doutes. Peut-être était-il un grand nationaliste,
un patriote." M. Chavez a enfin complimenté ses homologues du Zimbabwe,
Robert Mugabe, et d'Iran, Mahmoud Ahmadinejad, qu'il a qualifiés de
"frères".
Alors voila.
Les quelques fois ou je du trainer mes guêtres, par stricte obligation, au Venezuela, il m’a souvent été donné de subir l’incroyable polarisation et intolérance politique qui est en train de se fomenter dans le « pays le plus démocratique du monde (dixit, sans rire, par Hugo). De celle là même qui fracturent les familles, les groupes d’amis, les voisinages à jamais. Et je n’exagère pas, les histoires de ce type abondent. On m’a taxé de Chaviste, de rouge, de communiste, comme d’escualido (« gringalet », terme signifiant opposant à Chavez), d’agent de la CIA, de golpista (fomenteur de coup d’état), d’anti-révolutionnaire. Tout, son contraire, et même un peu plus, là bas, dès que j'échangeais ou essayais de discuter.
Non pas que j’abhorre complètement les rapports de force, au contraire. L’instauration d’une dose de ces rapports à l’évidence, et l’Histoire l’enseigne à livre ouvert, la seule voie pour les classes historiquement dominés de faire valoir l’intérêt général et le leur...Mais là bas, il se joue une toute autre partition.
J’appartiens à une génération de gauche qui se méfie plutôt des intellectuels qui ont fait preuve, pendant très longtemps, d’une absolue myopie politique par rapport aux expériences collectivistes de Russie, de Chine, voire de Cuba. Sans jamais revenir sur leurs écrits, leur exégèses. A la différence d’un Edgar Morin, d’un Andre Gorz ou d’un Pierre Bourdieu qui, très tôt, ont vu les impasses et les tragédies poindre sous les lendemains qui étaient censés chanter.
Alors, ce titre de post, démaguo, fouilli, certes: qu’ont en commun le terroriste vénézuélien Carlos Ilich Ramírez alias "Le Chacal", actuellement en prison en France et au sujet duquel se tourne actuellement un film ; le sociologue argentin Norberto Ceresole, ultranationaliste inclassable et l’actuel président de l’Iran, Mahmoud Ahmadinejad? Tout d’abord, et ce n’est PAS le cas de Chavez, ils partagent une haine d’Israël ET du peuple juif, une haine viscérale des Etats-Unis et ce mode de vie, disons, démocratico-libéral et capitaliste.
Ils ont autre chose en commun. Ils ont été et continuent d’être objets de la solidarité du Chef de l’Etat Hugo Chavez.
Pendant de nombreuses années, l'argentin Norberto Ceresole fut un très proche collaborateur de Chavez et a eu une influence idéologique décisive sur le président qui fait tant rêver dans certaines chaumières de la gauche européenne. Il est facile de constater désormais que Ceresole, auteur prolifique de droite populiste-nationale, et propagandeur absolument antisémite, mort en 2003, a influencé Chavez, en partageant avec lui sa vision du contexte actuel du système des relations internationales.
Il a renforcé ses convictions, que l’on savait fluctuante, envers les amis à soutenir et les ennemis à combattre dans ce scénario, et a renforcé chez le leader bolivarien ce sens de mission historique avec une projection planétaire.
Tu ne me crois pas ? Vas donc lire "Caudillo, pueblo, ejército: La Venezuela del Comandante Chávez" (1999), comme ses essais "Tres ensayos geopolíticos" (2001), qui mettent en exergue une sorte de feuille de route et de conduite politique, de lutte idéologique, à laquelle Chavez s’affaire avec une rigueur évidente.
Il existe tout un faisceau d’éléments, tout un tas de preuves des liens étroits existant entre Ceresole et certaines branches du fondamentalisme islamique, en particulier avec le gouvernement Iranien et le Hezbollah. Il suffit de lire quelques uns de ses écrits, parmi ses nombreux articles et publications, pour révéler sans équivoque que Ceresole est mû par un antisémistisme radical et un rejet radical de certains principes que l’on peut considérer comme Occidentaux (avec en tête que l’Amérique latine, c’est aussi l’Occident, pourtant).
Chavez ces 3 dernières années a comparé très régulièrement la Révolution Bolivarienne et la révolution islamique de 79...A quand les premiers missionaires et formateurs Iraniens dans le pays?
Je préfère encore les Cubains et leur culture d'espionnage et de mesquinerie permanente...A lire le dernier post de La Tortue sur ce point.
Chavez a écrit, à la même époque, une lettre hallucinante au Chacal, effectivement.
J'ai ici évoqué les étonnantes sympathies avec l'Iran et la Biélorussie, qui vont bien plus loin que les échanges diplomatiques traditionnels de tout Etat souverain afin de préserver des intérêts bien compris...Non, il s'agit ici de sympathies affirmées, personnelles, sans équivoque, envers le Président Biélorusse, Iranien, mais aussi avec Mugabe du Zimbabwe, Mister Inflation 40000%-doit faire rêver Chave qui n'en est qu'à 30% d'inflation ANNUELLE, petit record américain- ne sont pas qu'un signe de déconnexion et d'ignorance candide...
C'est l'aveuglement manichéen d'un anti américanisme épidermique, qui rend plus que fréquentables, mais désirables, les ennemis de mon "ennemi" (tout en lui vendant 70% de son pétrole, en 10 ans de "Révolution", au Diable Yankee) pour un Dirigeant de plus en plus tenté par l'aventure autoritaire...
L'hommage à l'odieux Amin Dada, sorti hors contexte, certes, mais hommage tout de même au grand patriote et nationaliste, est à comprendre en ce sens, à mon avis: Chavez est prêt désormais à s'embarquer dans de folles alliances avec l'Iran...Plus aucune espèce de pudeur: le Messie bolivarien est persuadé d'être investi d'une mission transcedante de Libération des opprimés, malgré eux s'il le faut. On sait comment finira cette folie...
Jusqu'où ira-t-il? Que vont-ils annoncer cette semaine à Caracas?
Uranium, armement, que sais-je encore...
Nique tu madre
Baby Ranks, Wisin & Yandel, Tony Tun Tun & Daddy Yankee ...La fine fleur du vulgos en somme, réunie pour ce chef d'oeuvre: Mayor Que Yo, ou l'Oedipe Roi de Pasolini version reggaeton...Nique tu madre!
vendredi 20 novembre 2009
De la graisse humaine dans ta crème de jour L'OREAL
Depuis que j'ai ouvert cette petite bodega, toi et les 2-3 autres fidèles lecteurs auront peut-être noté que de ci de la je te glisse, a intervalles réguliers, quelques petits indices sur mes activités passées de… trafiquant d'organes. Tu ne me pris pas au sérieux, et c’est a la fois tant mieux et fort dommage….
Car le réel se venge toujours, saches le, mon ptit bout, lui qui rattrape toujours la vaine prosopopée exaltée de la fiction.
Tu as vu Fight club, tu as revu Soleil vert...mais as-tu bien vu ce qu'il y a dans ton anti-rides?
Au Pérou, figures-toi que les membres d’un gang joliment appelé Los Pishtacos ont été détenus en possession de 12 litres de…graisse humaine.
Ils sont accusés de menus fretins, finalement fort communs dans certains recoins de certaines contrées : d'assassinat, de complot, de possession illégales d'armes à feu et de trafic de drogue. Jusque la, rien que du classique, bof bof, de bailler de bailler, le quidam de l’autre coté de l’écran s’ennuie.
Mais leur principale source de revenus semblerait, au conditionnel, provenir de la graisse humaine revendue à des intermédiaires qui payaient très chers, plusieurs milliers de $ le litre, pour des laboratoires européens de cosmétologie. Etonnant non ?
Les personnes étaient enlevées, emmenées dans un labo rudimentaire dans la jungle et assassinées. Les corps étaient ---cuida'o-warning pour les ames sensibles---pendus à des crochets métalliques et la graisse fondue à la bougie, selon le responsable de l'enquête, Felix Murga, comme dans "Le Parfum" de Patrick Suskind.
Une soixantaine de disparitions dans la région pourraient être liées aux activités de ce gang. Evidemment, la presse péruvienne préfère ces jours ci parler du vilain Chili, de top model suicidée et autre méchant-tricheur-pendez-le-a-un-croc Thierry Henry. Des fois que cet épisode fort malheureux ne déteignisse sur la bonne marche Nationale (+ 0,04% de PIB, que viva !) et la belle image du pays des pittoresques Incas.
Le réalisme magique, c’est la « poésie » de la barbarie hardcore portée à son extrême, aussi, oui, on peut le dire…
Demain, je vous parle de beach volley, de glace Miko et de Copacabana, promis, et mérité.
mercredi 18 novembre 2009
L'Arche de Zoé, à l'envers
Toute ressemblance avec l’histoire des bouffons-séquestreurs d’enfants de l’Arche de Zoé, est évidemment fortuite…Je l’ai écris à chaud ce bout de texte, mais par désorganisation, je l’avais complètement oublié. Alors quelques années en retard, certes, ça perd en pertinence…Mais tant pis : le voila pondu/publié.
L’Arche de Zoé, à l’envers…Imagines juste si c’était une ONG montée spontanément comme ça, porque si, par un groupe de citoyens du Sud, genre un pays bougnoule, type Haïti, Sénégal ou…Paraguay, tiens, qui aurait monté une opération humanitaire similaire, sur le mode « Sauvons les Petits Vieux Français d’une mort certaine ! »…Sur que l’opinion française aurait apprécié…
Déroulons le fil de ce scénario saugrenu, si tu le veux bien…
En guise de Eric Bretau du Tiers Monde , un Miguel Martinez…
Miguel Martinez est un petit employé sec d’une petite banque rurale du Paraguay.
Il s’emmerde tout aussi sec. Sa petite vie morose, son cabas, son marché et ces querelles de clocher interminables qui ne le captivent plus…
Son compte bancaire n’est pas bien folichon non plus, malgré l’économie du soja dans la région, qui engraisse ses patrons tout autant qu’elle affame et épuise les paysans (comme les fragiles sols) du Chaco. Enfin, de quoi vivoter, mais rien de bien palpitant.
Il y aurait beaucoup de choses à faire pour améliorer le sort de ses concitoyens (enfin de ses clients), pour aider un peu les masses affamées de son quartier, de son pays, pense-t-il. Mais Miguel estime que l’Etat, la coopération internationale et les ONG sont là pour agir contre la pauvreté. C’est leur job après tout. Lui n’y peut pas grand-chose…
Il a la rage, qui monte, et il sait pas trop pourquoi. Que peut-il bien faire de toute cette énergie ?
Miguel décide de voyager pour se secouer un peu, et essayer de voir si, enfin, quelque chose va bien finir par arriver dans sa vie.
Lors d’un voyage en Europe, il rencontre Samantha, que lui-même décrira comme « une chaudasse du Salvador au cul furibond » : air de défi, peau cannelle, frange faussement décontractée, et mamelons généreux.
Ils tombent tout de suite amoureux.
Faut dire, au cas où ces indirectes t’auraient échappé, qu’elle est vraiment vraiment très très bien bonne.
Artiste de cirque. C’est ça qu’elle met dans la case PROFESSION au moment de l’inscription à l’hôtel de segunda ou il l’emmène, ou elle, on ne sait plus, dès le premier soir. Elle a plus ou moins étudié les beaux arts, un peu, mais c’est pas bien clair, ni pour elle ni pour les autres. Par contre en jonglage et « boules de feu qui virevoltent au bout de chaînes » (ça doit avoir un nom comme « art et loisir », mais le narrateur a oublié, no ve..), elle est plutôt douée.
Elle se cherche. Aussi. Surtout, à vrai dire. En a marre de son milieu upper middle class qui ne rêve que de Miami, dans son petit et bien improbable pays.
Tous les deux ont, comme on dit, « bon cœur ». Ils sont modernes, trentenaires, pragmatiques, ipodés, facebookés, twittés. Enfants rois tout de même, dans des pays compliqués.
Devant la télé, qu’ils regardent assidûment, ils partagent le même dégout un peu brouillon pour les injustices pas jolies, les méchants pas gentils, les guerres pas belles, les oxymores pas sexys, les maltraitances envers les victimes vulnérables sans défense notamment les ptits handicapés. Pas plus.
Ils sont éblouis par les nobles bâtiments de la vieille Europe.
Emerveillés par les cafés en terrasse, les paysages, les musées, les trains…
Ils sont pourtant stupéfaits par le manque de civilité des gens. Qui se bousculent dans le métro, qui n’interviennent pas lors d’agressions en public, qui ne répondent pas quand vous essayez de leur demander votre route…Encore moins en anglais. Ils sont abasourdis par le côté « antipathique », de prime abord, du quidam européen. Mais quels sauvages tout de même !
Mais lors de cet été 2005, à Paris, c’est le choc qui fait tout basculer. Ils n’arrivent pas à croire ce chiffre de 16 000 petites vieilles et petits vieux crevés lors de ladite « canicule », caractérisation biaisée, qui sonne comme une « fatalité ». Ce chiffre leur semble irréel, inconcevable.
Choqués, ils s’emballent : « Qu’est ce donc cette société inique qui laisse mourir, seuls, des personnes âgées ? », hurle-t-il ? « Sont ils si seuls, isolés, déprimés qu’un simple coup de chaud produise une telle hécatombe ? », abonde-t-elle ? Mais que font les Nations Unies, et l’ONU, que fait l’ONU ? Et les gens là bas tolèrent une telle misère, ne se révoltent pas ?
Chez nous ça n’aurait jamais pu se passer comme ça. Les anciens là bas, comme en Afrique, sont la mémoire, l’agent central de l’identité collective, les gardiens du temple, les cerbères du récit des origines de notre communauté, les souvenirs de notre histoire nationale.
Ils sont les référents, les piliers de nos familles. Il est inconcevable qu’au XXIème siècle, des anciens puissent être traités de la sorte dans ces pauvres pays riches. Les vieux ont un futur, nous devons intervenir ! C’est SCAN-DA-LEUX ! Nous avons besoin de votre aide car ils ont besoin de la nôtre !
Choqués par l’indifférence généralisée des opinions publiques européennes, des gouvernements comme des voisins, ils reviennent dans le Chaco et tentent de mobiliser la presse, les amis, la BID, le Mercosur, l’ONU, les Rama Yade autochtones etc...
Mais c’est bien connu, tous des lâches, des incapables.
On va le faire nous même le boulot. ON va MONTER NOTRE ONG, pardi…
Et c’est y pas qu’ils montent une asso, « l’archa de los blairos ». Ils promettent à des familles latinas, via mail, site web, mailing, conférences, à ces familles désespérées, l’adoption d’un vieux français pour une somme modique…Ils glissent et se grisent, de conférence en conférence, de Miami à Mexico, en passant par Santiago et Buenos Aires.
Ils organisent des convois de faisabilité. Un à vrai dire, en région parisienne. Pour assurer les derniers détails, dans le plus grand secret car les fascistes responsables de ce massacre de 16 000 vieux, mais en fait peut-être bien 4 millons, comme l’anonce leur site web, pourraient bien les empêcher de sauver le Vieux et le Willie.
Ils louent un avion, préparent les intermédiaires locaux, des Rmistes français en quête d’argent facile, notamment pour les entretiens avec les petites victimes de l’indifférence occidentale. L’avion avec pilote belge, qui connaît bien le terrain, est loué la veille. En quelques jours, avec l’aide d’autochtones disponibles, ils parviennent à séduire 113 petits vieux français avec des caramels mous, quelques sodukus et autres mots croisés. Certains se vont même promettre une rencontre avec Julien Lepers, des pantoufles suédoises et des chaises à bascule en bambou…
Surtout, zinquiétez pas Germaine, no soucis mamie Jacquotte, tu seras envoyée pas bien loin de ta famille, de ta ville et village, non.
Les ptits vieux sont juste invités à les suivre vers une maison de retraite super chouette ou ils seront choyés, chouchoutés, pour leur bien. Tous ces mensonges, certes, c’est pas joli, mais après tout, on ne fait pas de bonne omelette sans casser quelques œufs, tout cela est pour leur bien, pour la cause du Bien et du Bon sentiment n’est-ce-pas…
Entassés dans 3 trois 4x4, les ptits vioques et les courageux travailleurs latinos de l’Arche déboulent sur le Tarmac de l’aérodrome de Villacoublay, s’apprêtent à prendre l’avion de la Liberté et de la Dignité retrouvées là bas, dans cette terre latina civilisé qui traite si bien ses anciens. Au point de les accueillir à la maison, jusqu’au bout, ah la la qu’est ce qu’on y est bien chez fifille et sa marmaille…
Mais patatras, les autorités interviennent et découvrent des faux bandages et les fausses promesses. L’Arche de Miguel et de sa compagne avait monté toute l’opération afin de sauver les vioques français d’une mort certaine dans cet horrible et sauvage pays…
Les familles françaises alertés, ont bien évidemment défendu et compris l’opération menées par ces bamboulas généreux qui, bardés d’intentions sublimes, se sont emparés du destin de leur petits vieux à l’abandon. « Dommage, loupé, on vous en veut pas les gars…C’était bien tenté, ce kidnapping collectif, car c’tait pour de bonnes raisons…Nous sommes en effet de mauvais enfants. Vu notre misère morale voire financière, nous n’étions en effet plus capables de nous occuper d’eux… »
Las membres de l’Arche ont été renvoyés dans leurs pays, après quelques incompréhensibles soucis judiciaires et quelques journées d’enfermement en France, mais ne comprennent toujours pas les critiques et poursuites judiciaires dont ils sont toujours l’objet. « Nous ne sommes que des commerçants de l’indignation, à l’image de vos Glucksman et de vos BHL, pas plus pas moins. Nous ne sommes que le reflet de votre époque et de l’émotion sur commande, à télécommande…Pourquoi nous décommandez vous, pourquoi nous condamnez-vous ? »…
Conclusion : les pompiers amateurs de 4x4 devraient se contenter de faire du 4x4 et du pompisme, et les artistes de cirque faire du cirque. Et laisser les familles, comme le CICR, faire leur boulot…Discrètement, sans fard, avec humilité et efficacité...
L’Arche de Zoé, à l’envers…Imagines juste si c’était une ONG montée spontanément comme ça, porque si, par un groupe de citoyens du Sud, genre un pays bougnoule, type Haïti, Sénégal ou…Paraguay, tiens, qui aurait monté une opération humanitaire similaire, sur le mode « Sauvons les Petits Vieux Français d’une mort certaine ! »…Sur que l’opinion française aurait apprécié…
Déroulons le fil de ce scénario saugrenu, si tu le veux bien…
En guise de Eric Bretau du Tiers Monde , un Miguel Martinez…
Miguel Martinez est un petit employé sec d’une petite banque rurale du Paraguay.
Il s’emmerde tout aussi sec. Sa petite vie morose, son cabas, son marché et ces querelles de clocher interminables qui ne le captivent plus…
Son compte bancaire n’est pas bien folichon non plus, malgré l’économie du soja dans la région, qui engraisse ses patrons tout autant qu’elle affame et épuise les paysans (comme les fragiles sols) du Chaco. Enfin, de quoi vivoter, mais rien de bien palpitant.
Il y aurait beaucoup de choses à faire pour améliorer le sort de ses concitoyens (enfin de ses clients), pour aider un peu les masses affamées de son quartier, de son pays, pense-t-il. Mais Miguel estime que l’Etat, la coopération internationale et les ONG sont là pour agir contre la pauvreté. C’est leur job après tout. Lui n’y peut pas grand-chose…
Il a la rage, qui monte, et il sait pas trop pourquoi. Que peut-il bien faire de toute cette énergie ?
Miguel décide de voyager pour se secouer un peu, et essayer de voir si, enfin, quelque chose va bien finir par arriver dans sa vie.
Lors d’un voyage en Europe, il rencontre Samantha, que lui-même décrira comme « une chaudasse du Salvador au cul furibond » : air de défi, peau cannelle, frange faussement décontractée, et mamelons généreux.
Ils tombent tout de suite amoureux.
Faut dire, au cas où ces indirectes t’auraient échappé, qu’elle est vraiment vraiment très très bien bonne.
Artiste de cirque. C’est ça qu’elle met dans la case PROFESSION au moment de l’inscription à l’hôtel de segunda ou il l’emmène, ou elle, on ne sait plus, dès le premier soir. Elle a plus ou moins étudié les beaux arts, un peu, mais c’est pas bien clair, ni pour elle ni pour les autres. Par contre en jonglage et « boules de feu qui virevoltent au bout de chaînes » (ça doit avoir un nom comme « art et loisir », mais le narrateur a oublié, no ve..), elle est plutôt douée.
Elle se cherche. Aussi. Surtout, à vrai dire. En a marre de son milieu upper middle class qui ne rêve que de Miami, dans son petit et bien improbable pays.
Tous les deux ont, comme on dit, « bon cœur ». Ils sont modernes, trentenaires, pragmatiques, ipodés, facebookés, twittés. Enfants rois tout de même, dans des pays compliqués.
Devant la télé, qu’ils regardent assidûment, ils partagent le même dégout un peu brouillon pour les injustices pas jolies, les méchants pas gentils, les guerres pas belles, les oxymores pas sexys, les maltraitances envers les victimes vulnérables sans défense notamment les ptits handicapés. Pas plus.
Ils sont éblouis par les nobles bâtiments de la vieille Europe.
Emerveillés par les cafés en terrasse, les paysages, les musées, les trains…
Ils sont pourtant stupéfaits par le manque de civilité des gens. Qui se bousculent dans le métro, qui n’interviennent pas lors d’agressions en public, qui ne répondent pas quand vous essayez de leur demander votre route…Encore moins en anglais. Ils sont abasourdis par le côté « antipathique », de prime abord, du quidam européen. Mais quels sauvages tout de même !
Mais lors de cet été 2005, à Paris, c’est le choc qui fait tout basculer. Ils n’arrivent pas à croire ce chiffre de 16 000 petites vieilles et petits vieux crevés lors de ladite « canicule », caractérisation biaisée, qui sonne comme une « fatalité ». Ce chiffre leur semble irréel, inconcevable.
Choqués, ils s’emballent : « Qu’est ce donc cette société inique qui laisse mourir, seuls, des personnes âgées ? », hurle-t-il ? « Sont ils si seuls, isolés, déprimés qu’un simple coup de chaud produise une telle hécatombe ? », abonde-t-elle ? Mais que font les Nations Unies, et l’ONU, que fait l’ONU ? Et les gens là bas tolèrent une telle misère, ne se révoltent pas ?
Chez nous ça n’aurait jamais pu se passer comme ça. Les anciens là bas, comme en Afrique, sont la mémoire, l’agent central de l’identité collective, les gardiens du temple, les cerbères du récit des origines de notre communauté, les souvenirs de notre histoire nationale.
Ils sont les référents, les piliers de nos familles. Il est inconcevable qu’au XXIème siècle, des anciens puissent être traités de la sorte dans ces pauvres pays riches. Les vieux ont un futur, nous devons intervenir ! C’est SCAN-DA-LEUX ! Nous avons besoin de votre aide car ils ont besoin de la nôtre !
Choqués par l’indifférence généralisée des opinions publiques européennes, des gouvernements comme des voisins, ils reviennent dans le Chaco et tentent de mobiliser la presse, les amis, la BID, le Mercosur, l’ONU, les Rama Yade autochtones etc...
Mais c’est bien connu, tous des lâches, des incapables.
On va le faire nous même le boulot. ON va MONTER NOTRE ONG, pardi…
Et c’est y pas qu’ils montent une asso, « l’archa de los blairos ». Ils promettent à des familles latinas, via mail, site web, mailing, conférences, à ces familles désespérées, l’adoption d’un vieux français pour une somme modique…Ils glissent et se grisent, de conférence en conférence, de Miami à Mexico, en passant par Santiago et Buenos Aires.
Ils organisent des convois de faisabilité. Un à vrai dire, en région parisienne. Pour assurer les derniers détails, dans le plus grand secret car les fascistes responsables de ce massacre de 16 000 vieux, mais en fait peut-être bien 4 millons, comme l’anonce leur site web, pourraient bien les empêcher de sauver le Vieux et le Willie.
Ils louent un avion, préparent les intermédiaires locaux, des Rmistes français en quête d’argent facile, notamment pour les entretiens avec les petites victimes de l’indifférence occidentale. L’avion avec pilote belge, qui connaît bien le terrain, est loué la veille. En quelques jours, avec l’aide d’autochtones disponibles, ils parviennent à séduire 113 petits vieux français avec des caramels mous, quelques sodukus et autres mots croisés. Certains se vont même promettre une rencontre avec Julien Lepers, des pantoufles suédoises et des chaises à bascule en bambou…
Surtout, zinquiétez pas Germaine, no soucis mamie Jacquotte, tu seras envoyée pas bien loin de ta famille, de ta ville et village, non.
Les ptits vieux sont juste invités à les suivre vers une maison de retraite super chouette ou ils seront choyés, chouchoutés, pour leur bien. Tous ces mensonges, certes, c’est pas joli, mais après tout, on ne fait pas de bonne omelette sans casser quelques œufs, tout cela est pour leur bien, pour la cause du Bien et du Bon sentiment n’est-ce-pas…
Entassés dans 3 trois 4x4, les ptits vioques et les courageux travailleurs latinos de l’Arche déboulent sur le Tarmac de l’aérodrome de Villacoublay, s’apprêtent à prendre l’avion de la Liberté et de la Dignité retrouvées là bas, dans cette terre latina civilisé qui traite si bien ses anciens. Au point de les accueillir à la maison, jusqu’au bout, ah la la qu’est ce qu’on y est bien chez fifille et sa marmaille…
Mais patatras, les autorités interviennent et découvrent des faux bandages et les fausses promesses. L’Arche de Miguel et de sa compagne avait monté toute l’opération afin de sauver les vioques français d’une mort certaine dans cet horrible et sauvage pays…
Les familles françaises alertés, ont bien évidemment défendu et compris l’opération menées par ces bamboulas généreux qui, bardés d’intentions sublimes, se sont emparés du destin de leur petits vieux à l’abandon. « Dommage, loupé, on vous en veut pas les gars…C’était bien tenté, ce kidnapping collectif, car c’tait pour de bonnes raisons…Nous sommes en effet de mauvais enfants. Vu notre misère morale voire financière, nous n’étions en effet plus capables de nous occuper d’eux… »
Las membres de l’Arche ont été renvoyés dans leurs pays, après quelques incompréhensibles soucis judiciaires et quelques journées d’enfermement en France, mais ne comprennent toujours pas les critiques et poursuites judiciaires dont ils sont toujours l’objet. « Nous ne sommes que des commerçants de l’indignation, à l’image de vos Glucksman et de vos BHL, pas plus pas moins. Nous ne sommes que le reflet de votre époque et de l’émotion sur commande, à télécommande…Pourquoi nous décommandez vous, pourquoi nous condamnez-vous ? »…
Conclusion : les pompiers amateurs de 4x4 devraient se contenter de faire du 4x4 et du pompisme, et les artistes de cirque faire du cirque. Et laisser les familles, comme le CICR, faire leur boulot…Discrètement, sans fard, avec humilité et efficacité...
mardi 10 novembre 2009
Les Mystérieuses Cités d'Or
Pourquoi l’Amérique latine, Cousin Patxi ? Tu aurais très bien pu « tomber » en Afrique ou « finir » tes cochonneries de trafic d’organes au Moyen Orient, voire terminer tes saloperies de tripatouillages d’expat-mabuses en Asie, ou que sais-je encore…
Pourquoi que tu finis ta vie là bas, vieux Patxi, dis ?
Et bien, mon enfant, c’est à cause de cette musique là. Tout simplement. Notamment les 4 premières secondes.
C’est là, ecoutes.
Pourquoi ?
Les Mystérieuses Cités d’Or, pardi.
Au commencement, il y eut l’eau, le feu et Zia.
Les Mystérieuses Cités d’Or comme alpha, comme révélation, comme première giclée cérébrale, éclat fou, mordant, indélébile.
Les Cités d’Or à l’évidence, font partie des tout premiers ressorts intimes évoqués par tous les passionnés du « sous-continent » et plus si affinités, face à cette question.
Tous les touristes, tous les bouts de couples mixtes franco-latinos, tous les étudiants en échange, chercheurs IRD, profs de franco, coopérants (les opérants et moins opérants), tous les charlots qui voyagent et les voyageurs qui charlottent toute l’année aux crocs du RMI (y en a ; pas mal en fait…), tous les intermittents - qui se débrouillent pour faire leur quota d’heure minimum dans quelque boui boui infâme de Rio Grande ou autre pueblo, le déclarer comme un concert international, et se démerder pour vivre l’année comme un Roi du Pétroleo (ça passe ; il y en a, oui oui, et je m’en féliciterais presque, pour eux)- tous les étudiants de Sciences Po ou d’ESC ou d'INgenierie ingenieuse, pire, les étudiants du DESS Europe-Amérique latine, aujourd’hui MASTER, de l’EHEAL-école des HHHHHHHHautes études sur l’Amérique latine (même si parfois ça vole plutôt bien bas…), toute cette faune, toute cette génération née dans les années 70 à un moment donnée, elle te dit un truc du genre : « Moi, le déclic, c’est les Cités d’Or.. ; j’étais gamin…Trop fort ! »
Et oui, moi aussi, pardi, je me suis pris pour Esteban. La Quête du Père, et sa curieuse absence, planante, quasi mythologique ; les Condors en Or qui volent et tout, les gentils Indiens et les très méchants Conquistadors, avec des bouts de complexité de part et d’autres en plus, pas mal pour un dessin animé : on perçoit même les divisions entre les différents peuples indigenas dans les épisodes, qui ont permis la Conquête plus encore que le génie militaire de ces affreux Jojos de Valladolid et Saragosse, au début du moins, et des petits bouts de barbarie historique, entre sessions de poésie, de pillage et de course poursuite a cheval et en canot...Et d’amour…Ra Zia.
Les Cites d’Or, evidemment, y partir, les chercher, retrouver Zia, l’Indigena bonnasse. Depuis je me suis bien rattrapé grâce à l’Armée Colombienne du Presidente Uribe, toujours prompte à fournir de la chair à viol indigena pour pas cher…en toute tranquillite en plus…oui oui, je sais, c’est horrible, mais ça se passe tous les jours…vas voir là bas cette étude et si j’y suis...
Je provoque cheap, comme d’hab, mais là je regrette : Zia était tout simplement éblouissante et ne mérite pas la vulgarité, même ironique, de ce « bonnasse ». Son sourire me mordait le cœur. Je suis parti pour chercher son regard, plutôt que l’Or de Pizarro.
Non, même pas vrai, c’est pour le blog, genre, qu’on dit des trucs d’aboreuuuuuu.
Et puis partir la bas, parce que je suis né près de l’Océan et que c’était moi, le fils du Soleil, évidemment.
Si tu ne connais pas les Cités d’Or, vas voir ce site. Instructif non ?
Les documentaires à la fin ont fait rêvé toute une génération, évidemment…
A ce propos, quand on y pense...leurs pays la, aux Cites d’Or, ils ont accueilli 35 millions d’Européens entre la fin du XIXe siècle et la Seconde Guerre mondiale. Jusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale, des dizaines de millions d’Européens partirent aux Amériques pour coloniser, échapper aux famines, aux crises financières, aux guerres ou aux totalitarismes et à la persécution des minorités ethniques.
Il a fallu attendre les années 1990 pour que les flux s’inversent. Infime à ses débuts, l’immigration latino-américaine en Europe, c’est d’abord le fait de riches familles puis un peu de tout. Et notamment des militants fuyant les régimes autoritaires, puis c’est devenue plutot économique à partir de 1980…Sauf quelques milliers de Colombiens.
Et pour eux, tous ces neo migrants, nos villes et nos Cites sont tout autant d’Or (pour l’emploi et les remises envoyees par Western Union au bledo) que de suie (pour la tristesse et monotonie de nos tronches et de nos saisons, parfois)…
Enfin, il est devenu quoi Mendoza au fait ?
Et Tao ? Lui je sais, balayeur a Paris, m’a-t-on dit…Pichu s’est envolé vers la Norvege (système de protection sociale souple et attractif)…Sancho & Pedro quant a eux animent une émission de télévision française, et sont plus connus sous le nom de Bataille et Fontaine…
Quant a Gaspard, il est devenu agent du Ministère de l’Intérieur dans l’Italie berlusconienne.
Et moi, je suis ecrivaillon a plein temps (...) d'un blog nostalgico-latin a nichons - bien que moins bien fourni en jus pressé et en poitrail ces dernieres lunes...
Allez, chantes avec moi, aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaahhhhhhhh ah ah – ah ahh, esteban zia, tao les cites doooooooooorrrrrrrrrrrrr !
mercredi 4 novembre 2009
Le voyageur
« Un voyageur doit avoir le dos d'un baudet pour tout porter, une langue pareille à une queue de chien pour flatter tout le monde, la gueule d'un cochon pour manger ce qu'on lui sert, l'oreille d'un marchand pour tout entendre et ne rien dire. »
Thomas Nashe (1567-1601) - Écrivain satirique anglais.
Thomas Nashe (1567-1601) - Écrivain satirique anglais.
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