samedi 31 mars 2007

Caminando, caminando


Caminando, caminando, de Victor Jara (torturé, assassiné le 15 septembre 1973)





Graffitis, collection N°3


NO PASARAN...Chez nous, de par le Sud ouest de la France, ça nous a toujours foutu le frisson...

Bolivia et Argentina.





mardi 27 mars 2007

Sinon


Sinon, la vie d'expat, ça va?
Ca va.





Mi amor. Ca m'intéresse.



samedi 24 mars 2007

Amarrame ese bicho, 'yo

Transporte de un nuevo camion de Choroni a Chuao, donde no llega la carretera...

Etape 1




Etape 2



Le commentaire d'un badaud qui assiste à l'evento, placide: "Nunca hubo un accidente? Si, un camion de la Polar (La bière vénézuelienne) se cayo. Si, se cayo..."

jeudi 22 mars 2007

Buscando




Bolivie by Corvi

Je cherche
Un titre, un nom
Une palette
Et son moyen d'expression
Je cherche
Un doute, un ton
Une boîte
Et son adéquate dimension

Lo busque
Por todas partes
Si yo soy cuerdo
Soy también loco
Yo no soy malogrado

Je cherche
Un souffle, un son
Une étincelle
Et sa continuation
Je cherche
Une pause, un pont
Une porte
Et son illustration

Lo busque
Por todas partes
Si yo soy cuerdo
Soy también loco
Yo no soy malogrado

Je cherche
Un fil, du fond
Une silhouette
Portant mon nom

Lo busque
Por todas partes
Si yo soy cuerdo
Soy también loco
Yo no soy malogrado

lundi 19 mars 2007

La Globalisation vue du Mexique, ou un panthéisme décontracté du gland


La visite imperiale de Double U, vue par un dessinateur mexicain.
Vu chez MICKOU.


Je voudrai vous présenter 3 passeurs de Mexique globalisé.

Le premier, plutot académique.
Hector la "tortuga ninja" me l'a fait decouvrir il y a plus de 7 ans, et je lui en serai eternellement reconnaissant.
Il s'appelle Serge GRUZINSKI.
Entre autres, je conseille 'Les quatre parties du monde, Histoire d’une mondalisation.'Paris, les éditions de La Martinière, 2004, 479p, un trip enoooooooooorme, pour quelques pesetas.
La revue La pensee du Midi en fait une remarquable analyse. Pour comprendre la mondialisation Iberique et ses contours.

Les deux autres passeurs de Mexique et de globalizacion, sont des 'gens de l'ordinateur', comme le dit encore ma maman.
J'aime bien ces deux gars.
Ils sont au Mexique. Bien calés. Détendus du gland. Comme il se doit.
L'un, a Jalisco, pres du village de Tequila. C'est Mickou.
Les couchers de soleil de Puerto Vallarta te feront oublier les imbroglios, mano.
L'autre, au DF: enfin un prof de franco qui a des trucs a raconter...Gryphon est un chilango franco-allemand, ce qui n'est pas rien. Il a du kilometre: c'est comme si son 'purgatoire' de parcours anterieur (VCologne ou la Baltique...) lui aura fait meriter son bout d'infini a lui.
Un abrazo aux vendeurs du mercado de Tacuba.

La Globalisation vue du Mexique, ou un panthéisme décontracté du gland: voila ce qu'il vous faut.

Vous avez deux heures.

vendredi 16 mars 2007

Gringogo

Tiens, je retaperai bien un petit coup sur les Ricains.

On le fait bien de par chez nous, ça. On y excelle, même.
Ca fait toujours du bien.

Nous partageons ce trait délicieux, facile, avec nombre de cousins d'Amérique latine.
Faut dire, ils le cherchent bien ces neuneus...

En meme temps, l'acharnement qu'on y met, nous, mexicains, français, argentins, venezueliens désormais, centro-americains, brésiliens, andins, à se taper des heures de "gringo-bashing" est toujours un peu suspicieux.
Au fond, bacher le saxon, c'est un geste qui soulage, c'est la soupape à portée de main. Toujours utile. Le punching ball bien commode. Voire le déversoir ou épancher notre propre vide, nos propres echecs collectifs. Notre manque d'imagination, notre manque de proposition alternative. Pas d'autre "horizon indépassable" à proposer, c'est dur à accepter...L'Empire occupe le vide. L'Empire avance là ou nous reculons.On se venge en se moquant de leurs neuneus (que l'on imagine majoritaires)...

On se fait donc plaisir, à peu de frais. On passe des heures à échanger les anecdotes les plus savoureuses sur l'ignorance crasse, et, plus grave encore, sur l'absence totale de curiosité et d'intéret du citoyen américain lambda sur le monde.
Do you have electricity in your village?
Do you learn to write and read in the schools of your country?
Comme s'ils avaient le monopole culturel de la cécité sur l'infinie grandeur, sur la fuckin splendeur du Monde...

Faut dire. Quand je repense à cet âne baté rouquin, étudiant à North Carolina University tout de même, qui venait pour 5 mois au Mexique (en échange universitaire), débarquer le jour de la rentrée, direct de l'aéroport, avec des dizaines de rouleaux de Papier Q "parce qu'on lui avait dit qu'on n'en trouvait pas" de l'autre côté du Rio Grande...

Faut dire. Quand on les rencontre, quand on les écoute...ils font pas grand chose pour qu'on les aide.

Les latinos pensaient, comme nous, que le 11 septembre les ferait réfléchir, ne serait-ce que mal, à la marche du monde. Qu'ils allaient s'y mettre, un peu, s'y intéresser.
Pero no sucedio asi, pa' nada.

Tiens, je retaperai bien un petit coup sur les Ricains.

Video.


mardi 13 mars 2007

On s'en fout





Love me Salma, please love me.


On s'en fout.

Salma Hayek, la belle, est enceinte de son fiancée François-Henri Pinault, la bête.

L'interprète ensorcelleuse de Frida, l'emberlificotante danseuse de Une nuit en enfer auprès de Quentin Tarantino et de Harvey Keitel, la super bombe du glamour a la mexicana s'est entichée du captain (igloo) d'industrie, fils à papa, Président d'honneur du FC Rennes...et accessoirement PDG du trépied Pinault-Printemps-Redoute.
J'ai rien contre le grand et moche capital mais...enfin, si, j'ai. J'ai.
Bordel, chaque mexicanito de Tepito y croyait encore un peu, quelque part, au fond de lui...Salma...

Afin de mesurer le mythe, sachez que pas un Mexicain mâle n'a été foutu-capable de m'expliquer comment elle pouvait A LA FOIS être née à Cuernavaca, Morelos, à Morelia, Michoacan, à Polanco, DF ou à san Antonio, Texas, de parents chicanos. Versions que chaque mexicain aime à présenter à l'envie au visiteur gringito, histoire de...

El Mito résistera-t-il à l'univers et aux "fols amusements" de François-Henri, au sex appeal démesuré qui caractérise les barons du Medef français ? Restera-t-elle digne d'elle-même lors des galas de sponsoring du FC Rennes, jouant des coudes avec les hôtesses de Super U, Fiat-véhicules utilitaires, SAMSIC PROPRETE-nettoyage industriel ?

En tout cas, un bien bon investissement pour la holding Hayek, que même le truculent milliardaire et compatriote Carlitos Slim n'aurait pas osé entreprendre...

dimanche 11 mars 2007

"Somos cabronas, pero somos las patronas" - Liliana Felipe


Une banque à Buenos Aires. Après la Crise. Après les petites recettes du FMI.



Liliana felipe chante TIENES QUE DECIDIR.




Une des plus tragiques, belles chansons qui existent, c'est A nadie, de cette même Liliana Felipe.
Je la cherche désespérement depuis des années.
La bande qui m'avait été enregistré avec soin et tendresse par l'Amie Scylla, s'est égarée dans ce nomadisme relatif et propice aux pertes et fracas qui caractérisent ces années 1999-2007.
Qui pourrait m'aider, me renseigner sur cette chanson (je vous mets les paroles à la fin)?

Liliana Felipe est chanteuse, compositeuse, née en Argentina dans les 1950s.
Elle a trouvé refuge au Mexique juste avant l'explosion de violence de la sale guerre (1976). Mais sa soeur et son beau-frère ont "été disparus", victime de la brutalité féroce de la dictature.

Au Mexique, Liliana s'est un jour rendu à l'une des performances de Jesusa Rodriguez. Jesusa, surprenant un clin doeil de Felipe dans le public, se souvient s'être dit, sur l'instant: "Je mourrai avec cette femme". Depuis lors, elles vivent et créent ensemble. Elles se sont même "mariées" au Mexique, en 2000, provoquant scandale et remous dans le pays qui est aussi celui de Vicente Fernandez...

Sa musique est assez connue dans certains milieux branchés et bohèmes d'Amérique latine. Elle continue d'exister en Argentine, collaborant notamment avec des organisations de droits de l'homme, notamment HIJOS (enfants des disparus).

Les paroles de Liliana felipe, best of, c'est ça, mais aussi ça:

Pour ce qui est de la chanson, je n'ai que ces extraits:

A NADIE
Qué cosa es el amor,
medio pariente del dolor,
que a ti y a mi no nos tocó,
que no ha sabido ni ha querido
ni ha podido.
Por eso no estás conmigo...

Porque no nos conocimos
y en el tiempo que perdimos
cada quien vivió su parte
pero cada quien aparte.

Porque no puede apagarse
lo que nunca se ha encendido,
porque no puede ser sano
lo que nunca se ha podrido.

Porque nunca entenderías
mis cansancios mis manías,
porque a ti te dio lo mismo
que cayera en el abismo.

Este amor que despreciaste
porque nunca me buscaste
donde yo no hubiera estado
ni me hubiera enamorado.

Por eso no estás conmigo.
Por eso no estoy contigo.

samedi 10 mars 2007

Don Hilarion, maître kallawaya







Kallawaya signifie en quechua “celui qui porte des plantes sur le dos”. Ils sont connus depuis toujours pour avoir été les médecins officiels de la noblesse Incaïque, et pour leurs voyages à travers le monde andin.
Et même au-delà: au cours des siècles, ils prêtèrent leurs services depuis le nord argentin jusqu'au Panama, plus récement, pour soigner notamment les français qui crevaient la gueule ouverte lors de la phase 1 de la construction du fameux canal...
Les médecins kalawaya marchaient alors pendant des mois pour soigner, guérir, échanger ou vendre leurs préparations.

En 2003, l’UNESCO a déclaré les kallawayas patrimoine culturel de l’humanité pour leurs connaissances et maitrise des pratiques médicinales. Cette inscription a des conséquences légales, politiques, culturelles importantes. Elle a permis de rendre visible le risque d'extinction culturelle des connaissances kallawayas.

Don Hilarion, la communauté de Chajaya, nous avaient invité ce jour là pour cette fête inoubliable, un jour de printemps.
Quelques mois plus tard, l'annonce de sa mort soudaine nous avait tous bouleversé.
Son fils a, heureusement, repris le flambeau de la transmission des savoirs, de la coopérative de Chajaya, du centre de formation. Une radio communautaire est même en chantier...

Don Hilarion soignait le corps et l'âme du sédentaire, comme du voyageur, sans distinctions.

ECLAT, une petite association qui fait un boulot remarquable du côté de Martigues, nous explique que pour les Kallawayas, la santé (bonne ou mauvaise) est un état global de l’être où se mélange la psychologie et le physique de l’individu, et la relation de ce même individu avec son environnement social et naturel.
Bon, c'est comme Dolto, mais avec un poncho rouge en plus, me diront les plus sceptiques. Je vous invite tout de même à acheter et déguster certains matés, et vous resterez pantois.

Car ils font des Matés remarquables, les Kallawaya.
Au passage, le terme “Maté” est souvent utilisé dans le sens d’ “infusion” en Bolivie et n’a rien de commun avec le Maté Argentin (que Don Patricko vous décrira mieux que moi) .

"Les Matés Kallawaya sont des tisanes alimentaires aux effets bienfaisants dont la recette ancestrale est unique, d’un goût et d'un parfum très agréables. Ces tisanes Kallawaya venues des hauts plateaux andins et des vallées hautes de Bolivie offrent une saveur et des vertus reconnues depuis l’époque Incaïque. Les plantes sauvages sont récoltées selon des rites et un calendrier bien établis au sein d’une coopérative indigène autonome pour vous permettre le plaisir d’une nature authentique et d’un achat équitable."

Les Kallawaya utilisent :

- le Mate Primavera pour calmer l’acidité stomacale et faciliter la digestion. Il remplace le café ou le thé après le repas, le petit déjeuner ou le goûter.

- le Mate Billorita pour prévenir contre les coups de froid de l’hiver et préparer l’organisme aux changements de saisons.

- le Mate Nerviosan pour profiter d’une nuit calme et réparatrice. Particulièrement conseillée pour les personnes surmenées ou hyperactives.

- le Mate Gargasan pour combattre les maux de gorge et les refroidissements de l’hiver.

- le Mate Tonisan ( aux vertus énergisantes ) pour stimuler et tonifier nos défenses et combattre la fatigue.

- le Mate Prostasan pour aider à accélérer l'évacuation des déchets organiques dans les urines et soulager la prostate.


Don Hilarion, maître kallawaya de Bolivie, a partagé, toute sa vie durant, ses pommades à base animale, ses brevages à base apicole, ses tambouilles à base de plantes, essences et espèces uniques.
Aujourd'hui, les petits réseaux du commerce équitable permettent à son fils de garantir la lignée, et grâce à ces micro-micro-financements, d'accompagner des projets communautaires tout à fait viables.

Les plus grands anthropologues européens qui l'avaient rencontré, il y a fort longtemps, n'avaient bien évidemment pas complètement percé le mystère de cette cosmovision si particulière.

Ils, nous n'oublierons jamais cet art subtil du partage des savoirs, sans appétit de lucre, cette sagesse contenue, sans chercher à mystifier son monde, et ce silence profond, profond, profond, de celui qui sait, qui se tait. Mais qui parvient malgré tout à transmettre, guérir, partager, résister.

Don Hilarion, quel panache...

lundi 5 mars 2007

Ciga'o enamora'o: un court métrage de putamadre

Quand on imagine que c'est fait en deux temps trois mouvements avec deux bouts de ficelle, des résidus de clopes impropres à la consommation, une web cam Amstrad et beaucoup de talent brut de coffre, on ne peut que savourer...
Petitou, un jour, sera fier de son Smoking Funky daddy.

samedi 3 mars 2007

L'Amérique Latine au carrefour


Artisanat et géopolitique - Mexique


Bon, il faut se ressaisir.
C'est le tournant de la rigueur.
Hors de question de se laisser aller à la démagogie du bloggeur lambda.
Trop de photos et d'explicit lyrics ces derniers temps sur ce site.
Trop de mainstream.
Trop de visites légères.
J'ai même enregistré une visite à Oulan-Bator. Parfaitement inacceptable.
Pas envie de me taper un lectorat qui cherche uniquement du nichon ici. Ou que sais-je encore.
Bon. Voila. Tous privés de nichon.

Ce week end, je vous propose de vous coucher un peu moins con et de lire deux analyses récentes qui, à mon sens, sont les plus pertinentes sur le contexte géopolitique actuel de l'Amérique latine et les dynamiques qui traversent le continent.
Passionant.

La première, c'est un entretien du Recteur Gérard-François Dumont, Université de Nice, spécaliste de la région.


L'autre, c'est celle du brillant Alain Lipietz. Je n'aime pas trop sa sympathie chaviste, mais il a mis de l'eau dans son pinard. En termes analytiques, sur le continent, il est inégalé.

Vous avez deux heures. Je ne veux rien entendre.

Le Paraguay est pédé


Machistador de playa, premier degré. Compagne silliconnée de partout.

Machistador de playa, premier degré. Merde il a capté le zoom.


Quelque part dans une ville latino-américaine, en 2004. Il va de soit qu'il s'agit d'une fidèle reproduction d'une discussion véritable entre deux expatriés français. Mise en ambiance dance, obligatoire: Soft pink truth: homosexual.




Lui: - Tu comprends, là bas aussi, je roulais ma bosse dans ce milieu de la production culturelle, les "arts et pestacles", les visites d'artistes "internationaux" capricieux, tout ça.
De belles années. Le pays est vraiment fascinant...Il est assez méconnu, on en a souvent une fausse idée. Ou pas d'idée du tout d'ailleurs.
Elle: - Les hommes du Paraguay sont assez connus pour être des machos de première, homophobes et tout, non? On t'a pas trop emmerdé avec ça?
Lui: - Ecoutes, là, pour le coup, on est loin du compte. En fait, rien n'est moins vrai: figures-toi que je ne me suis jamais autant tapé de mecs straight que là bas.
Mais tu n'imagines pas. C'était incroyable. Je pouvais pas sortir sans me culbuter un papa. Et ça se passait surtout dans des endroits bien fréquentés, bien hétéros, bien comme y faut.
Elle: - ça veut dire quoi des mecs straight?
Lui: - des gens comme toi quoi, mais en mec, des hétéros.
Elle: - Je vois...Et tu les draguais comment les bons pères de famille?
Lui: - Ah mais je n'avais pas besoin de me fouler...Ils s'approchaient d'eux même, du genre "conversation bégnine d'hétéro", mine de rien, et de quel beau pays nous venez-vous, et je suis chef d'entreprise, et je suis banquier, et je fais de la muscu, et vous aimez la pêche sportive, et je suis marié à une superbe femme...et ces gentils glandus de s'empresser de me montrer la photo de l'épouse, au comptoir, comme ça. Déjà, c'est cramé.
Elle: - je vois...
Lui: - Je te le dis, jamais je ne me suis tapé autant d'hétéros non assumés, non sortis de leur placard qu'au Paraguay. C'est pas anecdotique ce que je te raconte là, c'est un réel phénomène, structurel je dirais même. Ca prend des proportions dingues. Je te parle de dizaines de type. En proportion, dans un pays considéré super macho, super pas gay du tout... Mais mort de rire. Le Paraguay, tout le Paraguay est pédé. Le mythe du bigoton (moustachu) d'Asuncion, coureur de jupons et sûr de sa virilité, excuses-moi, mais c'est une façade des plus évidentes. Le Paraguay est pédé!
Elle: - je vois! (Rires)
Lui: - Parfois ça me mettait en colère. Parfois j'étais plus clément. Certains sont violemment faux-culs, odieux. D'autres, tout simplement, ont peur, se cachent. Terrifiant. Il y en a un parmi tous ces braves papas qui est vraiment sorti du lot...Mais à la fois, c'est tellement symptomatique...si tu veux, ça résume parfaitement ce que je suis en train de te dire. Une précision s'impose, tout de même: on n'est pas dans la théorisation fumeuse là. On est dans l'épreuve de validation empirique, survérifiée, de l'hypothèse de départ. C'est vécu et expérimenté par bien d'autres homos, nationaux et expats. Tu vois?
Alors voilà le tableau. Je suis dans un bar, mais alors, super full hétéro.
Elle: - je t'interromps, mais comment tu distingues un bar gay d'un bar hétéro toi ?
Lui: - Je distingue. T'inquiètes donc pas, on est équipés pour ça.
Le gars s'approche, mine de rien, genre revenu de tout. On est là pour parler sport et politique, quoi, tu vois. Même topo, tout en esquive. Je sens déja poindre un truc louche, du genre "je veux mais je veux pas Monsieur". Mon dieu. Pauvre enfant...Vu la situation, sa maladresse éhontée, je l'aide un peu.
Bon, clic clac, ça finit ou ça doit finir. Je dis clic clac, mais en fait il a fallu en surmonter des roueries de sa part, de son moi, de son sur moi, de son éducation homophobe, du regard de la société, "que je veux", mais "que je sais pas", mais "que je veux pas en fait", mais que "sale pédé" qu'il me dit à un moment le type, feignant l'indignation, me jouant l'offusqué, le saligaud! Incroyable.
Bon, il me plait, je séduis en douceur quoi. Je ne m'affole pas, c'en est même touchant et terrible. C'est quasiment du militantisme quelque part.
Bref, il accepte, il s'accepte enfin, et assume enfin ce qu'il est venu chercher. A la bonne heure.
Et là, j'y vais quoi. Je suis sur la brèche.
Elle: rires (quasi aux éclats)
Lui: - Et là, il me dit: "bueno, de acuerdo, pero la puntita no mas!" ("bon, d'accord, mais le ptit bout, pas plus").
Elle: Rires
Lui (avec, tout à coup, cet air du chercheur qui a trouvé et validé quelque chose de précieux et d'éminemment sérieux): - voilà, ma pauvre, que veux-tu... La puntita no mas. C'est toujours pareil: plus une société réprime ces préférences là, plus ça sort en malsain, en hypocrite, en rabougri, en mesquin. Le drame, c'est ce Paraguay pédé comme moi qui ne le sait pas, qui ne veut pas le savoir...Quelle hypocrisie!
La puntita no mas...On en est restés là, évidemment. J'ai le sens du devoir, mais faut pas charrier...

vendredi 2 mars 2007

Carnaval, collection N°3- Oruro, Bolivia





















Le groupe LLAJTAYMANTA. Cha cha cha. Une morenada. Je kiffe. Goguenards, certains kamrades de jeu ne comprennent pas le goût que l'on peut avoir pour le folklore bolivien, Barbara ET pour le hip hop east coast. Tampoco.


Le plus beau Carnaval du Monde, c'est le Carnaval d'Oruro.
Voilà.
Péremptoire.
Limpide.

C'est un truc flamboyant, fort, Oruro.
Ca souffre, ça prie, ça s'exalte, ça sue, ça picole, ça suinte, ça pisse, ça vomit, ça s'enroule, ça se bastonne puis ça s'embrasse, ça danse, putain qu'est ce que ça danse. Brut, des kilomètres et des kilomètres de pélerinage synchrétique et sautillant, jusqu'à s'incliner aux pieds de la Vierge du Socavon, la Vierge des mineurs qui grattent le filon à l'ongle et à la foi, comme à la fin du 19ème siècle.
Ils arrivent, s'inclinent. Transis.
On en voit même certains en "roue arrière" (tiens, comment va Mr Soulard?)

C'est un truc de fou. C'est sans doute, encore, un élément fondamental de pacification sociale dans un pays qui en a bien besoin.
C'est surtout une fête qui ne soutient aucune comparaison.


J'ai justement un collègue brésilien, complètement addict à tout ce qui ressemble de près ou de loin à un phénomène de transes urbaines, de plumes dans le cul et de musiciens mobiles, qui en revient. Je crois qu'il ne s'en remet toujours pas.
Il y a encore peu de temps, le folklore populaire était méprisé par les classes oppulentes de ce pays de féroce ségrégation. Mais peu à peu, les cultures marginales ont commencé à attirer les bouregois de la zone sud, les cloitrés des compounds sécurisés, dans certains quartiers fermés des villes, qui se sont peu à peu mis à danser eux aussi les danses du cholo, de l'indien, du crasseux, de feu-le-gueux, que sont la cueca, la diablada, les caporales, le toba, les morenadas, les tinkus... Le mélange se fait sans heurts.

On me raconta que dans les années d'ajustement structurel d'obédience FMIste, ces maudites années perdues, même l'ancienne élite politique, blanche, ces "De Boers" Andins qui ne reviendront plus, se mêlait tout sourire à ce Carnaval, après l'avoir tant méprisé.

Déjà, dans notre royaume de France, le plus grand plaisir des princes était de se mêler au populaire. Henri III courait les rues de Paris, costumé en Pantalon vénitien et s'amusait fort à battre les passants et à jeter dans la boue les chaperons des femmes. On ne s'en étonnait guère; c'étaient les moeurs du temps.
Les vieilles femmes osaient à peine quitter leurs maisons de peur des "attrapes" du mardi gras. On plaquait sur leurs manteaux noirs des empreintes de craie figurant
des rats et des souris, on attachait à leurs robes des torchons sales.
Nous ne parlerons des obscénités étalées en public, et des facéties grasses, que pour rappeler qu'elles étaient un des traits les plus caractéristiques des saturnales. Les théâtres ont conservé longtemps la tradition de jouer les pièces les plus licencieuses dans les derniers jours du carnaval. Coquinneries, aqui, alla.
A Oruro, on ne pense pas à tout ça. On comprend quelques morceaux, bien plus tard.
A Oruro, on ne sent plus cette chappe de plomb raciale qui est tout de même à vif dans le pays depuis 2000. On ne pense plus, enfin, à tout celà. On se reconnecte avec les entrailles de la terre et de la poussière. On les transfigure. On fait jaillir la couleur.

On m'a parlé d'un blogue de voyage en Bolivie: ils en causent bien. Ils sont mignons ces belges. Presque cursis, mais mignons.

J'aime le Carnaval d'Oruro, aussi, parce qu'il reflète la Bolivie. Avec ses grandeurs, ses immenses éclats de brio, son panache carnassier, sa trajectoire culturelle millénaire, sa capacité de résistance aux plus grandes des tragédies, personnelles comme collectives, toujours si intimement liées là bas.
Je l'aime pour ses tripes.

Par contraste, le show de Rio (ça virerait snob sans crier gare, là...), sa rigueur disciplinée, l'extrême ajustement de ses mouvements, la coordination appliquée de ses participants/compétiteurs...
Rio, c'est la compét. Entre différentes écoles de samba. C'en serait limite chiant, à bailler.


Allez, en février 2008, cap sur Oruro.

QUESTION: "Les ours" d'El Alto y seront-ils?

jeudi 1 mars 2007

Carnaval, collection N°2 - Trinidad and Tobago

Je vais vous épargner les clichés benettono-mièvres sur le brassage phénoménal de ce carnaval. Sur les danseurs afro (40 % de la population), indiens (40% de la population de TT; migration plus ou moins forcée, organisée par l'empire colonial britannique depuis le Sud de l'Inde, au 19ème), métis, blancs, aux inspirations britanniques, espagnoles, chinoises, françaises, yoruba, penjabienne, les musiciens, le rhum, le sandwich au requin, les chars et le bon gros son qui casse la baraque...
Pas la peine.

Toute la tendresse que j'ai pour ce Carnaval "kinda magic" est dans cette vidéo.
Kassdédi à Big Ben pour avoir été un excellent passeur.


Comment rester insensible à ces milliers de petites scènes perdues, en queue de carnaval...Ca fait à peu près 7 heures que le Monsieur là, danse, encore et encore, profite de sa prime jeunesse au son de la SOCA, du calypso et des steel bands.
Il est en fermeture de son Band.
La plus belle définition de la félicité, on peut la trouver, là, sur sa tronche définitivement exaltée, sur la main aimable et volontiers encourageante tendue par l'éphèbe proto-gay qui le croise, sur le compagnérisme spontané de ces trois potos d'un moment, en impro, adossés au dernier instrument inventé par l'humanité du 20 ème siècle: le steel pan (élaboré à base de barils de pétrole..bon allez sur Wikipedia en savoir plus).






Là, les lascards, il va falloir avoir l'oeil, et le bon.
Ca se frotte dans tous les coins et recoins. Ils appellent ça le Wining (prononcez le WAHINING, comme WAHABITE presque). Ca wahine de partout. C'est incroyable. Je veux winer. Je wine. J'exulte. Rââââ lovely.
Ils sont 12 000 comme ça.