vendredi 24 juillet 2009

La Misère du Monde, ou l'Histoire vue d'en bas



Ce que j’aimerais raconter, pour de vrai, les jours ou j’ai pas sommeil et ou j’en ai marre des pitreries, c’est l'Histoire vue d'en bas.

Ce que j’aimerais raconter, c’est ce qui vient d’en bas, non idéalisé, non mortifié, non fétichisé dans le misérabilisme statique ou la complaisance démagogique (dont la gauche française est, il faut le reconnaitre, fort experte; presqu'autant que les droites...), mais juste, raconter, avec suffisamment de rigueur, et surtout, avec réalisme et poésie,
et, tendresse compréhensive,
sur ce qui vient d'en bas,
la Populasse, le petit peuple, la masse roturière,
les vrais gens, les majorités silencieuses,
tous ces poncifs,
ESO,

ce souffle dévastateur qui vient régulièrement se rappeler au bon souvenir de dirigeants devenus autistes, déconnectés ; cette lame de fond qui vient pour tout chambouler, pour renverser l’ordre ancien, souvent sans même en être bien consciente. Remettre les pendules à une autre heure.

Parler par-dessus la tête de la société, c’est ce que font les « nanalystes », constellation hétéroclite qui englobe la plupart des blogueurs dits « ninfluents », des éditorialistes sur-côtés, priapiques, s’étalant dans les colonnes de grands quotidiens du soir, économistes déférents de tribune, sociologues tautologiques des pages rebonds, matamores mous des pages Opinions.

Par-dessus sa tête, au peuple, supra gente ; voire par-dessus la jambe, pour les plumes les moins talentueuses, qui plus est.

J’aimerais raconter mes petites expériences, mes métiers, d’en bas. Mais je ne m’y prends pas bien. C'est plus facile à les vivre.
Encore que des fois, pas vraiment, mais c'est encore une autre histoire.

Ce qui me botte particulièrement, à vrai dire (comment ça "botter" est un verbe qui ne s'utilise plus depuis la sortie du dernier méga mix de Jeanne Mas?), c’est de lire ceux qui parviennent à ne pas prendre le point de vue des vainqueurs de l'Histoire mais, de par leur métier ou leur position, sont notoirement du côté des perdants, de ceux qui sont en marge, des exclus de la société.

Bourdieu, avec La Misère du monde, a secoué ma petite vie, en ce temps là, en ce sens là.

Bourdieu et ses collaborateurs sont parvenus à mettre leur individualité en retrait et à miser tout sur la compréhension, sans prétention de tout savoir mieux : une vue des conditions sociales et de l'état de la société française qui peut très bien être transposée sur d'autres pays. J'y pense, souvent, quand je traine dans les rues de cette querida America latina...

Mais c'est lourd, lourd, 2000 pages, aussi, chiant comme la mort, à lire.
J'aimerais qu'il y ait des gratte papiers, des blogeurs même qui soient des Bourdieu Twitteurs, tout ça, en comestible, mais avec substance.
Rigoureux ET funky.

Histoire de.
Oui, une utopie minable, mais ça me vient comme ça que veux-tu...

Et puis ça nous changerait, accessoirement, des penibles et poussives sorties peu aeriennes de ce genre de tartuffes touristes politiques moisis à la mord moi le chupeton, par là tiens, par exemple...

Putain avec des gauchos de cette trempe là, on est quand même plus dans le monde de la Misère intellectuelle que dans la misère du monde, et encore plus loin de La Misère du Monde...

Ecrire sur la pauvrete, écrire sur les pauvres et les exclus, écrire pour, par, avec, au dessus, a coté, des pauvres, aux cotés, des perdants du dit "Systeme", tout le monde peut s'y atteler; mais c'est pas donné a tout le monde, justement, que "quelque chose" se passe, passe, pour que par le truchement du texte, la magie du sentiment sincere opere; pour etre lu, compris, touché, coulé, par des phrases qui viennent des entrailles, du réel, du coeur, mais surtout, de la merde, de la fange dans laquelle survit les 3/4 de l'humanite, ces mots, qui sonnent juste parce qu'y a des moments ou on ne peut pas, plus tricher...Mon pauvre...

J'essaye encore. Des que j'y parviendrai, promis, j'arrete...




Proxima estacion: ESPERANZA!

2 commentaires:

gregolombiano a dit…

Je ne te connais pas personnellement, mais j'apprécie beaucoup ton franc parler et la qualité de tes articles: toujours honnêtes, avec un style délicieux. Ainsi, je sais que je peux te faire confiance, si tu dis quelque chose, c'est sûrement vrai.

Mon problème, c'est que j'ai de la merde dans les yeux (trop d'influence des médias "traditionnels"), et je ne vois pas certaines choses évidentes que je devrais voir. Ainsi, je souhaiterais que tu m'aides, en me disant pourquoi les 3 blogs cités sont l'oeuvre de "tartuffes touriste politiques moisis à la mord moi le chupeton". J'ai lu - muy de vez en cuando je l'avoue - celui appelé Hombres, et il me paraît partir d'une bonne intention, et les rares articles que j'ai lu me semble assez objectifs. Alors... qu'est-ce que je ne vois pas?

Patxi a dit…

Merci de ta soumission inconditionnelle à mon discernement. je t'en sais grès ou grais ou gray.
Tu as raison.
Hombres est un couch surfer, un squatteur 2.0 quoi qui me ressemble un chouilla dans la bêtise neuneu de mes 20 ans, déja trop en tout cas pour que je l'aborhasse vraiment vas...Patxi, alter ego espontaneo