samedi 4 juillet 2009

Le bal des hypocrites



Les coups d'Etat finissent toujours par des tas de coups...

Le Coup d'État militaire au Honduras a été unanimement condamné. Dans un style que je qualifierai de néo-old school, le Président Zelaya du Honduras a été viré manu militari, en pyjamas, vers la twilight zone et accessoirement le Costa Rica.
Les répressions semblent prendre de l'ampleur. Cette situation préoccupante de crasse instabilité va sans doute perdurer un bon moment, le nouveau Gorille en place et son salasse supa crew semblant disposés à assumer pleinement leur isolement international...

Ces derniers jours furent aussi l'occasion de prises de position très, très comiques de la part de certains Présidents de la région qui, d'un coup d'un seul, ont revêtu leur costume d'arbitres, de redresseurs de torts et de donneurs de bons points de la démocratie en Amérique latine.

Le bal des hypocrites est ouvert.

Imaginez donc une semaine de discours (et d'actions concrètes visant à renforcer les positions et médiations diplomatiques des organes internationaux et régionaux), exigeant la restitution du Président déchu, Zelaya, en salle de conférence, en salle de presse, à l'ONU, à l'OEA, l'ALBA ou dans leurs palais respectifs, ensemble, séparés, imaginez ces chefs d'Etat vociférant, des jours durant, et tenant à peu près ce langage à la fois légitime, en soi, et hallucinant au regard de ceux qui les portent:

Le Président démocratiquement élu de de Cuba, Raúl Castro, qui nous fait son cours magistral de démocratie tout au long de la semaine. Appelant au respect de la démocratie électorale, de la Charte démocratique de l'OEA, dénonçant le muselage de la presse eu Honduras! La classe, dans un pays sans élections, qui dispose d'un seul journal officiel etc.

Daniel Ortega, l'ex sandiniste évangéliste qui lave plus blanc que blanc, lui qui a violé durant 2 ans sa belle fille de 14 ans (fait avérés, et pas rumeur de gusanos anticocos primaires), place ses discours sur le plan de la morale, nous parle de la lâcheté, de valeurs; à faire chialer un contra. Lui qui vient d'être pris la main dans le sac pour de généreuses fraudes aux élections municipales, nous a gratifié d'un discours sur la démocratie à faire pâlir un Abraham Lincoln.

Zelaya, Président du Honduras (et pas ex président, comme le dit CNN) qui a lui même insulté le système interaméricain des droits de l'homme et l'OEA le mois dernier, invoquant son absence de légitimité, qui désormais en appelle à sa protection et à son assise diplomatique...On se marre.

Hugo Chávez, ensuite, le ponpon.
Chavez qui réclame l'intervention de la CIDH, des casques bleus, de l'OEA, de l'AG de l'ONU, loue leurs positions condamnant le coup et les violations des droits de l'homme. Alors qu'il les insulte en permanence en interne et en tournée internationale.
Le ponpon.
Pour te donner une idée, la présidente du Tribunal Suprême de Justice, clairement à sa botte, a déclaré il y a peu que les décisions de la Cour Inter américaine des droits de l'homme (qui est raisonnablement critique sur certaines dérives du chavisme, qui ont été analysées en bonne et due forme par les magistrats depuis le Costa Rica) n'ont pas de valeur juridique au Venezuela, ni même l'OEA qui "ne sert à rien"!

Alors que pour le Honduras, oui, c'est du bon matos, c'est du légitimo-formidable tout ça. mais pour le Venezuela, naaaaaaan, caca boudin.

Géométrie variable époustouflante. Du double discours à faire pâlir la aussi les néo-cons US de la dernière décennie.

Chavez a insulté il y a quelque temps le Secrétaire général de l'OEA, le socialiste Insulza, de "pendejo"-gros con, imbécile, et son organisation comme totalement inutile.

Chavez refuse toute visite d'observateur de ces organismes, refuse tout visa, tout espace pour toute organisation de droits de l'homme indépendante, a viré le Directeur Amérique de Human rights watch en quelques heures, se fout d'Amnesty International et des Special rapporteurs de l'ONU; Chavez insulte à longueur de temps toutes les organisations internationales quand elles sont moins flatteuses pour les réalités du pays, et les encensent quand elles vont dans le sens de sa propagande, lui qui prêche l'inutilité des ces organismes "impérialistes" quand ils évoquent même constructivement la misère de son pays (FAO, HRW) et qui les encensent et les citent à tour de bras quand ils reconnaissent certaines de ces avancées (Unesco, Cepal).
Bref, Chavez a fait du Chavez.

Chavez fait valoir les électeurs de Zelaya, mais piétinent les électeurs de Ledezma, le maire de Caracas qui n'a plus aucun siège, budget, fonction, après la nomination du jour au lendemain d'un gouverneur local lui quittant toute prérogative.
A prétendu postulé au Nobel de la Paix, et menace d'une intervention militaire.

Chavez qui a de lui même décrété le 4 février, date de SA tentative de coup d'Etat en 1992, comme jour férié, défilés militaires et tout le tintouuin, qui a fait couler le sang, nous parle ces jours ci comme s'il n'avait jamais vu le loup...

On se marre bien, décidément, devant tant de "sinverguenzura" ("sans hontitude"...) de nos camarades Présidents "du XXIème siècle".

Pendant ce temps, Lula reste discret, capitalise et engrange les succès diplomatiques dans la région. Chavez, sans pétrole, ne serait plus rien depuis fort longtemps...

Enfin, dans le fonds, on sent bien qu'ils ont bien raison de réagir fortement, certains moins bien lacés que d'autres à l'évidence pour assoir leur propos, devant ce dangereux retour en arrière de 30 ans, porté par les élèves-gorilles disciplinés de feu l'Ecole militaire des Amériques...

4 commentaires:

Francis J. a dit…

Eh oui, Patxi, c'est tout à fait ça. L'Histoire bégaie une fois de plus. Et je me demande si ce coup d'État n'a pas au moins le mérite de remettre les pseudo-démocraties latino-américaines, la brésilienne comprise, à leur place.

Bon, de toute façon, l'avenir du monde ne se joue pas ici, mais plutôt du côté du Moyen-Orient, où sont nées les premières civilisations, où apparaissent les premiers signes de leur disparition définitive.

damorop a dit…

Patxi dixit:

"Chavez refuse [...] tout espace pour toute organisation de droits de l'homme indépendante"

Sur ce point, allez voir PROVEA:

http://www.derechos.org.ve/

Ses rapports annuels sont très complets et documentés: http://www.derechos.org.ve/detalle.php?id=791

Dans celui de l'année dernière, Provea n'est pas particulèrement tendre avec l'État vénézuelien:

"Un total de 247 víctimas de violación al derecho a la vida se registran en la base de datos de Provea para el actual periodo en estudio, contabilizándose 70 fallecimientos más respecto del año anterior."

Ses rapports avec le gouvernement Chávez sont conflictuels de temps en temps, mais à ma connaissance ils travaillent toujours et encore en toute indépendance, mais autant le leur demander directement: provea@derechos.org.ve

Patxi a dit…

Je parles des organisations NG et G (non gouv et gouv) internationales. Effectivement, il rest Provea qui fait ce qu'elle peut, la pauvre naine. La preuve: 247 víctimas de violación al derecho a la vida, 247 sur un total de 7000 homicides en 6 mois, oui, on a une idée de la faiblesse d'une des trop rares ONG de droits de l'homme dans ce pays...
Tant qu'ils sont ainsi affaiblis, effectivement, ils sont à peu près tolérés, on n'est tojours pas en Iran ou ailleurs, certes. mais des signes tangibles sentent vraiment trop mauvais...
enfin moi ce que j'en dis...

Tristan a dit…

J'aimerais remercier les iraniens pour leurs excellents médecins, en particulier celui qui m'a oppéré ma tumeur au cerveau. Un pays qui soutient aussi de nombreuses organisations NG et G, au Liban et en Palestine, par exemple. J'aimerais aussi remercié leurs gardes du corps qu'ils ont généreusement offert à Evo Morales. Je sais bien qu'ils ont assassinés quelques mercenaires d'extrême droite de l'UE. Je sais bien de de nombreuses ONG des USA ont été très choquée qu'il soit interdit d'avoir un arsenal composée d'armes de guerre dans son hôtel ou dans sa maison. Il faut dire, aussi, que beaucoup aurait voulu voir le président du sénat, Ortis, devenir le nouveau président de Bolivie, grâce à la succession constitutionnel. La seul chose qu'il fallait, c'était l'assassinat d'Evo Morales et de Linera, le vice président. En plus, avec le merdier qu'il y a dans le MAS, parti d'Evo, on aurrait eu une guerre pour la succession à la tête du parti. Je ne remercierais jamais assez les iraniens d'avoir pu évité une situation catastrophique de ce genre. Enfin, et je me pose toujours la question de où est Diodato, un italien qui a déjà testé l'assassinat d'une juge en utilisant une voiture piègée, à Santa Cruz, mais personne ne peut me dire si la rumeur de sa mort est fondée ou si, au contraire, c'est là pour nous faire pensé que le type à une nouvelle indentité offert par le programme de la DEA pour la protection des temoins. Bref, je me pose toujours la question si Evo et Linera arriveront vivant jusqu'aux éléctions. Enfin, je sais que Dieu est Grand et qu'Il n'acceptera jamais une truc parreil. Ma foi me donne des réponces, mais si vous voulez la mettre en doute et dépattre avec les armes de la raison pure, je ne vous en voudrais pas et je serais heureux de vous répondre sous la forme la plus a même de vous convaincre, en essayant d'éviter un maximum l'insulte facile (enfin, comme je ne suis pas parfait, j'y arrive pas toujours)