lundi 13 juillet 2009
Sous vide
Pour Victor
"En ce qui me concerne, j’enfilais pour la première fois le corset du salariat dans un établissement semi public chargé d’établir les fiches de congés payés des travailleurs du bâtiment. Nous étions une trentaine d’employés à éplucher ainsi des feuilles de paye et des « déclarations de mise en intempéries » établies par les entrepreneurs. Il fallait reporter ces heures chômées sur des documents spécifiques, y inscrire le nom de l’ouvrier, effectuer quelques additions élémentaires et déterminer le montant des sommes à verser. C’était un travail comme il en existe des milliers, sans intérêt, une sorte de chaîne administrative, survivance d’un autre siècle, un emploi simplement misérable qui grignotait votre vie, sorte de petit cancer salarié qui ne vous tuait pas, mais simplement, jour après jour, paralysait les muscles du bonheur. Le plus cocasse, ici, était bien que notre activité consistait à calculer la durée des vacances d’autrui. Je savais n’avoir que quelques mois à endurer dans ce compartiment étanche au monde. La plupart des autres employés y avaient déjà passé le plus clair de leur existence."
Une vie française
Jean Paul Dubois, Toulouse
Et alors, tu finis quand, là bas?
J'veux dire, c'est quand que tu rentres?
Tu vas bien rentrer un jour, hein?
Parce que c'est pas pour de vrai, là, ton métier, en fait...
C'est passager, ta "crise d'ado" un peu prolongée quoi...Ah ah, c'est ça, quand même, au fonds, hein, vrai ou pas vrai? Ah ah...
Hein, dis? L'Amérique latine, c'est quand même super "chaud" non...
Mais reviens donc, on est pas si mal ici...Tu pourras passer les concours administratifs, les IRA et tout, si ça marche pas, le reste, ton projet là...Hein? Et puis en plus, maintenant, on peut bosser plus, le dimanche, pour pareil, rappelles toi quand t'étais agent logistique à Leclerc, hein, c'était pas le top, mais bon c'était pour commencer...
Et puis en Europe on a des plages tropicales sous serre désormais, 25 degrés toute l'année, y a même des bouts de vague artificielles, comme les vrais...
Alors, tu nous rejoins quand?
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