samedi 6 décembre 2008
Mireille danse le Merengue-Reggaetoné
Tu t'appelles Mireille.
Annie, Josette, Marie Pierre, Ludivine.
Que sais-je encore.
Je vois bien ta tête.
D'ailleurs c'est bien simple, je l'aime bien ta petite tête ronde, tes traits pas encore fanés, ton teint tout rougeâtre, là, ta peau vert de gris victime d'un trop plein de soleil, ton corps mignon, grassouillet, anodin.
On vous aime comme vous êtes, en plus.
Pas besoin de singer des princesses numides ou d'élancées amazonnes (intégralement huilées, en plus), pour nous plaire, mesdames.
Pour de vrai (...).
Bon. Aout 2008.
Tu es de passage en terre caribéenne.
Ton trajet en avion est tout en excitation, fantasmagories, doutes, craintes, exaltations, qui montent et qui descendent au grès des trous d'air de la route Paris CDG-Santas Palmitas.
Tu imagines, extrapoles, simules, envisages,
des sensations, des visages, des images, des rencontres à venir.
A peine foules-tu le tarmac que tu sens que, cette fois, cette année, oui, tu vas te lâcher.
Pour de bon.
Tu veux "profiter".
Après tout, tu as bien mérité ce droit à la jouissance tropicale.
Un max. A donf.
Toi aussi.
Ton tour est venu.
Année de merde.
Par dessus le marché.
Cette année, tu veux danser.
A peine débarquée, tu sens les fameux picotements dont le guide t'avait causé, l'an dernier: cette envie irrépressible de bouger le cul, le corps, au son de ces calientes musiques locales (merengue, reggaeton, salsa), qui, déjà, s'invitent et se livrent à toi.
Ce son qui monte et qui sort de tous les balcons, de tous les paliers, cette exultation des corps, qui réveille certains de tes penchants les plus enfouis par Calvin et la morgue judéo-chrétienne. Dis-tu...
Il t'appartient.
Cette année, pas de regrets.
A peine pénètres-tu pour la première fois dans un de ces antres post-urbains diaboliques, type "DISCO Las Bananas Putitas", que tu te dis, que, pourquoi pas...
Tu jauges. Vite fait.
Tu te lances. T'y vas, nom de nom!
Et c'est là ou j'interviens, Mireille, vois-tu.
Car c'est pas possible.
Je souhaiterais, vraiment, te parler en adulte et t'épargner, à toi, un moment pénible (notamment l'ex post), et à moi, un moment tout aussi pénible (notamment le "pendant").
Alors j'interviens.
Mireille.
Je te prends par le col et je te sors de la piste.
Immédiatement.
Je te cale contre le bar.
Je te sers derechef un Mojito.
Et je te tiens à peu près ce language.
Faut pas déconner.
C'est pas pour toi.
D'accord?
Tu t'imagines vraiment pouvoir "danser" à côté de ce type d'autochtone là toi? Mireille? Sérieux?
Tu crois vraiment que t'as ta place sur le dance floor?
La démocratisation du quoi? De quoi? Des "vacances"?
Et ça te protègerait du ridicule?
Mais les congés payés ça n'existe pas ici, Mireille.
Juste le soufre, l'argent sale et le corps, qui sont là et qui virevoltent.
Et qui, pour un instant seulement, deviennent quelque chose de Beau.
La transfiguration. Pure.
Faut pas gâcher cette harmonie, là, cette cadence infernale, avec tes singeries.
Et toi t'es là, là, avec tes...tes...moulinets maladroits là...t'es toute empâtée, tu te précipites et pis c'est tout chelou là tes mouvements de tête, on dirait Paula Abdul sous acide. Et puis avec tes entrechats ridicules, empruntés aux "rallyes rock N'roll" de ta prime jeunesse, non c'est pas possible.
je t'en prie...faut vraiment songer à rester dans le canapé là.
Allons, Mireille, allons.
Regardes-là.
Le grotesque n'a pas de place.
Regardes-là.
Qui sait?
Cette année,lâches-toi, comme tu veux.
Penses à tes autres atours, qualités.
Mais surtout, surtout, surtout, ne danses pas.
Avec, ou contre, ou à côté, de l'autochtone.
Non.
Par pitié.
Ne danses pas.
TU ES FRANCAISE. T'AS COMPRIS.
A-t-on déja vu un fellaga chanter la Pitxouli ou un Maori danser la bourrée?
Même s'il fait semblant de "t'y inviter". Surtout.
Restes assises.
REGARDES.
Et arrêtes tes abonnements aux cours de salsa cubaine, tu n'y arriveras pas.
Compris?
Bon, vu que je suis pas un salaud, je lui ai tout de même payé un deuxième mojito. Avant d'appeler Pedro, mon copain le vigile.
Faudrait pas qu'elle me fasse fuir la clientèle locale, cette connasse de Mireille...
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4 commentaires:
Tu nous fais la même avec "jean-Claude" ?
;-))
Mais c'est à toi, à vous de le faire, ça, les miss. moi je suis bien trop phallogyne pour m'y mettre..
T'as du en voir des jean-mimi à Iquitos non?allez, vas y!
J'y étais pas à Iquitos, et puis je préférais être seule, en un mois, 3 petites visites, pourtant en petits groupes, je les ai fui comme la peste. Une grange gueule, une fois, un français, attention pas n'importe qui, "photographe de son état", 35 ans, petite gueule de carnassier, la b... en feu, ça se voyait à 1km, môssieur venait de NY, "couvrir" la fête des morts au Mexique, puis un saut au Titicaca pour "ne pas rater" je ne sais plus quelle fête, une petite virée sur le lac et une nuit chez l'habitant à Amantani (comme tout le monde finalement) et puis la soirée "déguisement" où je ne suis pas allée non plus, je préférais me lever avec le soleil...
J'ai marché, marché, marché, tous les jours, pour voir, contempler, écouter... Cusco, monter, descendre, remonter, on m'avait bien dit les expats, les français au KM O dans le quartier San Blas, là non je ne suis pas entrée... et je ne crois pas avoir raté quelque chose... j'en ai découvert des milliers d'autres !
hum... j'ai pas trop saisi... tu parles du fait de danser? ou du fait de danser pour draguer et se faire des locaux? Parce que c'est clairement pas la même chose...
Si c'est juste de danser... je ne peux pas être d'accord, et pourtant, je déteste danser, je ne sais pas danser, je ne veux pas danser. Mais quand les cubains ou les brésiliens, ou autres invitent quelqu'un à danser, c'est par pur plaisir, pour le partage... et ils s'en foutent un peu du ridicule
Maintenant, le tourisme "on se lâche au soleil", effectivement c'est autre chose..
Enfin... j'ai peut-être rien compris au fin fond de ton billet. ;-)
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