samedi 16 décembre 2006

L'ombre de Pinochet



Pinochet, dans mon imaginaire embrouillé d'enfant des années 1980, c’était l'incarnation maléfique même.
Une énigme terrifiante, à vrai dire.
PI-NO-CHET. Sa seule évocation me plongeait dans des rêveries cauchemardesques, interprétations confuses, questionnements sans fins. A trembler, vous dis-je.

Le Pen, version années 1980, avec sa gueule émaciée de pirate sanguinaire et ses féroces dyatribes (d'une violence inouie pour l'époque ouatée de Sabine Paturel), venait juste après, dans l'échelle des icônes médiatiques qui faisait flipper le môme que j'étais.

Je ne comprenais rien à rien, par la force des choses.
Mais ce personnage là, même loitain, même si étranger à mes petites préoccupations de gosse (qui à cette époque consistaient essentiellement à trouver la parade et oser enfin m'approcher de Stéphanie Rondeau, sagement installée au premier rang, en CE1), ce moustachu là, me terrifait.

Plus tard, on découvre des livres, on fait des rencontres, on se prend un ou deux documentaires brut de coffre dans la gueule...Bref, on se forge quelque chose qui ressemble à une opinion. On y développe même une aversion spontanée pour tout ce qui est musique martiale, bruit de bottes et marche au pas.

Il en est ainsi. Il y a aussi ces silences béants, qui existent dans toute famille, qui s’imposent naturellement et auxquels on fnit par s’acclimater tout à fait.

J'ai quelques vagues souvenirs désormais, que j'essaie de mettre en perspective.

Ma grand mère grognait tout à coup à sa seule évocation.
Elle hurlait même:
“Guanaco, hijoeputa ese”.Je ne comprenais pas son charabia hispanisant. Je ne comprenais pas sa rage soudaine. Car le 11 septembre 1973, elle était depuis fort longtemps en France.

Ce n’est que bien plus tard, après sa mort même, que je compris.
Sa douleur d’etre née là-bas, de ne pas avoir pu y rester.
Les imprévus de la vie. On lui a arraché son Chili, au printemps de ses 19 ans.
Elle n’a pas connu ni souffert de cette putain de dictature.
Ses cousins, sa soeur, restée là-bas, peut-être.Peut-être pas.

C’est surtout sa terre natale, forcément idéalisée, sublime, immaculée, qu’elle voyait souillée par le parjure permanent de cet affreux et stupide militaire.
Elle était catho-ouvrièriste de gauche. Mouvance JOC quoi, en France. Un professeur d'Université avait un jour décrit la JOC de cette époque: "mouvement ouvriériste, très engagé en 1936 au côtés du Front Populaire, d'iédéologie un peu 'misérabiliste', mais extraordinairement généreux". Comme la abuela.

Je ne comprenais pas l’espagnol. J’étais français unilingue.
Il a fallu attendre des années pour reconquérir ce petit bout d'histoire qui végétait dans les oubliettes de la mémoire familiale. La petite histoire. La grande.

Elle aurait dit, aujourd’hui: "Murio el cabron hijoeputa ese? Pues muerete, Guanaco!".
Peut-être lui aurait-elle accordé sa miséricorde, voire un bon pardon bien chrétien.
J'espère pas. J'espère qu'elle aurait parjuré-blasphémé-insulté pour de bon cet ignoble hijo de la chingada ese.

Kassdédi à ma grand mère.

PS: le guanaco est un camélidé présent dans le nord chili, qui se caratérise, tel le Pangolin, par son infinie stupidité.

11 de diciembre del 2006
Murió el dictador chileno Augusto Pinochet
Ayer a las 14:15 murió Augusto Pinochet, quien fuera el máximo responsable de la dictadura militar chilena.

Por Carlos D. PÉREZ
Coordinador General de REDH
Red Solidaria por los Derechos Humanos


Pienso en Chile mío, en las Compañeras y Compañeros que he llegado a conocer, en las Compañeras y Compañeras que no he conocido. Pienso en Máximo, Carlos, Germán, Rosa, Aldo, Pedro, Elías, Ula, Nicole, Fabiola, Ricardo, Juan, Jorge, Ernesto, Víctor, y tant@s, todas y todos hermanos.
Pienso en las noches de apuro, energía y desvelo, cuando tod@s hacíamos fuerza para que el dictador sea extraditado, en los días que nació REDH (de allí viene...).
Pienso en la impunidad intacta; en el poder engañando y haciendo tiempo; en el oprobio develado que no mancha sobre el barro; el hijo de puta levantando el bastón para que vean lo pícaro que ha sido ...
Los estadios, la Moneda, el Presidente que nunca engañó, los cuerpos de l@s compañeros en la calle, en el Mapocho, los vuelos, las razzias, el canto trunco, el exilio, la deportación, ellas bailando solas, la solidaridad internacional, tantas cosas.
Chile que se ve y huele como casa. Mis hermanos de aquellas noches de apuro que se abrieron sin preguntar nada.
Una parte de uno celebra, la otra cae derribada : murió impune, más de un imbécil le rendirá honores y lo citará en el futuro...
Pienso en l@s Compañer@s que intentron derribar la muerte en el cajón del Maipo. Ellos sí criminales, ellos sí salvajes, inadaptados, punibles, deubicados, asesinos, fanáticos, brutos, prófugos, presos, olvidados, innombrables.
Muríó 'el ex presidente de facto' dirán algunos, otros Augusto Pinochet a secas para no jugarse ni una uña y que cada uno le ponga el adjetivo que quiera por su propia cuenta y riesgo.
Qué capacidad de adaptación la nuestra... haber convivido con esta bestia tanto años...
Cuánto tiempo nos han pedido! Tanto que nos quedamos abrazados al tiempo y él a su Impunidad...
Pese a todo, miro a mis herman@s de Chile, como tantas veces y, con tanto que decir que no se puede, resumo en un fuerte y apretado abrazo.

Aucun commentaire: