samedi 26 avril 2008

Yamile et son orchestre



Voila.

Yamile.



Et son orchestre.




Con todo.

Donne tout, quoi.

Jamais vulgos.



Jamais.

La classe.

Siempre.

Les petites filles d'Amérique latine rêvent d'être des pop stars comme Yamile ou d'autres pétasses en chef style "Rebelde" (produit made in telenovela de TELEVISA, Mexique).

L'art de faire rêver les pauvres.

Des fois, on est tentés de se dire...

On est vraiment dans la merde...

Ah et puis tant que j'y suis, cette école de Miss à Bogotá.
Elles sont évidemment hors de prix.
J'ai vu les mêmes à Ciudad de Panama ou à Maracaibo.



On est vraiment dans la merde...

La Olympe de Gouge du XXIème siècle ne sera définitivement pas latina.
L'Amérique latine, c'est déjà 25 ans de thatchérisme enkylosant, 25 d'ajustement structurel synonyme d'homogénéisation des standards et des goûts, certes en voie de lent reflux.

Lecteur, si tu as un tant soi peu de considération pour l'avenir, pour Yamile, son orchestre, pour la vie et ses belles luttes collectives, je te serai gré de prendre 2 minutes et de lire cette délicieuse analyse de Mona Chollet, l’art de faire rêver les pauvres.

Chacun étant incité par le matraquage médiatique à se penser environné de flemmards, de parasites et de voyous qui veulent le saigner à blanc, au propre comme au figuré, il ne peut désormais cultiver que des espoirs strictement individuels. Il n’imagine pas changer les règles afin d’améliorer le sort commun, et, pour cela, s’allier avec d’autres, mais seulement tirer son épingle du jeu. « Chacun aura sa chance », clamait le président de la République au soir de son élection ; « chacun pour soi », en somme (« et Dieu pour tous », comme on s’en apercevra quelques mois plus tard à l’occasion de ses voyages officiels au Vatican et à Riyad). Il est secondé en cela par la culture de masse, qui brode d’infinies variations sur un thème auquel nos cerveaux ont développé une accoutumance pavlovienne : celui de la success story. Success story du gagnant du Loto. Success story de l’entrepreneur « parti de rien ». Success story des acteurs, des chanteurs, des sportifs ou des mannequins, à qui l’on fait raconter en long et en large comment ils ont été « découverts », comment ils ont persévéré sans se laisser décourager malgré les déconvenues de leurs débuts, comment ils vivent leur célébrité et leur soudaine aisance financière, etc.
Vous aussi, devenez président !

Toutes ces histoires, dont on bombarde une population harassée par la précarité et l’angoisse du lendemain, véhiculent un seul message : pourquoi vouloir changer l’ordre des choses ou se soucier d’égalité si, à n’importe quel moment, un coup de chance ou vos efforts acharnés, ou une combinaison des deux, peuvent vous propulser hors de ce marasme et vous faire rejoindre l’Olympe où festoie la jet-set (2) ? Bienvenue dans la société-casino ! Omniprésent, le modèle de réussite tapageur promu par le show-business pousse le spectateur anonyme à poser sur les « ringards » et les « perdants » qui l’entourent un regard de mépris rageur, et à ne plus rêver que de leur fausser compagnie. Il attise ses complexes d’infériorité, son sentiment d’insuffisance et d’insatisfaction. Tuant dans l’œuf toute solidarité, il rend sans doute impossible, aujourd’hui, l’émergence d’une « fierté de classe » et d’un sentiment de la communauté, moteurs indispensables des revendications d’égalité.

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