samedi 27 octobre 2007

Martine chez les FARC



Eileen, jeune et jolie batave de Groningen, venue un peu précipitamment et plutôt légèrement "sauver le monde" en plein conflit armé, en 2002 (ce qui a tout un tas de conséquences tout à coup bien réelles pour une jeune étudiante un peu paumée...à suivre, par ailleurs, l'affaire des "orphelins" Tchadiens et du Darfour qui relèvent de ressorts névrotiques Nord-Sud tout à fait comparables), Eileen donc, décide un jour de rejoindre les FARC. Comme ça. Elle a tellement de beaux rêves et de caca fitif dans sa tête. Elle y croit.
Elle ignore alors, avec son ouaf ouaf à poil ras dans les bras, sans doute, l'usage courant de la torture, de la menace armée aux populations paysannes réticentes ou voulant demeurer neutres dans tout ce merdier, l'usage massif des mines anti personnels, d'armements irréguliers lourds et leurs victimes collatérales, le narcotrafic, l'extorsion systématique sur toute activité de production économique (la vacuna ou "impôt révolutionnaire"), l'industrie du kidnapping civil et politique (around 2000 personnes DONT Ingrid Betancourt), la traite d'êtres humains, le trafic et la contrebande internationales d'armes et de précurseurs chimiques, les crimes sélectifs, sans évoquer les nuits dans le hamac, en forêt tropicale, les bottes et le flingue chargés, la promiscuité, les brimades, les violences, les exécutions internes, toutes sortes de chouettes activités de plein air.
La lecture approfondie de son journal intime, abandonné, nous montre sa terrible, tragique méprise et désillusion.

Elle ne sortira probablement jamais plus de la forêt. Ni des FARC. A fortiori depuis la publication de son journal.

Eileen, c'est l'histoire de Martine chez les FARC.
Tonio en causa a su modo.
La presse al suyo (un peu tronqué dans la presse francophone, qui n'a repris que quelques aspects plus funkys).

Une pensée pour elle...

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Après la récente publication d'extraits du journal intime de Tanja Nijmeijer, alias Eillen, une jeune Néerlandaise incorporée dans les rangs des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC, guérilla d'extrême gauche), la presse colombienne s'interroge sur le nombre d'étrangers qui se sont engagés dans les FARC. El Tiempo a ainsi interrogé une politologue néerlandaise qui a longtemps travaillé pour l'ONG Pax Cristi en Colombie. Selon Ludwine Zimpolle, il y aurait au moins "dix-huit jeunes Européens répartis dans différents fronts des FARC, au moins deux Norvégiens, d'autres provenant de Suisse, du Danemark, de Belgique et sans doute d'Espagne et de Grèce". Elle explique comment les FARC "ont créé le Parti communiste colombien clandestin afin d'attirer des militants étrangers, notamment d'Europe". Elle décrit Eillen comme "une jeune postuniversitaire, moderne, et vulnérable". Sa famille est "de classe moyenne cultivée et vit dans une petite ville de la région de Groningen, au nord des Pays-Bas." Selon le journal intime d'Eillen, découvert par l'armée lors d'une opération et remis au quotidien El Tiempo, deux autres Néerlandaises se seraient engagées au sein des FARC en même temps qu'elle.

Le journal intime d'Eillen, une Hollandaise engagée volontaire dans les rangs de la guérilla colombienne
LE MONDE | 04.09.07 | 14h58 * Mis à jour le 04.09.07 | 14h58
BOGOTA CORRESPONDANTE

Sur la photo, Eillen est ravissante. "Je suis comme un poisson dans l'eau. La jungle est ma maison", écrit-elle dans son journal. Mais cette jeune Hollandaise, enrôlée depuis plus de quatre ans dans les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC, extrême gauche), dit aussi sa désillusion. "Qu'est-ce que c'est que cette organisation où les uns ont de l'argent, des cigarettes et des douceurs, et les autres n'ont que le droit de se faire engueuler ?", s'interroge-t-elle.

Le quotidien El Tiempo a publié, dimanche 2 septembre, de larges extraits des carnets de la jeune femme, tombés aux mains de l'armée.

"Eillen", c'est son nom de guerre. Personne ne connaît son identité.

L'ambassade des Pays-Bas à Bogota ignorait son existence. "Maintenant que les journaux hollandais ont publié sa photo, ses parents vont probablement se manifester", explique la journaliste Judith Bedoya, qui a tenté de reconstituer l'histoire d'Eillen. La jeune femme serait venue pour la première fois en Colombie en 2000, à l'époque où les guérilleros des FARC, engagés dans un processus de paix, occupaient le sud du pays. Fascinée par la guérilla, elle aurait, deux ans plus tard, pris le maquis.

De son écriture nette et bien rangée, Eillen raconte son quotidien et ses humeurs changeantes. Elle dit ses envies de cornet de frites "à Groningue, Amsterdam ou Utrecht", l'attente de l'hélicoptère à abattre "qui n'arrive pas","la rebelle aux gros seins qui sème la pagaille" et dont "le chef dit que c'est le gouvernement qui l'a envoyée pour déstabiliser le haut commandement".

"SORTIRAI-JE JAMAIS DE CETTE JUNGLE ?"

Eillen révèle ses amours passagères avec des guérilleros. Elle s'exaspère de l'arrogance, de l'hypocrisie et du sexisme des commandants. Elle raille l'obéissance aveugle et les punitions : "J'ai plein d'amendes."

Souvent, elle craque. "J'en ai marre des FARC, marre des gens ici, marre de la vie en communauté, marre de ne jamais rien avoir pour moi, écrit-elle. Tout cela vaudrait la peine si je savais pourquoi on lutte. Mais je ne crois plus à rien."

"Il n'y a que maman qui m'écrit de temps en temps une lettre de reproches", se plaignait Eillen le 26 juillet 2006. Sa mère a, semble-t-il, fait le voyage. Mais la visite n'a rien arrangé. "Au contraire, les choses ont empiré", note Eillen, que la colère de sa famille attriste.

Lorsque la force de déploiement rapide a attaqué le camp de la guérilla, dans le sud du pays, le 18 juillet, Eillen et ses camarades se baignaient dans une rivière. Les femmes ont pris la fuite, nues ou presque, dans les marigots. Leur chef, Carlos Antonio Lozada, a décampé, lui aussi. Son ordinateur portable contenait, selon l'armée, "des informations très précieuses", parmi lesquelles une vidéo où Eillen apparaît.

Dans son journal, la jeune fille se pose des questions : "Est-ce que j'ai pris la bonne décision ? Est-ce que j'aurais été heureuse, si j'étais restée en Hollande ? Est-ce que je sortirai jamais de cette jungle ?"

Mais entre deux moments de découragement, ses convictions reprennent le dessus. "Je suis heureuse ici, c'est sûr, affirme-t-elle. Les FARC sont ma vie, ma famille. Je ne veux pas m'en aller. Je veux juste marcher, rire, combattre et cuisiner, sans me compliquer la vie. Je préférerais être dans une unité de combat."

La dernière phrase du journal date du 17 juillet. Eillen vante "cette expérience très intéressante que personne ne pourra m'ôter".

5 commentaires:

Anonyme a dit…

Quelle histoire tragique. Je pensais qu'en Europe, les années 70 avaient vacciné plusieurs générations contre le "romantisme" de la lutte armée. Et en plus, pour une européenne dont on parle dans les journaux, pour une femme politique, combien de milliers d'anonymes colombiennes enfermées dans ce système de mort, dont on ne parlera jamais ?

Des extraits de son journal dans Libé:

http://www.liberation.fr/transversales/grandsangles/278910.FR.php

Anonyme a dit…

Fascinant.
Mais à une époque où la manipulation est devenue généralisée, est-on sûr qu'il ne s'agirait pas d'un "faux"... ?

Patxi a dit…

Non là vraiment, les sources sont blindées.

de toute façon, si tu es sceptique, un jour, les responsables des FARC, de l'ELN et surtout des Paramilitaires seront à La Haye. c'est le sens de l'histoire. Et enfin, les milliers de témoignages, de preuves, de fosses communes, de récits de déplacés, de victimes directes de leurs atrocités, déja fort documentés mais à l'abri, éclaireront les opinions publiques sur l'étendue de la barbarie colombienne...
Eileen sera déja une maman de Quarante cinq piges bien sonnées, si elle est parvenu à survivre..

Il y a tellement de rambos de pacotille, qui se plantent tragiquement, ou lamentablement, dans les contrées exotiques...le dernier médiatique, c'est assurément l'ancien président de la fédération de 4x4, pompier, président de l'Arche de Zoé.
on va en causer de lui..c'est tellement..post-tsunami, l'émotion sur télécommande..notre époque TF1.

Anonyme a dit…

Patxi, l'allusion que tu fais au président de l'Arche de Zoé me parle. Il est vrai que les hommes se perdent de plus en plus souvent, dans un monde dont on ne discerne plus le vrai du faux. Son association était "suivie" par les services de renseignements, mais aussi par des journalistes; que voulaient ces derniers? Témoigner du bien fondé de l'action? Dénoncer les dérives d'un "neuneu"? Plus je comprends, moins je...

Anonyme a dit…

>de toute façon, si tu es >sceptique, un jour, les >responsables des FARC, de l'ELN >et surtout des Paramilitaires >seront à La Haye. c'est le sens >de l'histoire

????????????????
j'espere que tu veux rire....où t'as vu que Pinochet avait ete jugé par le TPI??? et t'en veux combien de fascistes encore proteges par "la communauté internationnale" et qui echapperons éternellement au tribunal???? 10, 100, 1000....
L'histoire n'a pas de sens, si ce n'est vers toujours moins de justice...