vendredi 11 janvier 2008

Otages colombiens: le deal FARC - Hugo Chavez, des relations désormais plus que troubles

Exceptionnellement, pas de photo, pas de zique, pas de chichi.
Juste un bon gros brut "Argh".


France 2 ouvre le JT: "Chavez a retrouvé du crédit".
"Succès", "efficacité" reconnus. Les images de Telesur et du canal 8 vénezuelien en fonds."Intermédiaire extraordinaire" pour Mr Delloye.

Certes, Chavez le Bolivarien est le mieux placé pour faire céder un petit peu les FARC-Armée du peuple. C'est a priori la meilleure carte, s'il la joue bien. Tout le monde se réjouit de toute libération.

Mais la question qui se pose et se posera, de plus en plus: à quel prix, bordel de mierda? En échange de quoi?

Comme d'habitude, le "crédit" de Chavez, ça aura duré un jour.
Le président vénézuélien a pris aujourd'hui ouvertement, à froid, de façon planifiée (pas comme lors de l'opération échouée le 30 décembre, ou il a annoncé trop hâtivement, à tort, qu'il confiait plus dans les FARC que dans ce cabron d'Uribe..), la défense de la guérilla et de ses positions. Avec force, conviction, sincère et enflammé comme jamais.

On savait que le Venezuela était de facto, de plus en plus, un sanctuaire capital pour les FARC. Désormais, on est en droit de se demander s'il n y a pas des accords bien plus avancés avec les FARC. Un putain de pacte, Patxi comme d'autres alter ego, on en est convaincu.

Ca ne sera qu'un filet de presse, noyé sous le pathos de la libération, les anecdotes sur Emmanuel, le maquillage des otages et toutes ces conneries d'une presse de plus en plus alignée sur la médiocrité à paillettes ambiante.

Et pourtant c'est énorme de conséquences pour le futur.

Ce que vient de dire Chavez a plusieurs niveaux de lecture.
Tous sont lourds, lourds, lourds de sens.

Sur Telesur, cette chaîne de télé voulue et soutenue par le pétro-chéquier du narcisso-léniniste en chef (télé à portée régionale et désormais globale par satellite, qui aurait pu constituer une intéressante alternative aux monopoles médiatiques traditionnels, mais qui ressemble de plus en plus à une PRAVDA tropicale), on voit de plus en plus de propagande en faveur des FARC, des termes comme "retenus" et "prisonniers politiques" au lieu d'otages etc.

Mais aujourd'hui, on a pu y voir et y entendre deux déclarations FONDAMENTALES pour qui s'intéresse à cette région:

1) Sur les images de libération des deux otages colombiennes qui ont fait le tour du monde, les phrases du tout nouveau Ministre de l'Interieur du Venezuela, Rodríguez Chacín, n'ont pas immédiatement été bien entendues. En se dirigeant aux narco-mafioso-terroristo-guerrilleros et leur serrant la main, alors sur le point de se retirer:

"Ehh…en nombre del Presidente Chavez…estamos muy pendientes de su lucha. Mantengan ese espiritu, mantengan esa fuerza y cuenten con nosotros.""Au nom de Chavez...nous sommes très attentifs à votre lutte. Gardez cet esprit, maintenez cette force et comptez sur nous."

Lutte. Esprit. Force. Appuis amis.
Pour le viol sur mineurs, recrutement forcés de mineurs, le raquet, les massacres, les bombes à cylindre, les tortures, les assassinats.
Cet esprit.
Les centaines de milliers de victimes des FARC vont adorer le nouveau Ministre de l'Intérieur, qui a toujours été LE contact des FARC avec Chavez. Depuis au moins 1991.

Les FARCistes répondent: “Bien….” “Para Servirles..” “Felicidades”

Côté venezuelien, ça finit par un:
“Cuidense camaradas”.. . "Take care camarades", quoi.

Une fois de plus, les venezueliens ne comprennent rien à rien.
Cette fois, ils paieront chers leur ignorance crasse et leur manque d'appréciation véritable du danger que constitue les FARC pour leur pays.
Camarades. Comme si les FARC version 2008 en avaient quelque chose à foutre de la camaraderie proto-coco.
Leur petit doigt est dans l'engrenage...

Bon, les fans hystériques de Chavez, ici ou , enivrés de cette réussite, qui n'ont jamais foutu les pieds ni en Colombie ni au Venezuela, pourront me dire qu'il s'agit là de real-politik et que ça ressemble à l'abrazo du Président Pastrana à Marulanda en 2001. On négocie, quoi, faut bien enrober le tout, on se fait des abrazos. Ben voyons. Passons donc au point 2.

2)Aujourd'hui, Chavez: "Il faut accorder une reconnaissance" aux guérillas.

Merci le renvoi d'ascenseur au passage.

Ce que balance Chavez vient indiscutablement confirmer ce message officiel de Chacin aux FARC, mais aussi cette constante position politique et militaire qui se traduit chaque jour dans les faits, sur le terrain, notamment le long d'une frontière que je défie qui que ce soit ici de venir me dire qu'il la connait: les FARC sont de plus en plus présentes et actives au Venezuela. n toute tranquilité. Hugo laisse faire, en conscience. Ce sont des faits. En accord tacite et explicite avec une majorité des cadres de la "révolution" bolivarienne, qui pensent que ce sont des "frères d'armes". Anachroniques jugements, qu'ils payent et paieront très chers.

Kidnappings, assassinats, extortions sont d'ailleurs en hausse extrême, imputables aux paramilitaires "démobilisés", aux ELNistes et aux FARC, et leurs "élèves" de la délinquance venezuelienne. Sans évoquer les combats armés contre d'autres groupes irréguliers. Mais ça, ils n'ont pas l'air de bien le comprendre.

C'est simple: les FARC vont bouffer le Venezuela, vont niquer Chavez et j'archive immédiatement ce message pour dans quelques années.

Sur le narcotrafic, les FARC et les dangers pour le Venezuela, vas donc lire ce reportage précis d'EL PAIS.

Lecture obligatoire sous peine de radiation de l'abonnement à ce gym club paillard.

Allez, je reprends.

Kikila dit qui me met dans une telle rogne le Hugo?

Lui qui a joué un rôle important, décisif dans l'opération, a aujourd'hui demandé aux pays d'Amérique latine et d'Europe ne plus considérer les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) et l'Armée de libération nationale (ELN) comme des groupes terroristes mais comme de "véritables armées en lutte".

Certes, nier le conflit armé comme Uribe, et le réduire exclusivement à un problème de terrorisme, est une grave problème aux conséquences multiples: mais ces groupes utilisent des METHODES TERRORISTES. Oui. Au sens que lui a donné l'ONU en 2004, ou l'ONU en 1946. Dans tous les sens.
Et Chavez pouvait chercher un terrain sans faire l'apologie des FARC comme il l'a fait aujourd'hui.

Selon M. Chavez, "il faut accorder une reconnaissance" aux guérillas, car "ce sont des forces insurgées qui ont un projet politique (...) qui ici est respecté". "Des bolivariens, comme nous".
De ce fait, il a estimé qu'elles n'ont plus leur place sur la liste des organisations terroristes, qui "n'a qu'une raison d'être : la pression des Etats-Unis".
C'est que pour ça, gna gna gna, pas pour leurs agissements. Vilains ricains, c'est tout.

Les FARC, considérées comme une organisation terroriste par Washington et Bruxelles depuis 2002, ont demandé à de nombreuses reprises à être retirées de cette liste, qui empêche notamment à quiconque de l'aider financièrement et d'avoir accès au marché international de l'armement, ce qui constitue un écueil stratégique fondamental pour eux.

Ils ont trouvé leur Magistral Idiot Utile, pour paraphraser Lénine.

Chavez, allié des FARC. Je me refusais à le penser ou le dire jusqu'à ce jour.
Mais les faits sont là.

"De véritables armées, avec de beaux idéaux, qui occupent un espace en Colombie. Il faut leur donner une reconnaissance".

L'assemblée nationale, debout. Applaudit à tout rompre.

Les FARC moribondes (voir le monde du jour) s'appuient sur Chavez. Qui a, comme d'habitude, de bonnes intentions: la paix, pour instaurer son rêve de Grande Colombie.
Et ces imbéciles de députés bolivariens, ces analphabètes de parlementaires tous plus stupides les uns que les autres (croyez moi), d'applaudir à tout rompre.

Chavez a eu le culot de presser dans la foulée le gouvernement de Bogota de l'autoriser à poursuivre sa "médiation"
afin d'obtenir la remise en liberté d'autres captifs, voire même de ramener la paix en Colombie.

Le terme de "médiateur" est souillé à jamais.
Chavez n'a pas attendu ni un jour pour rendre la monnaie de la pièce aux FARC.
Et d'autres monnaies. Plein d'autres. Plein plein d'autres.

On en recause, j'ai piscine là.

4 commentaires:

Anonyme a dit…

C'est pas mal, ta prose, et c'est méritoire de réagir si vite. Moi, j'en suis resté au Argh... pour l'instant.

Il y a bien quelques points de désaccords, mais laissons-les de côté.

Que putas podemos hacer !?!

Anonyme a dit…

Le fait que le Venezuela est un sanctuaire pour les Farcs ne rend-il pas improbable que les les Fracs appliquent leurs méthodes au Venezuela?
Je m'explique, Chavez n'aura qu'un temps et peut même changer d'avis contre eux (peu probable, mais tout est possible, surtout si les Fracs pourrissent la situation au Venezuela). Dans ces 2 cas, les 2 armées agiront en coordination contre le mvt terroriste. Je ne crois pas que même avec la jungle ils auraient une chance de s'en sortir en absence de sanctuaire...
D'autre part, les Farcs ont-ils une structures suffisamment stable pour résister à la mort de leur chef quasi gourou, je me trompe peut-être, mais ce mvt me fait beaucoup penser au sentier lumineux et son chef "christique".

Patxi a dit…

deux commentaires: les FRENTES des FARC, surtout en frontières, ont beaucoup plus d'autonomie que dans le temps. certains commandnats la sont des durs de durs, sans lignes politiques. et troupes plus indisciplinés qu ailleurs.
Ils ont formé les FBL, des irreguliers venezueliens, lesquelles FBL ont d'ailleurs été dénoncés par Chavez.mais on en parle pas, c est loin des villes et des journalistes urbains.
ce sont des acteurs mafieux qui doivent a tout prix assurer le contrôle des routes du narco trafic, du trafic de gasolina (gros marché très juteux) et des armes, via le brésil, pérou et venezuela notamment.donc on n est pas dans le rationnel politique. on est dans une logique mafieuse. tout doit etre lu en fonction de ca a mon avis.
les methodes des farc sont déja utilisés au venezuela: enlevenements et impots revolutionnaires sont tres presents, reconnu par le gouvernement de chavez...
Les FARC sont dirigées par un secrétariat collectif de 7.pyramidal mais collectif.
donc marulanda a déja préparé la suite.
C est comme chavez. il y a raul, puis lage ou perez roque qui viendront. des relèves existent. ce n 'est pas un blème.

j espère que chavez se rendra compte et sera ferme avec eux, y compris militairement. pour le moment c est pas le cas du tout. ils font ce qu ils veulent..
il y a 13000 homicides en 2007 au venezuela, un des plus élevés taux au monde, et chavez n en a quasiment jamais causé. alors d autres sujets plus complexes, il peut faire comme si rien ne se passait...mais j espère qu il mettra fin. je n y c rois plus depuis hier.
il y a une alliance de facto.

le sentier, c est 70 000 morts en 20 ans. c est du petit joueur.
mais les FRC sont de plus en plus une secte sanguinaire.mais il y a des leaderships forts avec grannobles, mono jojoy, ivan marquez etc..

Anonyme a dit…

Patxi,
C'est d'une tristesse, mais aussi source de colère de voir que les craintes n'étaient pas si infondées que cela. De cet espoir d'une Amérique latine forte, voilà que cette dernière soit réduite à une incertitude qui risque non seulement d'accentuer les problèmes de la population civile, mais faire en sorte que des clowns ou des despotes décident du sort de tout le monde.