mercredi 27 août 2008
La «guerre contre le terrorisme» ne sert à rien
"Terroristes" colombiens
La «guerre contre le terrorisme» ne sert à rien.
C'est une Corporation gringa plutôt sérieuse qui nous le rappelle.
Les FARC, l'ELN dans une moindre mesure, sont des groupes irréguliers, des groupes insurgés en arme, qui violent chaque jour le droit Humanitaire International, en recrutant des mineurs, en posant des mines antipersonnel, en utilisant des armes non conventionnelles qui tuent sans discrimination des centaines de civils, en déplaçant par la force des centaines de milliers de paysans, à titre d'exemples. Ils recourent bien souvent, par ailleurs, à des méthodes terroristes. Pour autant, on ne peut les réduire au seul phénomène du "terrorisme", car ce conflit a des racines politico-sociales et agraires profondes, et est alimenté par son combustible, le narcotrafic international (donc aussi alimenté par la moitié de tes potes branchés d'Oberkampf, pour qui, la coke colombienne, je cite, "c'est cool, trop trop dla balle!"-fin de l'op-cit).
Ainsi, le discours d'Uribe depuis 2002 est tout simplement fallacieux et ne tient pas l'épreuve des faits.
Ces précautions d'usage établis, je t'invite à lire cette analyse du FIG, en remplaçant "Al Qaeda" ou FLN par "FARC" ou "ELN". Juste comme ça, pour jouer, car ces histoires, acteurs et dynamiques là n'ont rien à voir.
Si tu as bien bossé sur tes passeports Bordas-cahiers de vacances cet été sur la plage, tu comprendras ou je veux en venir: contrairement à la propagande d'Uribe, qui a fonctionné à domicile comme en Europe depuis le sauvetages des otages, dont Ingrid Betancourt, la seule option militaire pour résoudre ce conflit armé ne résoudra rien; au contraire, le fer appelle le fer, le feu alimente le feu; le seule issue, la négociation politique. C'est pas nouveau. Mais l'illusion, la tentation sont toujours très fortes d'en appeler à la bonne vieille incantation d'en "finir militairement", une bonne fois pour toutes.
Toujours bon de rappeler quelques évidences via l'analyse internationale comparée.
Laurent Suply (lefigaro.fr) avec AFP
29/07/2008
Un groupe de réflexion a mis en évidence que la solution militaire est
inefficace contre la plupart des groupes terroristes. Pour battre al-Qaida, il préconise une nouvelle stratégie basée sur le renseignement et la police, et de changer de vocabulaire.
Une autopsie du terrorisme pour trouver la stratégie susceptible de vaincre al-Qaida. C'est à cet exercice statistique que s'est livré la RAND Corporation, un groupe de réflexion américain qui travaille régulièrement pour le Pentagone. Pour tenter de comprendre le destin des groupes terroristes, les chercheurs ont compilé des données
sur 648 groupes recensés à travers le monde entre 1968 et 2006.
Ils ont distingué chaque groupe en fonction de ses effectifs, ses buts,
ses revenus financiers, du régime politique de son territoire d'implantation, de son orientation (religieux ou politique) et de ses buts. Ils ont ensuite passé au crible leurs destins. Sur les 648 groupes étudiés, 244 sont toujours actifs, et 136 se sont fragmentés ou ont fusionné avec d'autres groupes.
Les groupes religieux plus tenaces
Et parmi ceux qui ont effectivement cessé d'utiliser le terrorisme, les statistiques parlent d'elles-mêmes. La « bonne nouvelle » est que seuls 27 groupes (10%) ont cessé leurs activités après avoir rempli leurs objectifs, par exemple le FLN algérien. 114 (43%) ont déposé les armes suite à un accord politique avec l'Etat. Quant à ceux qui ont été réellement vaincu, 107 (40%) l'ont été par des moyens policiers et
juridiques, les principaux étant le renseignement humain, l'infiltration des cellules, l'arrestation des leaders et le développement de la
législation antiterroriste. Et 20 groupes seulement ont été écrasés sur le champ de bataille, par des moyens militaires, soit un pourcentage de 7%.
L'objectif du rapport étant d'évaluer les bonnes pratiques pour défaire
al-Qaida, les historiques des mouvements similaires ont été spécialement
étudiés. Mauvaise nouvelle : les groupes d'inspiration religieuse sont
bien plus résistants que ceux qui ont une vocation politique. Depuis
1968, 62% des groupes terroristes ont cessé de nuire. Sur la même
période, ce pourcentage tombe à 32% si l'on ne compte que les groupes
religieux.
L'étude exclut d'office la solution politique pour al-Qaida, dont le
but avoué est de renverser les gouvernements du Maghreb, du Proche et du
Moyen Orient, pour unir le monde musulman sous une même bannière. La
RAND Corporation estime que la probabilité d'un succès d'al-Qaida est
proche de zéro, mais les statistiques montrent que les chances de
parvenir à un accord politique sont d'autant plus faibles que les
objectifs d'un groupe sont larges et ambitieux.
Quant à la solution militaire, à l'œuvre actuellement, l'étude conclut
qu' « il n'y a aucun solution au terrorisme sur le champ de bataille ».
Et d'ajouter que la force brute a souvent « l'effet inverse » en
attisant l'hostilité des populations, fournissant ainsi un réservoir de
recrue aux terroristes. Le groupe note une augmentation des actions
d'al-Qaida dans un rayon plus large, et juge que la stratégie américaine
de « guerre contre le terrorisme » n'a pas réussi à affaiblir la
nébuleuse terroriste.
Une armée présente mais discrète
Quelle stratégie adopter alors ? L'étude préconise un combat sur deux
fronts. D'abord, mettre l'accent sur la solution policière contre
al-Qaida dans le monde, en augmentant les budgets de la CIA et du FBI.
Objectif : cibler les principaux « nœuds » du réseau al-Qaida, qu'il
s'agisse de points de décision, de communication ou de financement. Cela
implique également de mettre hors d'état de nuire les chefs des réseaux,
avec les règles qui s'imposent dans un état de droit. Le rapport cite
notamment un membre de l'Unité de Coordination de la Lutte
Antiterroriste française, qui fait part d'une tactique citée en exemple
: concentrer les efforts de polices sur des délits annexes tels que le
trafic de drogue, plus facile à prouver devant un tribunal, pour mettre
les suspects « à l'ombre » sans attendre qu'ils aient commis un
attentat.
Ensuite, l'étude ne plaide pas pour un désengagement militaire total,
en particulier pour la situation particulière de l'Irak, où al-Qaida
participe à une insurrection armée globale. L'histoire montre que la
solution militaire est plus efficace contre les larges groupes de
terroristes insurgés (19%) que contre les groupes terroristes en général
(7%). Dans ces zones, la présence militaire est « nécessaire », mais le
rapport souligne qu'il ne doit pas nécessairement s'agit d'une présence
américaine. Les forces locales y auraient une plus grande légitimité, et
une meilleure compréhension. Il faudrait donc, selon cette étude, que
les Etats-Unis cantonnent leur rôle militaire en Irak à de la formation
ou de l'armement.
La RAND Corporation suggère quelques pistes idéologiques. Par exemple,
le groupe estime que les fatwas émises par le Conseil des Oulemas en
Afghanistan clamant que les kamikazes n'auraient ni vierges, ni vie
éternelle, ont été bien plus efficaces que les tonnes de tracts de
propagande largués par l'aviation américaine.
Autre changement symbolique mais crucial : troquer la « War on Terror »
(guerre contre le terrorisme), qui laisse croire à une solution purement
militaire, contre le plus classique « counterterrorism »
(antiterrorisme). De même, il s'agit de ne plus faire passer Ben Laden
et consorts pour des guerriers engagés dans une guerre sainte mais pour
de simples criminels.
Autre terroriste colombien
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