jeudi 18 octobre 2007

Pendant ce temps là, à Mexico


Vendeur de rue, Mexique.
Photo historique; premier cliché Kodak en Amérique latine (pas de numérique en ce temps là, ma brave dame). C'est tombé sur le marchand de paniers.



Les vendeurs de rue délogés, le centre de Mexico respire (REPORTAGE)
Par Alexandre PEYRILLE


Alexandre Peyrille nous a pondu (je ne trouve pas d'autre mot) cette gentille petite note AFP. Catégorie reportage.
Il est mignon son petit oeuf.
On aurait cependant aimé ne pas sentir entre les lignes que, lui aussi, "respire" à nouveau. Qu'il se sent, lui aussi, quelque part soulagé de voir le centre de la plus grande mégapole du monde enfin "rendue" à ses "légitimes habitants".
On sent bien qu'il est content, lui aussi, de pouvoir découvrir les façades coloniales de la ville...
Sans plus se soucier de Lénine, des banquettes de moleskine (...Si Cantara!) ou des 15 000 vendeurs de rue brutalement empêchés de bosser (pardon "délogés", terme particulièrement impropre...).

Les vendeurs de rue délogés, le centre de Mexico respire (REPORTAGE)
Par Alexandre PEYRILLE


MEXICO, 13 oct 2007 (AFP) - Le centre de Mexico respire et offre un nouveau visage: des dizaines de rues qui avaient été envahies par les milliers d'étals des commerçants illégaux ont été rendues aux passants et aux automobilistes.
Vendredi, le coeur de cette mégapole de 22 millions d'habitants a connu une mutation radicale. Au lieu de se faufiler entre les étals et de se bousculer pour se frayer un passage, les piétons pouvaient se promener tranquillement en admirant les joyaux de l'architecture coloniale espagnole.
La circulation automobile était presque fluide et les traditionnels concerts de klaxons avaient disparu du paysage sonore. Des centaines de policiers étaient en faction pour faire appliquer la nouvelle politique.
Le maire de Mexico Marcelo Ebrard avait promis de mettre de l'ordre dans le centre de la capitale, mais les habitants doutaient de sa détermination à éradiquer le commerce informel, se souvenant des promesses non tenues de ses prédécesseurs.
Paulina Vazquez, une étudiante de 22 ans, est ravie de la nouvelle physionomie du quartier, situé près de la cathédrale et de la place du Zocalo. "On voit les façades, c'est une grande découverte, depuis que je suis née, jamais je n'avais pu me rendre compte de la beauté de certaines maisons, ici on est habituellement noyé dans la foule", témoigne la jeune femme.
La disparition brutale des "puestos" --où on pouvait acheter dans des boutiques de fortune DVD pirates, vêtements, montres ou télécommandes pour télévision-- est accueillie avec soulagement par les commerçants légaux et ceux qui se plaignaient de l'envahissement de l'espace public et de la vente de films pornographiques à la vue des enfants.
Abundio Ruiz, 65 ans, vit dans le centre depuis toujours et n'en croit pas ses yeux. "Regarde comme c'est beau", s'extasie-t-il en se promenant, avant de modérer son enthousiasme: "Je ne sais pas combien de temps ce plaisir va durer, car beaucoup de gens vont se retrouver sans travail".
Les 12 à 15.000 vendeurs du centre qui ont perdu leur commerce sont furieux. Dans la rue Corregidores, l'un d'entre eux a installé sur le trottoir une télévision sur laquelle il projète à l'aide de son caméscope les images de la manifestation de la veille.
Près du téléviseur des pancartes hostiles au maire ont été placardées: "Nous voulons travailler pas voler", "Marcelo, ne provoque pas la délinquance des jeunes", "Marcelo, quel avenir pour mes enfants?"
Carlos Ramirez, 35 ans, qui vendait des parfums, déclare qu'avant d'être élu, "le maire de Mexico avait promis de ne rien faire contre" le commerce informel. En échange, affirme-t-il, les vendeurs de rue avaient appelé à voter pour lui.
"J'ai trois enfants à nourrir, je vais devoir toréer (vendre à la sauvette) et si la police arrive, je pars en courant" avec la marchandise sous le bras, lance le père de famille qui travaille dans le centre depuis l'âge de 6 ans.
Le milliardaire Carlos Slim peut se frotter les mains. Il a acheté de nombreux immeubles du centre historique et si le maire de Mexico maintient le cap et parvient à ramener la classe moyenne dans le coeur de la capitale, ses investissements s'avèreront extrêmement rentables.
"Cela ne va pas durer, les vendeurs vont revenir, c'est toujours pareil. Ils les éloignent une ou deux semaines puis ils finissent par revenir", affirme appuyé sur son comptoir, le gérant d'une quincaillerie, se faisant l'écho d'une rumeur annonçant dès la semaine prochaine une "reconquête" du centre par les vendeurs de rue.


Je m'étonnerais toujours de l'incapacité des grands politiques de la région à s'intéresser et s'inspirer d'autres iniatives similaires plutôt réussies dans la région, avant d'envoyer les flics. Intéressant de voir comment Quito a réussi à récupérer tout ce bordel des mains de ces très-très-méchants informels, en construisant un marché spécial pour eux, avec chacun leur puestito-local de vente; ce qui permit leur incorporation "formelle", graduellement, à l'économie et fiscalité locale, notamment; voire comment Caracas a finalement empêché l'accès des informels du centre sur un grand boulevard, en promettant la construction de marchés similaires; j'imagine toujours pas construits à ce jour vu l'inefficacité légendaire des bolivariens, mais au moins l'intention y est; pareil dans de nombreuses villes du Brésil, ou ça a bien fonctionné; mais que la Mairie de gôche, du PRD, à Mexico, n'en soit resté qu'au milieu du guè (phase 1, répression, et puis phase 2, répression), me laisse pantois.

Alexandre est mignon.
J'attends la note de suivi, quand les 15 000, dont Mr le marchand de paniers, auront réinvesti les lieux, fissa.
Le principe de réalité se venge toujours des nains politiques à courte vue, pendant que leurs alliés proto-capitalistes de circonstances trouveront toujours marché plus juteux ailleurs.

By the way, addendum: Carlos SLIM est officiellement (FORBES), l'homme le plus riche du monde, devant Bill Logiciellibre. Etonnant non?

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