mercredi 1 octobre 2008

La Guyane, c'est l'Amérique (du Sud)








C'est une première sur ce web machin. Le message pondu par un lecteur, à peine modifié. Merci à celui que dans le milieu des électro-nomades, on appelle "Père Noël", l'homme aux intros toutes pourries...



Des fois une envie de « Midi Olympique » me prend...Même pour une édition vieille de quelques jours, je suis prêt à parcourir le monde entier. Il me reste toujours quelques euros à dilapider pour lire, l'extase, sur ces pages jaune poussin, les dernières déclarations du capitaine de Bourgoin-Jallieu ou les dessous de la signature de Carter à l’USAP.

Mais je n'ai plus besoin d’aller si loin que ça; je reste raisonnable dans ma passion, et fais juste en sorte de m'approvisionner pas trop loin d'ici. Un coup de jet depuis Paramaramaramaribo, et hop, nous y voila. C'est que l’Amérique latine a cette particularité d’abriter un bout de France, son plus grand département même.





Quand je m'adonne à l'onanisme, enfin à l'introspection, disons, je réalise bien vite qu’un livre me poursuit, ne me lâche pas d'une semelle, en même temps c'est bien le seul que j’aie jamais lu…

Les terres guyanaises portent encore les traces du plus célèbre des papillons, Henri Charrière qui a rendu célèbre son bagne, cette usine à générer de l’inhumain jusqu’ en 1953…Le bagne de « Cayenne », nom d’usurpateur car réparti entre Saint Laurent du Maroni et un mini archipel constitués de trois îlots au large de Kourou, les îles du Salut. Nom absurde par excellence.

Le principe de la double peine y était automatique: toute condamnation au bagne était en réalité doublée car tout forçat libéré, devait le même nombre d’années en Guyane, toujours sous la surveillance de l'administration pénitentiaire. En bref, 10 ans de bagne équivalaient à 10 ans enfermé, puis 10 ans en semi liberté histoire de peupler ce territoire immense…

Côte à côte les îles du Diable, Royale et Saint Joseph ont tout d’un paradis perdu avec leurs falaises, singes, cocotiers, et vestiges du bagne à l’abandon…elles furent surtout synonymes d’enfer pour des milliers et milliers d’hommes…

Parmi les plus célèbres des bagnards, Dreyfus, Seznec y ont perdu des années à regarder l’horizon, ce point d'infini inaccessible et vide, vide de justice.

Digne d’une géographie dantesque d'enfer (j’ai fait L au lycée, je n’aime pas me répéter; alors suis un peu je te prie), le bagnard pouvait s’estimer heureux de ne connaître que l’une des trois îles et contrairement à ce que l'on pourrait croire, l’île du Diable n’était pas la pire du lot; les prisonniers politiques y erraient seuls et isolés…
non, l'enfer c'est les autres, c'est les gardiens qui t'observent 24h sur 24h, te pissent dessus, t’insultent dans les cellules de confinement sans toits de l'île Saint Joseph …
Le passage de l'île Royale à l’autre était simple : en cas de tentative d’évasion ou de crime, les bagnards étaient enfermés au mitard pendant plusieurs années dans le silence le plus complet. Un mitard perpétuel à ciel ouvert. La porte ne s’ouvrait que deux fois : pour y entrer et pour en sortir mort ou vivant…

En 1923, le reportage d’Albert Londres, choqué de voir ce que personne ne voulait voir en France, permit, une dizaine d’années après, une (légère) amélioration des conditions des bagnards…pour ceux de Saint-Joseph: l’instauration une fois par semaine d’une baignade en eau de mer qui leur permettait de sortir de leur trou. Ils se construiront une piscine d’eau de mer pour se protéger des requins…Ces requins, omniprésents dans la vie du bagne, synonymes de mort qui au son de cloche de la chapelle allaient attendre les cadavres des bagnards au carrefour des trois îles. Grâce à eux pas besoin de cimetières ni de barrières… qui pourrait oser s’échapper ?

Pourtant Papillon s'est envolé...Mais le bagne est resté…15 ans de plus…puis ses portent se sont fermées et les « libérés » ont hanté les rues de Saint Laurent du Maroni, Kourou et Cayenne pendant des années avant de lentement crever dans l’indifférence générale…

La Guyane ce n est pas que le bagne… Que l’on ne se méprenne pas ! C’est aussi les expats de Kourou qui bossent sur l’Ariane et Soyouz (à ne pas confondre avec Spoutnik, le cousin). Kourou, ville bizarroïde où grouillent les légionnaires, en tenue kaki jour et nuit pour qu’ils ne se mélangent pas trop à la population …la police militaire veille, tout comme les copines brésiliennes qui patientent devant les barrières de la caserne pour la perm de leur gars…La Guyane coincée entre le Brésil et le Surinam, c’est un melting-pot incroyable où le postier est quadrilingue, le Taki Taki (peuple du fleuve Maroni) étant plus parlé que le créole.

23h, ça loupe pas, les chercheurs d’or qui se pointent, le flingue mal caché, au bar du coin, on se rappelle l’Amazonie n’est jamais très loin…Un parfum d’aventure règne; la Guyane, c'est l Amérique du sud!

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Merci pour cet article, enfin la Guyane mise en valeur! Très peu connue malheureusement, elle regorge de trésor et d'une diversité culturelle très enrichissante.On ne voit pas assez les bons côtés de cette terre qui jouit d'une flore et d'une faune extraordinaire..
Très belle photo au passe ...


Coraline

Anonyme a dit…

973, enfin quelqu'un qui reconnaît la valeur de notre beau pays si souvent négligé. Hé oui, c'est sauvage, mais il y a aussi une histoire, un vécu ici, trop de gens ignorent ce qu'est réellement la Guyane. Merci pour cette intervention, enfin quelqu'un qui a du charisme, bravo encore

Steevie

Anonyme a dit…

Ouais je suis d'accord avec Steevie, enfin je le connais pas, mais je partage son opinion, cet article a été réfléchi contrairement à d'autres...

Irène