vendredi 29 février 2008

Otages de Colombie: Liberté, Dignité, Possibilités


Enfant déplacé de Colombie


Face à l'insondable, inédite, absurde et démentielle lâcheté des FARC,

il y a,

la voix posée, malgré l'émotion, la clarté malgré l'enjeu, la justesse de ton malgré l'état de santé, l'humour malgré le traumatisme, de 4 otages libérés qui ont donné une conférence de presse bouleversante, historique, inouïe.

Censurée par CARACOL et RCN, les télés colombiennes pourtant présentes.
Elles ont préféré passer des télénovelas.

C'est que toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire dans ce régime mensonger qui est parvenu à anesthésier totalement une bonne partie du pays, qui ne veut surtout pas prendre conscience des réalités de son conflit armé interne. On rate jamais Chavez en Europe, mais ce genre de censure quasi quotidien en Colombie, on ne vous en parlera jamais.

Il y a de quoi verser des heures et des heures de larmes et de commentaires sur tout ce qui s'est dit, ressenti, d'universel et de particulier aujourd'hui.

Le mythe d'une armée qui fait plier les FARC, qui a repris le contrôle du pays, ne tient pas. Qui osera dénier tout ce que racontent les otages, qui ont parcouru tout le pays, les frontières du Brésil, du Pérou, du Venezuela, de l'Equateur et même à l'intérieur de l'Equateur même.

L'unique solution est politique.
Uribe, un jour, paiera son intransigeance.
En attendant, ce sont tous les otages qui la paient.

On peut, et on doit dire et commenter ce que l'on veut sur la stratégie de Chavez, son manque d'appréciation de la rouerie des FARC, ses calculs, et je m'en suis pas privé ici, mais une chose est certaine: Chavez fait bouger des lignes qui ne bougeaient plus depuis des décennies en Colombie. Il a tout foutu en l'air, et continue de le faire tel un gros matou incontrôlable et ma dressé dans un jeu de quilles en bois.

A un moment donné, il faut regarder son caca bien en face, individuellement et collectivement.
La Colombie n'aime pas cela, lassée de cette image, appelée par son talent et sa modernité qui cohabite avec les phénomènes les plus médiévaux du continent.
La Colombie, voyez-vous, par ailleurs charmant pays, crève d'indifférence et pour reprendre le mot d'un otage à sa libération, elle crève d'insolidarité.
Il n'y a qu'à écouter et lire la bonne société qui fait l'opinion, vomir sa haine stupide, profonde, vorace et au final, tellement suicidaire.
75% des secuestros dans le monde se produisent en Colombie.Etc.
Mais ca s'est normalisé...

Les informations sur Ingrid sont alarmantes.
Uribe est au pied du mur, et doit désormais agir, contraint, et doit trouver une sorte de compromis.
Les FARC sont à un tournant.

Les semaines à venir sont décisives.
Les choses peuvent avancer.

Alors, ému, repensant à mes fragments de Colombie, bien affutés, qui coupent sur les bords et vous laissent les doigts tâchés de sang et de larmes, je m'en remets sobrement à mes deux auteurs mexicains préférés.

Cruel dilemme: sans fraternité, la liberté se pétrifie; sans liberté la démocratie cède le pas à la tyrannie. Une contradiction fatale, au double sens du terme: nécessaire et funeste.
Sans elle, nous ne serions pas libres, nous ne pourrions aspirer à notre seule dignité: être responsables de nos actes.
Octavio PAZ



Tout est possible.
On ne devrait rien dédaigner.
Rien n'est incroyable.
Rien n'est impossible.
Les possibilités que nous rejetons ne sont que les possibilités que nous ignorons.
Carlos FUENTES


Uribe, Marulanda, sacrés salopardos l'un comme l'autre, pensez-donc à cela: les possibilités que nous rejetons ne sont que les possibilités que nous ignorons.

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Chavez fait bouger les chose pas de doute. Mais je ne suis pas sûr que les FARC soient vraiment à un tournant... Elles peuvent durer de longues années ainsi. Ce sont les otages qui sont au plus mal. Et comme tu dis, ici on préfère pas voir.

Les paroles des libérer sont très très forte dans ce sens (il reste CM&, ou canal uno pour les écouter)mais bientôt on va les accuser du syndrome suédois et on les oubliera...

Patxi a dit…

un scoop.
en fait, Patxi n'existe pas.
moi qui vous ecris la, en fait, je suis marie delcas, du Monde.
la preuve, c'est mon article du jour paru apres celui ci sous le pseudo Patxi, qui est le meme pratiquement (en moins couillu bien evidemment).



Posé, lucide, drôle à l'occasion, Luis Eladio Perez a raconté au micro de Radio Caracol son calvaire aux mains des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC, extrême gauche), jeudi 28 février. Il avait été enlevé en juin 2001, alors qu'il était sénateur. Il a été libéré mardi, en compagnie de trois autres otages. Tous se trouvent encore au Venezuela, à Caracas.



Dans la lettre bouleversante adressée à sa mère, en novembre 2007, Ingrid Betancourt dit de son ami Luis Eladio : "Il a été mon soutien, mon rempart, mon frère." Pendant trois ans, l'ancienne candidate à la présidence de la Colombie et "Lucho" ont fait partie du même groupe d'otages, avant d'être séparés en juillet 2007. Le 4 février, M. Perez a pu, une dernière fois, échanger quelques mots avec Ingrid, "très très dégradée". Il est décidé à remuer ciel et terre pour obtenir sa libération et celle de tous ses compagnons d'infortune. "Je ne sais pas quoi faire, je ne sais pas comment aider. Mais cette dernière image d'Ingrid dans la forêt me hante", avoue-t-il.

En juillet 2005, les deux ont tenté de s'enfuir ensemble. "Il a fallu la force de caractère d'Ingrid pour réussir à surmonter ma faiblesse", note l'ancien otage. Ils ont passé cinq jours dans la jungle. Pour rattraper les fugitifs, la guérilla a déployé une opération sans précédent. "Je n'ai pas été à la hauteur, raconte-t-il. J'ai eu peur. Nous n'avions rien à manger, que du poisson cru. Nous étions trempés. Ingrid m'a vu dans un état lamentable. J'ai échoué, j'avoue." Les deux otages ont finalement décidé de se livrer à leurs ravisseurs. Les représailles ont été terribles. "Les guérilleros nous ont enchaînés, chacun à un arbre, vingt-quatre heures sur vingt-quatre, poursuit M. Perez. Ingrid a essayé de résister. Elle ne voulait pas se laisser faire, mais ils ont usé de la force. Ils nous ont enlevé nos bottes, nous avons dû marcher pieds nus."


Le plus dur dans la vie d'un otage ? Luis Eladio Perez hésite. "Le traitement indigne auquel on est soumis. Ou alors la cohabitation, répond-il. Les deux premières années, j'ai été seul tout le temps, les guérilleros avaient ordre de ne pas m'adresser la parole. Je n'avais que les arbres pour parler. Et je rêvais alors de partager mon temps avec un autre otage. Mais après, la cohabitation avec les autres séquestrés a été si dure… Au fond, j'aurais préféré rester tout seul." Il refuse de donner plus de détails.

L'ancien sénateur rappelle que les guérilleros ont ordre de fusiller les otages, en cas de raid de l'armée. "Dans la jungle, à moins d'inventer des silencieux pour les hélicoptères, une opération de sauvetage ne peut être que fatale", explique-t-il. Des dizaines de fois, il a entendu les engins militaires survoler l'endroit où il se trouvait.

M. Perez se garde de condamner l'intransigeance du gouvernement colombien, qui refuse de céder aux conditions posées par les FARC pour négocier un "échange de prisonniers". Mais il compte présenter au président colombien Alvaro Uribe et à son homologue français Nicolas Sarkozy "une proposition qui permettra peut-être de sortir de l'impasse".

L'ancien otage dit des choses qui dérangent. Il dit que le sud de la Colombie est couvert de champs de coca, malgré des années de lutte contre les cultures illicites. Il dit que la guérilla est loin d'être défaite. A son avis, les FARC ont opté pour un repli stratégique. Et il dit que la guerre n'est pas la solution, que l'économie importe aussi. "Tous les guérilleros avec qui j'ai parlé ont un point commun : ils ont rejoint la guérilla, poussés par la misère", souligne-t-il.

M. Perez tente de ne pas avoir de haine pour ceux qui furent ses bourreaux. Il est convaincu que seul le dialogue politique pourra mettre fin au conflit armé qui déchire son pays. "Ingrid, elle, n'a pas de rancœur. Elle a pleine conscience de son rôle. Elle a eu tout le temps qu'il fallait pour réfléchir à ses propositions de gouvernement. Elle sait que ce n'est pas par la violence que l'on mettra fin à la violence", dit-il. Il ne doute pas que son amie sera un jour présidente de la Colombie. En attendant, il se souvient des derniers mots qu'elle lui a dits, ce triste 4 février : "Profites-en bien, Lucho, profite de chaque minute de liberté."

Marie Delcas

Anonyme a dit…

Les FARC, de la révolution à la cartellisation ! Plus rentable de vendre de la coco que des Manifestes du Parti communiste !

Anonyme a dit…

Mais je crois qu'Uribe serait au fond de lui enchanté de la mort d'Ingrid B.

Ce type est un serpent froid, que je pense aussi implacable que les FARC même s'il fait plus "civilisé", à voir