samedi 4 août 2007

Colombie : quand paramilitaires et multinationales jouent à fricotti-fricotta

Allez, suffit les conneries, un peu de seriedad aujourd'hui, carrajo.


Un tableau de Botero (photo prise dans le musée éponyme de Bogota).


SPOOK AND THE GUAY (des bons toulousains, cong) - El siglo de oro del asesino

La Colombie est LE pays de la violence politique, battant tous les records de la région depuis son indépendance même.

Il y a tellement à dire. Ce conflit armé interne est un tel merdier.

En Colombie plus que dans tout autre pays d'Amérique latine, la guerre et la politique ont entretenu, parfois en alternance, des liens de subordination mutuelle qui ont accompagné et conditionné la formation de la nation colombienne.
Telle est l’analyse, entre autres, de l'historien Sanchez Gonzalo (Guerre et politique en Colombie - L'Harmattan - 1998).
C'est dire si face à cette "tradition nationale" de violence politique extrême, des réformes structurelles profondes sont attendus, et pas forcément les mesures cosmético-médiatiques circonstanciées de la foire uribista actuelle. Mais bon, en même temps, à part le Maire de Bogota, les alternatives réalistes au Presidente Paraco sont pas non plus légion pour arriver à des accords de paix durables.

Cette relation conflictuelle et ambiguë qui jalonne l'histoire colombienne depuis les guerres civiles du XIXème siècle jusqu'aux différents types et scénarios de conflits actuels, en passant par la période dite de la Violence (300 000 morts entre conservateurs et libéraux de 1948 à 1956 tout de même, un record pour une guerre civile dans la région) puis celle du Frente Nacional et de l'émergence des différentes guérillas, ELN, EPL, FARC-EP, M19, constituent les racines profondes d'une violence généralisée (souvent déconcertante pour les observateurs étrangers) qui continue de ravager le "pays réel" ces toutes dernières années.

Allez donc voir Tonio qui se révèlera plutôt disert sur le sujet cette semaine.
Le conflit ne se limite pas à Ingrid et aux 50 otages (il y a au passage près de 2800 secuestrados aux mains des groupes irréguliers).
En terme d'atrocités, on est servis. Entre le cannibalisme des paramilitaires (et oui...on boit du sang des victimes, on en mange des petits bouts, comme en RDC ou au Liberia), les bombes de gaz en cylindre signées Farc, qui tuent sans discrimination des dizaines de civils au nom d'un meilleur monde, les justifications lamentables de Granda, la torture systématisée, les recrutements forcés de fillettes et la dispersion aveugle de mines dans les champs de la part de l'ELN, pendant que ces joyeux guévaristes causent parallèlement à Cuba de "paix" avec les autorités colombiennes au nom de la justice sociale et des enfants pauvres, pour la 5ème fois de leur histoire, les 32 000 cadavres de paysans dans des fosses communes, massacrés par les paracos pour être soit disant la "base sociale" des guerrillas, des "rouges" ou des "sapos", les scandales de la para-politique et les 11 Généraux et gradés de l'Armée qui vendent de l'information stratégique aux narcos et aux FARC (scandale de la semaine)...Il en a de quoi faire, d'autres chansons, un brin moins cuculs, le Renaud.

L'élite politique colombienne comme ses opposants en armes sont à gerber.
Ca me rendrait même les riches familles du nord mexicain ou des banlieux cossues de Sao Paolo sympathiques, c'est dire.

Participant de cet imbroglio interne, les entreprises multinationales ont également un effet structurant très net dans la plupart des zones régionales du conflit, à Antioquia comme dans le Choco, dans le Putumayo comme l'Arauca, de façon directe ou indirecte, en protégeant à tout prix leurs intérets financiers et leurs retours sur investissement. Quelque soit le prix à payer.
C'est qu'ils sont consciencieux ces gentlemen. Ils se soucient de leur clientèle, qui exige de la qualité et des bons prix. Parce qu'on le vaut bien...
Leur camelote arrive dans nos assiettes. Et parfois, elle devrait nous laisser un goût amer.
Un goût de plomb, de sang, de banane.
Et d'impunité.

INTERLUDE: Vu que mes petites saillies anti-gauchistes sur les touristes politiques ont été reprises, non sans veulerie, par des blogs de glandus et autres neuneus de droite, il est temps de remettre certaines pendules à l'heure et de faire un bonne purge proto-stalinienne de rééquilibrage, aujourd'hui: ne te méprends point. Ici, c'est chez Patxi. O sea, si le da la ganas, Patxi mon alter ego te mord sur ta droite, gerbe sur la culture Pop-Skyblog de ta foire au pognon, conchie tes valeurs actuelles "cools" et "décomplexées". Patxi sent le pâté bien gras et la vinasse villageoise, vale?

Les pays d'amérique latine, certes, parfois de facon incohérente, s'intègrent et s'organisent peu à peu, fatigués d'être bien souvent pillés et non pas "mis en valeur" par les intérets des boites de l'UE et des Istadosunidos (contrairement à ce que nous disent les jolies brochures de leurs services "développement durable" nouvellement créées), qui souvent, sont ton employeur; si tu ne vois pas les enjeux féroces de la guerre économique qui se trame, autour des ressources naturelles, énergétiques et des services notamment, les différents noeuds de pouvoir en jeu, les écheveaux de complicités et de responsabilités, notamment dans ce type de conflit, j'en serai fort marri.

Tant que j'y suis: Chavez, Castro, Correa, Evo ne disent pas que des conneries quand ils parlent des crimes impunis commis par ces groupes transnationaux depuis le début du siècle dernier, ces groupes multinationaux du fric apatride, ce Mur de l'argent sans foi ni loi que dénonçaient en leur temps Blum ou Jaurés. Vas lire Galeano, retires la peau, les pépins et 20 pour cent du texte, et tu mourras moins neuneu.

Voila, c'était ma purge proto-stalinienne un tantinnet méprisante.


REPRENONS.
Nombre de multinationales occidentales se sont toujours très bien accomodés des régimes autoritaires, tortionnaires, massacreurs et assassins de masse de tout poils.
Si tu en doutes encore, lis un peu et enquêtes.
Demandes aux paysans guatémaltèques, demandes aux descendants de Lomumba, demandes aux historiens Sud coréens, demandes aux spécialistes de l'Inde coloniale et du Pakistan, relis les récits Gandhi. Demandes aux fellaghas. Lis les Veines Ouvertes de l'Amérique latine de galeano. Demandes aux chiliens et parles leur des PDG de ATT, de Pepsi au Chili, de l'Ecole de Chicago et de leurs bureaux permanents au coeur même du projet et du système pinochetiste, demandes leur. Demandes-leur.

Comme les grands capitaines d'industrie française, qui se sont parfaitement adaptés à l'économie de guerre des nazis et avaient même largement devancé la collaboration (ça, tous les historiens gaullistes nous l'ont appris), ou plus récemment les français de Total qui ont fricotté plus ou moins finement avec des milices d'extermination liées à la Junte Birmane (ça, Kouchner le tiers mondiste-deux tiers mondain ne nous l'a pas appris), les grosses boîtes multinationales US se sont toujours démerdés pour co-financer, stimuler et s'appuyer sur les groupes d'extermination paramilitaire en Colombie.
Au grè de leur convenance et de leurs intérêts bien compris.
En plaidant la nécessité de "protéger leurs installations,leurs investissements".
"On n'avait pas le choix, comprenez, ma brave dame". Par ailleurs vieil, vieil, vieil argument qui n'avait pas bluffé le Conseil national de la résistance française, en ce temps, ni les cocos, ni les gaullistes, ni les démocrates chrétiens type Shuman, un des pères de l'Europe, toute la génération du Préambule de la Constitution de 1946, qui traina certains de ces messieurs devant la justice.
Ils n'étaient pas dupes, en tout cas, de la perversité fondamentale de cet argumentaire là.

Notre époque a changé de héros politiques, mais pas vraiment de rapports de force: on croit plus facilement les big boss plaidant la complexité de la situation que les témoignages des illettrés édentés des fincas, survivants des massacres et persécutions.

Pour les hispanophones, je vous propose le dernier exemple en date.
Eclairant.

Au fait, une autre multinationale US a été blanchie dans des histoires d'assassinat sélectifs de syndicalistes, il y a quelques semaines. C'est "la faute à la guerre". Responsable, pas coupable, qu'il a dit, le juge. J'adore les histoires ou le gars, à la fin, il vous nargue et vous fait un bon gros doigt.

Allez Amy, à toi de causer:

Familiares de las víctimas de los escuadrones de la muerte de Colombia demandan al gigante estadounidense del comercio de la fruta 'Chiquita' por armar y financiar a sus asesinos

La empresa frutera Chiquita, con base en Cincinnati, ha sido denunciada por financiar, armar y apoyar a escuadrones de la muerte de Colombia. El grupo pro derechos humanos EarthRights International presentó una demanda conjunta en nombre de seis colombianos cuyos familiares han sido presuntamente asesinados por un grupo paramilitar colombiano financiado en parte por Chiquita. La demanda alega que el gigante del comercio de bananas enviaba dinero y armas a un escuadrón de la muerte de extrema derecha que asesinó a miles de personas y envió cantidades desconocidas de cocaína a Estados Unidos.

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Columna Semanal de Amy Goodman, presentadora de Democracy Now!
El Gran Traspié de Chiquita

Chiquita’s Slipping Appeal – 20 de marzo, 2007

Por Amy Goodman

¿Qué tienen en común Osama bin Laden y las bananas de Chiquita? Ambos han utilizado sus fortunas millonarias para financiar actividades terroristas.

El Departamento de Justicia acaba de multar con 25 millones de dólares a “Chiquita Brands International” por financiar una organización terrorista...durante años. Chiquita deberá cooperar plenamente con las investigaciones en curso sobre sus pagos al grupo paramilitar y ultraderechista colombiano conocido como Autodefensas Unidas de Colombia. Chiquita realizó pagos casi todos los meses a las AUC desde 1997 hasta 2004, alcanzando una cifra de al menos 1,7 millones de dólares.

Las AUC son una organización paramilitar brutal integrada por alrededor de 15.000 a 20.000 hombres armados. Fue calificada de organización terrorista por Estados Unidos el 10 de septiembre de 2001. Entre sus tácticas habituales se destacan el secuestro, la tortura, la desaparición, las violaciones, el asesinato, las golpizas, la extorsión y el tráfico de drogas.

Chiquita declara que tenía que realizar dichos pagos en respuesta a las amenazas de las AUC y para proteger a sus empleados y propiedades. Los abogados de Chiquita suplicaron a la empresa que dejase de realizar aquellos pagos ilegales, aunque sin éxito. Los pagos se realizaron mediante cheques a través de su filial colombiana, Banadex. Cuando los ejecutivos de Chiquita descubrieron que los pagos eran ilegales, empezaron a enviar el dinero en efectivo. Chiquita vendió Banadex en junio de 2004 cuando las cosas empezaron a ponerse demasiado complicadas.

Mientras las AUC se dedicaban a recolectar los dólares estadounidenses de Chiquita, asesinaban a miles de personas inocentes en las zonas rurales del país. Chengue era una pequeña aldea dedicada a la agricultura en el departamento de Sucre. Cerca de 80 paramilitares de las AUC entraron en el poblado en la madrugada del 17 de enero de 2001. Acorralaron a los hombres en un lugar y les machacaron el cráneo con piedras y mazas, asesinando a 24. Uno de los paramilitares implicados en la matanza, un joven de 19 años, confesó y proporcionó los nombres de los cabecillas, entre quienes se incluían miembros del cuerpo de la policía y oficiales de la Marina. Hasta la fecha, es el único que ha sido castigado por los hechos. Esta es tan sólo una de las cientos de masacres perpetradas por las AUC.
Chiquita tiene un largo historial criminal en sus espaldas. The Cincinnati Enquirer, el principal periódico de la ciudad donde se ubica la sede de la empresa, destapó sus trapos sucios en 1998. El periódico descubrió que Chiquita expuso a comunidades enteras a pesticidas de alto riesgo prohibidos en EE.UU., desalojó a toda una aldea en Honduras a punta de pistola, procediendo luego a arrasar el lugar, suprimió sindicatos, sin darse cuenta permitió que los barcos de Chiquita transportaran cocaína a nivel internacional, y pagó fortunas a políticos estadounidenses con el objetivo de ejercer una influencia sobre las políticas comerciales. El periodista encargado de la investigación, Mike Gallagher, accedió de forma ilegal a más de 2.000 mensajes de voz de Chiquita. Los mensajes respaldaban su historia, pero los métodos que empleó para conseguirlo causaron su despido. The Enquirer publicó una disculpa en primera plana y se informó que pagó a Chiquita 14 millones de dólares. El escándalo de los mensajes de voz sacudió los cimientos del Enquirer, y se acabó por enterrar aquel escándalo.

Chiquita era antes conocida como United Fruit Co., que con la ayuda de su antiguo abogado, el Secretario de Estado John Foster Dulles, y de su hermano Allen Dulles, al mando de la CIA en ese momento, derrocaron al presidente democráticamente elegido en Guatemala, Jacobo Arbenz Guzmán, en 1954. Y podríamos seguir rastreando su historia. El colombiano premio Nobel de Literatura, Gabriel García Márquez, escribió en su ya clásico “Cien años de soledad” sobre la “masacre de las bananeras” perpetrada contra los trabajadores en huelga de la United Fruit en 1928 en Santa Marta: “Cuando la empresa bananera llegó.. los antiguos policías fueron reemplazados por asesinos a sueldo”.

Mientras que Estados Unidos busca lograr la extradición de los ejecutivos de Chiquita en Colombia, el gobierno del presidente colombiano Álvaro Uribe, cuyos propios funcionarios fueron recientemente vinculados con los paramilitares de la derecha, ha contraatacado diciendo que intentará extraditar a su vez a los ejecutivos estadounidenses de Chiquita. Los fiscales colombianos también buscan información sobre el papel desempeñado por Chiquita en el contrabando de 3.000 rifles AK-47 y millones de cartuchos de munición enviados a los paramilitares en noviembre de 2001.

Una multa de 25 millones de dólares es sólo un tirón de orejas para una corporación multimillonaria como Chiquita, el precio que hay que pagar por hacer negocios. Presidentes como George W. Bush y Uribe, hombres de negocios ante todo, a pesar de encontrarse en un pleito por las extradiciones, nunca perderían de vista su objetivo común de mantener a toda costa el llamado régimen de libre comercio, estridentemente corporativo y respaldado militarmente. Mientras las cosas no cambien, líderes sindicales y agricultores como aquellos hombres de Chengue seguirán siendo víctimas mortales por parte de Chiquita o de cualquier otra empresa multinacional

Ese próximo plátano orgánico y de comercio justo que compres bien podría salvar una vida.


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Amy Goodman es la presentadora y productora ejecutiva de Democracy Now!, noticias diarias de televisión y radio transmitidas en 500 estaciones en Norteamérica y el mundo. © 2007 Amy Goodman

6 commentaires:

Unknown a dit…

"Vu que mes petites saillies sur les touristes politiques ont été reprises allègrement par des blogs de glandus et autres neuneus de droite, ...."

....hum, hum...

http://alixg.wordpress.com/2007/05/22/il-le-dit-10-fois-mieux-que-moi/

ferais-je partie de cette confrérie de glandus et neuneus? :-)

Patxi a dit…

Mr guillaume,
je fais référence à des messages de "soutien" de neuneus de tout poils qui jubilent de voir un gaucho taper sur les siens. il y a mal donne. ce malentendu sera purifié ici même grace à cette purge stalinienne approuvé par mon polit-bureau. Et c'est une référence à deux autres sites qui végètent dans l'anonymat.
patxi

Unknown a dit…

M.Patxi....
vous m'en voyez ravi et rassuré :-)
ce qui ne m'empêche pas d'être neuneu et glandu à mes heures...nous sommes tous le neuneu et glandu de quelqu'un...

longue vie à votre blog..... ;-)

Anonyme a dit…

Bien que ne me sentant pas du tout visé, vraiment, par ce qui ressemble à une autocritique douloureuse, je choisis cet endroit pour intervenir, sans doute pour la dernière fois, sur ton blog, mon cher Patxi. Et ce n'est pas de la retape, mon blog ferme ces jours-ci.

Sans dédouaner chiquita et applaudir au cynisme des grands capitalistes d'ici et ailleurs, je te prie de considérer cette réflexion que j'avais faite il y a quelques mois sur le sujet :

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Vendredi 06 Avril 2007

crimes de gauche vs. crimes de droite

Dans la série « le devoir d’oubli et de réconciliation s’impose pour les crimes de gauche tandis que l’imprescriptibilité s’impose pour les crimes de droite », je vous offre cette nouvelle traduction d’un article d’opinion publié ces jours ci dans un quotidien colombien.
Son auteur est le premier ministre de l’intérieur et de la justice du président colombien Alvaro Uribe. Personnage conservateur et controversé, libre depuis son départ du gouvernement, il a le mérite de dire les choses avec une clarté évangélique. Pour vous resituer un peu les choses, la multinationale yankee Chiquita est accusée d’avoir payé des groupes paramilitaires (supposés de droite, ce qui me semble n’avoir guère de sens dans le contexte colombien) pour assurer sa sécurité et lutter contre l’infiltration de la guérilla des FARC. Cet épisode qui suscite un vif débat dans le pays, est ponctué des cris d’orfraie d’une gauche évidemment vertueuse et vient alimenter la polémique sur le traitement judiciaire qui peut être apporté aux démobilisations des groupes armés. S’agissant de ce dernier point, le même auteur résume ailleurs assez brillamment les conditions exorbitantes imposées à la démobilisation des vilains paramilitaires par la bonne conscience universelle : « premier essai mondial de faire la paix avec un combattant invaincu pour qu’il dépose ses armes et s’enferme docilement dans une prison souterraine… »

== Chiquita Banana ==
Fernando Londoño Hoyos
El Tiempo du 29 mars 2007

Après Chiquita, tomberont les autres, c’est-à-dire tout le monde.

L’échelle des valeurs dans le système politique colombien est bien curieuse. Selon ce que nous raconte un personnage si influent sur les sujets de la guerre et de la paix et généralement tellement pondéré tel qu’Eduardo Pizarro Leongómez (nommé responsable de la commission nationale de réparation et réconciliation, voir un article du Monde vers lequel j’ai placé un lien dans un précédent article sur la Colombie), les conversations du gouvernement avec l’ELN (Armée de libération nationale, seconde guérilla marxiste de Colombie) devraient conduire à ce que siègent bientôt au Parlement (et vraisemblablement au sein du groupe du Pôle démocratique – le parti de gauche institutionnelle) Gabino, Francisco Galán, Antonio García (trois leaders de cette guérilla) et autres membres de cette confrérie d´assassins, de preneurs d’otages, d’exécuteurs de massacres, de destructeurs de l’environnement, domaine dans lequel ils sont les champions, et de semeurs de mines anti-personnel.
Cela semble aussi bien et naturel aux beaux esprits que le fait de demander simultanément l’extradition des détestables « gringos » de Chiquita, afin de les châtier pour avoir cédé à l’extorsion dont ils ont été la cible de la part des paramilitaires, de l’ELN ou d’autres guérilleros pour qu’on ne tue pas leurs employés, qu’on ne plastique pas leurs usines ou leurs bateaux et qu’on ne kidnappe pas leurs cadres.
Il est incroyable que l’unanimité qui s’est montée contre Chiquita ne suscite pas de suspicion. Les présidents d’hier et avant-hier, les journalistes de toutes les vallées, les partis politiques, le procureur général, les curés, tous partagent la même vertueuse indignation à l’égard de l’Infâme qui a payé des paramilitaires. Très étrange, cette vindicte collective, quand les mêmes qui l’exercent sont ceux qui réclament l’échange humanitaire (avec les FARC) pour payer un autre sauvetage, non en argent mais en bandits (l’échange humanitaire consisterait en effet à troquer les guérilleros emprisonnés au terme de procédures judiciaires contre certains otages de la guérilla).
La direction prise par les promoteurs de la paix avec l’ELN, assortie d’un pardon total, est très claire. Avec la même logique, les FARC recevront un traitement similaire quand, un beau jour, elles passeront de la jungle au Capitole national, sans escale. La ficelle est quand même un peu grosse… Permettez-moi de ne pas avaler tout cru !
Petro (sénateur de l’opposition de gauche, particulièrement virulent à l’encontre du président et suspecté par certains de complaisance à l’égard des guérillas officiellement marxistes) et ses amis, qui sont également les amis avoués ou non de Hugo Chavez, ont annoncé le prochain « débat » public : il va falloir identifier tous les entrepreneurs qui ont payé des rançons aux paramilitaires et les envoyer en prison. Pour prouver les faits, on trouvera bien un Rafael Garcia (ancien chef des services informatiques du DAS, conglomérat du renseignement civil en Colombie, emprisonné pour de multiples délits et devenu grand accusateur des liens existant entre les pouvoirs publics et les groupes paramilitaires), engeance abondante dans le pays, ou même quelqu’un de plus crédible et moins répugnant. Et la tâche sera aisée, parce que dans de vastes zones du pays, toute personne ayant survécu a dû se plier aux menaces de violence des paramilitaires, violence potentielle qui s’est substituée à la violence réelle des guérillas. Ceux qui ont vendu de la bière, des sodas ou des aliments, ceux qui ont transporté du fret ou des voyageurs, ceux qui ont visité leurs fermes, ceux qui ont exercé des professions visibles, par exemple la politique, ont tous payé d’une façon ou d’une autre leur écot aux tueurs du moment.
La preuve irréfutable de leur culpabilité est qu’ils sont vivants et libres. La mort ou la qualité d’otage sont les seules preuves d’innocence dans une partie du territoire colombien. Ainsi a été notre grande tragédie nationale, qui touche tous ceux qui, bien contre leur gré, ont payé leur tribut aux FARC, à l’ELN ou aux AUC (fédération de groupes paramilitaires aujourd’hui formellement démobilisés).
Débute la procession des victimes vers le gibet : rien de tel qu’un vilain gringo ayant payé des paramilitaires pour commencer. Avare maudit qui aurait dû permettre qu’on ruine son business et massacre une partie de ses employés qui, soit dit en passant, le méritaient pour avoir travaillé à son profit. Une fois que cette tête sera tombée, les autres la rejoindront dans le panier de l’infamie. Si bien qu’après les politiques, à la chasse desquels nous nous amusons tant, le tour viendra des entrepreneurs. Ensuite, ce sera celui des militaires, comme on l’essaye déjà avec le général Mario Montoya (commandant l’armée de terre) puis enfin celui de nous tous, qui ne protestons pas face à cette ignominieuse exécution collective. Et ce sera un juste prix pour notre lâcheté ./.

Joyeuses Pâques quand même !
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Ta vision de la nature de la violence en colombie et ta propension à généraliser pour mieux fourrer tout le monde dans l'horreur me semble un peu outrancière. Mais bon, tu as le mérite de t'intéresser à l'Amérique latine et de ne pas raconter, sur ce sujet, que des conneries. Sans rancune donc et hasta siempre..

Patxi a dit…

A voir absolument, sur le sujet, les nombreux témoignages édifiants des paramilitaires cette semaine, sur www.semana.org, la revue la plus sérieuse de Colombie.
Les décideurs de ces boites sont allés chercher les groupes d'extermination pour éliminer les syndicalistes, les fauteurs de trouble et tout ce qui dépasse dans les rangs.
Mais les sources de certains se limitant à El Tiempo, journal plus tendencieux je meurs, qui vient d'être racheté, o surprise, par la droite catho-tradi de l'Espagne Aznariste..Enfin, nions, nions, un jour ces messieurs finiront à La Haya, au TPI...

Anonyme a dit…

"la revue la plus sérieuse de Colombie"... décret sans appel de Patxi ! Moi, je préfère Cambio, tu vois. El Tiempo n'est certainement pas ma Bible, même s'il s'agit d'un quotidien qui se tient pas mal, bien qu'il soit atteint du virus progressiste le plus bourgeois... La famille Santos ne se situe pas franchement à l'extrême-droite, coco. Elle ressemble à notre gauche caviar, bien plutôt. Et le Grupo Prisa mange à tous les râteliers, du PP aux indépendantistes catalans...

Et de toute façon, nul ne nie les atrocités commises par les paramilitaires !