samedi 19 juillet 2008

L'attentat de l'AMIA, 14 ans d'impunité en Argentine


La argentinidad al palo




Petit texte pondu chez DUL à l'occasion de ce funeste anniversaire, à partir d'une interprétation libre de cette photo.
Certains n'oublient pas.

Toujours rien à dire sur Ingrid Betancourt...


“Soy digna de ser amada. Soy digna y me quiero. Todo va a salir bien. Paz, y tranquilidad. Me lo merezco.
Soy digna de ser amada. Soy digna y me quiero. Todo va a salir bien. Paz, y tranquilidad. Me lo merezco.
silencio
Soy digna de……”.

Cette voix. Si douce. Si apaisante. Un réconfort, pour un moment.
En fonds sonore, c’est Mozart. Enfin je crois bien que c’est c’qu’il m’a dit, le Profesor Lobstein.

Soy digna. Je suis digne.

Heureusement qu’il est la, mon thérapeute. J’aime bien la dernière collection de cassettes qu’il m’ fait écouter. Elle me fait du bien, quand même. ‘Soy digna de ser amada’.
Bon, c’est un peu cucul, comme le dit Anita. Mais ça va tellement bien avec la musique, la…Je sais pas. C’est joli. Ca me calme.

« C’est pas pour nous », disait maman en parlant de la musique classique. Pauvre maman…

J’en ai parcouru, du chemin depuis 1994. Déjà, je prends le metro. Je sors. Alors qu’avant…

D’ici quelques mois, il me dit même, et ça va venir tout naturellement, que je n’aurai plus a me sentir obligée a me cacher sous ce chapeau ridicule…et je serai même capable de laisser pousser mes ongles…au moins quelques jours, en tout cas. Je reste sceptique.
Mais c’est vrai que j’ai avancé. Grâce à lui, c’est vrai ça.

Du chemin…depuis 1994. L’AMIA, la mutuelle juive…je vois encore les lettres dorées. Mais j’y pense moins désormais.
Dire que je passais tous les matins la, pour me rendre au magasin. J’avais fini par m’y habituer a ce gros bâtiment tout agité. Je ne savais même pas a quoi il servait en plus… La bombe nous a tous soufflé. 85 personnes pulvérisées. Plus de 300 blessés. Un carnage, esos hijueputa.

Et moi, la, Carmencita Bagnoli Hernandez, porteña de siempre, au milieu de tout ce fracas. Une blessure, profonde, au cou, une autre aux jambes. Et surtout, une angoisse, qui, depuis, ne me quitte que rarement.

J’ai bien aimé la session d’hier. Ou j’ai pu comprendre, avec ses mots savants la, mais en plus gentils, que ça fait longtemps qu’il y a de la violence chez nous, en Argentine mais que…comment qu’il a dit déjà ? Que y a pas de fatalité…juste de l’impunité, qui continue, qui continue…Ca, j’ai bien compris.
Quand même, je trouve qu’il exagère un peu quand il parle de génocide des indiens et tout. ‘Venimos de los barcos’, ça j’ai bien aimé. J’aime bien comprendre d’où on vient. Ca m’aide mucho, pour savoir ou je vais depuis 94. Espagne, Italie, Europe. On est les fils du siècle, nous, les argentins, qu’il a dit.
Descendants, fils et petits-fils des famines, des persécutions du fascisme italien, fils et petits-fils de la Guerre civile espagnole, fils et petits-fils de l’holocauste européen, fils et petits-fils de la marginalisation ville-campagne, de l’exode rural, fils et petits-fils de ce qu’on appelle notre ‘pauvreté structurelle’ latinoamericaine, fils et petits-fils de notre propre génocide. 30 000 morts, disparus, pfuitt. 1973-1983, la dictadura.

La cruauté, la violence, on l’a re-appris qu’il dit, le Lobstein. Il est gonflé cui-ci alors…Il m’a aussi parlé de l’antisémitisme latent, favorisé par les nombreux nazis venus se réfugier eux aussi dans le pays, avec des complicités du Vatican et de l’Eglise, et qu’on retrouve chez de nombreux commandements militaires et policiers du pays…
Il m’a aussi montré une vidéo incroyable, pour me faire comprendre ce qu’est un ‘prejuge racial’…meme caché qu’il dit…ou on voit ce journaliste très connu de la TV argentine la, qui sans s’en rendre compte, dit : ‘murieron judios e inocentes’. Ont été tués des juifs et des innocents ! Des 85 morts, 42 étaient juives, 43 non juives. Je fais partie des 43. Enfin surtout des 85. J’ai bien compris que j’étais juive ce jour la, et que nous étions tous innocents. même si je le suis pas. Juive, je lui ai dit. Il a ri Lobstein, de mes explications. Mais on s’est compris la.

Ca me fait du bien tout ça. D’en parler avec quelqu’un de si drôle, de si cultive.
Apres, l’histoire de l’implication de l’Iran, les policiers argentins complices, j’ai pas tout compris encore. Mais c’est pas grave.

Il est content de moi, j’ai l’impression. Et moi aussi. Je suis digne. Je sors, prends le metro. Un jour j’irai la bas. Un jour, pour me tester. Mais il me faudra du temps encore..

Mais qu’est ce qu’ il a ce pelotudo avec son appareil photo la ?
Sont de plus en plus voyeurs ces touristes…
Il doit en prendre, des photos de notre belle Buenos Aires.
S’il savait ce qui se cache derrière certains bâtiments de notre belle ville…toutes ces histoires…S’il savait…

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Toujours aussi magnifique et fort ce texte.
j'espère que tu nous en produira d'autre :)

M a dit…

Voilà, Dulconte l'a écrit... et merci à toi pour ta dignité en ce qui concerne IB dont nous n'avons que trop entendu...

Heu... la musique, et ben ça fonctionne pas !