mercredi 10 septembre 2008

L'impact des agrocarburants en Amérique latine


Une vache bio, en Colombie



Comment ne pas voir les conséquences incalculables de la fin programmée du monde paysan, accéléré par ces funestes projets de la BID- banque interaméricaine de développement, BM et autres instances internationales déconnectées des réalités, des enjeux, des peuples?

Le dernier Numéro de "Faut pas rêver"-France 3 sur la Route 40, en Argentine, a permis de voir les menaces qui pèsent sur ces centaines de milliers de familles rurales, expropriés de facto ou de force par le nouvel or vert.

Ces agro-businessmen ont une énorme responsabilité, présente, mais aussi envers le futur, en rendant ces sols, irrémédiablement et à jamais, incultivables.

Lula déçoit.
En Colombie, les exactions paramilitaires ont permis de récupérer d'énormes terrains pour planter de l'huile de palme (évènements corrélatifs et interconnectés, est-il besoin de le préciser).
Les plus organisés et résistants en Amérique latine restent certaines de ces communautés originaires(indigenas) et leur tradition d'organisation collective; ceux-là ne cèderont leur terre qu'après leur éradication pure et simple...

Voila un thème typique de notre temps global, dont les enjeux sont bien retracés dans cet article nain. Sauf que la BID joue sur la marge, avec des réactions cosmétiques, quand le problème est véritablement structurel.



Laurence Caramel, pour Le Monde

Avec son éthanol fabriqué à partir de canne à sucre, dont il est le deuxième producteur mondial, le Brésil éclipse ses voisins latino-américains. La ruée vers les agrocarburants est pourtant chez eux aussi une réalité de plus en plus criante

"Le carburant de la destruction en Amérique latine" : le titre laisse peu de place au suspense sur le ton de ce réquisitoire. Il accuse les agrocarburants d'exacerber la concentration de la propriété foncière, la flambée des prix agricoles et la dégradation de l'environnement. "Tous les pays étudiés ont accru ou projettent d'accroître leur production d'agrocarburants à des niveaux alarmants en menant à coups de subventions, d'exonération de taxes... des politiques très attractives pour les investisseurs", écrit le rapport, qui déplore les conséquences en termes de déforestation et de pollution liée à l'utilisation accrue des pesticides et des engrais.


RECUL DES CULTURES VIVRIÈRES


L'Argentine est encore un nain sur le marché du nouveau "pétrole vert", mais elle est le deuxième producteur mondial de soja. Friends of the Earth a calculé que les projets d'investissements programmés au cours des trois prochaines années pourraient lui permettre de produire 4 millions de tonnes de biodiesel. Pour cela, il faudra convertir ou défricher 9 millions d'hectares, l'équivalent de 60 % des surfaces actuellement cultivées en soja. Au cours des deux dernières décennies, l'expansion du soja a fait reculer les surfaces consacrées à l'agriculture vivrière et à l'élevage de 25 %. Celles destinées au fourrage ont été réduites de 50 %.

Pour alléger leur facture énergétique, l'Uruguay et la Colombie se sont aussi fixé des objectifs d'incorporation de ces carburants alternatifs à l'essence traditionnelle. En Colombie, cela suppose notamment de multiplier par trois d'ici à 2020 les surfaces consacrées au palmier à huile.

L'explosion de la demande aux Etats-Unis et en Europe joue par ailleurs un rôle croissant dans la recomposition du paysage agricole du sous-continent. Les multinationales du secteur ont pris pied dans la plupart des pays, constate le rapport en pointant la multiplication des conflits avec les communautés locales pour l'usage de la terre. La Banque mondiale et la Banque interaméricaine de développement (BID), qui soutiennent le déploiement des agrocarburants, sont jugés coupables d'indifférence à ces enjeux.

Cette vision est évidemment contestée par les accusés. "Aucun des projets financés par notre institution ne concurrence des cultures alimentaires", affirme Carla Tully, chargée du financement des agrocarburants à la BID. "Les réserves de terre dans la région sont considérables, les possibilités de gains de productivité aussi. Il est important de construire une nouvelle stratégie énergétique et les agrocarburants en font partie", poursuit-elle. Mardi 9 septembre, la BID a lancé sur son site web une plateforme interactive pour permettre aux gouvernements et aux entrepreneurs de passer au crible de 23 critères environnementaux et sociaux leurs projets d'investissements. Une forme de réponse aux Amis de la Terre ?

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