samedi 10 mars 2007

Don Hilarion, maître kallawaya







Kallawaya signifie en quechua “celui qui porte des plantes sur le dos”. Ils sont connus depuis toujours pour avoir été les médecins officiels de la noblesse Incaïque, et pour leurs voyages à travers le monde andin.
Et même au-delà: au cours des siècles, ils prêtèrent leurs services depuis le nord argentin jusqu'au Panama, plus récement, pour soigner notamment les français qui crevaient la gueule ouverte lors de la phase 1 de la construction du fameux canal...
Les médecins kalawaya marchaient alors pendant des mois pour soigner, guérir, échanger ou vendre leurs préparations.

En 2003, l’UNESCO a déclaré les kallawayas patrimoine culturel de l’humanité pour leurs connaissances et maitrise des pratiques médicinales. Cette inscription a des conséquences légales, politiques, culturelles importantes. Elle a permis de rendre visible le risque d'extinction culturelle des connaissances kallawayas.

Don Hilarion, la communauté de Chajaya, nous avaient invité ce jour là pour cette fête inoubliable, un jour de printemps.
Quelques mois plus tard, l'annonce de sa mort soudaine nous avait tous bouleversé.
Son fils a, heureusement, repris le flambeau de la transmission des savoirs, de la coopérative de Chajaya, du centre de formation. Une radio communautaire est même en chantier...

Don Hilarion soignait le corps et l'âme du sédentaire, comme du voyageur, sans distinctions.

ECLAT, une petite association qui fait un boulot remarquable du côté de Martigues, nous explique que pour les Kallawayas, la santé (bonne ou mauvaise) est un état global de l’être où se mélange la psychologie et le physique de l’individu, et la relation de ce même individu avec son environnement social et naturel.
Bon, c'est comme Dolto, mais avec un poncho rouge en plus, me diront les plus sceptiques. Je vous invite tout de même à acheter et déguster certains matés, et vous resterez pantois.

Car ils font des Matés remarquables, les Kallawaya.
Au passage, le terme “Maté” est souvent utilisé dans le sens d’ “infusion” en Bolivie et n’a rien de commun avec le Maté Argentin (que Don Patricko vous décrira mieux que moi) .

"Les Matés Kallawaya sont des tisanes alimentaires aux effets bienfaisants dont la recette ancestrale est unique, d’un goût et d'un parfum très agréables. Ces tisanes Kallawaya venues des hauts plateaux andins et des vallées hautes de Bolivie offrent une saveur et des vertus reconnues depuis l’époque Incaïque. Les plantes sauvages sont récoltées selon des rites et un calendrier bien établis au sein d’une coopérative indigène autonome pour vous permettre le plaisir d’une nature authentique et d’un achat équitable."

Les Kallawaya utilisent :

- le Mate Primavera pour calmer l’acidité stomacale et faciliter la digestion. Il remplace le café ou le thé après le repas, le petit déjeuner ou le goûter.

- le Mate Billorita pour prévenir contre les coups de froid de l’hiver et préparer l’organisme aux changements de saisons.

- le Mate Nerviosan pour profiter d’une nuit calme et réparatrice. Particulièrement conseillée pour les personnes surmenées ou hyperactives.

- le Mate Gargasan pour combattre les maux de gorge et les refroidissements de l’hiver.

- le Mate Tonisan ( aux vertus énergisantes ) pour stimuler et tonifier nos défenses et combattre la fatigue.

- le Mate Prostasan pour aider à accélérer l'évacuation des déchets organiques dans les urines et soulager la prostate.


Don Hilarion, maître kallawaya de Bolivie, a partagé, toute sa vie durant, ses pommades à base animale, ses brevages à base apicole, ses tambouilles à base de plantes, essences et espèces uniques.
Aujourd'hui, les petits réseaux du commerce équitable permettent à son fils de garantir la lignée, et grâce à ces micro-micro-financements, d'accompagner des projets communautaires tout à fait viables.

Les plus grands anthropologues européens qui l'avaient rencontré, il y a fort longtemps, n'avaient bien évidemment pas complètement percé le mystère de cette cosmovision si particulière.

Ils, nous n'oublierons jamais cet art subtil du partage des savoirs, sans appétit de lucre, cette sagesse contenue, sans chercher à mystifier son monde, et ce silence profond, profond, profond, de celui qui sait, qui se tait. Mais qui parvient malgré tout à transmettre, guérir, partager, résister.

Don Hilarion, quel panache...

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