dimanche 19 juillet 2009

François Mitterrand et les Sandinistes




Aujourd'hui, à Managua, Nicaragua, on célèbre en grande pompe les 30 ans de la Révolution Sandiniste.

Aujourd'hui, à Ailleuragua, Monde, on célèbre les 30 ans du Walkman cassette.

Qu'y a-t-il de plus obsolète, de plus décalé, de plus déconnecté, de plus lent, à ton avis, entre les radotages évangelisto-impuissants de Daniel Ortega, l'ancien leader guérillero, réélu en 2007 Président, ou la touche rewind du Sony 3000?

Je te laisse juger par toi même.
Je me demandais il a peu que sont-ce devenus, en les rembobinant un peu, les vaillants Révolutionnaires™ Sandinistes™ du "temps jadis"™?

Ça. (BBC)
Des ersatz de présidents, même pas réformistes, qui achètent des tracteurs aux iraniens et des illusions aux bolivariens.
Ils sont devenus ça.

Brigade rose fushia, rompez les rangs.
On va en reprendre pour 20 ans de la Droite Bien Dure™, après les âneries de ces vieilles biques là.

En attendant, je te propose de shuffler sur un document fort intéressant sur cette époque du sandinisme à cassette triomphant, qui recruta tant de jeunes touristes politiques français à l'époque...

Je suis justement en train de me taper un énorme pavé. Les mondes de François Mitterrand- 1981-1995, à l’Elysée, d’Hubert Védrine, qui fut, on l’oublie parfois, l’un de ses plus proches conseillers pour les affaires étrangères.

Passionnant pour qui aime à palper un peu du fracas du monde tel qu’il est, des complexités de la géopolitique Est-Ouest aux rapports de force internationaux plus souterrains de ces années là…

Il y a des passages bien captivants sur la tournée mexicaine de 1982 et a « ligne » latinoaméricaine de la Vème république, tombée en désuétude depuis de Gaulle et reprise, pour un temps bien bref, par les socialistes français fraîchement arrivés au pouvoir.

Notamment, quelques passages sur l’Amérique centrale et les prises de position françaises qui laissèrent, en ce temps là, les américains et leur Président Reagan proprement médusés…

Certains passages n’ont pas perdu une ride…Un abrazo aux Tontons Jean Luc, Patrick et Francis!

""Désaccords avec Washington

"Mais il ne peut y avoir entre deux pays d’entente complète et générale. Deux désaccords, en particulier, vont peser sur nos relations : l’Amérique centrale, le commerce Est/Ouest.

En 1981, cela fait plusieurs années qu’au Salvador une interminable guerre civile met aux prises forces gouvernementales et guérilla ; au Nicaragua, une junte sandiniste d’obédience marxiste s’est installée au pouvoir après le renversement en 1979 du dictateur Somoza. Pour Ronald Reagan, c’est simple : il faut mettre fin par la force à cette « subversion soviéto-cubaine » dans l’arrière cour des Etats-Unis.
Pour nous il s’agit plutôt de révoltes contre des conditions de vie insupportables et qu’une répression aveugle ne peut qu’attiser. Analyse sans doute juste, mais pourquoi nous en mêler ? Parce que la France estime avoir son mot à dire sur toutes les affaires du monde et qu’en 1981, François Mitterrand, comme Ckaude Cheysson, participent de cete conception. Mais aussi parce que Cheysson milite pour une grande politique française appuyée et relayée par un trépied de grands pays influents du « Tiers Monde » : Mexique, Inde, Algérie. Enfin, parce que Régis Debray, qui connaît bien le remarquable ministre mexicain des affaires étrangères, Carlos Castaneda, se cherche lui aussi un rôle en ces premiers mois : et si François Mitterrand le laissait inspirer, avec Claude Cheysson, la grande politique latino-américaine de la France à laquelle De Gaulle avait fait rêver pendant les quelques semaines de sa tournée latino-américaine en 1964 ? Régis Debray s’active dans la fièvre.
Bien que FM ne déteste pas laisser faire « pour voir », les choses n’iraient guère plus loin si le Mexique ne redoutait pas que Washington, avec ses gros rangers, n’embrase la région. Pour une fois, la France l’intéresse. Des contacts franco-mexicains ont donc lieu à propos du Salvador et aboutissent-bien sûr, avec l’accord du Président- à ce que, le 28 août 1981, les deux pays remettent en commun au Président du Conseil de Sécurité de l’ONU une déclaration reconnaissant l’opposition armée salvadorienne- le Front Farabundo Marti de Libération nationale-FMLN, regroupant 5 partis) et le Front démocratique révolutionnaire (5 autres partis) – comme « forces politiques représentatives », et estimant qu’il serait « légitime que la gauche salvadorienne participe à la solution politique de la crise ».
Cette déclaration prend brutalement le contre-pied des a priori reaganiens. Que n’avons-nous pas fait ! les Etats-Unis, éberlués par tant d’audace, sonnent le branle bas de combat contre cette « première intervention d’un Etat européen dans les affaires inter américaines depuis la doctrine Monroe ». Dick Allen, conseiller pour la sécurité nationale, affolé, appelle Attali pour savoir si les Français vont envoyer des troupes !
Dès le 29 août, le Département d’Etat fait dénoncer cette « ingérénce dans les affaires salvadoriennes » ( !) par les gouvernements vénézuélien, colombien et par 9 autres pays latino-américains rameutés en 24 heures pour la circonstance.
Les réactions critiques à la nomination de Régis Debray comme chargé de mission à l’Elysée avaient été, trois mois plus tôt, si outrancières qu’elles nous avaient incités à hausser les épaules plutot qu’à polémiquer. Là, elles se déchainent : « A guerrilero at the palace », titre Newsweek montrant Régis Debray, flanqué sur les marchjes de l’Elysée de deux dangereux friends, Michel Serres et Robert Badinter ! "Debray, che mitterand", ironise en écho le Point, le 1er juin 1982.
Les américains jugent plus intolérable encore la vente par la France au régime sandiniste nicaraguayen de deux vedettes, de trois hélicoptères alouette et d’un lot de camions renault, « révélée » à la mi-janvier 82 par le Washington Post au moment même où Charles hernu arrive à washington. D’où la fureur de Haig et l’annulation de l’audience du Ministre de la Défense chez Reagan. Cete affaire s’envenime tant qu’elle est une des raisons de la visite éclair que FM rend d’urgence à Washington, en Concorde pour montrer la proximité entre les deux capitales, le 21 mars 1982. Il emmène avec lui C Cheysson, J Attali et le général saulnier. Fini de rêver !
Il ne veut pas que quelques sympathiques lobbies nlatinos ou tiers-mondistes mettent en péril le travail méthodique qu’il a accompli depuis 10 mois pour éviter tout ostracisme anglo-saxon. Les livraisons d’armes sont déjà faites ; mais ces armes ont été rendus « non dangereuses » par nos soins pour les soldats américains ; et il n’y en aura pas d’autres…
Certes, FM reste convaincu, ainsi qu’il le dit à Reagan le 12 mars que c’est, comme à l’origine, à Cuba-la politique américaine qui pousse des mouvements nationalistes dans les bras des communistes. Reagan, lui, ne s’embarasse pas de ces considérations de causalité : « Nous ne pouvons pas tolérer la moindre présence marxiste au sud du Rio Grande. Nous avons peur que, de proche en proche, le Mexique ne soit atteint. »
Mais le rapport de forces ne permet pas à le France-pas plus qu’au Mexique, d’aller au-dela de la déclaration de principes.FM recule sur ce point parce qu’il n’est pas essentiel pour lui, parce qu’il a laissé faire Claude Cheysson sans conviction, et qu’il ne veut pas risquer là-dessus ses relations avec Reagan alors qu’il a besoin de tous ses moyens pour lui résister sur d’autres questions plus vitales et qu’avec Pierre Mauroy il est engagé dans une politique économique et sociale audacieuse en France.

2 commentaires:

Francis J. a dit…

Valeu, prezado Patxi.

Patxi a dit…

prezado bis